Peut être une étape de plus vers la révolution mondiale, et des tentatives de la part de certaines élites pour tenter d’enrayer le mouvement. Tous les moyens sont bons pour y arriver, jusqu’à utiliser des bulldozers contre les manifestants, à se demander où cela va s’arrêter…
Au moins 15 personnes exigeant le départ du président Ali Abdallah Saleh ont été tuées dans la nuit de dimanche à lundi à Taïz, à 270 kilomètres au sud de Sanaa, lorsque l’armée et la Garde républicaine ont pris d’assaut un campement érigé il y a quatre mois par des manifestants antigouvernementaux.
Des dizaines de personnes ont été blessées et des centaines d’autres ont été arrêtées au cours de l’opération.
Près de Zinjibar, dans le sud du pays, un colonel de l’armée et trois de ses hommes sont morts lorsque leur convoi est tombé dans une embuscade, selon le gouvernement. L’aviation yéménite a répliqué en bombardant le secteur.
Ces deux événements sont survenus après que des affrontements entre les forces fidèles au président Saleh et des miliciens de la confédération tribale des Hached, dont le chef de l’État est lui-même issu, eurent fait plus de 100 morts à Sanaa la semaine dernière.
Des bulldozers contre des hommes
À Taïz, des témoins d’Associated Press racontent que l’armée a d’abord tenté d’évacuer les protestataires du sit-in permanent érigé à la « Place de la Liberté » en utilisant des canons à eau, du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes. Des milliers de personnes ont alors pris la fuite.
Des membres de la Garde républicaine, une unité d’élite commandée par le fils du président Saleh, se sont ensuite avancés sur la place avec des tanks et des bulldozers.
Selon deux témoins, des soldats de la Garde républicaine, aidés de soldats et d’autres hommes armés en civil, ont mis le feu à des tentes, pendant que des bulldozers en détruisaient d’autres, sans vérifier si des gens s’y trouvaient.
Un témoin, Mohammed Al-Zafari, soutient que des tentes ont été brûlées alors que des personnes blessées s’y trouvaient toujours.
Un hôpital de fortune érigé sur place a aussi été détruit.
« La place et l’hôpital sont en ruines » se désole une manifestante, Boushra Al-Maqtali, qui assimile l’attaque à un « véritable massacre ». « Les tanks ont pris la place des centaines de tentes. Les unités d’artillerie occupent tout l’espace pour que les jeunes ne reviennent pas sur la place. »
Selon le directeur de l’hôpital de fortune, Sadek Al-Shugaa, des troupes gouvernementales ont aussi attaqué l’hôtel Majeedi, qui surplombe la place où se trouvait le campement. Des journalistes qui y résidaient sont détenus. Des tireurs d’élite ont pris position sur le toit avant d’ouvrir le feu sur des manifestants.
Selon M. Al-Shugaa, l’assaut de l’armée a aussi fait plusieurs blessés graves. De nombreux manifestants, dit-il, ont subi des blessures par balle à la tête, au cou ou à la poitrine.
Taïz est l’un des berceaux du mouvement exigeant le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Le sit-in qui s’y est tenu avait été organisé essentiellement par des jeunes inspirés des événements survenus en Égypte, avant celui en cours à Sanaa.
Dans un communiqué de presse reçu par l’AFP, l’opposition s’est indignée de l’attaque menée à Taïz, qu’elle qualifie de « crime contre l’humanité ».
Affrontements à Zinjibar
À Zinjibar, près du golfe d’Aden, quatre soldats yéménites sont morts lorsque leur « convoi de renfort venant d’Aden est tombé dans une embuscade tendue à l’entrée de la ville par des éléments d’Al-Qaïda », selon un responsable des services de sécurité.
Une source de l’hôpital Joumhouria d’Aden a aussi affirmé à l’AFP que sept soldats blessés dans l’attaque avaient été hospitalisés.
L’embuscade avait été tendue après que la ville eut été saisie, vendredi, par des éléments d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).
Le général dissident Ali Mohsen, un ancien proche du président Saleh passé à l’opposition il y a plusieurs semaines, soutient que Zinjibar a été livrée aux islamistes radicaux.
Il affirme que le président cherche ainsi à agiter l’épouvantail d’Al-Qaïda afin de pouvoir continuer à jouir d’un soutien international.
Depuis le début du soulèvement yéménite, à la fin de janvier, le président Saleh soutient qu’il doit rester en place pour empêcher les islamistes radicaux de prendre le contrôle du pays.
Les États-Unis, qui ont longtemps soutenu le président en raison, entre autres, de son soutien dans la lutte contre Al-Qaïda, le pressent néanmoins de quitter « immédiatement » le pays.
Le président Saleh refuse obstinément de signer un accord de sortie de crise préparé par le Conseil de coopération du golfe (CCG), qui prévoit son départ rapide en échange d’une immunité.
Source: radio-canada.ca