Ni vu ni connu j’t’embrouille! On nous a donné des chiffres, ils faut croire qu’ils ne sont pas authentiques, du moins…Juste un peu édulcorés! Nous aurait-on menti à l’insu de notre plein gré? Les scores sont différents de ceux donnés à la télé? Arrêteeeeeez, je vais finir par croire que les politiciens et que l’UMP ne sont en fait que des menteurs!!! 😉
Selon le ministère de l’Intérieur, le FN a obtenu 11,75% des voix. Mais l’Ifop lui donne un score de plus de 35%. Les écologistes et le Front de gauche ont vu aussi leur score minoré. Le tout à cause d’une subtile méthode de calcul.
Quel est le score réel du FN ? Officiellement, le ministère de l’Intérieur a annoncé un chiffre de 11,57% au plan national pour le parti. Ce qui a permis à Guéant d’évoquer une « certaine stabilité politique » au soir du second tour. A l’inverse, l’Ifop annonce le score de 35,8% pour le Front. Comment obtient-t-on cette différence ? Le problème est que la Place Beauvau compte le nombre de voix obtenues par le parti dans les 402 cantons où il se présentait au second tour par rapport à l’ensemble des voix exprimées dans les 1566 cantons en jeu dimanche.A l’inverse, l’institut de sondage a pris comme base les seuls cantons avec un candidat FN (moins les triangulaires soit 394 cantons) et a calculé ainsi un score plus précis du parti de Marine le Pen. Le même problème s’était posé au premier tour : le Ministère de l’Intérieur annonçait 15% pour le FN sur les 2026 cantons alors que le parti de Marine Le Pen n’était présent que près de 1500 cantons. EN faisant la péréquation, on retrouvait le score de 20-21% obtenu en ce moment dans les sondages par le Front national. Mais les critiques émises à l’issue de la première soirée électorale avaient glissé sur le plumes du canard Guéant.
Car, dans sa logique, ce qui compte, c’est donc le nombre de voix globales et non le score moyen des candidats dans les cantons où leur parti se présentait. Pour contrer ce biais, le FN avait tenté de présenter le maximum de candidats, histoire de gonfler ses muscles lorsque les résultats sont annoncés à 20 heures. Mais il n’était parvenu qu’à présenter des candidats dans près de 1500 des 2026 cantons. Et la méthode de calcul du Ministère de l’Intérieur nuit à tous les « petits » partis qui étaient présents dans peu de cantons.
La présentation des scores des autres partis est également critiquable. Pour exemple, Europe Ecologie a obtenu 2,73% des voix selon le ministère mais le mouvement était présent dans seulement 90 cantons. L’UMP a été créditée de 20% par l’Intérieur mais le parti n’a pu dire à Marianne2 dans combien de cantons le parti était présent au second tour. Il faut dire que les candidats du Mouvement ont tout fait pour cacher leur étiquette sur le terrain.De même, le Front de gauche est officiellement crédité de 5,02% des voix par le ministère de l’Intérieur mais revendique, via le Parti de Gauche de Mélenchon,… 60% des voix en ne prenant pour base que les 131 cantons où il était présent et prête 56,75 % pour le PS et 46,57 % pour Europe Ecologie. Ce score n’est pas étonnant puisque le Front de gauche profite du scores des élus communistes sortants. Pour autant, ce chiffre indique plus la force de frappe potentielle d’un candidat du Front de gauche au plan local qu’un poids du mouvement au plan national. En effet, quelque soit la méthode, comparer au plan national, différents scores obtenus sur des territoires locaux de population différente n’est pas forcément pertinent.
Les tripatouillages de présentation des résultats électoraux sont un sport pratiqué de fort longue date par les ministres de l’Intérieur. Charles Pasqua aurait même pu écrire un manuel sur le sujet. A cette attaque, Claude Guéant pourrait rétorquer qu’il sait aussi pratiquer la concertation. La preuve ? Il aurait accepté la suggestion de dirigeants communistes de comptabiliser à part les résultats du PCF et ceux du Parti de Gauche, histoire de calmer un peu les ardeurs du camarade Mélenchon…Source: marianne2.fr
Voici les infos que j’ai récolté. Ben alors, c’est qui qui s’y perd???? Le citoyen!
09h15 le neuf-quinze
SUR LA BAISSE DU FRONT NATIONAL
Et ils récidivent ! A peine les résultats du second tour étaient-ils connus, que France 2 dégainait dimanche soir un nouveau sondage d’intentions de vote à la présidentielle, gonflant DSK à l’helium. Effrontément, obstinément, ils continuent de prendre les gens pour des imbéciles. Ils pourront en publier cent, en publier mille, de ces sondages « testant » un homme politique qui n’est pas encore candidat, et n’a pas avancé l’ombre d’une proposition présidentielle, les croira-t-on davantage ? « Les gens », Dieu soit loué, les regardent de plus en plus sans les voir, ces sondages opaques tombés du ciel, dont les sondeurs et les clients continuent de cacher soigneusement les données brutes, et de s’abstenir de rappeler les marges d’erreurs. Intoxicateurs publics, ceux qui commandent et diffusent ces sondages ! Intoxicateurs publics, ceux qui les rep rennent.
Le plus compliqué, dans ces intoxications, c’est de démêler celles qui sont volontaires, et les intox dans lesquelles les intoxicateurs s’intoxiquent eux-même. Sur France Inter, lundi matin, Martine Aubry rappelait une simple réalité: en nombre de suffrages, le Front National a baissé entre le premier tour de 2004, et le premier tour de 2011. Oui, vous avez bien lu, baissé (d’où le titre, aguicheur mais exact, de ce billet). Il y a eu moins de bulletins FN glissés dans l’urne en 2011, qu’en 2004 (1 490 315 contre 1 379 902, plus de 100 000 voix perdues). Soyez honnêtes: combien d’entre vous le savaient ? En tout cas pas moi. Je ne l’ai réalisé qu’en fin de semaine, à la lecture…de nos forums. Vous me direz: j’aurais pu simplement regarder le site du ministère de l’Intérieur (1). C’est vrai. Mea culpa. En ne rappelant pas cette donnée élémentaire, préalable de toute analyse sérieuse, nous nous sommes fait, à notre toute petite place, complices passifs de l’intoxication. Mais si vicieux est l’emballement, qu’il peut court-circuiter les réflexes les plus élémentaires.
Qui a intérêt à l’emballement Le Pen ? On pourrait épiloguer à l’infini, imaginer de savantes stratégies. Je crois plus simplement que le FN, comme le disait il y a quelques semaines un sondeur sur notre plateau (2), est « la zone érogène de la politique française », comme l’était Sarkozy aux alentours de 2007. Une zone d’irrésisitible excitation et de perte des facultés de raisonnement, à laquelle bien peu résistent. Parmi ceux qui résistent, d’ailleurs, et parviennent à conserver un discours articulé face au phénomène, un certain Emmanuel Todd, bien connu dans ces contrées (3). Je vous conseille d’aller lire ce qu’il en dit à Marianne2 (4)(en substance, que le vote Le Pen s’explique désormais au moins autant par des motifs économiques, que de racisme ou de xénophobie). Même si la thèse souffre, à mon sens, de raisonner exclusivement sur les pourcentages, et pas sur le nombre de bulletins en valeur absolue, quelque chose me dit qu’on n’a pas fini d’en débattre.
Certains clients de courrier électronique bloquent l’accès direct aux liens. Aussi, vous trouverez ci dessous et en clair l’ensemble des adresses web de ce présent message :
(1) http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/resultats-elections/can2004/can2004_FE_T1.html
(2) http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3811
(3) http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3800
(4) http://www.marianne2.fr/E-Todd-Face-au-FN-il-faut-rompre-avec-deux-concepts-zombies-le-libre-echange-et-l-euro_a204202.html
Daniel Schneidermann