L’Ukraine veut réécrire les accords de Minsk, et l’épuration ethnique du Donbass

La situation en Ukraine ne cesse de se dégrader. Avec les déclarations d’intentions du président ukrainien, qui dit “vouloir la paix”, mais continue avec acharnement à alimenter la guerre, et à diviser les ethnies qui avant le Maïdan, vivaient en bonne intelligence. Qui comprend le soutien occidental à ce régime fasciste qu’est Kiev ? Partagez ! Volti

******

Christelle Néant pour Donbass-Insider

En quelques jours les autorités ukrainiennes ont fait plusieurs déclarations, allant de la proposition de prendre quelques régions de la fédération de Russie, à la volonté de réécrire les accords de Minsk, jusqu’à un appel à l’épuration ethnique du Donbass. Ces déclarations choquantes et révoltantes ont provoqué de nombreuses réactions tant en Russie qu’en République Populaire de Donetsk (RPD).

Kiev propose de prendre quelques régions à la Russie

Tout a commencé samedi 30 novembre, lorsque le porte-parole de la Douma, Viatcheslav Volodine a commenté le comportement de la délégation ukrainienne, qui avait interrompu le discours d’un député de Crimée, Rouslan Balbek (qui représente les Tatars de Crimée), lors d’un forum de l’ONU concernant les minorités ethniques.

Face à l’intolérance et aux discriminations que Kiev fait subir à ses minorités ethniques, Volodine a mis en garde l’Ukraine sur le fait qu’une telle attitude pourrait provoquer la perte d’autres régions et l’effondrement du pays.

« Le nationalisme et l’oppression des minorités ethniques peuvent conduire à la sécession d’un certain nombre de régions d’Ukraine. Cela doit être compris par les autorités ukrainiennes et les droits et libertés des groupes ethniques vivant dans le pays ne doivent pas être violés », a déclaré M. Volodine.

Volodine a aussi recommandé de s’inspirer des bonnes pratiques de la Russie, qui après la récupération de la Crimée a institué trois langues nationales (le russe, l’ukrainien et le tatar de Crimée). Une démarche à l’opposé de celle de Kiev, qui a institué l’ukrainien comme seule langue nationale, violant ainsi les droits de plusieurs minorités ethniques du pays (Russes, Hongrois et Polonais entre autre).

Au lieu d’apprendre de leurs erreurs, de réagir de manière calme et réfléchie, et de prendre cette mise en garde pour ce qu’elle est, les autorités de Kiev ont réagi de manière paranoïaque et agressive, à travers le post Twitter du Vice-premier ministre pour l’intégration européenne et euro-atlantique de l’Ukraine, Dmytro Kouleba.

Tweet de Dmytro Kouleba

« Volodine menaced’une sécession de régions hors d’Ukraine. Je suis obligé de le contrarier : personne ne part. À la place, nous sommes prêts à accepter quelques régions russes. Pour restaurer la justice historique, la gouvernance démocratique, et introduire les standards de vie européens» écrit-il avec une carte de territoires qui ont été revendiqués par l’Ukraine au début du 20e siècle, mais qui n’ont jamais été les siens.

Comme on le voit dès la première phrase, Kouleba prend la déclaration de Volodine de manière complètement paranoïaque. Si quelqu’un lui disait d’éloigner sa main du feu, pour ne pas se brûler, il prendrait aussi sans doute cela pour une menace. Cela montre le degré d’agressivité et de délire des autorités ukrainiennes post-Maïdan.

Concernant le fait que « personne ne part », j’aimerais rappeler à monsieur Kouleba, qu’il faut être bien présomptueux et avoir la mémoire d’un poisson rouge pour sortir une telle phrase quand son pays a déjà perdu depuis 2014 la Crimée et une partie des régions de Donetsk et de Lougansk par décision de la population de ces territoires de sortir de l’Ukraine !

Si nous analysons la suite, la déclaration de Kouleba est tout aussi délirante que le début. De quelle justice historique parle-t-il ? Ce n’est pas parce que la jeune République Populaire d’Ukraine (qui était nationaliste que « populaire »), qui s’est formée de manière éphémère après la révolution bolchevique, revendiquait des territoires qui appartenaient à l’empire russe avant 1917, qu’elle doit les obtenir au nom d’une « justice historique » imaginaire. Les personnes habitant dans ces régions n’ayant jamais demandé à intégrer l’Ukraine, au nom de quoi serait-il juste historiquement de donner ces régions à Kiev ?

Les nationalistes ukrainiens devraient déjà être reconnaissants envers l’union soviétique de leur avoir créé un pays bien plus étendu que ne l’a été leur république nationaliste fondée après la révolution, au lieu de les réintégrer dans ce qui avait été l’empire russe (auquel ils appartenaient jusqu’en 1917). L’URSS a déjà obligé assez de régions qui n’avaient aucun désir d’être ukrainiennes à faire partie de ce pays artificiel, ce qui crée déjà assez de tensions et de problèmes justement concernant les minorités ethniques, pour ne pas en rajouter. Sans parler des violations du droit international que cela entraînerait, les Russes vivant dans ces régions n’ayant pas plus envie de faire partie de l’Ukraine aujourd’hui que ce ne fut le cas hier.

Un point qu’a souligné Maria Zakharova dans sa réponse aux propos de Kouleba, rappelant qu’une « région russe » avait déjà fait partie de l’Ukraine (la Crimée), et qu’elle n’avait pas franchement apprécié d’y être. Résultat elle a voté en 2014 pour en sortir. La suite vous la connaissez.

Et c’est là qu’on en arrive aux deux derniers points avancés par Kouleba pour justifier cette proposition d’annexion : apporter la démocratie et les standards de vie européens à ces régions. Des propositions qui ont de quoi faire rire quand on connaît la situation en Ukraine, où les journalistes sont agressés physiquement, assassinés, mis en prison, ou menacés, où leur « sécurité » est confiée à celui qui a créé une Gestapo 2.0, où des médias sont privés de licence de diffusion pour oser appeler à appliquer les accords de Minsk, où l’usage de la torture par le SBU et les bataillons spéciaux est systématique, qui est un véritable havre de paix pour les néo-nazis et les terroristes islamistes, sans parler de la corruption endémique et des fraudes qui ont entaché le premier tour des élections présidentielles ukrainiennes cette année.

Si c’est ça la conception de la « gouvernance démocratique » des autorités ukrainiennes, c’est qu’elles en ont une définition quelque peu spéciale !

Quant aux standards de vie européens, quand on voit le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA) de l’Ukraine, celui de la Russie et celui de l’UE, il y a de quoi rire à gorge déployée. Même en comptant tous les pays européens, il n’y a que la Moldavie qui fait pire que l’Ukraine !

Carte du PIB des pays européens en PPA

L’Ukraine est le 2e pays le plus pauvre du continent et elle propose d’apporter les standards de vie européens à un pays (la Russie) qui est bien mieux classé qu’elle. L’Ukraine joue la fable de « la grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf », et ferait bien de méditer sur la façon dont finit la grenouille en question (et pour les paranoïaques ukrainiens et leurs soutiens, ceci n’est pas une menace, ça s’appelle une mise en garde).

Quand un pays a un PIB presque équivalent au triple du vôtre, on ne propose pas à plusieurs de ses régions de leur apporter les standards de vie européens, qui, eux, en moyenne, sont égaux à plus de quatre fois votre PIB !

Après un post aussi dément qui a entraîné de nombreux commentaires railleurs sur Twitter et ailleurs, on aurait pu espérer que les officiels ukrainiens se seraient un peu calmés en ce qui concerne les déclarations délirantes et appels à violer le droit international. Mais il n’en fut rien.

Kiev veut réécrire les accords de Minsk et procéder à une épuration ethnique dans le Donbass

C’est Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, qui nous a servi la deuxième couche de déclarations contre-productives, lors d’une interview publiée dans le Spiegel.

Au cours de l’interview, Zelensky a fait deux déclarations qui ont provoqué de fortes réactions tant en Russie qu’en RPD. La première concerne sa volonté de réécrire l’ordre d’application des accords de Minsk. La deuxième concerne le sort à réserver aux habitants du Donbass qui se sentent Russes.

Concernant le premier point, Zelensky explique qu’il veut rediscuter l’ordre d’exécution des accords de Minsk, lors de la réunion au Format Normandie, en demandant à récupérer d’abord le contrôle de la frontière avec la Russie avant d’organiser les élections dans le Donbass.

« Ce sera la question [le contrôle de la frontière – NDLR] la plus difficile de toutes – si nous pouvons en discuter. Je vous le dis honnêtement : je ne suis pas d’accord avec la manière dont cette question a été décidée à Minsk. Selon les accords de Minsk, il y aura d’abord les élections, puis le contrôle de la frontière », explique-t-il avant de répondre à la question de savoir s’il veut le contrôle de la frontière avant la tenue des élections. « C’est la position générale des Ukrainiens. Mais ce n’est pas les accords de Minsk. Malheureusement, il y a là une contradiction. Et bien sûr, il faut s’attaquer à ce problème. »

Ceci est une réécriture complète de Minsk-2, et une demande qui ne sera jamais acceptée tant par la Russie que par les deux républiques populaires à cause des craintes d’épuration ethnique. Ce que semble chercher Zelensky qui continue à jouer dans cette interview le « président qui veut la paix », tout en préparant le terrain pour accuser ensuite la Russie d’avoir saboté cette même paix, à coup de phrases disant que les Ukrainiens veulent la fin de la guerre, « mais nous verrons si la Russie la veut réellement ». Une position encouragée par le journaliste qui l’interroge, lorsqu’il demande à la fin si Zelensky a un « plan B » si « la Russie bloque tout ».

Or c’est Zelensky qui s’apprête à tout bloquer, en faisant des demandes qui sont inacceptables, comme la réécriture des accords de Minsk, qui exposerait les habitants du Donbass à un risque d’épuration ethnique.

Des craintes qui sont loin d’être injustifiées ou paranoïaques, au vu des nombreuses déclarations de politiciens et officiels ukrainiens, des plans de déportation et autres appels à éliminer ou chasser les habitants du Donbass « pro-russes » qui fleurissent dans les médias, y compris dans cette interview publiée par le Spiegel.

En effet, à la fin de l’interview, Zelensky déclare qu’il ne croit pas à un sondage qui montre que la majorité des habitants de la RPD et de la RPL souhaitent « vivre en Russie », et fini par dire que ceux qui le souhaitent n’ont qu’à y partir !

« Je crois et je sais qu’il y a des gens là-bas qui sont en faveur de l’Ukraine. Et puis il y a les perdus. Et enfin, il y a ceux qui sont pour la Russie. Ceux qui sont pour la Russie peuvent partir, la Russie distribue actuellement des passeports russes illégalement. Chacun a le droit de choisir où il veut vivre. Mais sur le territoire de l’Ukraine dire que je suis un citoyen russe et que c’est ma terre, je considère cela faux et injuste. Ce n’est pas possible », déclare Zelensky.

Sauf que pour commencer Zelensky a escamoté la question du sondage en question, qui n’était pas de savoir si les gens voulaient vivre en Russie, mais si les gens voulaient que la RPD fasse partie de la Russie, ce qui constitue une différence majeure en termes d’interprétation !

Le résultat final reste néanmoins le même : Zelensky appellent ceux qui se sentent Russes et non Ukrainiens (et qui représentent une majorité de la population du Donbass) à quitter leurs terres, ce qui s’appelle un appel à l’épuration ethnique.

De plus, lorsqu’il dit que les gens n’ont pas le droit de se sentir Russes sur le territoire de l’Ukraine, je rappelle encore une fois, que ces territoires ont été Russes plus longtemps qu’ils n’ont été Ukrainiens, et que ce n’est pas parce qu’on appose la nationalité ukrainienne sur un passeport que cela change l’ethnie réelle de la personne (ce qu’ont fait les Soviétiques quand ils ont créé la République Socialiste Soviétique d’Ukraine, transformant d’un coup de crayon « magique » des Russes en Ukrainiens). Zelensky dénie donc aux habitants du Donbass le droit d’affirmer leur culture, leur ethnie, et leur langue. Ce qui est loin d’être la meilleure façon de les convaincre que Kiev ne va pas mener une épuration ethnique dans le Donbass si l’Ukraine en reprenait le contrôle.

Ces propos ont provoqué de nombreuses réactions, à commencer par celle de Denis Pouchiline, le chef de la RPD qui a tenu à répondre à la volonté de réécrire les accords de Minsk.

« Les déclarations sur les intentions de discuter et de modifier l’ordre des actions prévues par les accords de Minsk montrent que le Président ukrainien ne comprend pas les bases du droit international, ni la véritable attitude à avoir envers les documents et les obligations interétatiques de l’Ukraine. De plus, Zelensky surestime sérieusement son importance en termes géopolitiques », a déclaré Pouchiline.

« Les autorités de Kiev ne doivent pas oublier dans quelles conditions l’Ukraine a signé à chaque fois des accords dans la capitale Biélorusse : quand il n’y avait pas d’autres options pour sauver son armée. Personne ne lui a donnée le droit de dicter les conditions et la séquence de mise en œuvre des accords, ni à l’époque ni maintenant. Elle est tenue de ne pas les interpréter en fonction des souhaits d’unpoliticard, mais de les réaliser sans condition », a ajouté le chef de la RPD.

De son côté Natalia Nikonorova, la ministre des Affaires étrangères de la RPD, a rappelé qu’avant d’en arriver aux élections, le gouvernement ukrainien doit mener à bien toute une série de travaux conjoints avec les républiques populaires, en particulier sur la loi accordant un statut spécial au Donbass, la loi d’amnistie, la réforme constitutionnelle, etc. Et que Kiev n’a aucun droit de demander la modification d’un accord qui a été validé par une résolution de l’ONU.

« Toute exigence supplémentaire proposée par Kiev n’a rien à voir avec la réalité – ni les représentants des républiques, ni les médiateurs du processus de Minsk ni ses garants ne permettront une révision de l’ensemble des mesures approuvées par le Conseil de sécurité des Nations unies et ayant le statut d’un instrument international juridiquement contraignant. Nous attirons une fois de plus l’attention des autorités ukrainiennes sur le fait qu’elles n’ont pas le droit de fixer leurs propres conditions – absolument toutes les mesures concernant le sort du Donbass doivent être conformes aux accords de Minsk et doivent être convenues avec les républiques. Si les dirigeants ukrainiens veulent accélérer la tenue des élections, qui sont en fait la dernière de toutes les questions du volet politique, il vaut mieux cesser de diffuser des déclarations bruyantes et totalement infondées et commencer un travail constructif – pour remplir ses engagements dans le cadre du paquet de mesures, » a déclaré la ministre.

Quant aux appels de Zelensky aux habitants du Donbass qui se sentent Russes les incitant à partir vivre en Russie, cela a suscité une réaction de Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, qui a suggéré au président ukrainien d’assurer les droits des citoyens du Donbass s’il voulait obtenir leur soutien au lieu de les encourager à partir.

« Ce ne sont pas les gens qui se sont perdus, c’est le gouvernement qui s’est perdu, et ensuite il a perdu des gens ! Et les chars envoyés par Kiev pour « chercher » les gens ne les « trouveront » pas. Garantissez aux habitants leurs droits, et ils se retrouveront eux-mêmes. Soit dit en passant, les habitants du Donbass n’ont pas élu le président ukrainien en 2019 et n’ont donc pas à écouter ses conseils sur l’endroit où ils devraient aller », a-t-elle déclaré.

Maria Zakharova a aussi estimé qu’avant de s’offusquer du fait que les habitants du Donbass demandent la citoyenneté russe, les autorités ukrainiennes feraient bien de faire du ménage dans leurs rangs.

« Les maires, les gouverneurs, les politiciens de tous bords avaient des permis de séjour et la citoyenneté d’autres pays, prenant des décisions en leur faveur et sous leur dictée. Et maintenant, les autorités s’étonnent que les habitants du Donbass, coupés du reste de l’Ukraine par le blocus économique et social et privés de tous leurs droits, y compris celui de voter aux élections nationales, aient voulu obtenir la citoyenneté d’un autre pays », a rappelé la porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

En RPD, la réaction est venue d’Alexandre Kourenkov, député du Conseil Populaire et membre du comité sur la sécurité et la défense, qui a souligné que la rhétorique du président ukrainien confirme « que le plan de génocide de la population du Donbass est une véritable stratégie des autorités ukrainiennes ».

« Chaque scénario est différent de l’autre, allant de la possibilité de partir dans un délai d’un mois à l’élimination physique des personnes indésirables qui ont leur propre opinion. Ce crime doit être étouffé dans l’œuf », a déclaré le député.

Kourenkov a ensuite rappelé le scandale autour du plan de déportation de la population du Donbass qui a fuité dans la presse.

« Mentir sans arrêt, empiler les mensonges les uns sur les autres, nier toutes les accusations, même les plus évidentes – telle est la stratégie de Zelensky et de son équipe. Dans son démenti du projet de déportation des habitants du Donbass, qui n’est même pas publié sur le site officiel, le secrétaire du Conseil National de Sécurité et de Défense a immédiatement parlé de cinq scénarios que le régime de Kiev n’a pas jugé nécessaire de rendre publics. Pourquoi les détails de ces scénarios sont-ils cachés ? Parce qu’ils visent tous le génocide des habitants de la RPD et de la RPL sous des formes différentes », a ajouté Kourenkov.

Les déclarations de Zelensky montrent qu’il n’a pas l’intention d’appliquer les accords de Minsk, et qu’il n’est donc pas le « président de la paix » qu’il prétend être, avec la complicité des médias occidentaux.

Comme expliqué précédemment, Zelensky va mettre en avant ses demandes délirantes pour obtenir une réponse négative de la Russie et ainsi lui faire porter la responsabilité de l’échec des négociations de paix. Ensuite, le président ukrainien sortira son « plan B » du chapeau comme solution miracle pour régler le conflit dans le Donbass et le tour du « scénario chypriote » sera joué.

Christelle Néant

Un Commentaire

  1. C’est kiev et ses waffens nazis qui envahissent le Donbass.

Les commentaires sont clos.