60 millions de consommateurs bientôt privatisé

La liberté d’information risque-t-elle d’être remise en cause même en ce qui concerne la fiabilité des marques? La privatisation de ce journal est une très mauvaise nouvelle, son indépendance lui donnait la possibilité d’exprimer certains points de vue qui n’étaient pas systématiquement là pour flatter les produits testés. Maintenant, sachant que le journal devient privé, certaines « ententes » ne risque-t-elles pas de pousser le journal à la modération ou pire, à vanter les mérites de produits qui jadis étaient mal vus?

Le magazine de protection des consommateurs édité par un institut public risque de passer dans les mains du privé. L’enjeu : la conservation de l’intérêt général et d’un service public que le gouvernement met peu d’empressement à vouloir conserver.

Le magazine 60 millions de consommateurs ne sera bientôt plus le seul journal édité par un établissement public, l’INC. Le magazine d’enquêtes et de protection des consommateurs est, depuis une quinzaine d’années, passé à côté de la privatisation à plusieurs reprises. Cette fois risque d’être la bonne. Il faut dire qu’on a mis le paquet. La méthode est classique : on fait le constat d’une situation catastrophique via un audit et le privé s’impose comme le seul capable de redresser la barre.

Le journal, qui existe depuis décembre 1970, a toujours été bénéficiaire. Mais faute d’investissements dans le recrutement d’abonnés, il accuse aujourd’hui un léger déficit. Avec des abonnements « tombés » à 100 000 et des ventes en kiosques en baisse sévère, l’audit devenait indispensable, probablement très « encouragé » par le ministre de tutelle Frédéric Lefebvre, croit-on savoir à la rédaction. La suite est cousue de fil blanc. « Personne à la rédaction n’a été audité, seule la direction l’a été », révèle-t-on à 60 millions. Mais le couperet tombe : il faut trouver 18,5 millions d’euros pour sauver le titre. Cerise sur le gâteau, le rapport de MBV associés (tout de même facturé 237 000 euros), qu’a pu se procurer Libération, livre quelques gentilles recommandations : le ligne éditoriale, axée sur l’alerte des consommateurs doit aller vers « l’accompagnement des consommateurs ». En d’autres termes, ce n’est pas rentable de considérer les lecteurs avant tout comme des citoyens, il faut être moins poil à gratter, et plutôt travailler à les encourager à la consommation. Un changement radical de ligne éditoriale.

Et pourquoi l’Etat ne remet pas au pot pour sauver cet outil citoyen ? La réponse semble résider dans la ligne du journal. Sans concession, même avec celui le nourrit. Les journalistes de 60 millions font leur boulot et n’ont pas le doigt sur la couture du pantalon. Ainsi, il leur arrive de publier des enquêtes qui donnent des boutons dans les ministères, à rebours de la com’ gouvernementale, notamment sur la baisse de pouvoir d’achat des Français. « Le directeur a reconnu la semaine dernière, devant le personnel, qu’il recevait sans cesse des coups de fil des cabinets ministériels qui critiquaient tel ou tel article du journal », raconte un membre de la rédaction.

Ce mois-ci encore sort une enquête dont les conclusions diffèrent de celle de l’Insee. Pour 60 millions, le pouvoir d’achat des Français a régressé de 0,6% entre juin 2010 et juin 2011, et ça écorche un peu les oreilles du gouvernement. Comme d’autres enquêtes ont fortement déplu à Bercy, aux banques, aux assureurs ou encore aux opérateurs télécom… Ca fait beaucoup de mécontents pour laisser pour laisser le titre aller sa route. Et lui en donner les moyens.

Source: regards.fr

3 Commentaires

  1. Liberté d’expression remise en cause? Pensez-vous!!!

  2. Le magazine de protection des consommateurs…deviendra le magazine de propagande des annonceurs.
    des fois qu’il resterait encore du temps de cerveau disponible, à gratter par ci par là.

  3. Achetez un bon bouquin de littérature des siècles derniers. Au même prix que ces merdes , vous en aurez pour votre argent …
    :mrgreen:

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