Les États-Unis mènent le monde dans l’abîme

Par Edouard Curtin pour Behind the Curtain  via GlobalResearch

Quelques années après la Première Guerre mondiale, le poète TS Eliot ouvrait son célèbre poème « The Wasteland » par ces mots : « April is the cruelest month… » Je pense qu’il se trompe peut-être, car ce mois d’octobre est peut-être le mois le plus cruel de tous, suivi d’ici novembre. Sans précédent. Vous pouvez entendre le cliquetis et le grincement des piques si vos antennes sont à l’écoute.

Nous sommes au bord d’événements inquiétants créés par la guerre des États-Unis contre la Russie. Pourtant, tant de gens préfèrent se détourner et avaler les mensonges selon lesquels les États-Unis veulent la paix et non la guerre et sont la partie lésée dans la crise.

Un de mes amis, qui m’accuse constamment d’être devenu de droite à cause de mes écrits qui accusent de nombreux libéraux/gauchistes traditionnels d’acheter la propagande de l’État de sécurité nationale sur l’assassinat de JFK, « 9/11 », Syrie, Ukraine, Covid -19, la censure, la « nouvelle » guerre froide, etc., et dont les sources d’information incontournables sont The Guardian, CNN, The New York Times, NPR, ABC, semble inconsciente du fait que droite et gauche sont devenus des termes inutiles et que ces médias sont tous les porte-parole de la CIA et de leurs alliés du renseignement dans la nouvelle guerre froide ; que la soi-disant droite et gauche sont liées à la hanche avec leur obsession de la Pax Americana.

Il n’y a plus de droite et de gauche ; il n’y a que des voix libres et indépendantes ou celles des perroquets en cage répétant ce qu’on leur a appris à dire :

« Polly veut une guerre ! « Polly veut une guerre. »

J’ai peur de ne jamais convaincre ce cher ami du contraire et je trouve cela déprimant. Pourtant, je sais que de tels points de vue sont partagés par des millions d’autres et que même si une guerre nucléaire éclate, leur esprit ne changera pas. La propagande est très, très profondément ancrée dans leur psychisme, et ils veulent désespérément croire. Hitler l’a dit clairement dans Mein Kampf :

Les masses… sont toujours plus facilement corrompues dans les couches profondes de leur nature émotionnelle que consciemment ou volontairement ; et ainsi, dans la simplicité primitive de leur esprit, ils sont plus facilement victimes du gros mensonge que du petit mensonge, puisqu’eux-mêmes disent souvent de petits mensonges sur de petites choses mais auraient honte de recourir à des mensonges à grande échelle.

Hitler a beaucoup appris sur la «fabrication du consentement» de ses professeurs américains Edward Bernays, Walter Lippmann, et al., qui ont accompli tant de lavage de cerveau du peuple américain. Ils étaient tous les maîtres du mensonge et des millions continuent de croire leurs partisans.

Si les armes nucléaires sont à nouveau utilisées (et tout le monde connaît le seul pays à les avoir utilisées), ces croyants rejetteront la responsabilité de leur utilisation sur la Russie , même si la Russie a clairement indiqué qu’elle n’aurait recours à de telles armes que si l’existence du pays était menacée. , tandis que les États-Unis continuent d’affirmer leur droit d’utiliser des armes nucléaires de manière préventive lorsqu’ils le souhaitent.

Et même si les armes nucléaires ne sont pas utilisées, le récent sabotage des pipelines Nord Stream et le bombardement du pont de Crimée, tous deux clairement l’œuvre des forces US/OTAN/Ukrainiennes, ont considérablement fait monter les enchères. La porte de l’enfer vient de s’ouvrir plus grande, et je suppose que ce n’est pas par hasard, à l’approche des élections américaines.

Dans son récent discours télévisé, Vladimir Poutine a clairement exprimé la position nucléaire de la Russie, ne mentionnant les armes nucléaires que dans le contexte des menaces occidentales de les utiliser, comme l’ a rapporté Moon of Alabama .

Poutine a dit :

Ils [les États-Unis/l’OTAN/l’Ukraine] ont même eu recours au chantage nucléaire . Je fais référence non seulement au bombardement encouragé par l’Occident de la centrale nucléaire de Zaporozhye, qui représente une menace de catastrophe nucléaire, mais aussi aux déclarations faites par certains représentants de haut rang des principaux pays de l’OTAN sur la possibilité et l’admissibilité de utilisant des armes de destruction massive – des armes nucléaires – contre la Russie.

Je voudrais rappeler à ceux qui font de telles déclarations concernant la Russie que notre pays possède également différents types d’armes , et certaines d’entre elles sont plus modernes  que les armes des pays de l’OTAN. En cas de menace à l’intégrité territoriale de notre pays et pour défendre la Russie et notre peuple, nous utiliserons certainement tous les systèmes d’armes à notre disposition. Ce n’est pas du bluff.

Les citoyens de la Russie peuvent être assurés que l’intégrité territoriale de notre patrie, notre indépendance et notre liberté seront défendues – je le répète – par tous les systèmes à notre disposition. Ceux qui usent du chantage nucléaire contre nous doivent savoir que la rose des vents peut se retourner.

Lorsque la guerre planifiée de longue date des États-Unis contre la Russie , si évidente pour quiconque voit au-delà des gros titres propagandistes et étudie la question, explose bientôt en une guerre ouverte à grande échelle pour que tous la voient avec horreur, comme elle le fera, ces vrais croyants creuseront leurs talons encore plus. Ils trouveront de nouvelles raisons pour justifier leur foi, et cela s’apparente à la foi religieuse. Le tristement célèbre rapport de Rand Corporation de 2019 cité ci-dessus, « Overextending and Unbalancing Russia », cite ce qui suit dans le cadre du processus de guerre, comme résumé dans l’ article de Strategic Culture , mais cela n’aura aucun impact sur les croyants fidèles :

• Fournir une aide militaire létale à l’Ukraine
• Mobiliser les membres européens de l’OTAN
• Imposer des sanctions commerciales et économiques plus sévères
• Augmentation de la production d’énergie des États-Unis pour l’exportation vers l’Europe
• Étendre l’infrastructure d’importation de l’Europe pour recevoir les approvisionnements américains en gaz naturel liquéfié (GNL)

Je ne cesse de penser à « l’incident » du golfe du Tonkin sous fausse bannière américaine en 1964 et à son efficacité pour convaincre la population crédule et le Congrès américain complice – par un vote de 88 contre 2 au Sénat et de 414 contre 0 à la Chambre des députés. Représentants (essayez d’imaginer de tels criminels) – que les destroyers américains ont été innocemment attaqués par les Nord-Vietnamiens et que Lyndon Johnson devrait avoir le pouvoir de répondre pour repousser «l’agression communiste», ce qu’il a bien sûr fait en bombardant le Nord-Vietnam et en envoyant 500 000 soldats pour détruire sauvagement le Vietnam et les Vietnamiens à près de 9 000 milles des États-Unis. Johnson a simplement menti pour faire la guerre et Biden fait de même aujourd’hui. Mais beaucoup trop de gens aiment les mensonges de leurs dirigeants parce que cela leur permet de se sentir secrètement justifiés dans les mensonges qu’ils racontent eux-mêmes sur des sujets personnels.

En 1965, le chanteur folk Tom Paxton a mis en musique les mensonges de Johnson avec « Lyndon Johnson Told the Nation ».   À cette époque, l’art était utilisé comme une arme contre la propagande américaine.

Aujourd’hui, nous pouvons nous demander : où sont passés tous les artistes ?

Nous savons que les États-Unis ont, pour le moment, renoncé à envoyer des centaines de milliers de soldats dans un autre pays ; maintenant, ce sont les drones, la guerre aérienne, les forces spéciales, la CIA, les mercenaires, les terroristes et les intermédiaires tels que les conscrits ukrainiens, les nazis d’Azov et les substituts de l’OTAN. Telle a été la leçon du Vietnam lorsque le projet a conduit à des protestations et à une résistance massives. Maintenant, la guerre est moins évidente et la propagande est plus étendue et constante grâce aux médias numériques.

Il existe de nombreux exemples de trahison des États-Unis, notamment les attentats du 11 septembre 2001, mais une telle histoire n’est ouverte qu’à ceux qui se chargent d’enquêter.

Maintenant, il y a le gouvernement fantoche américain ukrainien corrompu, qui se trouve à près de 6 000 milles des États-Unis, et doit être défendu contre « l’agression » russe, tout comme l’était le gouvernement fantoche américain sud-vietnamien corrompu.

À ceux qui achètent la propagande des médias de masse, je demande : pourquoi les États-Unis se battent-ils toujours pour tuer des gens si loin de leurs côtes ?

N’est-il pas un peu étrange que nos merveilleux dirigeants aient détruit la Libye, le Vietnam, la Serbie, les Philippines, l’Irak, la Syrie, l’Afghanistan, etc., des pays si lointains, et maintenant que la Russie se défende de l’empiètement des États-Unis et de l’OTAN à quelques kilomètres depuis ses frontières, il est accusé d’être le mal des agresseurs et Vladimir Poutine a appelé un autre Hitler comme tous les dirigeants des pays que nous avons attaqués ?

Avez-vous complètement perdu votre capacité à penser? Ou bien, comme les petits enfants, croyez-vous réellement les lecteurs de nouvelles désincarnés qui livrent votre propagande télévisée préemballée ?

Si je pose une question aussi évidente, cela fait-il de moi un « droitier » ?

Si j’énonce deux faits : que Donald Trump – que je considère comme méprisable et faisant partie du jeu du diviser pour mieux régner en tant que revers de Biden, et je l’ ai dit – n’a pas déclenché de guerre contre la Russie et que le Russia-gate était un coup de propagande démocrate et est faux, est-ce que cela fait de moi un ailier droit ? Mon ami le dirait. Des faits révélateurs définissent-ils vos allégeances politiques, qu’il s’agisse de faits sur les républicains ou les démocrates ?

Non. Je vais vous dire ce que ça fait de moi : un être humain dégoûté par tous les mensonges et la crédulité des gens après des décennies de preuves qui auraient dû les éveiller à la vérité sur tous ces politiciens et la guerre contre la Russie en cours. J’ai perdu patience avec ça. Pendant des décennies, j’ai écrit sur une telle propagande en vain. Oui, ceux qui avaient tendance à être d’accord avec moi se sont peut-être rapprochés un peu plus de mes arguments, mais la grande majorité n’a pas bougé d’un iota.

J’aimerais que ce soit différent. C’est mon désir. Eduardo Galeano , le sage uruguayen des Amériques, qui savait ce qui se passait et ce qui se passait lorsqu’il a écrit Upside Down: A Primer for the Looking-Glass World en 1998, a dit ceci à propos du désir :

Un homme a trouvé la lampe d’Aladdin qui traînait. Comme il était un grand lecteur, l’homme l’a reconnu et l’a tout de suite frotté. Le génie apparut, s’inclina profondément et dit : « A votre service maître. Vos désirs sont des ordres. Mais il n’y aura qu’un seul souhait.

Comme il était un bon garçon, l’homme a dit : « Je souhaite que ma mère décédée soit ramenée.

Le génie fit une grimace. « Je suis désolé, maître, mais ce souhait est impossible. Faites en un autre.’

Puisqu’il était un gars sympa, l’homme a dit : « J’aimerais que le monde arrête de dépenser de l’argent pour tuer des gens.

Le génie déglutit. ‘Euh… Comment avez-vous dit que votre mère s’appelait ?’

Le désir de paix et de sécurité est un rêve universel. Parfois, il est caché dans le cœur des gens parce qu’ils ont avalé les mensonges des méchants qui veulent faire la guerre à ceux qui insistent sur la sécurité de leur pays, comme les Russes l’exigent aujourd’hui.

Il est très frustrant d’essayer de réveiller les gens de leur consentement fabriqué et de l’insouciance qui s’ensuit alors que nous sommes conduits dans l’abîme.

Mais je n’arrêterai pas d’essayer. Galeano ne l’a pas fait. Il nous a laissé ces mots de résistance universelle :

Nous serons les compatriotes et les contemporains de tous ceux qui ont soif de justice et de beauté, peu importe où ils sont nés ou quand ils ont vécu, car les frontières de la géographie et du temps n’existeront plus.

Nous devons sauver le monde avant qu’il ne soit trop tard.

Cet article a été initialement publié sur le blog de l’auteur, Behind the Curtain .

Edward Curtin est un éminent auteur, chercheur et sociologue basé dans l’ouest du Massachusetts. Il est chercheur associé au Centre de recherche sur la mondialisation (CRG). 

La source originale de cet article est Global Research

Copyright © Edward Curtin , Recherche mondiale, 2022