Merci à vous Pierre Avril, merci pour votre esprit, vos articles et surtout, merci à vous de conseiller la lecture des moutons enragés aux déçus de Médiapart.
Ça y est ; comme tout s’arrête à Poitiers en termes de barrage à l’hérésie, je viens de déposer ma petite lettre timbrée en vert pour me désabonner. Et en plus comme mon pénultième billet pouvait convoquer un ésotérisme un peu hermétique, je me résous à commettre le dernier.
Une certaine expérience de vieux loup de mer m’incite à la méfiance envers l’acte poétique, définitif et salvateur. Les séparations appellent à surjouer le différend, l’insupportable en gommant radicalement les casseroles de la mémoire, du partage d’exaltation. La séparation, ça oscille entre la cocotte-minute du trop- plein, les lettres découpées du délateur, l’odeur de colle et l’étrange ressemblance dont on ne peut se départir avec le parfait salaud qu’on plaque.
J’ai passionnément aimé Médiapart à l’époque de ces débuts mais, je me rends compte avec effroi que je viens de prendre un sacré coup de vieux. Il est temps que j’accepte ma ringardise ou que je trouve une nouvelle clinique à Botox idéologique ou que le bouddhisme dialectique sauve ma prochaine réincarnation.
Médiapart fut définitivement sarkozyste (je parle de l’époque), c’est-à-dire ce moment unique et courageux de résistance à l’impunité, à la collusion des intérêts politiques et financiers, un moment rare d’alternative à la prostitution de la presse, un souhait sincère de collaboratif.
La mort symbolique et politique du principal intéressé est en train d’emporter dans son sillage le projet. Je n’en veux pour preuve que ces dernières une sur Guéant qui sentent le « voyez, on avait raison, on vous l’avait bien dit ». Et on aurait tendance à dire, légèrement moqueur, « ah, oui, ça alors, incroyable…. »
Je trouve donc que la ligne éditoriale rejoint un catéchisme de la bienséance moderne. Cela s’apparente au moralisme outré qui vient dire combien notre lacrymo-centrisme est beau, magnifique et émouvant. Que le monde est mal fait, injuste surtout chez les autres. Cette pureté cristalline redondante commence sérieusement à me taper sur le système nerveux d’autant qu’elle n’offre en creux comme perspective le messianisme inchangé d’un paradis de Bisounours, enfin convaincus et débarrassés de leur péchés et de leurs vilenies.
La complaisance indirecte avec l’odieux du système qui n’offre vraiment ni perspective, ni débouchés me pèse en précisant que je me mets bien sûr à cuire dans la casserole avec les aromates.
Quand l’analyse politique et géo politique devient un gros mot, ça commence à sentir l’escarre et il faut bouger son cul. La crapuleuse attaque contre Mélenchon (qui n’est pas pour moi, une idole ou un totem mais un responsable politique) traduit une posture de biche effarouchée, une latrine de confessionnal ou on peut dire n’importe quoi tellement l’injonction de barbarie est censé clouer le bec à toute contestation (on va bientôt dire que le parti de Gauche est favorable aux camps de concentration). Le jour de l’apocalypse, Fabrice ARFI et Antoine PERRAUD auront un siège à droite du Créateur de toute chose et je trouve de plus en plus que beaucoup n’écrivent plus des articles mais le même article ou le même billet (Je continue à rissoler dans la casserole avec les aromates)
Tant qu’à acheter le Canard Enchainé, je préfère le faire directement au Relay de la Gare Part Dieu ou pour aggraver mon cas, je trouve le réconfort du sourire des charmantes stakhanovistes des goudrons, de la nicotine et des feuilles de choux, la déchéance totale en un mot.
Bon voilà, tchao. Mais comme je veux échapper à la critique du parfait consommateur de vérités intellectuellement irréprochables, je veux dire juste qu’il y a plein d’alternatives engagées et participatives. Citons pêle-mêle, Politis, le Monde Diplomatique, L’humanité, Arrêt sur Images, là- bas si j’y suis, Fakir, les moutons enragés, Acrimed et plein d’autres. Il est heureux de faire vivre la diversité.
Le moment d’interrogation sur la sincérité de ses engagements laborieux et immodestes est parfois confus, contradictoire, terriblement prétentieux mais rien n’altère jamais vraiment la joie du choix et de la décision. Au revoir comme dirait Giscard.
Source: Blogs.mediapart.fr
« Que le monde est mal fait, injuste surtout chez les autres. Cette pureté cristalline redondante commence sérieusement à me taper sur le système nerveux d’autant qu’elle n’offre en creux comme perspective le messianisme inchangé d’un paradis de Bisounours, enfin convaincus et débarrassés de leur péchés et de leurs vilenies. »
J’adore…
Des amis belges en détresse en Thaïlande…s’il était possible de parler de leur histoire…Save my wife sur Facebook, il faut que ça fasse du bruit!!!!
Avec ma mauvaise plume vitriolée, je me pose une question:
– Comment quelqu’un de posé, d’instruit et de toute de finesse faite, a pu un jour croire en Sarkozy et en Médiapart ?
Oui, comment?
Surtout si on est à portée d’oreille de la faune parisienne. Où tout se sait et où les rumeurs filent plus vite que des étrons dans un égout!
Je pense que parfois l’introspection critique a ses limites.
Perso, je me serais fait tout petit et aurais couru dare-dare consulter un exorciste.
Eh oui… La plupart des gens ont oublié comment Edwy Plenel, alors coéquipier de Jean-Marie Colombani a magistralement et définitivement détruit toute l’architecture « de référence » du Monde, pour en faire ce qu’il est aujourd’hui.
Médiapart est un leurre dont le but est bien dans la poursuite du sabotage journalistique : disqualifier toute initiative politique se réclamant des intérêts du peuple, qu’elles soient « de gauche » ou « de droite ».
Enfin… il y a des gens qui payent pour ça, un peu comme ils paieront bientôt leur i-watch.