Comment peuvent ils promettre aux Japonais, de tout faire pour qu’ils puissent rentrer chez eux? L’attente pour ces gens doit être angoissante, et s’ils se fient aux paroles de TEPCO, ils vont être déçus. Ils ne doivent pas savoir ce qu’il c’est passé pour Tchernobyl, avec une zone interdite pour des milliers d’années.
L’opérateur de la centrale a reconnu mardi que le coeur de trois réacteurs avait fondu…
Rien ne les fera changer de feuille de route. La compagnie d’électricité Tepco, opérateur de la centrale nucléaire accidentée japonaise de Fukushima, a affirmé mardi que son calendrier de sortie de crise serait respecté, malgré des dégâts pires que prévu occasionnés par le séisme et le tsunami du 11 mars. Tokyo Electric Power continue de tabler sur la réduction des fuites radioactives d’ici à juillet et sur une stabilisation de la température des réacteurs, d’ici à janvier prochain. «En dépit de la fusion du combustible, nos objectifs ne changent pas», a assuré le directeur général adjoint de Tepco, Sakae Muto, lors d’une conférence de presse. «Concernant le calendrier de réalisation de ces objectifs, il comprend plusieurs éléments d’incertitude et de risques, mais il n’y a aucun changement dans les buts annoncés précédemment», a renchéri l’entreprise selon un communiqué.
L’opérateur s’est rendu compte récemment, grâce à de nouvelles mesures, que le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 avait vraisemblablement fondu, faute d’avoir été immergé durant plusieurs heures après la catastrophe du 11 mars qui a anéanti les systèmes de refroidissement. Le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant qui ont dévasté le nord-est du Japon, ont déclenché le pire accident nucléaire depuis Tchernobyl il y a 25 ans. Le combustible du réacteur 1 serait tombé au fond de la cuve sous pression, selon les dernières données analysées par Tepco.
Un dispositif de décontamination mis en place avec Areva
Ces nouveaux éléments compliquent la tâche des techniciens mais Tepco juge que cela ne retardera pas les opérations, bien que des ajustements soient nécessaires. Tepco vise trois objectifs principaux: maintenir durablement la température des réacteurs et des piscines de désactivation à basse température; contrôler les rejets radioactifs; faire en sorte que les personnes évacuées des environs de la centrale puissent regagner leur domicile le plus tôt possible.Dans ce cadre, selon Tepco, les travaux de mise en place avec le groupe français Areva d’un dispositif de décontamination de l’eau radioactive se poursuivent comme prévu. Ce système, reposant sur des technologies chimiques d’Areva, doit être lancé dans les prochaines semaines pour traiter les eaux usées qui proviennent des arrosages d’urgence des réacteurs et ont inondé les bâtiments de la centrale, rendant les interventions difficiles. Une équipe d’experts de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) doit effectuer à la fin du mois une mission au Japon pour analyser l’état de la centrale, responsable également de dégâts environnementaux.
80.000 personnes évacuées
Plus de 80.000 personnes ont été évacuées d’une zone interdite d’accès dans un rayon de 20 km autour du site (situé à quelque 220 km au nord-est de Tokyo), et de plusieurs autres localités. La crise incite le Japon à revoir sa politique énergétique nationale, les projets antérieurs prévoyant d’élever à plus de 50% (contre moins de 30% aujourd’hui) la part de l’électricité d’origine nucléaire dans le total consommé d’ici à 2030. «L’énergie nucléaire a été une politique promue par un pays disposant de peu de ressources naturelles», a rappelé le ministre de l’Industrie, Banri Kaieda, en soulignant que les personnes actuellement chassées de chez elles à cause de l’accident de la centrale sont in fine «les victimes de la politique nationale».Tepco et le gouvernement doivent décider d’un plan d’indemnisation des particuliers et entreprises lésées dont le montant pourrait se situer entre 4.000 et 10.000 milliards de yens (35 à 87 milliards d’euros), en fonction de la durée de la crise.