Signe évident que la guerre en Ukraine est prête à reprendre de l’ampleur, Victoria Nuland, fonctionnaire du département d’État des États-Unis, est arrivée à Kiev pour rencontrer les dirigeants du régime soutenu par l’Occident.
Récemment, le cessez le feu négocié le 5 septembre a été soumis à de fortes pressions, alors que les forces militaires ukrainiennes ont renforcé leur pilonnage d’artillerie sur la ville orientale de Donetsk, entrainant des pertes civiles quotidiennes.
Alors que des maisons civiles brulent, le régime de Kiev a commencé à parler ouvertement de se remettre sur le pied de guerre en « se préparant au combat » et en mobilisant de nouvelles unités militaires contre les régions du Donbass où il tente de réprimer le mouvement indépendantiste dans les Républiques autoproclamées des peuples de Donetsk et de Lougansk.
Au cours de ces derniers mois, le régime de Kiev a tenu un double langage. Parfois il déclarait son attachement au cessez-le-feu négocié par le président russe Vladimir Poutine et l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). D’autres fois, les extrémistes du régime avertissaient qu’il n’y avait, en réalité, aucune trêve, et que l’on était tout près d’une guerre ouverte avec la Russie.
De fait, le supposé cessez-le-feu est en lambeaux et cela est largement dû au refus des forces de Kiev de se retirer de la ligne de front et d’arrêter de bombarder les populations civiles.
A présent, le président Petro Porochenko a basculé dans une rhétorique guerrière véhémente. Cette semaine, lors d’une intervention télévisée, l’ancien baron de l’industrie a échangé son costume-cravate contre un uniforme militaire, et a averti que les forces sous son commandement étaient prêtes à utiliser des techniques modernes de combat.
Porochenko a dit que « l’Ukraine a replacé son économie sur le pied de guerre et qu’elle fournira tout ce qui est possible pour que l’armée ukrainienne soit plus forte ». Cela alors que son pays, en faillite, doit 5,3 milliards de dollars à la Russie pour des factures de gaz impayées.
La semaine dernière, son extrémiste de premier ministre, Arseni Iatseniouk, a déclaré que l’armée avait été rééquipée en matériel neuf et en vêtements d’hiver.
Le moment choisi pour afficher ce militarisme renouvelé sur l’échiquier politique de Kiev (en parallèle avec une aggravation des infractions au cessez-le-feu) semble davantage qu’une simple coïncidence avec l’arrivée de l’éminence grise Victoria Nuland.
Nuland, l’assistante du secrétaire d’État John Kerry, n’avait pas mis les pieds à Kiev depuis mars. Ces sept derniers mois, elle a adopté un remarquable profil bas vis-à-vis de l’Ukraine. Le but de cette absence était sans doute de faire oublier son implication controversée dans la supervision du coup d’État du 22 février, soutenu par la CIA, lorsque le président de l’époque, Viktor Yanukovych, a été renversé par une cabale fasciste menée par Iatseniouk.
Deux semaines avant le coup d’État, Nuland s’était fait prendre, enregistrée au téléphone avec l’ambassadeur américain en Ukraine, Geoffrey Pyatt, en train de comploter sur la forme du nouveau régime et de préconiser Iatseniouk comme homme fort. Nuland a aussi été prise en flagrand délit de qualifier l’Union européenne de manière peu flatteuse, un signal clair que Washington prenait les rênes pour installer le nouveau régime, qui serait conduit par leur homme à eux, Iats.
Depuis lors, l’Union panukrainienne Patrie de Iatseniouk et le parti néo nazi Svoboda, avec ses troupes d’assaut du Secteur Droit, ont dominé la politique anti russe du régime. En avril, à la suite d’une visite secrète à Kiev du directeur de la CIA, John Brennan, le régime s’est embarqué dans une offensive militaire massive pour réprimer la population russe dissidente de l’est du pays, qui refusait de reconnaitre la légitimité du coup d’État soutenu par les USA.
Cette offensive, dénommée opération anti-terroriste, a été largement occultée par la presse occidentale, alors même qu’elle a provoqué plus de 3.600 morts et jusqu’à un million de réfugiés. La majorité des pertes ont été des pertes civiles, et un comité d’enquête russe a rapporté la semaine dernière qu’au moins 2.500 personnes avaient été tuées par le bombardement aveugle des centres villes de Donetsk et de Lougansk.
Ces bombardements ont été effectués par des unités régulières de l’armée, des paramilitaires néo-nazis appartenant à la soi-disant Garde nationale, et diverses milices privées ou escadrons de la mort dirigés par des oligarques pro-Kiev, comme Igor Kolomoiski.
Tant Washington que Bruxelles ont occulté cette campagne de terreur, et l’ont soutenue comme si elle était légitime, en reconnaissant le régime de Kiev comme le gouvernement de l’Ukraine. Ils ont aussi amplifié la propagande de diversion de Kiev, en accusant la Russie de se livrer à une agression cachée et de déstabiliser les régions du Donbass. Moscou a toujours nié toute implication, et ni les gouvernements occidentaux, ni le régime de Kiev, ni l’Otan n’ont produit la moindre preuve vérifiable pour appuyer leurs revendications tendancieuses à l’encontre de la Russie.
Cette semaine, Poutine et le président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Didier Burkalter, qui est aussi le président suisse, ont de nouveau insisté sur le fait que les deux parties du conflit ukrainien devaient respecter le cessez-le-feu signé à Minsk le 5 septembre.
Mais il semble à présent que Kiev s’efforce de nier une quelconque reconnaissance de ce cessez-le-feu.
Depuis l’entrée en vigueur de la trêve (pourtant visiblement signée par Porochenko), les milices russophones pro-indépendantistes du Donbass n’ont cessé de prétendre que les forces de Kiev ne faisaient qu’utiliser le suspension des combats comme une opportunité pour se regrouper.
Le 8 septembre, le Vice-Premier ministre de la République populaire de Donetsk, Andrei Purgin, a déclaré : « Ils font ce qui leur aurait été impossible sans la trêve. Tous les mouvements de convois auraient été impossibles. Profitant de la trêve, des convois de véhicules de combat atteignent leur destination et se préparent en vue d’attaquer ».
Il semble que le rôle public de Porochenko dans tout cela ait été simplement de donner l’impression d’adhérer à un cessez-le-feu et de préparer un dialogue politique entre les régions en conflit.
Cependant, cette impression est à confronter aux violations répétées du cessez-le-feu de la part de ses forces, ainsi qu’aux pertes civiles en augmentation qui en résultent. Elle est aussi à confronter à la rhétorique anti-russe incessante de la part d’extrémistes comme Iatseniouk, ainsi qu’à la fourniture par Washington d’une aide militaire au régime de Kiev : la dernière tranche, de 53 millions de dollars, a été annoncée pendant que Porochenko était fêté à la maison Blanche, il y a trois semaines.
Cette semaine, le jour même où Nuland a atterri à Kiev, le régime a annoncé ce que beaucoup soupçonnaient déjà, à savoir qu’il ne faisait qu’utiliser ce cessez-le-feu, qui dure depuis un mois, comme une rampe de lancement tactique en vue de redoubler ses opérations militaires.
Andrey Lysenko, porte parole du Conseil de sécurité et de défense nationale de Kiev a déclaré lundi : « Nous avons réussi à rénover l’équipement en service, à obtenir de nouveaux armements, ainsi qu’à réorganiser et réoutiller les industries de défense qui fabriquent les armements et réparent le matériel ». Il a ajouté : « Nous avons aussi réussi à regrouper nos forces, à mener des reconnaissances en profondeur le terrain et à recueillir davantage d’informations sur nos ennemis. Nous avons terminé la troisième vague de mobilisation. Nous avons remplacé les unités qui le nécessitaient, nous leur avons offert la possibilité de se reposer après leurs durs combats, et de revenir à la normale. »
Par la normale, Lysenko veut dire la situation où l’on terrorise les civils de l’est de l’Ukraine.
Cela vient souligner les propos de Porochenko de ces derniers jours à propos de l’économie que l’on met sur le pied de guerre.
C’est un très mauvais signe, qui montre que le régime de Kiev, et le roi du chocolat, Porochenko lui-même, se réalignent sur une politique de guerre tous azimuts envers le peuple d’Ukraine orientale et, par extension, contre la Russie.
La visite à Kiev, si longtemps repoussée, de Victoria Nuland (le faucon ukrainien de Washington) porte avec elle le présage du soutien total des USA à cette escalade guerrière.
Finian Cunningham
Traduit par Wayan pour vineyardsaker.fr
Source : The Vineyardsaker.fr
Hors sujet mais pas que. Cela fait partie de l’ensemble du plan US.
Bonne analyse de Mr Asselineau.
https://www.upr.fr/actualite/monde/sanctions-contre-russie-tgv-moscou-kazan-echappera-alstom
Ah les sanctions, quel signe de « force » de l’UE:
http://www.youtube.com/watch?v=MI736TpoR3Y .