Libye: Amnesty international accuse les rebelles de tortures et d’exactions

Plus le temps passe, plus les grandes phrases issues des dirigeants qui ont voulu ce conflit s’effrite, la lumière apparaitrait-elle? À force de nous raconter tout et n’importe quoi nous finissons par ne plus les croire et internet aidant, certaines vérités remontent à la surface pour le plus grand malheur des décideurs de la planète. Finalement, les méchants ici, ce ne sont pas forcément les pro-Kadhafi dirait-on…

Des rebelles libyens à Zlitan, près de Misrata, le 13 juin 2011 (Zohra Bensemra/Reuters)

Quatre mois après le début du conflit en Libye, la confusion règne toujours à l’ouest du pays, en proie à de violents affrontements entre les forces pro-Kadhafi et les rebelles. Aucune organisation humanitaire n’a accès à cette région du pays, les déplacements n’étant possibles que dans les villes libérées par l’opposition.

Donatella Rovera, conseillère sur la réaction aux crises à Amnesty International, est rentrée de Libye après trois mois passés à arpenter les villes de Misratah, Benghazi, Ajdabiya et Ras Lanouf. Son témoignage éclaire certaines zones d’ombres.

Rue89 : Vous avez pu rencontrer des mercenaires dans les centres de détention tenus par l’opposition.

Donatella Rovera : Il y a eu une certaine hystérie de la part des médias autour de la question des mercenaires. Le Conseil national de la transition (CNT) a organisé des visites dans les prisons pour que les journalistes « voient » les mercenaires, mais il s’agissait surtout de pauvres jeunes gens terrorisés, pas forcément liés au conflit. Mais ils ont été filmés, photographiés, ils étaient reconnaissables.

Ils ont été libérés puisqu’il n’y avait pas de preuves contre eux. La plupart ont d’ailleurs quitté la Libye. Il n’en reste quasiment plus en détention, peut-être quatre ou cinq à Misrata. J’ai rencontré un jeune Algérien dans une prison de Misrata. Il n’était pas du tout mercenaire, il travaillait dans une pâtisserie. Son patron a dû faire une lettre pour prouver qu’il ne mentait pas.

Vous voulez dire qu’il n’y avait pas de mercenaires ?

On n’a pas vu de mercenaires, sauf si cela s’est passé dans l’ouest où nous n’avons pas accès. Nous avons rentré des étrangers et des Libyens noirs qui ont été pris pour cible par les anti-Kadhafi. Le comportement des combattants de l’opposition à leur égard pose question. Ils ont commis des violations graves.

Quel type d’exactions ?

Les rebelles sont responsables de nombreuses attaques contre les étrangers et les Libyens noirs, soupçonnés d’être des mercenaires. Certains ont été assassinés.

Certains soirs, des raids ont été menés contre toutes les personnes soupçonnées d’avoir été proches du régime et contre celles dont on savait qu’elles avaient travaillé pour le régime de Kadhafi, notamment à la Sécurité intérieure. On a retrouvé des notes près de certains cadavres disant : « C’est le sort réservé aux chiens de Kadhafi. »

Enfin, on a eu connaissance d’actes de torture sur des prétendus mercenaires et sur des soldats faits prisonniers.

Il faut agir maintenant. Les gens du CNT sont contre ces pratiques, je les crois sincères mais ils ne contrôlent pas la situation. Ont-ils vraiment la volonté politique de demander des comptes aux combattants rebelles ?

Sur la question des mercenaires, par exemple, le CNT en a beaucoup parlé au début du conflit, notamment sur Al Jazeera qui est très regardée en Libye. Ces accusations n’étaient pas fondées et ils ont constaté les conséquences de cette légende. Il devraient avoir le courage de retourner sur Al Jazeera et sur la nouvelle chaîne d’opposition libyenne pour démonter cette rumeur et condamner les violences. Mais ils ne le font pas, ce n’est pas une priorité pour eux.

Les enquêteurs de la Cour pénale internationale (CPI) disent avoir des preuves que Mouammar Kadhafi a encouragé les viols en Libye

On n’a pas pu vérifier ces accusations de viols systématiques. On n’en conclut rien, on continue à chercher.

On a parlé d’un bilan humain très lourd. Plusieurs milliers de personnes tuées par les forces loyalistes.

Je suis arrivée fin février, ce n’était pas encore la guerre mais c’était le plus fort de la répression des manifestations. A Al-Baïda, une soixantaine de personnes sont mortes et à Benghazi, entre 100 et 110 personnes ont été tuées. C’est beaucoup, c’est grave mais ce ne sont pas les milliers de morts annoncés.

Les civils ont surtout payé un lourd tribu à Ajdabiyah, notamment quand ils essayaient de fuir les combats. A Misrata, c’était le pire : les roquettes pleuvaient sur la ville à la fin du mois d’avril. Des centaines de roquettes sont tombées sur les quartiers résidentiels. Des bombes à fragmentation ont été utilisées et éparpillées sur une zone habitée très étendue. Les forces pro-kadhafistes en ont utilisé dans le centre-ville de Misrata. Il y a aussi des mines antipersonnel aux abords d’Ajdabiyah et dans des quartiers résidentiels de Misrata.

Il y a également eu beaucoup d’enlèvements d’opposants au début du conflit et ça continue. Tous ne sont pas combattants. A Misrata, ce sont parfois tous les hommes d’une même famille qui ont été enlevés à leur domicile, même lorsqu’ils n’étaient pas impliqués dans les combats. On en recense plusieurs centaines. Leurs familles n’ont pas de nouvelles. Parfois, on en a vu réapparaître à la télévision libyenne, ils font des aveux forcés du type « j’étais drogué » ou « je suis membre d’Al Qaeda ».

Que peut faire la communauté internationale ?

La communauté internationale n’est pas en mesure d’exiger quelque chose de la part de Kadhafi – sur les disparitions par exemple – mais elle peut user de son influence auprès de l’opposition pour faire en sorte que les tortures et les violences cessent dès aujourd’hui. Même s’il ne s’agit pas d’une pratique généralisée, il faut faire quelque chose.

Source: Sott.net

4 Commentaires

  1. Il manque un T à Amnesty international dans le titre 😉 . Quoi qu’Amnesy c’est pas mal comme nouveau nom !

  2. Le monde entier parle de guerre contre Khaddafi mais qu’en pensent les Libyens? Si une majorité de ces Libyens à qui évidement on ne demande pas leur avis soutient Kadhafi alors les « insurgés » n’ont plus aucune légitimité, ils deviennent de facto des terroristes portant atteinte au gouvernement (peu importe son type) Libyen. L’OTAN étant complice de ces actes de terrorisme.

    « Je suis arrivée fin février, ce n’était pas encore la guerre mais c’était le plus fort de la répression des manifestations. A Al-Baïda, une soixantaine de personnes sont mortes et à Benghazi, entre 100 et 110 personnes ont été tuées. C’est beaucoup, c’est grave mais ce ne sont pas les milliers de morts annoncés. »

    Alors qui croire entre les milliers de morts annoncés par BHL et la centaine de victimes annoncée par ce membre d’Amnesty (Amnesy?) International ayant passé trois mois en Libye à sillonner les villes de Misratah, Benghazi, Ajdabiya et Ras Lanouf? « On n’a pas vu de mercenaires » pourtant BHL et les SAS infiltrés sur place en ont vus… hallucinations?

    Évidement les responsables des enlèvements et des éventuels crimes devront rendre des comptes, aussi bien du côté du gouvernement Libyen que des insurgés et de l’OTAN, on peut toujours rêver? En attendant tout va bien (et le pétrole coule à nouveau à flot) dixit un porte parole de la maison immaculée…

  3. En fait il faut savoir que la Libye est divisée en trois grandes tribus.

    La tribu de l’est, qui avait le pouvoir lors de la monarchie du roi Idris, l’a perdu en 1969 lorsque Kadhafi a profité de la faiblesse du roi pour prendre le pouvoir.

    Les cyrénaïdes ne l’ont évidemment pas entendu de cette oreille et se sont soulevés plusieurs fois pour tenter de reprendre le pouvoir mais chaque révolte a été étouffée par le sang par le colonel.

    Cette dernière révolte, qui a pour seul but de rétablir le pouvoir cyrénaïque en Libye, n’est pas légitime puisque Kadhafi est soutenu par les deux autres grandes tribus du pays.

    En France il n’y a malheureusement que Robert Lugan, grand expert de l’Afrique, pour décrire cet état fait. Les grands médias et politiques préférant nous parler de la révolte du peuple Libyen contre le dictateur Kadhafi, ce qui est évidemment faux car il n’y a de toute façon aucun peuple Libyen.

  4. alors il était ou l’autre calamar de BHL qui se prend pour zola et qui croyait que botul avait vraiment existé ??? pourquoi n’était-il pas aux côtés de Donatella Rovera et des combattants sur les lieux ou les combats font rage ??? ce gros naze a peut-être peur qu’on lui foute une bonne grosse tarte à la crème dans sa gueule …..
    cet escroc de la pensée dort encore au fond des latrines de la littérature avec son costume armani et sa chemise blanche ouverte sur une chaine en or et son étoile de david ….enfoiré !!!

Les commentaires sont clos.