Comment parler des attentats à ses enfants?

Ne les laissez pas dans l’ignorance, les enfants et adolescents sont confrontés à une réalité qui les dépasse, et ils ne vivent pas dans une bulle, ils entendent la radio, la télévisions, mais ne comprennent pas forcément POURQUOI. Il ne faut pas hésiter à parler avec eux, à leur donner des réponse, car le risque est que l’imagination s’en mêle et qu’ils finissent pas vivre dans un climat de peur qui ne serait pas justifié. Alors pour ne pas qu’ils s’empêchent de vivre, parlez-leur de ce qu’il s’est passé, et suivez les conseils qui suivent.

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Ce qu’il faut déjà savoir, c’est que le discours dépend de l’âge de l’enfant:

Pour les 2 à 5 ans, l’histoire des assassinats ne signifie pas grand-chose, car la notion de mort n’est pas acquise. Les enfants sont d’extraordinaires récepteurs des émotions que nous pouvons manifester. Ce qui les inquiète, c’est notre malaise. Il faut donc faire très attention à notre manière de communiquer. Il faut parler sereinement et calmement. Si vous êtes inquiets, votre enfant le sera aussi.
À partir de 5 ans, jusqu’à 7 ou 8 ans, les enfants ont intégré l’idée de mort. Il faut donc être particulièrement attentif à leur anxiété. Il y a des enfants très sensibles à cette notion, et avec eux, il faut être prudent dans les discussions répétitives.

Pour les autres, plus grands et en primaire, il faut leur parler clairement, avec des mots vrais, même si vous devez manifester votre émotion. On a le droit d’être ému. Et ouvrez le dialogue en demandant par exemple : « De quoi avez-vous parlé avec les professeurs des écoles, après la minute de silence ? »
Pour les adolescents, il faut s’intéresser à ce qu’ils ont lu, leur demander : « Dis-moi ce que tu as vu ou lu sur les réseaux sociaux. » Avec eux, il faut ouvrir la discussion de fond. Pourquoi cela est-il arrivé ? Qui sont ces jeunes gens qui décident de mourir au nom d’une cause délirante ?
Pour tous, il faut rappeler la notion civique de nation. Il faut rappeler que nous sommes une nation de liberté, d’égalité et de fraternité, et que de toute façon, nous sommes imbattables. On gagnera toujours. Et il faut rassurer dans l’intimité. Rappeler que nous sommes là en tant que parents pour les protéger. Il faut dire : « Je suis là pour te protéger », même si on a des doutes sur le hasard des événements que l’on peut malheureusement rencontrer.
Explications en intégralité de Yvan Rufo, pédopsychiatre, sur Milanpresse.com
Le site Child Focus nous livre quant à lui 10 conseils importants:
10 conseils concrets​

·       Il faut en parler
N’attendez pas que votre enfant vienne vous interroger. Parfois des enfants se font du souci mais ne l’expriment pas. C’est pourquoi il est important d’aborder spontanément le sujet en profitant des faits de l’actualité. Par exemple, quand vous regardez ensemble le journal (des enfants)  ou quand il voit  la une d’un journal ou quand il lit ou entend des nouvelles en ligne. Vous pouvez également leur demander spontanément s’ils ont entendu quelque chose.

·       Restez serein
Essayez tout d’abord de maitriser vos propres émotions et angoisses, sinon votre enfant pourrait avoir le sentiment que ses parents ne peuvent pas non plus le protéger.

·       Posez des questions concrètes
Demandez si votre enfant a compris ce qui s’est passé et s’il a des questions. Demandez-lui comment il se sent, s’il est inquiet ou anxieux. Répondez toujours à ses questions. Si votre enfant ne semble pas vraiment se préoccuper de l’événement, n’insistez pas, mais dites-lui que vous êtes là pour répondre  à ses éventuelles questions.

·       Soyez honnête
Répondez toujours honnêtement aux questions de votre enfant. Ne pensez pas qu’il soit « trop jeune pour comprendre ». Un enfant qui pose une question est généralement prêt à entendre la réponse. Si vous fuyez ses questions, il s’en posera encore plus et s’inquiétera davantage.

·       Utilisez un langage simple
Utilisez un langage adapté à votre enfant. Chaque réponse peut être formulée simplement. Votre enfant continue à poser des questions ?  Répondez.

·       Prenez le temps d’en parler
Veillez à accorder suffisamment de temps à la discussion. Pendant que vous mangez ou dans la voiture sont des exemples de moments adéquats. Si votre enfant pose des questions à un autre moment, prenez le temps de lui répondre.

·       Soyez transparent
Ne cachez pas d’informations si votre enfant est demandeur de réponses. Osez dire si vous ignorez certaines choses  (par exemple les détails de l’enquête). Ne cachez également pas vos propres sentiments. Votre enfant peut savoir que l’histoire vous touche aussi, mais n’exagérez pas. Ce n’est pas le rôle d’un enfant de consoler ou rassurer ses parents.

·       Rassurez votre enfant
Soyez honnête, mais contextualisez les faits pour rassurer votre enfant. Il existe, en effet, des personnes qui sont prêtes à tout pour semer la terreur et la panique, mais la grande majorité des gens ne sont pas comme cela. Beaucoup de gens sont au contraire prêts à s’entraider et à se soutenir mutuellement, dans n’importe quelle situation. Faites référence à une situation dans laquelle un étranger l’a aidé. Par exemple, quand il s’est perdu à la plage ou quand il est tombé de vélo, lorsque un automobiliste aimable s’est arrêté alors que vous étiez en panne…

·       Apprenez à votre enfant à faire confiance
Apprenez à votre enfant à faire confiance aux adultes. Mais si un jour, il ne se sent pas à l’aise, dites-lui de faire appel à une personne de confiance. Apprenez à votre enfant à demander de l’aide quand quelque chose tourne mal. Ne diabolisez  pas les personnes inconnues, sinon vous le rendriez encore plus anxieux.

·       Laissez le sujet ouvert
Expliquez à votre enfant que vous êtes là et qu’il peut toujours vous poser des questions plus tard.

·       Ne changez pas votre routine
Vous voulez rassurer votre enfant ? Alors ne changez pas vos habitudes ! Si votre enfant va à l’école à vélo,  ne l’amenez pas subitement en voiture. Si votre adolescent peut sortir seul avec des amis, mordez sur votre chique, posez des limites et laissez-le aller. Vous verrez, tout se passera bien. Élevez vos enfants en leur apprenant à faire confiance au monde et aux autres. Ne transposez pas vos propres angoisses sur votre enfant. Notre société n’est pas devenue plus dangereuse. Les drames ont toujours existé.

·       Soyez attentif au moindre signe
Soyez attentif non seulement à leurs questions et à ce qu’ils racontent à ce sujet, mais également à leur comportement. Les enfants s’expriment parfois autrement : ils deviennent plus silencieux ou justement plus difficiles, ils font soudainement de nouveau pipi au lit…

Source: Child Focus
Et si vous souhaitez aller encore plus loin, je ne peux que vous conseiller de vous rendre sur Cahiers-pedagogiques.com afin d’avoir accès à de nombreuses ressources pouvant aider au dialogue avec son enfant sur le sujet.
Aussi intelligents soient-ils, les enfants restent ce qu’ils sont, des enfants, donc faites bien la distinction entre ce que vous savez, ce que vous avez lu notamment sur ce blog, et ce que vous pouvez leur dire. Restez simples, ne complexifiez pas le discours, ils ne sont pas en mesure de comprendre la géopolitique et les différents enjeux.

 

One Comment

  1. Je rajouterais ceci à toutes ces belles recommandations : évitez de laisser vos enfants trainer dans des endroits malsains ! Je veux bien sûr parler de la télé-propagande dont le flux manipulatoire inonde les rétines H24 dans la plupart des foyers, mais aussi des réseaux sociaux, ce fléau planétaire auquel les ados sont accros et qui véhicule le meilleur comme le pire … surtout le pire !

    Inutile de rappeler que les jeunes cerveaux sont malléables à souhait, donc mieux vaut les préserver au plus tôt de la désinformation sans pour autant leur faire un cours magistral de géopolitique, mais par contre il serait bon d’éviter de leur asséner le genre de mensonge que l’on peut lire plus haut, qui m’a fait hérisser le poil : « Il faut rappeler que nous sommes une nation de liberté, d’égalité et de fraternité, et que de toute façon, nous sommes imbattables. On gagnera toujours. » 🙁 Oui, dans les films !

    Les enfants étant extrêmement curieux et réceptifs, le plus sage serait peut-être de commencer par le commencement si l’on souhaite qu’il puissent un jour appréhender notre monde avec le recul nécessaire, en développant par exemple leur esprit critique dès le plus jeune âge, et ce avant de tenter de leur expliquer … l’inexplicable …

    M.G.

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