Superbe portrait de Bernard Olivier dans Terra eco. Cet ancien journaliste a démarré une nouvelle vie une fois à la retraite en enfilant des chaussures de marche et en se lançant sur les routes du monde…
« Nous sommes des animaux fabriqués pour la marche. Mais le progrès nous a fait régresser. Dans une journée moyenne, un employé de bureau n’est même pas une heure sur ses pieds. On mène une vie de cul-de-jatte ! Or, le corps s’use que si l’on ne s’en sert pas. » L’homme discourt à la terrasse d’un café parisien, plongé dans l’embarras d’une météo mi-pull, mi-pardessus que l’hiver dispute encore au printemps. A 76 ans, Bernard Ollivier (1) fait une escale parisienne. « Il y a une fonction thérapeutique dans la marche, pour le corps et pour la tête. Ce n’est pas un hasard si toutes les religions pratiquent le pèlerinage. C’est une activité spirituelle. »
Bernard Ollivier marche depuis seize ans. Depuis que parvenu au bord de la retraite, il a plongé tout au fond. « D’un seul coup, il n’y avait plus rien. Ma femme était morte dix ans avant et je n’arrivais pas à dépasser ça. J’ai fait une super déprime et une tentative de suicide. Comme j’ai raté mon coup, j’ai voulu m’enfuir et je suis parti sur le chemin de Compostelle. » Cet ancien journaliste n’avait encore jamais marché. Il a enfilé ses chaussures à Paris, filé vers Vézelay (Yonne), le Puy-en-Velay (Haute-Loire), Saint-Jacques. Avalé 2 360 kilomètres en trois mois. « Ce fut mon miracle à moi. Au bout de trois semaines, j’ai recommencé à faire des projets d’avenir. Je me suis rendu compte que j’étais capable de faire 35 kilomètres et d’être frais comme un gardon le soir. »
Des neiges du Pamir aux ruelles de Kashgar
De retour de son périple, pas question de suspendre son pas. Il pense, un temps, sillonner la piste de Santa Fé qui relie le Missouri au Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis, « mais ça ne faisait que 6 000 kilomètres. Le problème de la retraite, c’est le temps libre ». Alors il opte pour la route de la soie, ce long faisceau de pistes par lequel transitait autrefois la précieuse étoffe chinoise et qu’il empruntera, lui, à rebours. Il commence son « voyage à plat ventre », le nez plongé dans des cartes, au sol même de sa campagne normande. Ce sera 12 000 kilomètres entre Istanbul et Xi’an en Chine, des hauts cols d’Anatolie au désert de Karakoram, des neiges du Pamir aux ruelles de Kashgar. Le tout en quatre ans à raison de trois mois par an. La première année, il est rentré en ambulance : « Mais c’était tellement formidable la découverte de ces cultures, de ces paysages, c’était un bonheur total. »
Avant de partir pour son périple, il avait confié son projet à quelques éditeurs, emporté l’enthousiasme de l’un d’eux et un accord pour 4 livres, un par an. Il y en aura 3 qui se vendront à 400 000 exemplaires : « J’ai gagné un blé pas possible. C’était un jackpot extra. » Or, l’homme de son propre aveu, « n’a pas besoin d’argent ». Il a acheté « à la bonne période », un petit appartement à Paris, une ruine en Normandie qu’il retape trente ans durant. Que faire de son pécule ?
Sur le chemin de Compostelle, il a entendu l’histoire de deux jeunes Belges : « C’étaient des délinquants à qui un juge intelligent avait dit “soit vous faites quatre mois de prison, soit vous allez marcher”. Ça a fait tilt. Si la marche m’a reconstruit, alors pour des gamins… » L’homme remonte leur trace et tombe sur une association « Oikoten », un terme grec qui signifie à la fois « hors de son pays » et « par ses propres moyens ». Dans le sillage de l’organisation flamande, le voilà qui crée, en mai 2000, l’association « Seuil »(Voir encadré au bas de cet article) qui permet « la réinsertion des adolescents en grande difficulté par la marche à pied ». Depuis, chaque année, une vingtaine de jeunes parcourent les routes d’Europe pour reconstruire une fierté perdue ou jamais construite.
La Loire, en canoë et à pied
« C’est très proche de ce que j’ai vécu, confie Bernard Ollivier. Avec la marche, j’ai retrouvé des raisons de vivre et je suis revenu avec un projet d’association qui a changé ma vie. Sinon je ferais quoi ? J’attendrais l’heure des Chiffres et des lettres ? Je ferais des crêpes pour la Chandeleur ? Je trierais les 3 722 cassettes de ma bibliothèque ? » Alors il continue à mettre un pied devant l’autre. Il y a quelques années, il a descendu la Loire, en canoë et à pied. C’est là qu’il a croisé sa compagne qui « galope » depuis, à ses côtés. Avec elle, il y a deux ans, il a relié Rouen (Seine-Maritime) au Mont-Saint-Michel (Manche) sur le chemin des Ducs et de son enfance. L’an passé il a marché de Lyon à Vérone et finit, avec sa belle, « en amoureux sous le balcon de Juliette ». Cette année, il reliera Vérone à Istanbul, finira par le début, cette route de la soie entamée il y a 16 ans. La boucle sera bouclée. « Après j’arrête, j’ai 76 ans, de l’arthrose, mal au genou. Mais je continuerai à faire des balades. »
Marcher pour se sauver
« On peut sauver des vies en étant pompier, infirmier, flic, moi j’ai décidé de sauver ma vie en marchant. » Le témoignage de Ocxxx, une jeune fille de 17 ans de la région parisienne s’affiche, parmi des dizaines d’autres, sur le site de l’association Seuil. Créée en 2000 par Bernard Ollivier, celle-ci envoie, chaque année, une vingtaine de jeunes marcher sur les routes d’Europe. En duo avec un accompagnant, ils parcourent en trois mois près de 2000 kilomètres. « Ce sont des jeunes en fin de course qui sont en manque de maturité, déscolarisés. Certains sont en prison pour de courtes peines. Ils ne sont pas tous délinquants mais ils sont tous complètement largués », souligne Bernard Ollivier. « Les ados qui vont en prison récidivent à 85% dans l’année, nous on réussit à 85 % et on coûte 10 fois moins. » Et l’homme de poursuivre : « Quand ils reviennent, personne ne les reconnaît. C’est miraculeux. Y’en a un un jour qui m’a dit : “Je suis parti, j’étais un blaireau. Je suis revenu, un héros”. »
Source : Terra eco
Je pars justement en Randonnée peu après avoir fêté mes 35 ans. Douze jours de randonnée sur le Sentier Cathare.
Après avoir passé 6 années de sédentarisme dangereux à Paris, je suis revenu dans mon Sud d’adoption, et j’ai commencé les randonnées avec un ami. J’en ai chié au début, et j’en chie toujours.
Mais l’image du pseudo pélerinage entre amis d’enfance, l’isolement social et technologique, le silence, la nature… sont autant de points motivants, et maintenant, à chaque randonnée terminée, si mes genoux hurlent le feu, mon esprit est apaisé, et les soucis sont loin…
Il y a vraiment du bon à être « hors de sa maison ». Ca fait se sentir libre de se dire qu’on dort dehors, et finalement, le reste de la civilisation… OSEF !
Donc, je plussoie !
Perso je n’ai jamais autant marché que quand je vivais à Paris, je ne prenais jamais les transports en commun, tout peut se faire à pied. Depuis que je vis à la campagne c’est la cata par contre… tout est juste un peu trop loin, voir vraiment trop loin pour y aller en marchant.
Bonjour,
Vrai ! Belles expériences inoubliables !
Mais, il ne faut pas oublier un détail…et la réalité est toujours présente.
Il faut le nerf de la guerre, l’argent d’avance pour….payer son loyer/crédit et les nombreuses factures qui vont s’accumuler (gaz/edf/tel + autres).
Cet écueil passé, arpenter des sentiers de forêts ou de montagne, que je privilégie parce qu’aucun béton n’arrête le regard, ne peut qu’exalter notre vie.
Le soir au bivouac en buvant frugalement une soupe (lyophilisée), ou un bout de pain rassi avec un morceau de sauciflard, avant de s’endormir à la belle étoile ou sous la pluie tambourinant sur la toile de la tente, le corps fatigué, les mollets endoloris et le dos cassé par le poids du sac à dos supporté toute la journée, recroquevillé dans le sac à viande pour conserver la chaleur vitale, c’est vraiment le retour à nos origines ancestrales.
Mais qu’est-ce que c’est bon cette simplicité, loin des chaines sociales hypocrites, plongé dans la vérité naturelle !
Il ne faut pas attendre d’être vieux pour vivre ces expériences, commencer le plus tôt possible permet de sortir des sentiers battus, et surtout mieux se découvrir en prenant conscience de ses limites/possibilités.
Avec le temps qui passe, et un corps meurtri éventuellement par le travail manuel pénible de toute une vie, on peut lever le pied et faire plus cool.
Le seul ennemi qui peut tout gâcher, c’est le poids du sac à dos, ne prendre que l’essentiel vital.
…Ha ! …J’allais oublier, bien choisir ses compagnons de rando, parce que la nature ne pardonne jamais les mauvais choix.
Hypothèse , relativement noire, terre à terre, nous ne sommes bloqué par ce que nous voulons bien, Oui le mammifère humain et capable d’endurer ( c’est pour cela qu’il n’a pas disparu….), mais le LIBERTE n’a pas de prix personnellement, je cours pieds Nus de 35mn à 1h30 x 4 /semaine…….Je suis d’accord avec toi Confucius, pourquoi attendre la retraite, comme un enfant de 6 ans les grandes vacances……supporte ta vie ….et si tu es gentil, tu auras droit à pas 2 mois, pas 3 ni 4 mais 5, 6 voir 10 ou 15 put être 20 ans de grandes vacances…. nous restons dans le cadre scolaire mais enfant/adullte, les adultes ( anciens élèves) après avoir été nos profs les mêmes deviennent nos politiques…….nos corps sont fait pour être utilisé, la marche , la randonnée, bucheronnage, pêche, chasse ….Oui, ce sont des « occupations » d’homme Libre » , nature ou simplement normal. Oui, moi l’ancien cadre reconverti , je revendique le droit à la Liberté, ne me faites pas attendre « la carotte » des grandes vacances ( retraite) après avoir bien financé nos politiques^^^, je vous ferais assoir dessus ( la carotte)^^^^^^
La marche oui, mais pas aux culs des bagnoles!