C’est demain que doivent se réunir les garants des accords de Minsk. Emmanuel Macron, Angela Merkel, Vladimir Poutine avec Volodymyr Zelensky. L’espoir de paix s’éloigne encore et encore.. Partagez ! Volti
******
Christelle Néant pour Donbass-Insider
Alors que la réunion au Format Normandie doit avoir lieu dans trois jours, Kiev continue d’avancer proposition délirante sur proposition délirante pour poursuivre le sabotage du processus de Minsk jusqu’à son blocage complet.
Les quatre dernières propositions farfelues en date : créer une garde municipale regroupant des forces de la Garde Nationale ukrainienne (composée en grande partie de bataillons néo-nazis), des forces de l’OSCE et des forces des deux républiques populaires, pour assurer l’ordre dans le Donbass, changer les négociateurs des deux républiques à Minsk pour des gens qui n’ont rien à voir avec les gouvernements élus des Républiques Populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL), « moderniser » les accords de Minsk après la réunion au Format Normandie, et créer un cinquième groupe de contact en charge du contrôle de la frontière.
À trois jours de la réunion qui doit avoir lieu à Paris entre Emmanuel Macron, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, et alors que cette réunion promet de n’aboutir sur rien d’extraordinaire (le porte-parole du Kremlin lui-même ayant déclaré qu’au mieux ils arriveraient à signer un accord non-contraignant, autant dire du vent pour faire de belles déclarations), les autorités ukrainiennes continuent dans leur démarche de propositions délirantes et inapplicables en vue d’obtenir une réponse négative de la Russie, de la RPD et de la RPL.
Après les propositions visant à réécrire l’ordre d’application des accords de Minsk, Zelensky a trouvé une nouvelle idée délirante pour saboter les accords de Minsk : proposer lors de la réunion au Format Normandie de créer une garde municipale composée à parts égales de membres de la Garde Nationale ukrainienne, de l’OSCE, de la RPD et de la RPL.
Cette déclaration aurait été faite par le président ukrainien lors d’une réunion avec des activistes du Maïdan qui auraient été victimes des violences des Berkout (police anti-émeutes) en 2013, et a été rapportée par Evgueni Serdiouk à la chaîne Espreso.TV.
Zelensky aurait déclaré que c’était une des idées de son équipe, et que les membres de cette « garde municipale » venant de la RPD et de la RPL devaient ne pas avoir participé au conflit. Par contre inclure des membres issus de bataillons néo-nazis (qui composent la majorité de la Garde Nationale ukrainienne), qui ont participé au conflit dès le début, tué, violé et torturé des civils du Donbass, cela ne semble pas gêner Zelensky !
Sauf à ce que le président ukrainien soit un benêt fini, il ne peut pas ignorer le fait qu’une telle proposition sera forcément refusée par les républiques populaires du Donbass, et donc par la Russie. Ni la RPD ni la RPL ne pourront jamais accepter que des néo-nazis ukrainiens assurent la « sécurité » dans les rues de leurs villes. Surtout quand on voit que ces mêmes néo-nazis assassinent des enfants dans les rues de Kiev.
Un point qu’a souligné Denis Pouchiline en réponse à cette nouvelle proposition de Zelensky. Le Chef de la RPD a aussi tenu à rappeler que l’ordre est déjà parfaitement assuré par la police de la République, et qu’il n’y a nul besoin de faire venir des néo-nazis ukrainiens. Il a aussi recommandé à Zelensky de commencer par s’occuper à remettre de l’ordre dans son pays avant de vouloir le faire en RPD et en RPL.
«Kiev n’abandonnera pas ses tentatives infructueuses de
réécrire le Paquet de mesures à sa guise. Je recommande vivement au
Président ukrainien de rétablir l’ordre dans son pays et de réfléchir à
ce qu’il devrait faire avec les nationalistes et les bataillons
terroristes. Jusqu’à présent nous n’avons rien vu d’autre que des
réunions de feu de camp et des bêlements devant les radicaux.
Les « gardes municipaux » devraient être créés à Kiev, où, en réalité, le conflit dans le Donbass a commencé en 2014. Quant
aux unités de milice populaire, selon le Paquet de mesures, elles ne
devraient être créées que par décision des conseils locaux du Donbass,
et nous n’autoriserons aucun membre de la Garde Nationale sur nos terres.
Pendant que Zelensky et ses serviteurs tentent de lutter contre les
accords de Minsk, nous poursuivons notre intégration avec la fédération
de Russie et nous nous développons en tant qu’État de droit. Sur le
territoire de la République Populaire de Donetsk, les forces de l’ordre
sont pleinement opérationnelles et tous les droits de l’homme et les libertés sont respectés et protégés. Nous nous acquittons de nos obligations de maintien de l’ordre dans le pays et nous n’avons pas besoin des conseils d’un homme qui a des accointances avec deux qui tirent sur
des enfants dans le centre de la capitale et qui est responsable des
activités effrénées de gangs incontrôlés et de groupes ultra-radicaux en
Ukraine à une échelle sans précédent » a déclaré Denis Pouchiline.
Le Chef de la RPD a conclu en appelant Zelensky à cesser ces verbiages inutiles qui ne servent qu’à remplir l’espace médiatique et à se mettre concrètement au travail pour appliquer les accords de Minsk.
En RPL, c’est Rodion Mirochnik, représentant de la République à Minsk qui a souligné le caractère inacceptable d’une telle proposition, et le fait qu’elle violait les accords de Minsk.
« C’est une idée trop créative de Zelensky, mais elle est complètement inapplicable dans la vie réelle. Aucun des combattants de la milice populaire ne travaillera avec des maraudeurs et des assassins. Eh puis, pour l’information de Zelensky, l’OSCE n’a aucune unité de combat. Il s’agit d’une mission purement civile », a-t-il écrit sur sa chaîne Telegram.
Comme Denis Pouchiline, Rodion Mirochnik a rappelé que la sécurité est pleinement assurée en RPL par la milice populaire et que la République n’a aucun besoin d’une telle « garde municipale ».
La deuxième proposition délirante est venu de l’assistant du Président ukrainien, Andreï Ermark, qui a déclaré à Londres que Zelensky voulait promouvoir l’idée d’étendre ou de remplacer les représentants de la RPD et de la RPL lors des négociations à Minsk,
« Auparavant, 6 millions de personnes vivaient dans ces territoires (dans les régions de Donetsk et de Lougansk – NDLR), aujourd’hui (en RPD-RPL) il en reste 1,5 million. Les autres sont partis », – a-t-il souligné, ajoutant que de nombreux migrants vivent dans le territoire contrôlé par l’Ukraine.
Pour Ermak, ces faits (qui sont complètement faux, puisqu’il y a environ 2,3 millions de personnes en RPD, et 1,5 millions en RPL, et que bon nombre de migrants issus du Donbass sont partis en Russie) justifieraient de changer les représentants des deux républiques à Minsk afin de refléter la position des personnes déplacées.
« Nous voulons que les représentants des territoires soient des personnes qui ont des liens, un enregistrement à l’état-civil, des biens immobiliers, c’est-à-dire qu’ils ont un lien juridique avec le fait qu’ils peuvent représenter ces territoires », a-t-il expliqué.
« Nous voulons qu’ils soient bien connus dans le Donbass », a déclaré M. Ermak.
Les représentants de la RPD et de la RPL à Minsk sont issus des gouvernements des deux républiques élus par les habitants, c’est-à-dire des gouvernements légitimes. Ce n’est pas à l’Ukraine de choisir avec qui elle doit négocier, pour sélectionner ceux qui lui seront favorables, en envoyant à Minsk pour représenter la RPD et la RPL des oligarques ou autres « personnalités » pro-Bandera qui n’ont jamais été désignés par la population qu’ils sont censés représenter. Une proposition pareille relève du délire de niveau psychiatrique et contredit totalement les accords de Minsk !
Un point qu’a souligné Natalia Nikonorova, la ministre des Affaires étrangères de la RPD, en réponse à cette « proposition ».
« Les plans du gouvernement ukrainien visant à modifier la composition du Groupe de contact trilatéral contredisent totalement l’essence même du processus de Minsk, qui vise à amener les parties opposées à la table des négociations pour résoudre le conflit. Si le gouvernement ukrainien choisit avec qui négocier, tout le processus perd son sens. Il est clair que les autorités ukrainiennes ne veulent pas parvenir à un accord avec les représentants légitimes des républiques qui défendent les intérêts légitimes du peuple, mais qu’elles envisagent de choisir plutôt des « têtes parlantes » qui exprimeront un point de vue qui leur convient. Ils ne pourront pas le faire. Ni nous, ni les médiateurs internationaux du processus de Minsk ne permettrons la révision des accords approuvés par la résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies », a déclaré la ministre.
Natalia Nikonorova a aussi appelé Kiev à appliquer ce qu’elle a signé, et d’arrêter de faire croire qu’elle met en œuvre les accords de Minsk avec ses mesures « écran de fumée ».
« Au lieu d’inventer de nouveaux formats de négociation à Minsk,
d’attirer de nouveaux participants et de remplacer ceux qui existent
déjà, l’Ukraine devrait commencer de son côté à respecter
ses engagements au titre du Paquet de mesures. Les autorités de Kiev
déclarent ouvertement qu’elles n’accorderont jamais aux républiques un
statut spécial pour tenter de le remplacer par la notion de
décentralisation, et elles mentent aussi ouvertement sur leur conformité
constitutionnelle avec les dispositions du Paquet de mesures.
Je voudrais rappeler que le Paquet de mesures prévoit les paramètres du
statut spécial qui concernent spécifiquement le Donbass :
l’autodétermination linguistique, le pouvoir des autorités locales de
nommer des représentants du Bureau du Procureur et des tribunaux, la
possibilité de conclure des accords avec Kiev sur le développement
économique, culturel et social, la possibilité d’avoir nos milices
populaires, etc. C’est précisément ce que le gouvernement ukrainien doit
prendre en compte lors de la réforme constitutionnelle visant à
consolider le statut spécial du Donbass, conformément au paragraphe 11 du Paquet de mesures.
Le projet actuel ne contient pas et ne peut pas contenir de telles dispositions, car il est destiné à l’ensemble du territoire de l’Ukraine. Il s’agit d’une tentative de changer les concepts. Pour dire les choses simplement, c’est une supercherie, » a ajouté la ministre.
Pour Mme Nikonorova, cette proposition d’Andreï Ermak de changer les représentants vient du fait que les deux républiques exigent que Kiev discute directement avec le peuple du Donbass et non avec la Russie, qui n’est qu’un médiateur des négociations et non partie prenante du conflit, comme l’OSCE.
«M. Ermak insiste avec acharnement pour que la composition du Groupe de contact soit modifiée du côté des républiques uniquement parce que nous exigeons de la partie ukrainienne un dialogue avec notre peuple et non avec la fédération de Russie, qui, comme l’OSCE, est un médiateur dans le processus de négociation. Ainsi, tout d’abord, les amendements à la Constitution doivent être convenus avec nous, les représentants « détestés » des républiques, et ce n’est qu’ensuite que la réforme constitutionnelle peut avoir lieu conformément aux exigences du paquet de mesures. Cela vaut également pour les élections locales que l’Ukraine a l’intention d’organiser à l’automne 2020, en même temps que dans les autres régions. Nous rappelons aux autorités de Kiev que selon la formule Steinmeier convenue par M. Ermak lui-même et signée par M. Koutchma, les élections dans le Donbass seront extraordinaires et ne dépendront en rien du cycle électoral ukrainien. Les actions unilatérales de Kiev n’ont fait que neutraliser les petits succès qui ont émergé dans le processus de Minsk ces derniers temps », a conclu la ministre des Affaires étrangères.
Si l’Ukraine ne veut pas discuter avec les représentants légitimes de la RPD et de la RPL, c’est parce que Kiev est embourbé dans sa propagande officielle qui les décrit comme des terroristes ou des collaborateurs de l’occupant. Or si les autorités ukrainiennes se mettent à discuter ouvertement et directement avec eux, cela légitimerait les représentants des deux Républiques et annihilerait plus de cinq ans de propagande officielle.
D’autres propositions faites par des officiels ukrainiens montrent clairement que contrairement à ce qu’il prétend publiquement dans ses interviews, Zelensky ne veut pas appliquer les accords de Minsk pour mettre fin au conflit.
Ainsi l’un des représentants ukrainiens à Minsk, Alexeï Reznikov a proposé sur le plateau de la chaîne « 1+1 » de modifier (« moderniser ») les accords de Minsk à l’issue de la réunion au Format Normandie. Chose impossible puisque ces accords ont été validés par une résolution de l’ONU, comme l’a souligné Alexeï Nikonorov, le représentant de la RPD au sein du groupe de contact en charge des questions de sécurité.
« Si les documents, indésirables ou difficiles à appliquer pour les autorités ukrainiennes, doivent être révisés et réécrits chaque fois qu’ils le souhaitent, ce processus sera sans fin. Une telle approche ne fera qu’aboutir à une impasse dans le processus de négociation et pourrait éventuellement conduire à une nouvelle spirale d’escalade armée. De plus, on ne peut pas parler d’une « modernisation » qui convienne à Kiev, parce que les accords de Minsk ont été adoptés et approuvés par la communauté internationale », a répondu Nikonorov.
Reznikov a aussi proposé de créer un cinquième groupe de contact à Minsk pour discuter du contrôle de la frontière. Ce qui est là aussi une proposition inutile, puisque avant d’en arriver à cette question, l’Ukraine doit d’abord appliquer la totalité des autres points des accords de Minsk qui n’avancent pas d’un pouce depuis cinq ans. À quoi bon créer un groupe de discussion supplémentaire, si ce dernier est aussi stérile que les autres ? C’est ce qui s’appelle brasser du vent pour dire les choses poliment.
Cette méthode de sabotage n’est pas nouvelle, car comme l’a souligné Nikonorov, l’équipe de Porochenko n’a eu de cesse de faire le même genre de propositions, ce qui a empêché tout progrès réel du processus de paix.
Et si vous voulez une preuve que le « plan B » de Kolomoïski-Zelensky (à savoir le sabotage complet des accords de Minsk pour aboutir à un échec lors de la réunion au Format Normandie pour ensuite passer au scénario chypriote) est bien en route, il vous suffit de regarder la suite des propos d’Andreï Ermak à Londres.
En effet l’assistant du Président ukrainien a déclaré que si la Russie n’acceptait pas un accord avec l’Ukraine (soi-disant à propos du cessez-le-feu et de l’échange de prisonniers, mais en réalité portant sur ces idées de modifier les accords de Minsk) le 9 décembre, alors Kiev construira un mur pour séparer la RPD et la RPL de l’Ukraine, et qu’ils vivront donc « selon le scénario d’un conflit gelé » !
Or c’est exactement ce que prévoit le scénario chypriote de Kolomoïski-Zelensky : geler le conflit pour faire croire que Zelensky a tenu ses promesses pré-électorales de paix et faire venir des investisseurs en Ukraine. Comme je l’avais indiqué le mois passé, chaque jour qui passe montre que jusqu’ici la mise en œuvre du scénario chypriote de Kolomoïsky-Zelensky se passe comme prévu, sans que les garants occidentaux des accords de Minsk ne réagissent à cette supercherie.