Economie : « Nous allons dans la mauvaise direction mais on maintient le cap » !

Sans rire, ce titre reprend celui d’un article du Point concernant les chiffres du chômage pour le mois de février :

Michel Sapin : « Les chiffres du chômage vont dans la mauvaise direction, mais on maintient le cap »

Le ministre du Travail Michel Sapin a assumé sa part de responsabilité dans la hausse des chiffres du chômage, estimant qu’il fallait « aller plus vite ».

Le ministre du Travail Michel Sapin a estimé jeudi que les chiffres du chômage, en forte hausse en février, allaient « dans la mauvaise direction », tout en appelant à « maintenir le cap », notamment sur le pacte de responsabilité. « Les chiffres du chômage de février ne sont pas bons », « ils sont mauvais » et « vont dans la mauvaise direction », a admis le ministre du Travail sur RMC-BFM TV. Alors qu’on lui demandait s’il était le « ministre du chômage », Michel Sapin a répondu : « J’en porte aussi ma part de responsabilité ». Interrogé sur le revers infligé à la gauche au premier tour des municipales, il a estimé que les Français avaient envoyé un « message précis » qu’il »faut entendre » et « auquel il faut répondre ». « Le cap, il faut le maintenir », « les gens veulent de l’efficacité, des résultats », « il faut aller plus rapidement », a-t-il dit.

source : le Point

D’accord la citation sur laquelle titre le Point est un montage, le procédé est condamnable, mais c’est tellement plus clair que les explications ministérielles… Cela a pour une fois le mérite de la franchise et reste en cohérence avec l’obstination de nos oligarques dans les politiques d’austérité socialement et économiquement suicidaires.

Le réseau Caritas Europe documente ainsi dans son dernier rapport la manière dont les jeunes vivent la crise et les politiques d’austérité qui ont suivi, particulièrement dans les pays du sud comme la Grèce ou l’Espagne où le taux de chômage des moins de 25 ans dépasse les 50%. Conséquence, le « syndrome Tanguy » se généralise avec des jeunes qui se retrouvent de plus en plus nombreux dans l’incapacité financière de quitter le domicile parental.

Le chômage en Europe est en constante augmentation et frappe en premier lieu les jeunes. Eurofound, les syndicats et des organisations caritatives tirent la sonnette d’alarme.

Alors que les élections européennes se rapprochent, des études portant sur l’impact social de la crise économique en UE se multiplient.

La Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound) a publié ses derniers résultats relatifs à la situation actuelle des jeunes en Europe. L’étude montre une « tendance inquiétante » : le nombre de jeunes, notamment de jeunes hommes, vivant au foyer parental est passé de 44 % à 48 % entre 2007 et 2011. La tendance touche les jeunes jusqu’à l’âge de 30 ans, dans presque la plupart des pays européens, y compris au Danemark et en Autriche. Le film français Tanguy avait décrit en 2001 l’histoire d’un jeune homme de 28 ans habitant chez ses parents .

Les chiffres montrent également que le manque de ressources financières a augmenté dans cette classe d’âge depuis 2007, et ce, quelle que soit l’origine sociale. Ces jeunes sans emploi se sentent  non seulement ostracisés, mais aussi présentent des troubles psychologiques plus prononcés que ceux en activité.

Source : euractiv

Mais la palme de l’inconséquence politique revient certainement à Michel Barnier, le commissaire européen au marché intérieur, qui a présenté sans rire la dernière trouvaille de la commission pour faciliter le financement des PME (les banques ne faisant toujours pas leur boulot de financement de l’économie malgré l’inondation de liquidités de la BCE à travers les programmes LTRO). Accrochez-vous, il s’agit ni plus ni moins de ranimer « les marchés de la titrisation », ceux-là même qui ont provoqué la crise financière via le mécanisme de titrisation des subprimes ! Mais attention, prévient Barnier, cette fois ce sera « différent », il s’agira de tenir compte «des risques ainsi que de la nature différenciée de ce type de produits ».

La Commission européenne a recommandé jeudi de relancer la titrisation, une technique financière très décriée et mise en cause dans la crise des subprimes aux États-Unis, afin de favoriser le financement des petites et moyennes entreprises. « L’Europe a de gros besoins de financement à long terme pour assurer une croissance durable. Notre système financier doit recouvrer et renforcer sa capacité à financer l’économie réelle », a affirmé Michel Barnier, le commissaire européen en charge des Services financiers, qui a présenté jeudi une feuille de route sur l’investissement à long terme.

Source : le Point

Cette proposition semble d’autant plus surréaliste que M Barnier avait présenté il y a à peine un mois son projet de réforme du secteur bancaire européen comportant notamment une filialisation des activités de marché « à risque » des banques systémiques, qui avait déclenché la colère du secteur financier et du ministre des banquiers du budget Pierre Moscovici ou encore du gouverneur de la Banque de France.

Le Ministre de l’Economie a fait part de son courroux (cf. Le Monde 30 janvier 2014 et Le Monde du 5 février 2014) au Commissaire européen Michel Barnier, dont le tort est de proposer un texte qui entend suivre les conclusions du rapport Liikanen ainsi que les recommandations d’un rapport du Parlement européen voté en juillet dernier à une large majorité. Or ce texte n’a rien de bouleversant : il se borne à interdire le trading pour compte propre (de façon directe ou indirectement par le biais d’exposition à des entités le pratiquant) et à imposer une séparation des activités de marchés (à l’exception notamment des transactions sur titres publics) aux établissements pour lesquels ces activités atteignent une certaine taille en valeur absolue et/ou relative (en pourcentage du bilan). Ce qui ne devrait toucher qu’une trentaine de banques européennes dont, il est vrai, les quatre plus grands groupes français. En définitive, la France est devenue un des adversaires les plus résolus d’une réforme qui faisait l’objet, il y a moins de deux ans, d’une des principales promesses de campagne du Président élu.

Source : ofce

De là à penser que M Barnier a finalement rendu les armes face au lobby bancaire…

10 Commentaires

  1. Cela a pour une fois le mérite de la franchise et reste en cohérence avec l’obstination de nos oligarques dans les politiques d’austérité socialement et économiquement suicidaires.

    SUICIDAIRES ??? Non pas vraiment ce terme est inapproprié
    Génocidaires est le bon mot

  2. « De là à penser que M Barnier a finalement rendu les armes face au lobby bancaire… »
    Rendu les armes? encore eut-il fallu qu’il en ait eu ! Et qu’il ait eu l’intention d’en avoir même !
    Michel Barnier, fervent défenseur du traité de Lisbonne contre la volonté des peuples, s’opposer à la finance internationale? AH AH AH !!!

  3. Relancer les marchés de titrisation n’est pas antinomique avec la séparation des activités des banques … Sauf que cette séparation n’est qu’un cache-sexe. Les entreprises font « tourner » leur trésorerie où ? Les produits d’épargne sont adossés à quels produits financiers ? Si le QE est nécéssaire pour sauver les banques « financières » qui auront pris trop de risques, cela aura des conséquences sur l’économie « réelle » … Il y aura forcément contagion. D’un côté l’UE veut lutter contre les sociétés écran, de l’autre elle les institutionnalise dans la Finance : Schizophrènique.

    • Schizophrénie, oui, c’est le bon mot 🙂 Cependant, lorsqu’il y a contradiction entre la volonté politique de réglementation et les intérêts bancaires, on voit de quel côté penche la balance…

  4. toujours le cap de Bonne Espérance,a travers l’errance…

    continuez politiciens à balivernes,a pérorer avec ou sans emphase

    nous cacher votre incompétence,est une insulte à notre
    intelligence

    ou
    -vous avez pris vos cachets bleubleu,vous avez été a la selle,ce matin?
    et les gougoutes,on vous les a donner ce matin?

  5. Décodage de la phrase du sapin :

    1) le chômage ne monte pas assez vite, les mesures prises ne sont pas très efficaces, actuellement, mais ça va s’améliorer avec le temps (la direction n’est pas parfaitement glop, bien qu’elle aille dans le bon sens, elle s’égare, ce qui fait que 100% de chômage arrivera plus tard que prévu) ;

    2) mais le cap est bon (donc, on le maintient), car tout est, à l’évidence, fait au mieux pour faire le plein de chômage

Les commentaires sont clos.