Encore un débat interdit: la pédophilie

Comment le dire mieux? Il y a comme un parfum d’omerta actuellement en France, bien au delà de la censure, mais le morceau est lâché, il y a des politiciens pédophiles, ce qui s’ajoute déjà aux politiciens partouzeurs ou extra-conjugaux, c’est la débauche à tous les étages et des secrets d’états qui ne doivent pas être révélés… Cela pourrait même remettre en cause les récentes lois censées lutter contre la pédophilie sur internet (hadopi et loppsi), bref, un « relent de merde » bien gênant pour la politique française à l’approche des présidentielles…

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L’affaire soulevée par Luc Ferry, après celle de Frédéric Mitterrand, de Roman Polanski et d’autres, met le projecteur sur un débat interdit parmi les plus interdits : la pédophilie. Ce débat mérite-t-il d’être interdit ? Ou bien cette (auto)-censure morale qui part, comme toujours, de bons sentiments, est-elle aussi délétère pour la liberté d’expression et la démocratie que les autres débats interdits ? Un article de Jean Robin, qui s’appuie en grande partie sur le chapitre “La pédophilie” de son Petit dictionnaire des débats interdits mais légaux paru aux éditions Tatamis en 2010.

Commençons par définir la pédophilie, avec ce que nous donne le Trésor Informatisé de la langue française : « Subst. fém. Attirance sexuelle pour les enfants »
En France, comme dans la plupart des sociétés modernes, ce type d’attirance est considéré comme une perversion sexuelle et les activités s’y rapportant sont condamnées par la loi. De ce fait, dans le langage courant, le terme pédophilie a une forte connotation péjorative et le terme pédophile est souvent utilisé par abus de langage pour désigner une personne condamnée par la justice pour des crimes ou délits en rapport avec l’abus sexuel sur mineur ou la pornographie infantile.
Suite aux déclarations de Luc Ferry sur le plateau du Grand journal, au sujet d’un ancien ministre qui serait pédophile, Frédéric Taddéï organisait une émission notamment consacrée à cette déclaration :

Me Lévy et Jean-Didier Vincent tiennent des propos qui en choqueront plus d’un, et il est sûr que la forme employée par Me Lévy dessert totalement son message. Pour autant, la demande de liberté d’expression sur ce sujet est motivée, puisqu’elle est quasiment inexistante, à de rares exceptions près, comme lors de cette émission. D’où vient ce tabou ?

Sans remonter aux années 70, où la pédophilie était plutôt bien vue, en 2002, un livre de fiction sur la vie d’un pédophile, intitulé Rose Bonbon et sorti chez un grand éditeur, Gallimard, se voit retiré de la vente.

« Rose bonbon interdit de facto. Les pressions judiciaires d’une association de défense des droits de l’enfant obligent Gallimard à suspendre l’édition d’un ouvrage de fiction sur la vie d’un pédophile. Gallimard s’est incliné. Le célèbre éditeur parisien a cessé mercredi de servir les commandes des libraires pour le livre Rose bonbon de Nicolas Jones-Garlin, paru le 26 août et vendu avec un bandeau sans ambiguïté sur le livre : ” Amours mineures “. » L’Humanité, 30.08.2002

Quelques mois plus tard la même année, un autre livre de fiction, mettant en scène un pédophile et tueur en série, Il entrerait dans la légende, fit à son tour scandale, et fut poursuivi en justice : « Il entrerait dans la légende fit (un peu) moins de bruit que Rose bonbon mais son éditeur Léo Scheer demeure toutefois poursuivi en justice. Affaire à suivre, donc. » Lire, mars 2003, Les romanciers ont-ils tous les droits ?

Après l’affaire Outreau en 2004, qui avait jeté le doute sur toute existence de réseaux pédophiles, des affaires de pédophilie ont failli être définitivement enterrées. Puis, début 2008, deux d’entre elles sont ressorties brusquement dans l’espace public, sous forme de livre : Aux portes de l’Enfer, et L’oublié d’Outreau. Deux livres toutefois totalement occultés par les médias.

Autre exemple, ce témoignage du comique Elie Semoun, sur Paris Première le 18.01.2008, dans une émission consacrée aux petites annonces d’Elie Semoun : « Aujourd’hui je ne ferai plus de sketchs sur la pédophilie, je me fixe plus de limites qu’avant. »

En effet dans l’émission on voit un ancien sketch où il est déguisé en Père-Noël, avec des enfants autour de lui dont il tapote la tête vicieusement. Son commentaire dans l’émission du 18 janvier 2008 : « Ouh là, c’est chaud ! Maintenant il y a des associations qui attaquent, plus qu’avant. »

Enfin, entre juin et octobre 2009, les Français ont assisté à un déferlement de polémiques sur la pédophilie : mort de Michael Jackson (et rappel des soupçons de pédophilie qui ont longtemps pesé sur lui), succès de Daniel Cohn-Bendit aux élections européennes (et rappel de ses écrits explicites sur les jeunes enfants lui tripotant la braguette et ce qu’il y avait dedans), nomination de Frédéric Mitterrand au Ministère de la Culture (et rappel de ses aveux de pratique de la prostitution et de tourisme sexuel en Thaïlande), arrestation de Roman Polanski pour des faits remontant à 32 ans (d’abus sur mineur qu’il avait droguée et violée).

Toutefois, contrairement aux polémiques passées, la pédophilie réelle ou supposée est clairement moins dangereuse pour ceux qui en sont soupçonnés. Au lieu de frapper Daniel Cohn-Bendit, l’opprobre frappera François Bayrou qui avait eu le malheur de rappeler les écrits qu’il juge « ignominieux » du premier. Frédéric Mitterrand ne démissionnera pas, sera soutenu par le Président de la République et aura accès au plateau de TF1 pour se justifier. Michael Jackson sera adulé après sa mort plus que pendant toute sa carrière. Et Roman Polanski sera défendu par toute la classe politique et médiatique, à quelques exceptions près.

Il semble bien que la pédophilie revienne en odeur de sainteté dans les élites françaises, tandis que sur Internet et dans les courriers des lecteurs, l’opinion semble clairement pencher de l’autre côté. Mais cela vient clairement du fait que les personnes soupçonnées de pédophilie sont des people, alors que des inconnus sur lesquels pèsent les mêmes soupçons continuent d’endurer les mêmes condamnations morales de la part et de l’élite et du peuple.

Pourquoi le débat est-il interdit ? Il s’agit d’une conjonction de la montée de l’enfant roi dans nos sociétés développées, et de l’apparition d’affaires pédophiles à grande échelle, affaire Dutroux, affaire d’Outreau, etc. Comme l’explique Renaud Camus :

« De même sont confondus sous la même appellation absurde et fausse de « pédophiles » les meurtriers d’enfants et les acheteurs de cassettes où l’on voit les ébats sexuels de préadolescents entre eux : sans doute y a-t-il des torts dans l’un et l’autre cas, car ces films ont été réalisés par des adultes, dans des conditions qu’on ignore ; il n’en reste pas moins qu’une myriade de degrés sépare les niveaux de gravité, ici et là. » Du Sens, 2002, p. 217

Quels sont les arguments interdits ? On peut aimer les enfants sans être pédophile. Ce qui est moralement condamnable ne devrait pas l’être pénalement. L’âge de la minorité sexuelle, 12 ans, est la seule qui compte pour désigner s’il s’agit de pédophilie ou pas. En dessous, c’en est, au-dessus, c’est un détournement de mineur mais pas de la pédophilie. D’ailleurs pourquoi fixer à 18 ans l’âge en dessous duquel des relations sexuelles avec mineur deviennent de la pédophilie ? Pourquoi pas 17, 19 ou 21 ans ? Au moins, la majorité sexuelle ne change pas. Dernier argument interdit, la lutte contre la pédophilie a aussi des effets pervers dont il convient d’être conscient. Voici par exemple la 4ème de couverture du livre L’école du soupçon : Les dérives de la lutte contre la pédophilie, de Marie-Monique Robin et David Charasse :

« Après avoir toujours nié l’existence d’abuseurs sexuels dans ses rangs, l’Education nationale a opéré une volte-face au milieu des années 1990 grâce aux militants de la protection de l’enfance, la pédophilie a enfin été dénoncée et poursuivie. Mais, sous l’effet de la pression médiatique, cette salutaire prise de conscience a conduit l’État à adopter un dispositif de con-trôle inadapté, qui mine en profondeur l’ensemble du corps enseignant. Et qui menace à terme l’équilibre de nos enfants. C’est ce que montre Marie-Monique Robin dans ce livre, fruit d’une investigation approfondie sur les dérives de la lutte indispensable contre les pervers.

En effet, depuis l’adoption en août 1997 de la circulaire Royal, qui impose le signalement au procureur du moindre ” fait ” suspect, les accusations de pédophilie en milieu scolaire se sont multipliées. D’authentiques coupables ont été démasqués, mais des centaines d’innocents ont également vu leur vie brisée. Or, depuis 1999, près de trois affaires sur quatre se sont conclues par un classement sans suite, un non-lieu ou une relaxe. Grâce à ses enquêtes et à l’expérience de la Fédération des autonomes de solidarité, la principale association d’enseignants, Marie-Monique Robin rapporte ici des témoignages bouleversants d’enseignants injustement mis en cause. Et elle explique comment la plupart de leurs collègues ont modifié en profondeur leurs comportements vis-à-vis des élèves, s’interdisant désormais le moindre contact physique.

Entre la protection des victimes et le respect de la présomption d’innocence, faut-il vraiment choisir ? L’alerte à l’enseignant pédophile nous interpelle sur l’école que nous souhaitons : celle du soupçon ou celle de la con-fiance ? Et sur la société de demain, où les enfants d’aujourd’hui auront été conditionnés à assimiler à la perversion tout contact physique avec l’adulte. »

Nous terminerons ce bref panorama du débat interdit sur la pédophilie par une citation d’Alain Finkielkraut, qui a été très attaqué pour avoir défendu Roman Polanski. Voici ce qu’il déclarait sur le plateau de Ripostes le 30 mai 2004, donc bien avant la polémique Polanski, et qui rejoint ce qu’il écrivait déjà dans le livre qu’il a co-écrit avec Pascal Bruckner en 1977, preuve de l’invariance et de la cohérence de son discours sur ce sujet :

« Je suis père de famille, je n’ai pas d’affection particulière pour ceux qui ont un désir envers les enfants. La civilisation, cependant, est là pour faire des distinctions. Précisément, elle n’est pas le tohu-bohu, elle n’est pas la confusion, elle ne devrait pas être l’indifférenciation. On a dit depuis des années et des années « le pédophile Dutroux ».

Les experts au procès Dutroux ont dit qu’il n’était pas un pédophile. C’est un psychopathe, c’est tout ce qu’on veut, ce n’est pas un pédophile. Mais en répétant le pédophile Dutroux, on a aligné toutes les formes de désir pour des enfants, pour des adolescents, sur Dutroux. Sur la pédophobie de Dutroux, une pédophobie meurtrière. Il ne faut pas agir ainsi. Lolita c’est autre chose. Alors je ne vais pas faire l’apologie du professeur qui succombe aux charmes de Lolita, jusqu’à en mourir d’ailleurs lui-même, mais en tout cas il y a toute une gamme de réalités, de sentiments, dont il faut respecter la diversité, sans pour autant montrer une quelconque indulgence.

L’alignement sur Dutroux de toutes formes de désir vis-à-vis même des adolescents, je trouve que c’est extraordinairement dangereux, c’est un engagement à l’erreur judiciaire. »

Après, libre à chacun de se faire son opinion, mais en gardant à l’esprit que le débat est le plus souvent préférable à la censure ou à l’auto-censure.

Source: enquete-debat.fr

Un Commentaire

  1. Je visite entre autres sites le site enquete-debat.fr qui par moment publie des articles qui m’intéressent, étrangement ce site est habituellement confronté à un problème, chaque fois qu’il met une vidéo sur le site, principalement avec dailymotion, celle-ci est effacée, retirée d’internet, censure? Aujourd’hui, je suis tombé sur cet article avec deux vidéos concernant « l’apartheid en Israël », la vidéo avec la vision israélienne est toujours en ligne, la seconde avec la vision palestinienne a été effacé, censure? L’article se trouve ici: http://www.enquete-debat.fr/archives/y-a-t-il-un-apartheid-en-israel

    • Bah, en Belgique, ce sont les saints du sein qui sont inquiétés, plus on en dévoile, plus on en trouve, à croire qu’ils sont tous pervertis, ce qui est bien c’est qu’on les envoie se « repentir » dans vos couvents, là, où ils pourront s’en donner à « bite joie  » !!!

  2. Ce sont souvent des  » rites de compromission  » qui ligotent ceux qui ont accès à de grandes responsabilités…Un dossier est si vite sorti de sa cachette…

  3. Est-ce que je me trompe, ou bien n’y a-t-il pas comme un relent malsain de complaisance envers la pédophilie dans cet article ?…

  4. Pédophilie -> gibet !

    Au suivant !

  5. Je ne vois pas de relent malsain. C’est un sujet délicat dont personne ne veut parler. Il est donc difficile de trouver un équilibre. Certains choissisent leurs pédophiles, bons ou méchants. Au final, c’est surtout à leurs victimes qu’il faut demander, quand c’est encore possible. En règle générale, il n’y a pas beaucoup de solution. C’est un sujet qui fait beaucoup de casse. A partir du moment où l’on parle à un enfant victime d’un pédophile, on est obligé, par l’intelligence à entrer dans sa sexualité. Tout le monde ne peut pas le faire, et surtout tout le monde n’y est pas préparé. Sans parler de ceux possédant des problèmes dans leur propre sexualité et que l’on charge de trouver une solution à ce sujet.