Le démantèlement des armes et bâtiments nucléaires, lourd fardeau pour les générations futures

Nous avons a plusieurs reprises parlé du nucléaire et de ces centrales vieillissantes qui devraient être démantelées depuis longtemps déjà, ce qui n’arrivera pas de sitôt puisque aucun pays n’a réellement l’argent, ni même les connaissances pour faire cela proprement sans qu’il n’y ait d’impact réel sur le site en question. Mais qu’en est-il pour l’arsenal et les bâtiments de guerre? La question ne se pose généralement pas puisque l’on n’y pense pas, tout simplement! Pourtant, c’est un énième challenge qui s’annonce pour les générations futures qui vont devoir se débrouiller avec ces fardeaux que nous allons leur laisser…

Nous pardonneront-ils un jour de notre inconscience….

Nucléaire Tchernobyl Fukushima atomique

Les grandes puissances ont accumulé des armes nucléaires ou des navires à réacteur atomique. Or, explique l’auteur de cette tribune, traiter ce matériel radioactif est un vrai casse-tête, dont personne à ce jour n’a la solution.

Luc Mampaey est le directeur du Grip, docteur en sciences économiques, ingénieur commercial et titulaire d’une maîtrise en gestion de l’environnement. Il est l’auteur de Démantèlement des armes et bâtiments nucléaires : Terrifiant héritage pour les générations futures.


Libérer le monde des armes nucléaires est un objectif ambitieux, mais possible à moyen terme. Libérer l’humanité des conséquences à long terme de quelques décennies de « croyance » dans la dissuasion nucléaire sera une mission autrement plus longue et difficile : il faudra plusieurs générations, relever des défis technologiques et environnementaux qui pour l’heure nous dépassent, et supporter quelques catastrophes dont certaines sont déjà en cours.

Le démantèlement des armes elles-mêmes, des ogives, n’est ni une opération complexe ni un processus coûteux. En France, selon le ministère de la Défense, le coût total de la dénucléarisation du plateau d’Albion et de ses 18 silos a avoisiné les 75 millions d’euros. Un détail au regard des 23,3 milliards d’euros alloués à la dissuasion nucléaire française par la loi de programmation militaire 2014-2019 (plus de 10% du budget de la Défense). La conclusion s’impose d’elle-même, pour toutes les puissances nucléaires : non seulement le coût n’est pas un obstacle au démantèlement, mais les coûts exorbitants associés au maintien et à la modernisation de la dissuasion nucléaire plaident de plus en plus en faveur de ce démantèlement.

Reste le casse-tête sécuritaire du stockage des matières fissiles : il y a dans le monde 1.380 tonnes d’uranium hautement enrichi et 495 tonnes de plutonium. Sachant qu’il faut de ces matières respectivement environ 50 kg et 5 kg pour produire une bombe, ces stocks donnent une capacité théorique de production de 27.600 bombes à l’uranium et de 99.000 bombes au plutonium…

Aucun pays n’a de solution satisfaisante

Parmi les conséquences à long terme du dogme nucléaire, il y a également le démantèlement des bâtiments à propulsion nucléaire, et en particulier des sous-marins. Toutes les puissances nucléaires sont aujourd’hui confrontées à ce défi titanesque, à jamais marqué par l’écocide qui se poursuit toujours au nord de la Russie. Entre 1965 et 1988, l’Union soviétique a coulé en mer de Kara et dans les fjords peu profonds de la Nouvelle-Zemble quelque 17.000 conteneurs de déchets radioactifs, des dizaines de navires et réacteurs nucléaires contenant du combustible usé, et même le sous-marin nucléaire K-27, sabordé dans la baie de Stepovogo avec ses deux réacteurs chargés de combustible nucléaire.

 

Fort heureusement, la Russie a retenu les leçons de ce désastre. Mais aucun pays n’a de solution satisfaisante. La France est actuellement confrontée au démantèlement des six SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins) de première génération retirés du service entre 1991 et 2008, qui n’est qu’une mise en bouche au vu de tous les bâtiments militaires à propulsion nucléaire qui suivront : les SNA (sous-marins nucléaires d’attaque) vers 2020, les nouveaux SNLENG (pour « nouvelle génération ») dès 2030, le porte-avions Charles-de-Gaulle dès 2040 et, avant-même sa mise en service, le SNA Barracuda dont le démantèlement est déjà planifié pour 2050.

Le démantèlement des vieux SNLE est en cours à Cherbourg, selon un processus en plusieurs étapes. Au terme des opérations de démantèlement de niveau 1 et 2, qui consistent à confiner, découper et séparer la tranche réacteur du reste du navire, peuvent commencer les travaux de déconstruction de la coque par DCNS, tandis que les tranches réacteurs sont entreposées pour une très longue période sur une dalle sismorésistante dans le port de Cherbourg.

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Les générations futures devront affronter les erreurs que nous avons faites, tout comme nous le faisons à l’heure actuelle, et je ne parle pas de Tchernobyl ou de Fukushima, mais de la France elle-même, déjà tellement contaminée…

5 Commentaires

  1. Dans 75 ans maximum, au train où vont les choses, la France sera une Somalie qui devra gérer 50 centrales nucléaires.
    La dégradation de l’enseignement par la libéralisation et l’austérité à tout va, ainsi que les difficultés aux quotidiens générées par des émeutes, attentats, troubles de tout ordre (quasi mensuel voir hebdomadaire même quotidien parfois à Paris) pèseront, si ce n’est déjà le cas, sur la qualité et la quantité des techniciens et ingénieurs formés à même de gérer et de démanteler ces installations.
    De plus, en cas de troubles civils sur une durée importante, personne n’ira risquer sa peau afin de faire du bénévolat pour faire tourner correctement ces installations où les démanteler…

  2. CHAPEAU les militants , MAIS malheureusement dans l indifférence totale

    les vigies d’Hippocrate se relaient devant le siège de l’ OMS à Genève, soit depuis 475 semaines sans interruption
    Les vigies de mai 2016 à Genève et Paris – IndependentWHO – Santé …
    independentwho.org/fr/2016/05/31/vigies-mai-2016/

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