« Pacte avec le Panda », le film allemand qui égratigne le WWF

Combien de « cœurs purs » sont à fond dans la défense de l’environnement et des espèces menacées? Le gros soucis c’est quand il y a collusion, entre les « pollueurs/tueurs » et les « justiciers ». La protection de notre Terre est l’affaire de tous. Et quand il est question d’argent, on piétine sans remords, les convictions les plus angéliques, bien qu’il y est déni de ces accusations.

Rien ne va vraiment plus au WWF. Au moment-même où des salariés de WWF France réclament le départ du directeur général de l’ONG, un reportage de la télévision allemande ARD mettant gravement en cause l’association (internationale, et pas seulement son antenne française) connaît une deuxième vie sur internet. Diffusé le 22 juin dernier, le documentaire tente de démontrer qu’il y aurait un décalage entre le discours de l’association et la réalité de son action sur le terrain.

« Le pacte avec le Panda – que cache le WWF ? » C’est le titre du documentaire diffusé sur l’ARD (et actuellement disponible sur Youtube en allemand). Pendant un an, l’auteur du documentaire Wilfried Huismann est allé sur le terrain pour vérifier l’action du WWF. Et le résultat de son travail n’est passé inaperçu en Allemagne (le journal Süddeutsche Zeitung en a fait un long compte-rendu). En France, il faut chercher sur internet pour trouver des retours sur ce film : sur le blog de Fabrice Nicolino (qui a lancé l’alerte sur les gaz de schiste) ou sur Agoravox et Alterinfo.
Que montre de documentaire ? D’abord que l’association donnerait un peu trop facilement des « certificats de développement durable » à des entreprises douteuses. « Le WWF semble travailler avec des entreprises de génie génétique comme le géant Monsanto, ou la multinationale Wilmar et cautionne ces dernières en assurant qu’elles produisent respectivement du soja et de l’huile de palme durables », selon le journal Süddeutsche Zeitung.

Deuxième reproche du documentaire : il y aurait un décalage entre les engagements de l’association et ce qui est effectivement fait sur le terrain. « Exemple en Indonésie : le WWF fait des collectes pour l’orang-outan de Bornéo, espèce menacée. Sur place, l’équipe de télé de la première chaîne allemande (ARD) ne trouve aucun projet de protection du WWF, en faveur des orang-outans. Au contraire, le WWF coopère avec une grosse entreprise qui détruit les dernières forêts de Bornéo pour mettre en place des plantations de palmiers à huile, ce qui est fatal aux orang-outans », indique le résumé publié sur le blog de Nicolino.

Dans une logique de recherche de fonds, l’ONG n’hésiterait pas à se compromettre, comme l’a relevé Agoravox qui cite la voix off du documentaire : « Le WWF a toujours été proche des milieux financiers. (…) En 1967, des milliers d’oiseaux de mer sont morts, suite à un accident de tanker sur les côtes françaises. La direction du WWF a alors interdit toute critique. Raison invoquée : «Cela pourrait mettre en danger les fonds que nous recevons de l’industrie.» »

Les réponses apportées par WWF

Face à ces critiques, le WWF a répondu point par point sur son site. D’abord, sur ses liens avec des entreprise de génie génétique : « Le WWF ne coopère avec aucun groupe actif dans le génie génétique, Monsanto compris. Le WWF est en revanche membre de la Table ronde pour un soja responsable (RTRS), un forum ouvert auquel tous les acteurs de la chaîne de production du soja peuvent participer, du petit agriculteur au grand groupe d’entreprises. Monsanto en fait également partie. Ce n’est pas pour autant que le WWF collabore avec Monsanto ».

A propos de l’huile de palme, l’ONG reconnaît avoir « formé gratuitement des collaborateurs de certaines sociétés productrices d’huile de palme (…) [mais afin] d’analyser et d’identifier les zones forestières précieuses dans le but d’empêcher la déforestation ». Elle semble tout de même entretenir des relations étroites avec les producteurs de cette industrie, puisque l’association confirme qu’elle « a créé la Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO) en 2004 avec des entreprises du secteur de l’huile de palme, des entreprises de l’industrie alimentaire et des banques, dans le but de rendre la production d’huile de palme plus durable ».

S’agissant de la protection des orang-outans de Bornéo, le WWF assure qu’il n’a pas accepté d’accorder une certification durable à une plantation au détriment d’une réserve d’orang-outans. « La plantation PT Rimba Hararpan Sakti montrée dans le film n’est pas encore certifiée et ne peut donc de ce fait pas être qualifiée de durable, indique le site. Une surface de seulement 0,5% de forêt vierge serait parfaitement insuffisante en vue d’une certification ». L’association reconnaît tout de même qu’il est bien prévu « de faire certifier la plantation (…). Le projet prévoit une protection d’environ 4000 (et non 80!) hectares, soit environ un tiers de la superficie totale de la plantation ».

Enfin, sur les liens étroits entre les industriels et l’ONG, le WWF assume : « Les entreprises dominent les affaires. Sans leur implication, nous n’atteindrons jamais notre objectif qui est de préserver les habitats menacés, tant pour l’homme que pour la nature. C’est la raison pour laquelle nous essayons d’influencer positivement les entreprises par des discussions et des partenariats. ».

L’occasion de revoir notre émission ligne j@une dans laquelle Fabrice Nicolino contestait l’action de grandes ONG comme WWF.

Source arrêtsurimage.net trouvé sur sos.planète

8 Commentaires

  1. Il faut absolument voir le film. Il existe aussi en version anglaise, mais pour la version française, je ne sais pas. Le WWF participe à la destruction de l´environnement, sur 14 000 hectares de forêt tropicale en Indonésie, mais il se targue fièrement d´en avoir sauvé 80. Bravo!
    En Inde, dans une soi-disant réserve de tigres, plusieurs centaines de jeeps chargées de touristes, circulent chaque jour sur les pistes, à la recherche du tigre de service! Les populations sont déplacées de force parce qu´elles gênent le développement de cette activité juteuse. Les images parlent d´elles-mêmes. C´est hallucinant.
    Merci d´avoir évoqué ce sujet.

  2. bonjour

    a lire le livre de fabrice nicolino, « Qui a tué l’ecologie « . edifiant!

  3. http://en.wikipedia.org/wiki/World_Wide_Fund_for_Nature
    jetez juste un coup d’oeil aux noms des créateurs et co-créateurs de cette ONG…
    Rien que ça ça suffit pour être suspects!!!

  4. CheShireKat,
    oui ,oui, tout est dit !!!

  5. Tout est dit, dans un seul sens. Les gens qui cherchent les failles sont parfois aussi bornés et crédules que les moutons qui suivent les avis officiels. A croire que dès qu’un urluberlu décide de tirer sur une organisation devenant grande et connue, il a des adeptes pour le suivre. Réflexe de Pavlov. en somme. A voir l’interview du réalisateur, ceux qui ont du feeling doivent sentir qu’il n’est pas clair.
    Dans la vidéo, d’ailleurs, l’interviewer signale au réalisateur qu’il a contacté le WWF avant l’émission et lui a proposé de discuter avec eux mais qu’il a refusé.
    Le réalisateur dit une chose encore plus énorme: « Le WWF toujours été intéressé par quelque-chose de plus que l’environnement, c’est le pouvoir. » VOilà qui ressemble à un énorme mensonge diffamatoire. Comme on dit: plus c’est gros, plus on y croit.

    Des infos ici: http://en.wikipedia.org/wiki/World_Wide_Fund_for_Nature#ARD_documentary
    Voici un email de la responsable communication du WWF Suisse:
    Bonjour,

    Nous connaissons ce documentaire : il contient de très nombreuses erreurs factuelles et s’avère complètement subjectif.
    Nous avons pris la peine de créer une page sur notre site à ce sujet : http://www.wwf.ch/fr/newsservice/nouveautes/mexiko_2010/pacte_portal.cfm
     

  6. Le texte complet de la réponse du WWF. Notez le ton équilibré, ni agressif, ni victimaire.
    http://www.wwf.ch/fr/newsservice/nouveautes/mexiko_2010/pacte.cfm

    • Merci à toi EIO!

      Je viens de lire la mise au point du WWF, ça me rassure un peu et je mettrais en ligne leurs arguments, tout le monde peut et doit se défendre et rétablir la vérité. Nos pages sont ouvertes dans ce but.

      Mais, je ne comprends pas le but de ce film, qui « dénonce » des faits erronés! il devrait y avoir collaboration de toutes les organisations de défense de notre Terre, au lieu de ça on assiste à une espèce de guéguerre, qui divise au lieu de rassembler. D’où vient cette mésentente??

       

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