Les tics sémantiques du gouvernement français

Ce n’est pas du mensonge, ni de la langue de bois, encore moins de la rhétorique, c’est plus simple que cela, c’est de la politique. Cela peut se résumer en une expression bien connue de tous, nous vendre du vent car c’est bien de cela qu’il s’agit, lorsque les politiques s’adressent à nous, lorsqu’il s’agit de nous expliquer les choses, et tout va toujours très bien, dans les discours…

Petite explication de texte qui nous montre bien que le gouvernement Hollande ne déroge pas à la règle, l’orchestre présidentiel maitrise bien le pipeau et nous jour une sérénade qui ne date pas d’hier. Techniquement, cela fait partie des techniques de manipulation des masses, le glissement sémantique:

Glissement sémantique : technique consistant à remplacer une expression par une autre afin de la décharger de tout contenu émotionnel et de la vider de son sens (euphémisme). Le glissement sémantique peut à l’inverse renforcer la force expressive pour mieux émouvoir l’auditoire. Exemples : « frappe aérienne » à la place de « bombardement », « dommages collatéraux » à la place de « victimes civiles », « libéralisme » à la place de « capitalisme », « loi de la jungle » à la place de « libéralisme », « solidarité » à la place d’« impôt », « pédagogie préventive » à la place de « répression policière », « intervention humanitaire préventive » à la place d’« intervention militaire ».

Mais ne chipotons pas, on ne va pas aborder ouvertement auprès du public le sujet du glissement sémantique, terme technique qui décrit un procédé classique chez les politiciens, on va parler plutôt de « tics sémantiques », tout est dans la nuance, même chez les journalistes…

La rupture « apaisante » voulue par le « normal » François Hollande, après l' »hyperprésidence » de Nicolas Sarkozy, s’est traduite dès le début de son mandat par une sémantique politique originale.

Le candidat François Hollande avait déjà marqué les esprits lors de son débat télévisé d’entre les deux tours avec son rival, avec sa désormais célèbre anaphore, « Moi président de la République », répétée 16 fois face à la caméra.

Depuis, ni lui ni son gouvernement n’ont tenu en bride leur créativité sémantique. Ainsi, dès l’attribution des maroquins, la nouvelle équipe a mis sa patte au fronton des ministères.

La ministre chargée de lutter contre l’échec scolaire s’est vu ainsi attribuer « la réussite éducative ». Plutôt que de la « dépendance » des personnes âgées, la ministre déléguée Michèle Delaunay a hérité du dossier de leur « autonomie ».

Arnaud Montebourg n’a pas reçu le portefeuille de l’industrie, mais celui du « redressement productif ».

Malgré l’annonce de nombreuses hausses d’impôts pour tenir le budget 2012, jamais le gouvernement de Jean-Marc Ayrault n’a voulu assumer les mots d’austérité ou de rigueur et les journalistes qui les utilisent se font vertement rabrouer.

Le gouvernement n’en démord pas: répétés en boucle lors de ses interventions, ce sont les termes « redressement dans la justice » ou « effort juste » qui définissent son action.

L’une des rares à avoir mis les pieds dans le plat, la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, a créé l’émotion début juillet en avertissant les fonctionnaires qu’ils devaient se préparer à « un grand moment de rigueur ».

L’ancienne ministre de la Justice a dû faire marche arrière alors qu’au même moment Jean-Marc Ayrault déployait des trésors d’éloquence pour convaincre que son discours de politique générale ne pouvait pas être assimilé à de l’austérité.

Source et article complet: Reuters

8 Commentaires

  1. Entre droite et gauche il n’y a aucune différence. Il y a juste un semblant de choix pour que nous ayons un semblant de démocratie.

    Le fond est le même la forme plus nobelisée, comme pour lush ou olama, mais olama on l’a nobelisé et choisi un peu différent en apparence.

    Dans tous le cas, vaseline recommandée, surtout pour ceux qui ont des hémorroïdes.

  2. J’en ai 2 autres qui sont parmi les plus choquants qu’on puisse entendre aux JT :

    – Dire « procéder à un arrêt du gel des implantations » pour dire « coloniser »
    – Dire « intervenir sur le THEATRE des opérations » pour dire « faire la guerre »

  3. Une vidéo qui résume cette langue de bois :
    >> http://www.youtube.com/watch?v=WNlH9co52Ok

  4. Et c’est un journaliste de chez Reuters qui nous raconte ça. Pas une allusion sur le relai des médias complaisants, pourtant ils pratiquent bien le glissement sémantique, eux aussi.

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