Qui a dit Big Brother? Qui a parlé de 1984? Ce n’est même plus de la paranoïa que de penser que nous sommes surveillés, il suffit de constater et de regarder les informations qui circulent. Cette fois ce sont les nouvelles générations de téléphones mobiles qui sont concernés, d’un côté Steve Jobs, de l’autre Google, deux poids lourds qui bénéficient là d’une très mauvaise publicité, sauf auprès des moutons dociles qui acceptent tout sans rien dire…
Merci à Voltigeur pour l’info qui a été proposée sur le forum.
Localisation, âge, sexe, identifiants : la plupart des applications sur téléphone mobile envoient des données privées à des régies publicitaires sans que l’utilisateur en soit informé, selon une enquête du Wall Street Journal. Sur 101 applications populaires étudiées par le journal américain, moitié sur iPhone, moitié sur Android, 56 transmettent l’identifiant unique du téléphone, 47 donnent la localisation de l’utilisateur, et 5 livrent l’âge et le sexe du mobinaute sans qu’il se doute de rien.
L’application la plus « généreuse » serait TextPlus 4, un service permettant d’envoyer gratuitement SMS et MMS. Le logiciel enverrait l’identifiant unique du téléphone à huit régies publicitaires différentes, et la localisation, l’âge et le sexe de l’utilisateur à deux autres régies. Même chose pour Pandora (musique en streaming), Paper Toss (jeu), ou Grindr (site de rencontre pour homosexuels et bisexuels).
IMPOSSIBLE DE DÉSACTIVER LE TRAÇAGE
Le Wall Street Journal pointe deux faiblesses dans la protection de la vie privée des mobinautes : l’impossibilité de désactiver a posteriori le traçage, et l’absence d’obligation pour les applications de disposer de règles de confidentialité, aussi bien sur l’Apple Store que sur l’Android Market.
Sur les 101 applications testées, 45 n’ont aucune règle de confidentialité, c’est-à-dire une déclaration écrite, consultable sur le site Internet de l’application ou dans le logiciel lui-même, indiquant comment sont traitées, utilisées et protégées les informations privées de l’utilisateur. Et si sur un ordinateur classique il est aisé de supprimer les cookies (qui contiennent des données de navigation) en quelques clics, la manœuvre est impossible sur un téléphone.
« La grande spécificité des smartphones est que vous ne pouvez pas effacer votre identifiant unique comme vous pouvez supprimer un cookie sur un ordinateur, explique Meghan O’Holleran, directrice de la section mobile et publicité dynamique chez Traffic Marketplace, une régie publicitaire sur Internet. C’est comme ça que nous pouvons tout tracer. Nous regardons quelles applications vous téléchargez, la fréquence à laquelle vous les utilisez, combien de temps vous passez dessus. »
PROFILAGE POUR REVENUS PUBLICITAIRES
Ces données permettent à d’autres sociétés, comme Mobclix, de classer un utilisateur de smartphone dans 150 « segments » différents, allant du « militant écologiste » à la « femme au foyer ». Ainsi, explique le Wall Street Journal, le segment des « joueurs acharnés » est constitué par »des hommes âgés de 15 à 25 ans, ayant plus de 20 applications sur leurs téléphones, et passant plus de 20 minutes sur chacune d’entre elles ».
Grâce à ce profilage, la société peut proposer les publicités les plus adaptées à la cible, et le développeur de l’application peut améliorer ses revenus issus de la publicité. Selon le créateur de l’application DailyHoroscope sur Android, qui a refusé de livrer certaines données aux régies, la publicité ciblée, basée sur le lieu où se trouve l’utilisateur, rapporterait de deux à cinq fois plus que la publicité classique.
D’autres développeurs ne voient au contraire aucun problème à livrer certaines informations privées, arguant qu’elles sont anonymes. « On ne parle pas de la réelle identité des gens. Nous ne relions pas les informations à un nom, donc je ne vois pas où est le problème », affirme le président de la société à l’origine de Grindr.
Certaines régies publicitaires aimeraient néanmoins avoir plus de renseignements que l’âge ou la ville du mobinaute. Millennial Media, une régie travaillant entre autre avec l’application Android de MySpace, liste ainsi onze types d’informations que les développeurs peuvent transmettre, dont l’origine ethnique, les revenus, l’orientation sexuelle et les opinions politiques.