Géo-ingénierie : scientifiques, milliardaires et militaires s’allient pour manipuler l’atmosphère

Pulvériser du soufre dans la stratosphère, modifier la chimie des océans… Pour contrer le réchauffement climatique, des techniques de manipulation du climat à grande échelle sont à l’étude. Des projets déjà expérimentés, hors laboratoire et sans aucun contrôle international, qui attirent scientifiques, milliardaires et compagnies pétrolières. Alors que des organisations de la société civile demandent un moratoire, les militaires s’y mettent et appellent à se doter d’armes météorologiques. La « géo-ingénierie », une nouvelle menace environnementale et… anti-démocratique ?

Dans les arcanes gouvernementales, on la surnomme « le plan B ». Son vrai nom, la « géo-ingénierie ». Pour contrer le réchauffement climatique, plutôt que de miser sur les réductions de gaz à effet de serre, des chercheurs étudient des dispositifs de manipulation du climat à grande échelle. Au menu, des techniques allant de l’ensemencement en fer des océans à la gestion du rayonnement solaire. Des expérimentations sont déjà menées. Considérées comme fantaisistes il y a vingt ans, ces recherches sont désormais suivies de près par les gouvernements. L’ONG internationale ETC Group, qui travaille sur les technologies émergentes, a publié une carte de ces expériences de géo-ingénierie et de modifications du climat, depuis 60 ans. L’Amérique du Nord, l’Europe et l’Australie font partie des trois zones les plus actives (en rouge sur la carte) en terme de géo-ingénierie.

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Modifier la composition chimique des océans

Quelque 45 techniques de géo-ingénierie sont recensées dans l’encyclopédie Wikipedia. Clive Hamilton, dans son livre Les apprentis sorciers du climat [1], examine huit d’entre elles, considérant les autres comme « purement imaginatives », voir « spéculatives ». Chercheurs et investisseurs se concentrent principalement sur les techniques de capture du carbone, avec un intérêt particulier pour les océans. Nos océans constituent une formidable éponge à carbone grâce au rôle joué par les phytoplanctons, qui fournissent par photosynthèse plus de la moitié de l’oxygène de la planète. Pour favoriser l’éclosion de ces planctons marins, une douzaine d’expériences de « fertilisation en fer » ont été conduites par les scientifiques depuis le début des années 90.

Une expérience de trois mois conduite dans l’océan Austral en 2009 a refroidi les espoirs placés dans l’ensemencement en fer. Quatre tonnes de poussières de fer ont été éparpillées sur une zone de 300 km2. Rapidement, une efflorescence de phytoplanctons est observée, mais elle s’arrête au bout de deux semaines. La fertilisation des mers grâce au fer ne donnerait donc naissance à du phytoplancton que pour un court laps de temps. « Ensemencer les mers de fer n’est pas non plus sans conséquence écologique, ajoutent les auteurs de l’ouvrage Scénarios d’avenir [2]. Accroitre leur teneur en fer contribue à accélérer le processus déjà en cours d’acidification des océans. » La fertilisation peut aussi avoir des répercussions sur toute la chaine alimentaire marine. Ces risques n’ont toutefois pas empêché un businessman californien de déverser 100 tonnes de sulfate dans l’océan Pacifique, sur une zone de 10 000 km2, en toute illégalité, en juillet 2012 (lire notre article).

Pulvériser du soufre dans la stratosphère

Autre technique en vogue, la pulvérisation d’aérosols soufrés. En 1991, les cendres projetées dans l’atmosphère par le mont Pinutabo assombrissent suffisamment la Terre pour la refroidir d’environ 0,5°C pendant une année. Avant que la situation ne revienne à la normale une fois le nuage de cendres retombé au sol [3]. Partant de ce constat, la Royal Society, l’académie des sciences britanniques, considère la pulvérisation d’aérosols soufrés dans la stratosphère comme « la plus prometteuse » des méthodes de gestion du rayonnement solaire [4]. Ces minuscules particules d’aérosols seraient pulvérisées sous forme de dioxyde de soufre, de sulfure d’hydrogène ou d’acide sulfurique. Paul Crutzen, prix Nobel de chimie, a estimé à 5 millions de tonnes par an la quantité de soufre nécessaire pour bloquer environ 2 % du rayonnement solaire !

Imaginez une flotte d’aéronefs, volant à haute altitude, équipés de réservoirs et de dispositifs de pulvérisation. L’utilisation de canons de l’artillerie navale, de ballons ou d’un tuyau suspendu dans le ciel sont également à l’étude… Si ces aérosols étaient pulvérisés par des avions de chasse, il faudrait chaque année un million de vols d’une durée de 4h chacun ! [5] D’autres études évoquent des impacts sur le niveau des précipitations. Cette technique pourrait gravement perturber la mousson indienne, compromettant les ressources alimentaires de près de 2 milliards de personnes. Dernière objection de taille : « L’impossibilité de tester cette technique sans mise en œuvre grandeur nature », conclut Clive Hamilton.

Des brevets qui attirent les milliardaires

Un duo de scientifiques nord-américains est très impliqué dans la recherche en géo-ingénierie : David Keith, physicien, et Ken Caldeira, spécialiste des sciences de l’atmosphère. David Keith détient avec d’autres le brevet du « Planetary Cooler » (réfrigérateur planétaire), un dispositif d’absorption du carbone. Il a créé une start-up, Carbon Engineering Ltd, pour développer une technique de capture de CO2 dans l’air, à l’échelle industrielle. Parmi les investisseurs de ces sociétés : Bill Gates, mais aussi le milliardaire canadien N. Murray Edwards, magnat du pétrole qui a fait fortune dans les sables bitumineux en Alberta. Quant à Ken Caldeira, il est associé à Bill Gates au sein de la société Intellectual Ventures, qui a fait breveter plusieurs technologies, notamment le « StratoShield » (strato-bouclier) : des tuyaux suspendus à des ballons dirigeables dans le ciel permettant de disperser des aérosols soufrés.

Bill Gates a engagé plusieurs millions de dollars pour financer la recherche en géo-ingénierie [6], et aider au financement d’une série de rencontres sur la géo-ingénierie. La deuxième fortune mondiale a soutenu financièrement deux scientifiques de Harvard pour tester au Nouveau-Mexique du matériel visant à injecter des minuscules particules dans la stratosphère (lire notre article). Il a aussi investi dans la société Silver Lining qui travaille sur les techniques d’éclaircissement des nuages marins. « Pas moins de 10 personnes affiliées à Silver Lining figurent parmi les 25 auteurs d’un des principaux articles sur l’éclaircissement des nuages » relève Clive Hamilton. Richard Branson, un autre milliardaire, propose une récompense de 25 millions de dollars dans le cadre du défi « Virgin Earth Challenge » à quiconque concevra le meilleur plan pour extraire le carbone de l’atmosphère.

Solution miracle pour les pétroliers et les conservateurs

« Ceux-là mêmes qui contestent la réalité du réchauffement montrent un intérêt croissant pour l’ingéniérie du climat », souligne Clive Hamilton (lire notre article sur les climatosceptiques). Quoi de mieux que cette solution miraculeuse permettant de ne pas changer le mode de développement actuel et sa consommation massive d’énergies fossiles ? Plusieurs compagnies sont sur les rangs, à l’instar de la Royal Dutch Shell qui finance une étude sur l’ajout de chaux dans les mers. Steven Koonin, alors directeur scientifique du géant pétrolier BP (avant de travailler au département de l’Énergie des États-Unis), est à l’origine d’une réunion d’experts pour le compte de l’entreprise Novim Group. Elle a abouti en 2009 à un rapport influent sur l’ingénierie du climat.

La géo-ingénierie est aussi appuyée par plusieurs think tanks conservateurs. « La géo-ingénierie apporte la promesse d’une réponse au réchauffement climatique pour seulement quelques milliards de dollars par an. Au lieu de pénaliser les Américains moyens, nous aurions la possibilité de répondre au réchauffement climatique en récompensant l’inventivité scientifique… Stimulons l’ingéniosité américaine. Assez du diktat vert », a déclaré le républicain Newt Gingrich, ancien président de la chambre des représentants des États-Unis. Tout est bon pour maintenir la société de consommation à son niveau actuel. Un intérêt stratégique qui n’a pas échappé aux forces armées.

Développer les « armes météorologiques »

Cela fait des décennies que les stratèges militaires veulent « faire de la météo une arme ». Au milieu du 20ème siècle, Bernard Vonnegut, un physicien américain, découvre la capacité de l’iodure d’argent à agglomérer la vapeur d’eau des nuages en gouttes. II suffit donc d’ensemencer les nuages avec ce composé inorganique pour faire pleuvoir – quasiment – à volonté. En 1967, l’US Air Force lance l’opération Popeye. Chaque jour, des avions bombardent les nuages vietnamiens d’iodure d’argent, modifiant la climatologie locale, pour tenter d’embourber les lignes de communication de la guérilla communiste [7]. Ce premier usage guerrier de la géo-ingénierie sera dévoilé le 3 juillet 1972 par le New York Times. Il faudra quatre ans de négociations pour que les Nations Unies adopte une Convention interdisant la modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles [8]. Mais en 1996, des officiers de l’US Air Force rendent un rapport appelant les États-Unis à de doter d’armes météorologiques d’ici… 2025.

« Parmi les scientifiques travaillant dans l’armement s’est développée l’idée que la compréhension et le contrôle exercé sur la technologie suffiraient à les rendre sûres », analyse Clive Hamilton. Edward Teller, à qui est attribuée la co-paternité de la bombe H, propose en 1997 de prévenir le réchauffement de la planète en bombardant l’atmosphère de particules qui réfléchiraient la lumière incidente du soleil. Coût : un milliard de dollars. « Comme d’autres, Teller ressent la fascination du nucléaire et de la puissance de la technologie moderne, soulignent les auteurs de Scénarios d’avenir. C’est probablement de cet enthousiasme obsessionnel pour les armes atomiques et de cette très puissante « arrogance technologique » que Teller en est venu à la géo-ingénierie ».

En octobre 2011, un autre rapport soutenant fortement la recherche en géo-ingénierie est publié par le think tankBipartisan Policy Center. Le journaliste du Guardian John Vidal décrit ce groupe de travail comme « la crème du lobby scientifique et militaire émergent en faveur de la gé-oingénierie » [9]. Parmi ce lobby, David Wehlan, directeur des systèmes de défense chez Boeing qui a travaillé pendant de nombreuses années sur des projets d’armement à la DARPA, l’agence de recherche du Pentagone. La DARPA a elle-même convoqué une réunion sur la géo-ingéniérie. Une étude commandée par le Pentagone en 2003 conseillait déjà d’examiner de manière urgente les options de géo-ingénierie pour contrôler le climat… [10]

Article complet sur Bastamag

19 Commentaires

  1. Pour garder les pieds sur terre :c’est de plus en plus compliqué
    Les Traces dans le ciel: »Shame trails »ont pour mission:modifier
    version 1….nanotechnologie modifier les comportements de groupes pour manipuler (sans rentrer dans les détails
    version 2…..altérer les effets de la radioactivité
    dans les 2 cas pulverisation par avions
    (tous liens nécessaires à Gwendoline)
    Haarp armes utilisant la ionosphère (usa +equivalent Russe…Chinois…. Norway.. etc….

    Manipuler la Ionosphère est condamné par les lois internationales
    remarque:à l’horizon:aucun parlementaire nous défend
    va -t- on devoir s’informer et se défendre avant de perdre
    ce qui reste de nous d’HUMAIN?

  2. Salut Rouletabille
    Alors,tu as gagné ?
    au fait ton billard moi je connais le billard français avec 3 boules et « sans issues » c’est celui là?
    ou celui avec plein de boules où on est toujours sûr d’en toucher une
    elles sont numérotées jusqu’à…50

    Là sérieusement
    il faut absolument faire suivre
    Mtramp se régalerait!
    Mais il faut AVERTIR

    comme quoi on peut plaisanter
    mais il faut avoir du réflexe quand ça s’impose
    et là, ça s’impose
    Les Verts de Rage via Fukushima Diary FR
    La centrale de Fukushima s’effondre et s’enfonce à cause du dernier typhon => Aucun communiqué.
    La centrale de Fukushima s’effondre et s’enfonce à cause du dernier typhon / Aucun communiqué
    fukushima-diary.com
    Deux travailleurs de Fukushima ont déclaré sur Twitter que

  3. ce qui est sûr c’est que tous ça ce n’est ni pour le bien de l’humanité ni celui du vivant….donc quelque soit les idées de pervers qui se cachent derrière tous ça ça va pas nous rendre service.
    Une idée parmis tant…. d’autre assombrissement de la terre = réductions drastiques des cultures et donc explosions du prix des céréales …… et quelques famines à la clef aussi

  4. Tout ce qu’ils vont réussir à faire c’est accélérer l’extinction de la planète! Derrière chaque volonté de manipulation des règles de la nature par l’homme, il y a eu et il y aura toujours le retour de bâton! Nous sommes déjà 7 130 000 000 à être plus ou moins conscient de la surpopulation mais rien ne s’arrête, le coïte planétaire continue d’ébranler tout espoir de stabiliser ou de voir reculer ce nombre. L’homosexualité est une des solutions, la monogamie ou le célibat grand fléau national sont monnaie courante, mais ou en sont les campagne de contraception?

    • concernant la surpopulation humaine

      déjà qu’il n’y à plus de femmes j’en ais jamais trouver toute sont indisponible prises égoiste ou alors elles sont pas interesser et bizarrement le nombre de mômes augmente considérablement une génération d’imbécile ?

      alors après est ce que le surnombre peut favoriser la chute de cette société obscène contre nature? ou tuer encore plus la terre et sa beauté au profit de la merde humaine? je ne sait pas

      de toute façon moi jais décider de vivre seul toute ma vie ! c’est plus simple je ne dit pas que je déteste mon éspèce sauf que je suis profondément déçus de cette époque débile
      totalement je ne veut pas de femmes encore moins de gosses et pire d’hommes même l’homosexualité jais abandonner lol

      jais l’impression d’être le seul être humain à ne pas en vouloir
      bon peut être que si je vivais ailleurs que dans les grande villes je changerais d’avis mais pas sur xD

      enfin voilà il y à tant de questions sans réponses donc dificile de dire

    • laspirateur :
      – Il y a 65 millions d’années, un météore a signé l’arrêt de mort des dinosaures, et ce n’était pas le seul épisode d’extinctions massives à coup de 95 % des espèces à chaque fois;
      – Il y a 74 000 (environ), une (grosse) éruption volcanique aurait soi-disant failli provoquer l’extinction de notre espèce;
      – Entre les guerres mondiales (ou pas), les famines et autres calamités, le XXe siècle a vu la mort prématurée de dizaines de millions de gens;
      – En 2004, le tsunami a dû faire dans les 250 000 morts en une journée;
      – Fukushima attend de nous péter à la face, et je ne te parle pas des astéroïdes géocroiseurs ou de la vulnérabilité de notre civilisation technologique face à une méga-éruption solaire, etc …
      Alors, moi la surpopulation, je ne m’en fais pas trop. Du jour au lendemain, ça peut devenir une vieille plaisanterie nostalgique du temps où on se faisait peur sur Internet 🙂

  5. ici aussi en Bretagne, ils y vont à fond la caisse !

  6. J’ai remarqué cet été en Normandie qu’ils ont craché leur merde beaucoup plus haut mais cet automne au pays Basque c’est plutôt bas.
    Et ça n’arrête pas.

  7. soigner les conséquences plutot que de traiter les causes …. une grande spécialité de la finance internationale …

    Vendre de la bouffe pourrie et soigner l’obésité …
    Polluer l’eau et l’air et soigner les cancers…
    Aller au club de gym en prenant l’ascenseur …
    Mettre les pauvres dans des guettos et gérer l’insécurité en vendant des armes ….

    Et on continue avec le gaz de schiste et maintenant le climat ….

    Si le ciel ne nous tombe pas sur la tête un de ces 4 c’est qu’on aura du bol ….

  8. Le but reste la dépopulation, par tout les moyens et quelque soit le temps que ça prendra.

    • Effectivement il y a génocide en cours ; …et même ça ils ne veulent pas laisser la nature s’en charger elle-même [dans la nature quand une espèce animale est en surnombre, une maladie survient et 90% du cheptel trépasse], si ils nous avaient laissé proliférer tranquillement après avoir créé les conditions d’une prolifération, la Terre ne pourrait plus nous soutenir depuis bien longtemps et on serait déjà passé par les 10 %. Mais non par orgueil ils préfèrent faire le travail jusqu’au bout, quitte à faire le sale boulot eux même !

  9. sud ouest .. une semaine d’entrées maritimes dans le golf du Lion !! ça cache quoi ?? avec des états grippaux à la pelle … c’est pour le « programme neige » ils préparent les vacances des Bizounours ???

    Noëëël !!! Noëëëël ensemble !!!

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