Le Moyen-Orient au seuil d’une grande guerre risquant de devenir mondiale

Par Alexandre Lemoine pour Observateur-Continental

Img/O-C

Un événement capable de bouleverser toute la situation de crise actuelle a étrangement coïncidé avec la visite du président américain Joe Biden en Israël. 

Outre la rencontre avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, Biden devait participer à un sommet en Jordanie. La réunion devait inclure le roi Abdallah II de Jordanie, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas. Cependant, après qu’une roquette est tombée sur un hôpital à Gaza, tuant plus de 470 personnes, ce sommet a été annulé. 

Israël, en fournissant certaines preuves, accuse l’organisation Jihad islamique d’être à l’origine de l’incident, prétendant que leur roquette aurait mal fonctionné et serait tombée sur l’hôpital. En tout cas, sur les vidéos diffusées en ligne, il est clair que de tels dégâts n’auraient probablement pas pu être causés par une seule roquette. Il est tout à fait possible qu’un des nombreux tunnels souterrains du Hamas passait sous l’hôpital, où ils stockent leurs armes. 

De leur côté, le Hamas ainsi que tous les pays arabes et même au-delà accusent Israël de l’incident. Une vague de manifestations de colère déferle à travers tout le Moyen-Orient, souvent accompagnée d’incendies d’ambassades et de consulats israéliens. 

La tragédie survenue pourrait servir d’élément déclencheur à l’expansion de la guerre au Moyen-Orient et à sa propagation à toute la région, ce qui n’était pas supposé initialement. 

Jusqu’à présent, de nombreux pays arabes, malgré toute leur sympathie pour les Palestiniens, ne s’opposaient pas à ce que le problème du Hamas soit réglé une bonne fois pour toutes. D’autant plus qu’il est interdit dans des pays comme l’Égypte et la Jordanie. Cependant, la pression de la rue pourrait maintenant faire changer l’attitude des dirigeants locaux. Cela ne veut pas dire qu’ils enverront des armées régulières combattre Israël, mais cela signifie qu’ils pourraient fermer les yeux sur la mobilisation de radicaux islamiques du monde entier et leur infiltration dans la zone de conflit. 

D’ailleurs, il n’est pas exclu qu’un tel scénario puisse se produire: le grand nombre d’innocents morts, surtout après des bombardements intensifs de Gaza qui ont déjà accru les tensions dans le monde, pourrait entraîner soit un retard dans la mise en œuvre d’une opération terrestre de l’armée israélienne à Gaza, soit une réduction de son ampleur, voire même son annulation. 

Il est possible que la mission principale de Biden ait été de persuader Netanyahou de ne pas agir impulsivement et de trouver un moyen de freiner la situation. Car dans le cas contraire, surtout si une menace directe à l’existence d’Israël se présentait, les États-Unis seraient contraints de participer directement au conflit avec leur puissance militaire. 

Selon les médias américains, la Maison Blanche envisage de demander au Congrès 100 milliards de dollars pour soutenir à la fois l’Ukraine et Israël. C’est une somme énorme et il n’est pas certain qu’elle puisse être approuvée par la Chambre des représentants, où la majorité est républicaine, qui n’a pas encore désigné le prochain président et n’est pas prête à reprendre son travail. 

Mais même avec cet argent, le conflit actuel au Moyen-Orient ne sera pas résolu. Pas plus qu’en Ukraine. 

Les États-Unis ne peuvent pas se permettre une défaite d’Israël, encore plus qu’ils ne peuvent politiquement se permettre une défaite de l’Ukraine. Cela signifierait un effondrement total de l’image des États-Unis en tant que superpuissance. Par conséquent, les États-Unis aimeraient apparemment geler le conflit au Moyen-Orient, car aucune victoire facile n’y est en vue. 

Et les États-Unis ne veulent absolument pas s’engager dans une grande guerre. Même si on imaginait l’impossible, à savoir que les États-Unis interviennent du côté Israël, aucun plan réaliste pour un Moyen-Orient pacifique n’est visible derrière l’horizon d’une telle victoire sanglante. Un plan qui inclurait la création d’un État palestinien à part entière, comme cela était initialement prévu par les plans de l’ONU. 

Parce qu’avant de construire des institutions étatiques à Gaza, il faudrait procéder à une véritable dédjihadisation, à l’instar de la dénazification menée en Allemagne après la guerre. 

Sinon, un État fondamentalement terroriste serait créé, dont le principal objectif et la principale idéologie seraient l’élimination de l’État voisin, Israël. Ce ne serait pas mieux que la situation actuelle. 

Les principaux superviseurs de la construction d’un État palestinien relativement pacifique pourraient être ces pays arabes qui ont leur propre expérience de lutte contre les radicaux. Notamment l’Égypte et même l’Arabie saoudite. 

Cependant, toutes ces questions sont désormais reportées pour une période indéterminée.

Alexandre Lemoine

Volti

6 Commentaires

  1. Du fait du gouvernement israélien :

    -A Gaza,
    Bombardement des hôpitaux.
    Dernièrement, bombardement d’une église chrétienne.
    Aujourd’hui, Tsahal a annoncé «augmenter les frappes sur Gaza”.

    – A l’étranger aujourd’hui, bombardement sur DEUX aéroports civils syriens(Alep,Damas), pays totalement souverain et reconnu à l’ONU !https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif

    …C’est sûr, comme méthode de désescalade on a vu mieux !

  2. La punaise de HANOVRE, toujours fidèle à elle-même : bête et méchante

    Elle son truc, c’est de tuer les bébés dans le ventre de leur mère, grace à Pfizer …

  3. Article très long qui rafraîchit les mémoires, dont la mienne :

    https://lecridespeuples.fr/2023/10/22/gaza-les-masques-tombent/

  4. Cet article fait une approche qui n’est que trop connue et confortable : Des pays arabes condamnent le Hamas, si ceux là qualifient ce groupe de djihadistes et de terroristes, nous pouvons l’admettre nous-mêmes et le tenir pour acquis en nous passant de tout réflexion rigoureuse sur ce qu’est le terrorisme juridiquement et ce qu’est le djihadisme et le terrorisme, ce qu’il signifie réellement quand il s’agit d’actes et de paroles d’une fraction d’un peuple opprimés auxquels toutes les autres voies pour obtenir leurs droits sont fermées et ne sont que tromperie ( cf. Oslo). Pour un certain confort moràl et pour que tienne plus aisément le raisonnement, l’auteur reprend l’idée que c’est une fraction extrême, le Hamas qui serait à l’action alors que toutes les forces Palestinienne hormis l’Olp sont à la manoeuvre y compris la faction marxiste.

    Pas un mot en revanche pour qualifier du même terme terrorisme et Sioniste fanatique (le pendant du djihâd existe et est un courant israélien et juif bien plus répandu qu’en Palestine et chez les musulmans), alors même que la violence israélienne est sans commune mesure et est exercé par l’oppresseur, le spoliateur qui violent le droit international auquel il s’est pourtant soumis par adhésion volontaire et les droits de l’homme les plus fondamentaux à l’égard de tous ceux, palestiniens ou non, musulmans ou non qui osent contester son pouvoir et ses lois racistes et suprémacistes, lesquels vont naturellement à l’encontre de tous les standards du socle de règles unanimement admises ou presque par les nations dans leur volonté commune de paix, de justice et de respect des besoins fondamentaux de la personne humaine dont l’égalité, la liberté, la souveraineté, la dignité et le droit de vivre sur sa terre comme un citoyen et non comme un paria ou un prisonnier concentrationnaire.
    Il faut dire la réalité, au lieu de rester confortablement dans les abstractions et mettre ainsi commodément sur le même plateau de la balance avec le même poids, des actes et des conditions de vie qui sont tout à fait différents et dont le malheur des uns est directement le fait des actions et de la posture, (imposture conviendrait encore mieux) des bourreaux.
    Non Monsieur Lemoine, comme la solution à deux États est une supercherie et de nature à ruiner tout ordre international qui puisse inspirer le respect et l’adhésion, qualifier de terroriste ( terme idéologique et politique mais non juridique) même une fraction du peuple Palestinien dans la situation qui est la sienne est une infâme et une inversion accusatoire.

    Si une population n’a pas le moindre droit pour elle dans ses affirmations de droit et si un mouvement devait être qualifier de terroriste, alors c’est vers la population israélienne et tout particulièrement le gouvernement sensé la représenter et vers le mouvement sioniste que vous devriez tourner votre doigt accusateur. Un peu de courtage et halte aux mêmes sempiternels compromissions qui ne font que d’enliser et pourrir la situation à la plus grande satisfaction des usurpateurs.

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