La « théorie du genre » et le totalitarisme à venir

La théorie dite du « genre » est constituée d’un ensemble de travaux menés par le courant de pensée dit féministe, principalement en Amérique du Nord. Dénommées « gender studies » ou « études de genre » ces études se sont principalement attachées à montrer comment la société imposait ou renforçait des rôles sexués attachés à chaque sexe. La principale figure de proue de ce corpus théorique est la philosophe américaine Judith Butler. Son ouvrage « Trouble dans le genre », paru aux états-unis en 1990, reste une des références principales du mouvement des « gender studies ». L’ouvrage servira notamment de base à la théorie queer qui vise à dissocier le sexe et le genre, renvoyant le second à une construction sociale. La théorie queer considère donc le genre, et partant la sexualité, comme un fait social construit et non naturel et remet en cause la séparation binaire du clivage sexuel anthropologique entre homme et femme qui trouve sa résolution à travers le couple hétérosexuel.

Elle s’intéresse particulièrement aux formes de sexualité transgenres échappant à ce déterminisme social, qui sont dés lors qualifiées de « queer ». On peut citer par exemple l’homosexualité, la bisexualité ou encore la transsexualité…

On voit ici qu’il serait plus juste de parler de « théorie queer » plutôt que de « théorie du genre » qui ne recoupe pas de corpus théorique homogène.

Alors que le féminisme classique avait jusque là fait du patriarcat et de l’émancipation de la femme le nœud gordien de la question féministe, les gender studies et la théorie queer interrogent directement la construction de l’identité sexuée et l’envisagent comme une construction sociale en laissant de côté la question de l’influence du sexe biologique. Or, du moment que l’identité sexuée est envisagée comme une construction sociale performative, elle peut potentiellement être déstructurée et transgressée. Pour Judith Butler, il n’y a ainsi pas de genre stable, mais une construction binaire héritée de la société patriarcale et performative : ce sont les injonctions comportementales sociales qui construisent le genre. Ce dernier doit donc être subverti, troublé, par exemple au moyen du travestissement, et laisser place à la libre expression du désir du sujet.

La destruction des identités sexuées

On voit ici qu’il est tout à fait erroné de prétendre comme l’ont fait par exemple les instances gouvernementales, et particulièrement l’éducation nationale, que la « théorie du genre » était déconnectée de la théorie queer et des problématiques LGBT. Il s’agit bien d’un même courant de pensée théorique et présenter les adversaires de cet « enseignement » comme des manipulateurs comme l’ont fait les médias, constitue en soi une manipulation. Dans l’oeuvre de Judith Butler, la déconstruction du genre en tant que phénomène social aboutit logiquement à la promotion de formes de sexualité « transgenres ». Cet aspect a ainsi été soigneusement occulté par les promoteurs des « études de genre » au profit d’un motif plus fédérateur et de l’impératif moral de la « lutte contre les discriminations » qui constitue le biais éducatif de pénétration de cette idéologie au sein du système scolaire et de la société française dans son ensemble.

L’éducation nationale a ainsi mis en place un dispositif appelé « ABCD de l’égalité », proposé par la ministre du droit des femmes de l’époque, Najat Vallaud-BelKacem. Ce dispositif a été expérimenté dans 275 écoles primaires entre 2013 et 2014. Il s’agissait, selon la présentation qu’en fait l’éducation nationale de « Transmettre des valeurs d’égalité et de respect entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes […] »

Jusque là on ne voit pas ce qui peut poser problème ni expliquer le déchaînement d’oppositions parfois violentes qui a suivit la mise en place du dispositif, notamment avec la mise en place sous l’impulsion de Farida Belghoul, des « journées de retrait de l’école » pour protester contre cet enseignement. Mais comme souvent, le diable se cache dans les détails, en l’occurrence il s’agit des séquences pédagogiques proposées aux enseignants pour aborder cet apprentissage de « l’égalité fille-garçon ». Elles visent dans leur ensemble à faire s’interroger les enfants, sous la houlette de l’enseignant, sur les « stéréotypes de genre ». La présentation des ABCD indique également que leur objectif est que « les stéréotypes s’estompent et d’autres modèles de comportement se construisent. » Le site des ABCD de l’égalité affirme également que l’objectif est de « déconstruire les stéréotypes de genre. » On retrouve donc bien dans la description officielle du dispositif les préoccupations de la théorie queer, sur la déconstruction du genre ainsi que sa terminologie.

Pour autant, lorsqu’on parcours les pistes d’accompagnement pédagogique proposées aux enseignants, il est difficile d’y voir une propagande ouverte en faveur de la théorie queer. Les enfants et les enseignants sont invités la plupart du temps à s’interroger sur les stéréotypes féminins et masculins à travers différents supports ou situations de la vie courante. Il s’agit avant tout de faire prendre conscience aux enfants du caractère normé des rôles sociaux en fonction du sexe. Certaines séances proposées paraissent cependant sinon manipulatoires, du moins confuses sur les objectifs poursuivis, on peut citer en exemple la séance proposée en cycle 3 en français qui prévoit un travail sur le genre grammatical :

« Dans les textes de fiction, l’usage du genre dans les reprises anaphoriques est une marque importante à interpréter par le lecteur. Par exemple quand la Bête est désignée par Il ou Elle dans la Belle et la Bête, le lecteur a à comprendre qu’il y a un seul et même personnage, révélé par la métamorphose. 

On retrouve cette situation dans Le Petit Chaperon rouge qui est une petite fille souvent désignée par Il. »

On peut légitimement se demander ici quel est le sous-entendu et l’objectif concret de la démonstration…

A ces pistes d’accompagnement pédagogique s’ajoute une liste d’albums pour la jeunesse abordant la question de l’égalité fille-garçon. Sous le titre « Pour l’égalité fille-garçon » (et en effet, qui pourrait être contre??) on trouve une série d’albums dont certains s’attachent effectivement à déconstruire les représentations « genrées » des enfants, c’est à dire les « stéréotypes sexuels ».

Selon le site vigi-gender, c’est bien la volonté de déconstruire ces « stéréotypes sexuels » qui pose problème et inscrit le dispositif des ABCD de l’égalité dans la sphère de la théorie queer et qui en ferait un « ABCD du gender ». En effet, pour s’imposer au niveau sociétal, la théorie queer doit d’abord supprimer les différences de « genre » entre hommes et femmes. Cela suppose un travail éducatif visant à déconstruire les « stéréotypes sexués » traditionnels, mais aussi une volonté d’éduquer de manière indifférenciée filles et garçons, et également une promotion des sexualités transsgenres.

Ces trois volets fonctionnent de manière complémentaire et indissociable dans l’optique de la conversion opérationnelle d’une société à l’idéologie queer.

L’expérimentation des ABCD de l’égalité a été suspendue à la rentrée 2014 et remplacée par un « plan d’action pour l’égalité entre filles et garçons » annoncé par la nouvelle ministre de l’éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, qui était déjà à l’origine des ABCD. Si le précédent ministre, Benoît Hamon, avait donné l’impression de reculer sur ce sujet face à la mobilisation de différentes associations, le nouveau « plan » de Najat Vallaud-Belkacem se veut beaucoup plus ambitieux mais aussi plus « consensuel ». L’outil conceptuel couvre maintenant tous les niveaux de la scolarité « de la maternelle au baccalauréat » mais ne s’impose plus comme un enseignement à part entière. Il reprend également les séances élaborées dans le cadre des ABCD de l’égalité et prévoit une « mallette pédagogique » pour les enseignants. L’accent a également été mis sur la formation des enseignants. Ainsi, la théorie queer semble bien s’implanter à nouveau au sein de l’éducation nationale, de manière plus diffuse mais aussi plus massive. Mais n’est-ce pas normal pour une idéologie ?

La promotion des sexualités queer

Le ministère de l’éducation nationale a passé une convention avec la Ligne azur, organisme chargé officiellement d’informer «  toute personne qui se pose des questions sur son orientation sexuelle et/ou son identité de genre sur les questions d’orientation sexuelle. » en janvier 2013. L’association se chargeait via une ligne d’écoute téléphonique, d’informer les jeunes en questionnement sur leur orientation et leur identité sexuelle. Le conseil d’état, saisi par la confédération nationale des associations de familles catholiques (CNAFC), a relevé sur le site ligneazur.org plusieurs points contrevenant au principe de neutralité du service public. On peut souligner notamment l’usage des drogues décrit comme « susceptible de faire tomber les inhibitions », sans mentionner leurs dangers et leur illégalité. La pédophilie y était décrite simplement comme « une attirance pour les enfants » sans faire mention du caractère moralement et pénalement condamnable de cette pratique. Enfin, le site « « renvoyait à une brochure, intitulée Tomber la culotte, qui incitait à pratiquer l’insémination artificielle selon des  modalités interdites » selon l’évaluation du conseil d’état. On voit donc que sous couvert d’information, certains contenus proposés par l’association visaient à faire la promotion des pratiques sexuelles queer.

Il faut également citer à cet égard le dispositif législatif du « mariage pour tous » qui vise à normaliser les sexualités queer à travers l’accès au mariage traditionnel sous couvert de l’égalité des droits. Les sexualités queer disposaient pourtant jusque là du PACS qui avait été précisément créé dans le but de reconnaître et sécuriser les sexualités transgenres. Les revendications du lobby LGBT concernant le mariage visent donc non pas à la reconnaissance de pratiques et orientations sexuelles particulières mais à la promotion de ces dernières à égalité avec la sexualité hétérosexuelle. L’ouverture du mariage civil aux sexualités queer ouvre également le droit à l’adoption et à la constitution de formes familiales queer, à travers notamment la GPA et la PMA. Ce dispositif législatif vise donc avant tout la promotion et à la normalisation de pratiques et d’orientation sexuelles exceptionnelles et leur normalisation. On retrouve ici les préoccupations de la théorie queer formulées par Judith Butler et qui visent à « subvertir » les identités sexuelles afin de laisser libre cours à l’expression des désirs du sujet libéré des contingences sociales et sociétales.

On voit le lien qui se noue ici entre le libéralisme économique présupposant des individus guidés par leur rationalité égoïste et leurs désirs individuels et le libéralisme sociétal porté par la théorie queer.

Tout comme la mondialisation économique néolibérale suppose la destruction des cadres, des structures sociétales traditionnelles et des particularismes culturels afin d’imposer un consommateur universel sur le modèle de l’homo-economicus adapté aux produits du capitalisme mondialisé, le libéralisme sociétal qui se présente sous les traits du progressisme et de la libération individuelle vise à la destruction des structures familiales traditionnelles au profit d’un modèle libéral dans lequel le désir individuel sans limite ni entrave constitue la brique sociale archétypique.

L’indifférenciation sexuelle

Au nom de la lutte contre les « stéréotypes sexuels », l’égalitarisme sexuel tend à s’imposer comme le modèle de réglementation concernant les problématiques liées aux différences, aux inégalités, et aux discriminations sexuelles. L’égalité sexuelle entre hommes et femmes, ou entre les différentes orientations sexuelles est pourtant depuis longtemps inscrite dans le droit français. La lutte contre les « stéréotypes » à des fins d’égalité ne fait donc pas vraiment sens. A quelle « égalité » les promoteurs de la lutte contre les stéréotypes se réfèrent-ils donc ?

La sénatrice Chantal Jouanno a rendu jeudi 18 décembre un rapport d’information sénatorial intitulé « Jouets : la première initiation à l’égalité » consultable sur le site Internet du Sénat.

Ce rapport, qui incite à « faire des jouets la première initiation à l’égalité » part du présupposé que « Le jouet [est] à l’origine d’injonctions identitaires qui peuvent affecter l’identité entre les sexes »

On retrouve ici la confusion issue de la théorie queer entre identité sexuelle et inégalités sexuelles.

Le rapport affirme ainsi que « la différentiation limite les chances de vivre ensemble pour les hommes et les femmes de demain », mais aussi que « l’assignation à la réussite et à la compétition chez les petits garçons/à la docilité et au conformisme chez les petites filles [est] porteuse d’inégalités dans les rapports entre hommes et femmes ».

Dans cette vision idéologique et partisane, les différences sexuelles sont vues comme les causes des inégalités et des discriminations intersexuelles. C’est donc naturellement « au nom de l’égalité » qu’il s’agit de déconstruire et détruire les représentations et les identités sexuées anthropologiques. Ce sophisme ne repose cependant sur rien d’autre que les présupposés idéologiques véhiculés par la théorie queer. Sous couvert d’égalité entre les sexes on assiste donc à une négation de la différence, ce qui est le propre des idéologies totalitaires.

Ce qui est visé par le rapport Jouanno c’est la construction d’une identité asexuée et d’individus sexuellement indifférenciés. Pour ce faire, il préconise dans ces recommandations, la mise en place d’une « charte de bonne pratique pour les enseignes de distribution de jouets » destinée à promouvoir les « bonnes pratiques ». Cette charte est complétée par un dispositif contraignant de « stigmatisation » des « pratiques contestables ». Ce type de dispositif, impliquant la promotion étatique d’une idéologie contestable et contestée par une partie de la population, comme l’a montrée la mobilisation massive autour de la « manif pour tous » ainsi qu’une stigmatisation assumée des pratiques jugées « contestables » en vertu de cette même idéologie, présente les caractéristiques d’un processus totalitaire dépossédant les familles de leurs prérogatives éducatives et les individus de leur liberté de choix et d’autodétermination. Des recommandations ont également été formulées à destination des professionnels de la petite enfance, elles prévoient « de rendre obligatoires des modules de sensibilisation aux stéréotypes dans toutes les formations qui ont un lien avec l’encadrement des enfants (écoles supérieures du professorat et de l’éducation [ESPE], CAP petite enfance, service public de la petite enfance, animateurs des temps d’activité périscolaire [TAP] et titulaires du BAFA, pédiatrie…). »

Le rapport préconise également de mettre en place :

« l’organisation de sessions d’information des professionnels du service public de l’enfance (crèches, écoles, ludothèques, bibliothèques…) sur l’achat et la mise en espace des jouets proposés aux enfants, de manière à favoriser le « jouer ensemble ».

Sous le prétexte de lutter contre les « inégalités » entre hommes et femmes, inégalités jamais clairement définies et laissées dans le flou conceptuel, la théorie queer a réussie à s’imposer à l’ensemble de la sphère publique et on assiste au déploiement d’une série de dispositifs législatifs et éducatifs contraignants qui touchent aussi bien les institutions traditionnelles comme la famille que les enfants et les professionnels de l’éducation mais qui concerneront également dans un futur proche les acteurs économiques comme le suggère le rapport sénatorial Jouanno.

La théorie queer présente toutes les caractéristiques d’une idéologie totalitaire. D’abord en adoptant des présupposés idéologiques comme l’établissement d’un lien de causalité sophistique entre différentiation sexuée et inégalités sexuelles. En promouvant ensuite la déconstruction des identités sexuelles anthropologiques en vertu de leur réinterprétation selon la grille idéologique queer. Il s’agit ici d’une impossibilité de considérer l’altérité et la différence en tant que valeurs positives ou fondatrices et partant d’une volonté de  négation de l’autre parce qu’il est différent.

Enfin, on ne peut que constater les similitudes entre la théorie queer et ses mécanismes opérationnels visant à construire des êtres sexuellement indifférenciés, et les grandes idéologies totalitaires du 20ème siècle, le communisme et le nazisme, qui s’étaient également données pour but de construire un « homme nouveau » débarrassé de ses traits anthropologiques jugés inappropriés, « mauvais » ou encore socialement préjudiciables…

Guillaume Borel pour les moutons enragés

 

18 Commentaires

  1. On apprends au garçons à jouer à la poupée, mais pas au filles à se bagarrer.
    Pas d’égalité mais fiotisation.

    • yoananda, c’est mal connaitre Emma Peel ! j’ai fait 10 ans d’arts martiaux. je ne me laisserais pas faire au cas où. J’ai eu l’occasion de me battre 3 fois. J’ai un truc, me rabaisser au sol aussi bas qu’un crapaud, avec un centre de gravité très enraciné, et frapper sous le nez. Les gars s’en souviennent.

  2. On a fait des expériences avec des chimpanzés, les jeunes femelles vont systématiquement vers les jouets de fille, des poupées en l’occurrence !

    Du reste, ma petite fille n’a jamais reçu une éducation particulièrement sexuée et à mon grand désarroi, elle surkiffe la reine des neige, les poupées monster high et les sims. Du coup, je vais me sentir obligé de lui faire un petit frère …

    Bref, quelque chose me dit que c’est encore la LGBT, qui se cache derrière ces théories foireuses sous couvert de féminisme !

    • fais des gosses !!!

    • nan mais mon dieu quelle horreur !!!! comparer ta fille à une
      femelle chimpanzé….j’ai bien envie de te dénoncer !
      qu’en dirait la mère Taubira ? https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wink.gif

      • Étant donné qu’on (on étant les pseudos scientifiques du genre) prend exemple sur les singes dit ‘homo’ pour justifier l’homosexualité, il est normal, pour ceux-là qu’on leur répondre par les mêmes exemples.

        Ça me fait rire la comparaison ambivalente voir schizophrénique de l’homme au singe.

        Ces comparaisons ne sont prises que lorsque ça aide la « cause ».

  3. tout cela fait parti du plan du nouvel ordre mondial déstabilisation de la societe,destruction des religions,des valeurs morales en bref un chaos sociétal ou plus rien n as de valeur ab chao ordum : l ordre nait du chao
    et l ordre sera une des pire dictature genocidaire que l humanite risque de connaitre

    le mal tente de prendre le pouvoir mondial la preuve
    La Baronne Philippine Mathilde Camille de Rothschild porte un pendentif Satanique (baphomet )

    http://www.nouvelordremondial.cc/2011/01/31/la-baronne-philippine-mathilde-camille-de-rothschild-porte-un-pendentif-satanique/

  4. Lorsque j’ai annoncé dans mon entourage que j’étais contre cette loi de « Mariage pour tous » parce que j’estimais qu’elle ne répondait pas à une normalisation sociale précise initée par le peuple, et qu’elle était motivée par un lobby minoritaire (LGBT), j’ai eu à subir des foudres et discours qui me plaçaient en Top Five du Fascisme contemporain (Soral..etc.).
    Merci pour ce billet récapitulatif Ender. Même s’il y a certainement quelques imperfections factuelles ou d’autre nature, merci.

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