Encore un week-end festif au commissariat de Champigny-sur-Marne

De la fermeté de façade pour « excuser » la mollesse institutionnelle. Des paroles qui se veulent des « mises en garde », qui s’envolent au vent sitôt prononcées. Une situation explosive qui dure depuis bien trop longtemps et, des « forces de l’ordre » plus employées à verbaliser le citoyen lambda, qu’à investir les zones de non droits qui pullulent. Jusqu’au jour où, un « débordement » ira trop loin. En fait, on pourrait se questionner sur ce qui est véritablement géré avec compétence dans ce pays, la liste sera moins longue à faire. Partagez ! Volti

******

Par H16 pour Hastable

Week-end festif à Champigny-sur-Marne : dans la nuit de samedi à dimanche, le commissariat a été attaqué par une troupe de quarante joyeux drilles à coups de barre de fer divertissantes et de jets de projectiles dont des mortiers d’artifices réjouissants.

Des jeunes, assez probablement déçus par les petites restrictions – certainement liées au strict respect sanitaire, cela va sans dire – dans leurs échanges commerciaux réguliers de vente de produits relaxants ont ainsi exprimé leur désarroi devant l’établissement des gardiens de la paix qui ont vraisemblablement pris note de leur mécontentement, comme en témoignent les images filmées de différents points de vue et qu’on trouve maintenant un peu partout sur les réseaux sociaux.

Cette réaction est réellement étonnante de la part de la population locale qu’on sait, depuis un moment, être à la fois aussi calme que paisible. Champigny est en effet une cité reconnue pour sa douceur de vivre et son commissariat n’est l’objet d’attaques en règles que de façon très irrégulière, comme en témoigne le faible nombre d’articles de presse qui relatent les rares différents entre les forces de l’ordre et les frétillants citoyens du cru.

Tenez, dès 2011, je notais dans un petit article que ce commissariat avait été témoin de petits débordements. À l’époque, la presse avait fait assaut de prudence pour relater les événements et leurs articles pastels permettaient d’établir que des jeunes à peine pubère, après un Monaco bu trop vite en plein soleil, avaient chanté deux chansons paillardes devant ce commissariat pour réclamer le droit de vendre des fruits et légumes primeurs à tarifs concurrentiels ; des policiers avaient alors dispersé l’amusante petite troupe après avoir brandi la menace de hausser le ton, et tout rentra dans l’ordre à temps pour voir Vivement Dimanche dans des conditions de stress minimales.

Depuis, les choses sont rentrées dans l’ordre et, tout comme en 2018, l’année 2020 s’écoule donc, paisible et raisonnable : en avril, il ne s’est rien passé de significatif, pas plus en juillet qu’en août, et le mois d’octobre s’annonçait donc très peu stressant.

Malheureusement, il semble bien que la guerre contre le trafic de Darmanin – ou, disons, la guéguerre de communication de Dardmalin contre le trafic de drogue, plutôt – provoque de petites irritations de la part des dealers qui font quelques opérations de représailles : déjà fort marris d’avoir été gênés les mois de mars et d’avril passés, on comprend que nos commerçants locaux n’entendent pas laisser du terrain au ministre de l’intérieur qui, il est vrai, a bien du mal à remplir son costume à coup de petits tweets rageurs.

Bien évidemment, devant ce qui vient de se passer, une réponse logique pourrait consister à ne pas se laisser faire, boucler la cité et nettoyer les caves une à une pour y débouter les trafics, les stocks et les dealers, ce qui aurait le mérite d’envoyer un message clair de la République à toutes les autres cités dans un cas similaire. L’efficacité finale de l’opération serait très discutable, mais au moins la crédibilité du ministre et des forces de l’ordre derrière lui n’en serait pas durablement amoindrie. En lieu et place de quoi, cette réponse possible ne sera même pas envisagée : Darmutin va probablement montrer ses petits bras pas musclés, saisir un ou deux scooters et deux barrettes et hop, le travail sera considéré comme achevé.

En réalité, il n’y a guère que deux façons réalistes de s’attaquer au trafic de drogue qui gangrène certaines cités françaises.

L’attaque frontale en est une : elle n’a jamais marché, comme en témoignent les années de prohibition aux États-Unis qui se soldèrent par des dizaines de milliers de morts et un échec complet des politiques menées qui ne firent disparaître ni les trafics, ni l’alcoolisme, et engendrèrent violences et corruption massives.

L’autre voie possible est la légalisation : c’est en pratique la seule façon de saper les fondements (financiers) de ces trafics et, pour le coup, ceci a déjà été tenté dans plusieurs États, avec succès… Cependant, cette légalisation ne peut fonctionner qu’à une condition impérative : que la justice et la police soient prêts à gérer les violences qui suivront inévitablement l’assèchement des ressources liées au trafic.

En effet, par la force des choses, les dealers actuels sont quasiment sélectionnés sur leur capacité à user de la violence et à enfreindre loi et moralité pour aboutir à leurs fins. La disparition du trafic illégal signifie aussi un effondrement des cours des produits qu’ils vendent, et donc de leur source de revenus. Ceci entraînera naturellement un report des violences actuelles vers d’autres sources illégales de profit (vols à la tire, cambriolages, car-jacking, home invasion, extorsion, et j’en passe) bien au-delà des cercles connus de ces cités.

Du reste, c’est exactement ce qu’on a pu observer avec la fin du confinement : comme il a fallu rattraper le temps perdu pendant les deux mois d’arrêt de l’économie (et donc aussi de l’économie souterraine), il y a eu un report de la violence normalement contenue à certains quartiers bien au-delà de ces derniers ce qui s’est traduit par une explosion des crimes et délits un peu partout dans tout le pays, y compris à des endroits réputés plus calmes auparavant.

Problématiquement, les forces de l’ordre sont actuellement noyées dans les procédures et la paperasserie, leurs moyens opérationnels sont souvent réduits à des bouts de ficelles, et les contraintes politiques (ne pas faire de vagues, ne surtout pas risquer les émeutes) sont si fortes que ces institutions ne travaillent plus guère qu’à harasser le paisible citoyen à coups de prunes circulatoires aussi diverses, variées que stupides.

Parallèlement, la justice, dont le budget rikiki est en totale inadéquation avec les besoins réels, a été essentiellement colonisée par des magistrats acquis aux causes les plus progressistes et qui n’entendront certainement pas abandonner leur idéologie marxiste pour tenter de faire revenir le calme dans le pays. Par exemple, l’idée de construire des prisons en France est toujours repoussée aux calendes grecques, alors même que s’empilent les condamnations internationales pour l’insalubrité des centres de détentions français et que les criminels qui devraient y passer se retrouvent de plus en plus facilement dans la nature.

Bref : ni la police, ni la gendarmerie, ni la justice ne sont prêts, même de loin, à gérer la violence inévitable qui suivra soit la décision actuelle d’affronter les trafics de drogue (ou, plus exactement, la volonté de faire un peu de communication musclée), soit la décision bien plus courageuse – mais totalement hors de portée de nos gouvernants – de la légalisation de la consommation et du commerce en France.

Cette attaque de commissariat (une parmi une longue liste, en fait) est une démonstration flagrante de l’absence totale de toute politique d’ensemble de gestion des violences dans ce pays ainsi que de toute volonté réelle de trouver une solution opérationnelle, viable, au problème de la drogue qui gangrène de plus en plus de quartiers du pays.

Il faut se rendre à l’évidence : ce pays est foutu.

H16

5 Commentaires

  1. En voilà bien de l’humour…
    Curieusement – ou non – je n’ai pas l’impression que les attaques de commissariats attristent beaucoup de nos concitoyens… C’est un peu comme si la bergère répondait au berger…
    Nous avons bien compris que les gardiens de la paix (appelés ainsi dans cet article, non sans une certaine ironie), sont devenus des forces de l’ordre. Certains gardent cependant le sourire d’un accueil et d’une écoute que tout citoyen est en droit d’attendre. Mais beaucoup débordent avec un plaisir sadique de leurs anciennes fonctions pour se tourner vers des actions des plus discrétionnaires et violentes. Avec la complicité du gouv** bien évidemment.

  2. Evidemment, les mains arrachées et les yeux crevés de manifestants gilets jaunes peu menaçants ( une jeune fille était en train de téléphoner , une mamie qui fermait ses volets a été visée et tuée ) par les LBD des forces de l’ordre ne leur ont pas attiré la sympathie et le soutien du peuple qui ne comprend pas pourquoi seuls les braves gens subissent des tirs de LBD et pas les voyous .
    D’ailleurs, ces voyous mineurs ou ces jeunes adultes qui ne sont pas inquiétés , aggravent chaque fois leurs méfaits, comme tous les gamins qui cherchent des limites, s’ils ne reçoivent pas le châtiment mérité à la fois de la part de leurs familles et de celle des autorités . Ils ne s’arrêteront que lorsque le châtiment tombera : par exemple deux années sans interruption dans un internat disciplinaire sous la garde d’éducateurs militaires musclés et la suppression de toutes les aides sociales ( allocations familiales, RSA, allocation de logement etc …) pendant ces deux années pour eux et leurs familles qui n’ont pas éduqué leurs enfants dans les valeurs de la République . Si ces familles sont étrangères, il y aura , en plus de ces mesures , l’expulsion de notre territoire et si elles ont été naturalisées françaises, c’est la preuve qu’elles n’ont pas tenu leurs engagements de respecter les valeurs de notre pays , donc cette nationalité française doit leur être retirée avant l’expulsion . La France n’a pas à accepter des étrangers qui lui créent des problèmes mais seulement des personnes qui respectent ses valeurs .
    Sans une fermeté sans faille et ces châtiments exemplaires, les violences, les dégradations et les « incivilités »ne pourront que s’aggraver .

  3. Le ton pisse-vinaigre euphémistique ( je sais pô si ca se dit 😛 ) de cet article est un pur délice verbal !

Les commentaires sont clos.