Un blogueur condamné pour avoir trouvé des documents via Google

Très grave quand même! Par ce qu’il a téléchargé des fichiers non protégés et trouvé via une simple recherche Google, il va devoir payer 3000 euros d’amende! Le pire, c’est de voir que les magistrats en charge du dossiers étaient aussi peu compétents…

Pour le blogueur, hacker et journaliste Olivier Laurelli, hackers-le-cinquieme-pouvoir,M67621alias Bluetouff, le verdict est tombé, mercredi 5 février, et nul ne sait s’il faut plutôt en rire ou en pleurer. Pour avoir téléchargé des documents non protégés trouvés via Google, il a été condamné à 3000 euros d’amende, pour “maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données” et “vol” de documents, rapporte le site Numerama.

@AlexArchambault on me reproche de m'être maintenu dans un espace public et d'avoir volé des données que j'ai copié

— Olivier Laurelli (@bluetouff) 5 Février 2014

Tout a commencé un jour d’été en 2012, lorsque Bluetouff, au détour de ses recherches sur le régime syrien, tombe par hasard sur le serveur extranet de  l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), utilisé par les chercheurs pour stocker et échanger leurs documents de travail. Au lieu d’être protégées par un identifiant et un mot de passe, comme elles auraient dû l’être, ces données, indexées sur Google, étaient accessibles sans le moindre piratage. Sans avoir besoin “d’aucune autre connaissance technique que celles de savoir se servir d’un moteur de recherche, d’un navigateur et d’une souris”, note Numerama.

Bluetouff décide donc de télécharger 8 000 de ces documents internes, relatifs à des données de santé publique. L’Anses s’en rend compte lorsque le site Reflets.info, dont il est l’un des animateurs, publie un article sur les nanoparticules utilisant l’un de ces documents. L’agence alerte la police et une enquête est alors confiée aux services de renseignement intérieur (la DCRI), qui identifient rapidement Olivier Laurelli. S’en suivent, pour le blogueur, perquisition à son domicile, saisie de son matériel informatique et garde à vue de 30 heures, d’après un article de Mediapart.

Bluetouff est d’abord relaxé lors de son procès en première instance, les juges considérant qu’il n’y a pas eu de piratage pour accéder aux documents. L’Anses, qui reconnaît sa part de responsabilité du fait de la faille dans son système informatique, ne poursuivra pas plus loin cette malencontreuse aventure. C’est donc seul que le Parquet décide de faire appel, refusant de laisser le hacker (n’ayant, en l’occurence, pas hacké) impuni. Le procès en appel, en décembre, mettra en scène un abîme d’incompréhension entre le monde de la justice et celui d’Internet, comme le rapporte Mediapart. Extraits :

“En ouverture d’audience, la magistrate chargée de rappeler les faits semblait même ne pas connaître Google, prononcé à la française ‘gogleu’, ni savoir ce que signifie un ‘login’, prononcé ‘lojin’.”

“Au fil de l’audience, on se rend compte que les magistrats ont une vision totalement fantasmée d’Internet, et des documents que l’on peut y trouver… ‘Vous ne vous souciez pas de savoir si vous alliez tuer toute la planète ?’, s’indigne ainsi une magistrate, alors que l’accusé vient de lui expliquer que ces documents n’étaient, visiblement, pas confidentiels.”

“On retrouve cette même incompréhension du côté du représentant du ministère public. ‘La moitié des termes que j’ai entendus aujourd’hui, je ne les ai même pas compris’, a-t-il ainsi reconnu en débutant son réquisitoire.”

Après sa condamnation mercredi, Olivier Laurelli s’est dit peu enclin à se pourvoir en cassation, mais son avocat a annoncé sur Twitter qu’ils avaient cinq jours pour y réfléchir. Un autre article de Mediapart note les implications que pourrait avoir, au final, cette décision de justice : “Concrètement, cela signifie désormais qu’un journaliste, ou n’importe quel internaute, peut être tenu pour responsable s’il télécharge un document censé être confidentiel, mais placé par erreur dans l’espace public d’un site”.

Source: bigbrowser.blog.lemonde.fr

Benji

14 Commentaires

  1. Est-ce une volonté de votre part de ne pas faire afficher les tweet correctement ?

    (Tweet}PLus}Inserer le tweet}Coller en affichage texte et non visuel)

    Cdt

  2. D’un autre côté, si vous voyez une voiture garée avec les clés sur le volant…. est il “honnête” de partir avec en prétendant que vous n’avez pas eu à faire d’effraction ?…

    • L’exemple est mal choisi est bien sûr, la réponse est non, car une voiture est, par définition, la propriété matérielle d’un tiers (physique ou moral). Par exemple parce qu’elle a été achetée.
      A contrario, une information non protégée sur le web n’est pas une proprité matérielle ou mieux ici, intellectuelle. La propriété intellectuelle est protégé par des lois, les documents qui s’y rapportent doivent l’être également.
      Je préfèrerais une question plus pertinente :
      “Si je partage avec un ami les prévisions météos trouvées sur le web, annoncant un incident climatique genre “tempête”, puis-je être poursuivi pour piratage et attaque envers la sécurité nationale ou divulgation d’information poussant à l’affolement général ?”. Après tout Météo France n’avait peu être pas prévu de diffuser ces informations là mais d’autres estimations plus approndondies…

    • Alors là tu déconnes un max!

      As-tu remarqué que les voitures stationnées sont HABITUELLEMENT TOUTES VERROUILLÉES.

      As-tu remarqué que l’immense majorité du contenu sur internet est libre d’accès /téléchargement, donc HABITUELLEMENT DÉVERROUILLÉS. Dans le cas contraire il se voit protégé.

      Ton raisonnement serait exact si ce gars eut la possibilité de constater une faille de sécurité et que sciemment il en eut profité.
      Mais ceci n’est en aucune façon le cas.

  3. Dommage que le nom du tribunal et celui des magistrats ne soient fournis.

    Histoire de sortir de l’anonymat ces fonctionnaires incompétents antisociales et destructeur de vies.
    Ces dangereux personnages se cantonnent dans leur ignorance crasse et profitant de leur intouchabilité font n’importe quoi!

    Et après on s’étonne que la justice ait mauvaise presse..

  4. Autre possibilité,
    bien dans l’air du temps des déviants* actuels.

    Ne serait-ce point voulu et commandité?

    CERTAINS pourraient s’appuyer sur la jurisprudence de cette décision pour interdire tout et n’importe quoi sur internet…
    Faire taire la “mauvaise-pensance” dissidente en s’attaquant au lecteur!

    Ce gouverne-ment a déjà bien réussi à pénaliser le clients lombda des prostitués.
    Alors, maintenant grâce à cette décision stupéfiante, la porte à la pénalisation du “client internet” est grande ouverte.
    …LA PREUVE IL EST DÉJÀ CONDAMNÉ POUR CE FAIT!

    Cela peut sembler fou,.. mais nous sommes dans un temps de fous!

    * qu’en on ne peut passer au grand jour par devant, on passe de nuit…par derrière.

  5. Si Google était un site extrémiste le mec aurait eu aucun soucis et même mieux il aurait surement été embauché par notre ministre de l’intérieur Manu qui trouve ca normal et même bien de hacker ces sites.
    http://www.youtube.com/watch?v=y2OWDgmUxuo

  6. Je croyais que Bluetouff avait été blanchi, au motif que “nul ne peut se prévaloir de sa turpitude”, et que le fait de laisser traîner des documents en libre accès sur Internet (“visibles” par Google, en l’occurence) constitue un manquement flagrant à sa propre sécurité informatique, ce qui rend nul et non avenu toute poursuite concernant la confidentialité des données ?

    En tout cas, cela en dit long sur la compétence et la pertinence de ceux qui font la Loi et de ceux qui l’appliquent à nos dépends. Sans parler de ceux qui ont la prétention de nous gouverner intelligemment dans le XXIe siècle … On n’est pas sortis de l’auberge.

  7. Les noms des juges ne sont pas confidentiels, puisqu’ils ont des fonctions publiques et leurs jugement sont publics. Je ne vois pas pourquoi leurs noms devraient être dissimulés.

    Tout fonctionnaire qui de par ses fonctions engage l’État français et la société doit assumer publiquement ses actes.

    Je crois que la victime de cette folie juridique devrait aller en cassation s’il a une chance de faire annuler ce jugement, sinon cela signifie que le jugement va faire jurisprudence.

    • ntièrement d’accord.

      Mais force est de constater que cette pratique ne se voit JAMAIS dans les merdias français.
      Au point où, même les médias alternatifs n’osent le faire!

      Comme dit plus haut, tout le danger futur pour la liberté d’internet vient de l’application possible de cette jurisprudence.

      Mais comme d’habitude, j’ai bien peur que la masse de veaux n’est point compris les catastrophiques conséquences de ce « banal » procès!

  8. l’1-Justice ne sortira assurément pas grandie de cette décision…

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