Une analyse qui prête à réflexion, et qui remet en cause notre façon de penser et de voir “l’autre” . Combien se reconnaîtront dans ce portait ? Partagez !
Article premier : « Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »
En démocratie, la crainte est toujours justifiée d’une « tyrannie de la majorité » [1]. Or on assiste aujourd’hui à une autre forme d’asservissement : celle de l’espace public par les revendications identitaires de minorités, ou plutôt d’individus se considérant comme discriminés selon une dimension de leur être qu’ils affirment à la fois essentielle et minoritaire. La lutte contre les discriminations, en temps normal parfaitement légitime, se trahit et laisse place à des revendications agressives, l’affirmation du droit à la différence basculant dans l’exigence d’une différence de droits à raison d’une identité unidimensionnelle fantasmée.
Identités fantasmées
L’identité doit être mouvante, changeante, évolutive, instable, en perpétuelle remise en question, grandissant des accidents qui viennent la perturber et, paradoxalement, l’affermir dans sa nécessaire fragilité. Elle ne peut être que la résultante des choix, des sélections qu’opère l’individu dans les rencontres fortuites que lui offre son devenir. À lui de décider de ce qu’il garde et assume dans tout ce que l’inné comme l’acquis lui présentent ; et d’enrichir continûment ce qui demeure jusqu’à la fin son œuvre intime. Le kaléidoscope de l’identité ne reflète que l’infinie subtilité des nuances vécues. Toutes les expériences de l’existence y ajoutent leur teinte.
Dès lors, comment ne pas être navré de voir la pétrification de l’image de soi assécher ainsi toute la complexité d’individus qui se réduisent eux-mêmes à un seul élément constitutif, essentiel et imperturbablement figé dans le temps – soi-même à jamais identique et infiniment limité. Ils se raccrochent à des histoires toutes faites, servies par des entrepreneurs identitaires, bonimenteurs criminels au service de mafias souvent religieuses. Ces récits, dont la facilité séduisante les happe, appuient des fantasmes simplistes de victimisation et de déresponsabilisation : prétendument héritiers de combats qu’ils n’ont pas menés, de tragédies qu’ils n’ont pas subies, de pays où ils n’ont jamais mis les pieds, ils gobent volontiers les bobards qui les assignent à un statut de victime les exemptant de toute responsabilité. « Rien de ce vous faites n’est de votre faute » ; « vous êtes des victimes par nature » ; « vous n’êtes responsables de rien, tout ce vous faites est légitime parce que vous êtes oppressés par essence » ; « le coupable, c’est toujours l’autre »…
Comme si l’oppression était inscrite dans les gènes. Comme si la carte chromosomique d’un individu en dictait la psyché et en prédisait les comportements. Comme si la culpabilité s’inscrivait dans la couleur de la peau ou dans les gonades. Comme si la religion était un legs inné et attaché à l’individu et à sa lignée de manière indélébile. En niant que la responsabilité doive in fine échoir à l’individu libre, l’excuse génético-psycho-sociologisante déforme les esprits, leur faisant accroire à une impunité par naissance et au bien-fondé de toutes leurs revendications, même les plus farfelues.
Déjà dramatique lorsqu’il concerne l’individu dans son rapport à soi, le phénomène prend toute son ampleur dans sa propension à s’étendre à l’autre en effet miroir. En effet, la claustration dans des identités univoques et immuables s’applique non seulement à soi mais aussi et surtout aux autres. Au nom de l’aliénation de sa propre identité à une image morte, il s’agit alors d’attribuer de force à l’autre, à son tour, une appartenance qu’il ne réclame ni ne vit et d’en déduire une nécessité de comportement, de pensée, d’opinion, de culpabilité ou d’innocence… tout cela porté par essence, c’est-à-dire du fait d’une caractéristique héritée, innée, souvent même purement fantasmée. Le monde ne se pense dès lors qu’en termes binaires, « ceux qui sont comme moi » vs « les autres », opposition calquée sur les dichotomies « bien » vs « mal » et « ami » vs « ennemis ».
Dans cette pensée réduite au néant, toutes les nuances ne peuvent qu’être violemment rejetées : négation du métissage, de l’évolution, du changement d’avis, de la suspension de jugement, de l’absence d’opinion, de la complexité d’identités en mouvement, choisies et non subies. Cette conception apparaît d’une pauvreté affligeante, d’une bêtise crasse et d’une violence inouïe. « Tu es ce que je décide que tu es en fonction de l’image que je me fais de toi ». L’essentialisation asservit dans les chaînes du regard malveillant. L’autre ne peut être qu’un ennemi. Une telle Weltanschauung débouche immanquablement sur une fragmentation totale du monde commun, sur son atomisation en chapelles toujours plus étroites, toujours plus radicales, toujours plus haineuses parce que repliées sur elles-mêmes. Le fonctionnement sectaire du groupe impose une solidarité artificielle, paresseuse, fonctionnant sur un mimétisme idéologique purement réactif, qui flatte la « différence » intrinsèque de l’individu d’avec le reste du monde, différence qu’il ne partage qu’avec les autres membres et à laquelle lui-même se réduit. La guerre hobbesienne de chacun contre tous, construction intellectuelle de philosophe, s’incarne dans les luttes à mort de communautés dont l’idéologie est portée à son point d’incandescence.
Gesticulations funèbres
L’exemple le plus frappant réside sans doute dans les détournements de la lutte antiraciste.
La mode, comme souvent, nous vient d’outre-Atlantique où elle sévit depuis de nombreuses années. Les « Social Justice Warriors » font régner la terreur idéologique sur les campus américains. Ces « guerriers de la justice sociale » ne s’intéressent pas au social, ne comprennent rien à la justice et ne connaissent de la guerre que ce que leur en donne à cauchemarder Hollywood. Cette poignée de petits bourgeois arrogants et incultes se revendique à l’avant-garde de la lutte contre toutes les discriminations… en employant des méthodes fascistes et sectaires à l’encontre du reste du monde. Ils prétendent imposer la loi de leur moraline sur les réseaux sociaux et dans les médias comme ils le font déjà dans certaines universités où la science et la raison ont baissé les armes devant la démagogie et l’obscurantisme.
En France, la mouvance « décoloniale » ou « indigéniste » joue sur le même terrain. Les nouveaux censeurs rappellent les heures peu glorieuses de la révolution culturelle chinoise. Leur mot d’ordre : la « décolonisation » qui assigne au « mâle blanc cisgenre hétérosexuel » [2] la culpabilité, par nature, de tous les maux. La stratégie de bouc-émissaire, quoique grossière, fonctionne parfaitement. Elle permet de justifier, de l’autre côté de l’Atlantique ou de la Manche, les folles récriminations d’étudiants réclamant que des philosophes ou poètes classiques soient rayés des programmes pour la seule raison qu’ils appartenaient à cette catégorie honnie de l’homme faiblement mélaniné. Les pseudo-antiracistes manient le racisme et l’essentialisation dans leurs « camps décoloniaux en non-mixité », c’est-à-dire réservés aux « racisés » et interdits aux Blancs et à tout ce qui peut ressembler de près ou de loin au produit d’un métissage à leurs yeux odieux. Le racisme version Pantone ne s’arrête aux nuances de carnation mais traque l’« appropriation culturelle » jusque dans les cheveux et les assiettes : porter des tresses si l’on n’a pas le taux de mélanine jugé suffisant, c’est une insulte à la culture noire, préparer des sushis si tous nos ancêtres de proviennent pas dûment de l’archipel, c’est une insulte à la culture nippone… Si ma grand-mère franco-malgache avait imaginé qu’un jour on m’accuserait d’« appropriation culturelle » lorsque je cuisine le rougail saucisse selon la recette qu’elle m’a transmise, elle aurait flanqué une bonne paire de claques à ces imbéciles !
Ces sinistres pantalonnades ne devraient être traitées que pour ce qu’elles sont : de ridicules peccadilles… si la malhonnêteté de ces « antiracistes », déplorables sycophantes qui ne voient le monde qu’à travers le prisme de la « race », ne passait les bornes de la violence. Se présentant toujours sous le masque virginal des victimes par nature, ils n’hésitent à persécuter tous ceux qui ne partagent pas leur vision étriquée de l’homme et du monde : les insultes régulières de « traître à la race », « bounty », « nègre de maison » ou « collabeur » devraient révolter tout autant que leurs classiques pendants d’extrême-droite « bougnoule » « nègre » et autre « youpin ». Mais, parce qu’ils se prétendent de gauche, ces authentiques racialistes bénéficient d’une bienveillance odieuse tant dans les mouvements sociaux que dans le monde politique, milieux qu’ils tentent de noyauter après l’université. Par électoralisme, clientélisme ou simple veulerie, politiques comme syndicats [3] ferment les yeux et cèdent là où leur honneur leur commanderait d’opposer un ferme dédain à des revendications exorbitantes. Ces abdications en rase campagne sont une honte.
D’autant que la qualification « de gauche » pour ces mouvements identitaires relève de l’usurpation pure et simple. Étonnamment, ces grandes gueules capables de disserter sans fin sur la couleur des sparadraps et compresses, qui serait une ignoble marque de racisme (sic !), se font bien silencieuses sur les formes modernes de colonisation des pays du Sud que sont les politiques agressives d’accaparement des richesses locales par des firmes sans couleur de peau ni nationalité autre que celle complaisamment octroyée par un paradis fiscal. Que n’aimerait-on pas connaître leur avis sur l’envahissement de l’Afrique par la Chine ! Étrangement, on ne les entend pas plus sur la collaboration de Lafarge avec les milices islamistes, pas plus que sur l’esclavage pratiqué par ces mêmes milices, en particulier des femmes réduites à un état ignoble. En effet, dès lors qu’ils ont lieu dans des pays « non occidentaux », les racismes, variés et nombreux, sont pudiquement tus : ainsi du traitement que subissent les Noirs dans les pays maghrébins, les asiatiques dans le Golfe ou les musulmans en Chine ou en Birmanie. Ces questions n’ont guère d’intérêt puisque, pour ces mouvements autoproclamés « indigénistes », le coupable universel a le visage du mâle blanc et que tous les combats doivent être menés ici, dans ces pays occidentaux exécrés (et singulièrement en France) où ils sont bien souvent nés et dont ils profitent de la nationalité, de la liberté et de tous les services qui leur sont offerts. Faut-il d’ailleurs rappeler que ces silences bienveillants s’accompagnent de sympathies coupables pour l’islamisme que beaucoup assument au nom de la défense des nouveaux « damnés de la terre » ?
Dans ces conditions comment croire sincèrement à la possibilité d’une « convergence des luttes », cet illusoire mantra dont ils se gargarisent mais qui revient à réduire le commun à la plus petite intersection d’ensembles exclusifs ? Comment prendre au sérieux leurs discours « sociaux » et « anticapitalistes » alors que pour eux un Blanc crevant de faim sera toujours l’oppresseur d’un Noir milliardaire ? Comment imaginer les promoteurs des stéréotypes les plus réactionnaires « converger » avec les défenseurs de l’égalité des droits pour les homosexuels dont ils fustigent à coup de tribunes et de conférences le fantasmatique « impérialisme gay », quand ils n’élèvent pas tout simplement au rang de héros les sinistres ordures qui pendent tous les suspects de « mœurs contre-nature » ? Comment accepter l’accaparement du combat féministe par ces « néoféministes intersectionnelles » qui rompent avec les luttes universalistes de leurs prédécesseurs et se satisfont parfaitement du patriarcat si celui-ci est oriental ? Organiser des « hidjab days » en France alors qu’en Iran des femmes sont jetées en prison parce qu’elles osent retirer ce symbole de l’oppression des femmes, défendre les violeurs parce qu’ils appartiendraient à une certaine « culture », ce ne sont pas des effronteries ni des provocations : ce sont des forfaitures inadmissibles. Les féministes en carton ne peuvent couvrir leurs complaisantes turpitudes du masque du relativisme culturel. Si convergence il y a, c’est celle des bigots et des polices des mœurs dont les victimes sont toujours les femmes et les homosexuels, au point où des minorités doivent être protégées contre d’autres minorités. Les revendications identitaires contredisent l’universalisme républicain qui ne connaît ni genre ni religion ni couleur de peau mais seulement des individus libres et égaux, dotés de droits et de devoirs.
Pulvérisation du monde commun
Sur ce modèle presque idéal-typique, fleurissent les groupements communautaristes aussi dangereux que, parfois, grotesques. Tous ces mouvements partagent une vision du monde comme terrain d’affrontement de lobbies identitaires, affrontement qui peut déborder le cadre du politique pour dégénérer en violence physique. Ainsi un drame récent a-t-il projeté sous la lumière cette pathétique « communauté incel » de célibataires « involontaires » misogynes et enclins à justifier et encourager le viol. L’anecdote, tragique, du passage à l’acte d’un de ses membres ne doit pas être minorée car elle témoigne du degré de violence et de haine qui caractérise le raidissement idéologique de ces groupes identitaires. Structurés autour d’imaginaires collectifs délirants, leur paranoïa alimente en effet la concurrence victimaire dans une course à l’échalote à la fois pour la pureté interne et pour la reconnaissance externe du groupe, par tous les moyens possibles.
Tout acte touchant un membre du groupe se voit interprété comme une attaque volontaire explicitement dirigée contre le groupe lui-même, quitte à ignorer sciemment les principes de cause en raison et de motif en droit.
Entendons-nous bien. Quand un Arabe est agressé parce qu’arabe, c’est un crime raciste, idem lorsque qu’un Juif, un homosexuel, une femme… sont agressés parce que juif, parce qu’homosexuel, parce que femme… : ce sont des crimes antisémite, homophobe, sexiste… Il s’agit de circonstances aggravantes qu’il faut présenter comme telles et surtout ne pas taire, comme c’est hélas trop souvent le cas, tout particulièrement avec l’antisémitisme. On me trouvera toujours du côté des luttes contre ces fléaux ignobles.
En revanche, lorsqu’un Arabe, un Juif, un homosexuel, une femme… sont agressés pour une toute autre raison que cette caractéristique de leur être, ces crimes doivent être punis avec la plus grande sévérité mais cette caractéristique ne peut être alléguée comme circonstance aggravante. Ce n’est pas la nature de la victime mais le crime et son motif qui comptent. Tout crime à l’encontre d’un Arabe n’est pas forcément raciste en soi, tout crime à l’encontre d’un Juif n’est pas forcément antisémite en soi, etc. etc. Comme tout individu, ils peuvent être victimes de crimes crapuleux ou de malveillance à raison d’autres éléments que leur appartenance réelle ou supposée à telle ou telle communauté.
Je ne minimise rien, il faut être précis afin de ne céder ni aux discours victimaires ni aux négationnistes en tous genres. Question de Justice. Or les entrepreneurs identitaires, avec une mauvaise foi sans nom, font leur miel du mélange des genres et du travestissement du réel, n’hésitant pas à dévoyer les causes les plus justes en prétendant s’arroger le monopole de leur défense.Cette confiscation consiste à intimer l’ordre de se taire à quiconque n’appartient pas au groupe identitaire. Seuls ceux qui sont censés subir telle ou telle discrimination seraient légitimes pour participer à la lutte. Faut-il être femme pour lutter contre sexisme ? Faut-il être noir ou arabe pour se battre contre le racisme ? Faut-il être homosexuel pour se révolter contre l’homophobie ? Faut-il être juif pour s’attaquer à l’antisémitisme ? Faut-il avoir vécu une injustice dans sa chair pour prétendre à l’objectivité sur le sujet ? Sophismes ! Sophismes qui pervertissent de plus en plus le rapport aux luttes [4] et instaurent un climat de guerre civile. Les sommations au silence, doublées souvent d’intimidations explicites, se multiplient, comme en témoignent, exemple parmi beaucoup trop, les diatribes ahurissantes contre le « féminisme blanc » dont sont victimes des personnalités aussi respectables qu’Elisabeth Badinter, haïe des « néoféministes » mentionnées plus haut.
Seul le groupe identitaire est autorisé à s’exprimer sur ce qu’il considère comme son domaine privé. Toute conception divergente, hétérodoxe, devient hérésie et doit être combattue comme telle. Où l’on revient à cette ignominie qu’est le délit de blasphème, sous une forme élargie : sous prétexte que les communautés devraient bénéficier d’un « droit à ne pas être offensées », la liberté d’expression s’effondre au profit des conceptions les plus radicales et des revendications les plus exorbitantes, répandues dans l’espace public au nom de cette même liberté d’expression ! Tartufferie extraordinaire qui conduit à donner complaisamment la parole dans les médias aux pires extrémistes, autoproclamés – et ainsi adoubés – représentants de leurs communautés.
Comme on a pu le constater au moment du « débat » sur le mariage pour tous lors duquel la « manif pour tous » a déversé publiquement des torrents de menaces, d’injures et de haine sans être inquiétée outre mesure, tous ces mouvements, loin d’être anodins, s’apparentent à de nouvelles ligues qui n’hésitent pas à battre le pavé et les médias dans des démonstrations de force antirépublicaines inquiétantes. Or on ne peut construire de monde commun sur la haine. Seule la réaffirmation des valeurs universalistes et le rappel inflexible qu’il n’existe rien de tel que des victimes par nature ou des bourreaux par essence mais seulement des individus libres et égaux en droits peuvent permettre de sortir par le haut de cette balkanisation de la nation par des ligues fascisantes.
Auteur Cincinnatus pour Cincivox
[1] Voir les analyses lumineuses de Tocqueville, De la démocratie en Amérique I, notamment Deuxième partie chapitre VII « De l’omnipotence de la majorité aux États-Unis et de ses effets »… mais aussi tout le reste de l’œuvre !
[2] Pour ceux qui ne le sauraient pas, « cisgenre » (ou simplement « cis »), par opposition à « transgenre », désigne une personne qui ne remet pas en cause son genre de naissance.
[3] L’alliance de l’UNEF à l’organisation des EMF (étudiant musulmans de France), branche étudiante des Frères musulmans, est l’histoire d’un naufrage idéologique. La récente polémique à l’encontre de Laurent Bouvet qui n’a fait que relever la monstruosité de cette association témoigne du malaise qui parcourt les mondes syndical et étudiant.
[4] et jusqu’à la représentation nationale qui transforme le concept même de « représentation » et l’associe à cette conception étroite et stupide de l’identité ! Voir : « Malaise dans la représentation : 2. Identité »
Voir aussi:
L’auteur écrit : « En démocratie, la crainte est toujours justifiée d’une « tyrannie de la majorité ». »
Rappelons que toute élévation du type humain demande un régime aristocratique. La démocratie avilit en abaissant les bons, c’est une tyrannie qui s’exerce par un mouvement de traction morale, de bas en haut ; elle fait descendre, elle empêche les meilleurs de s’élever, elle abat les têtes qui dépassent le niveau des médiocres, empêchant ainsi l’éclosion des types supérieurs, elle supprime le respect et rend les petits insolents.
L’égalité c’est la fin d’une race, « tous dégénérés », « tous fous », tous égaux dans la bêtise ou dans la bassesse c’est la suppression de la hiérarchie des esprits !
Le problème du communautarisme, c’est l’orgueil.
La manie de la priorité règne sur la terre depuis longtemps, elle s’est manifestée de mille manières. D’abord par « l’orgueil terrestre », qui a fait croire à l’homme que son petit monde était tout dans l’univers, puis par « l’orgueil humain » qui lui a fait croire qu’il était le premier parmi les êtres créés. Cependant si, sortant du genre humain, nous mettions en présence un spécimen de chaque espèce animale, nous les verrions tous croire et déclarer leur espèce la meilleure.
Après l’orgueil humain vient l’orgueil de race qui fait faire aux hommes des distinctions suivant leur couleur et leur origine et les persuade tous qu’ils sont les premiers dans le genre humain. Après l’orgueil de race, l’orgueil national qui persuade à chaque peuple que le pays où il a vu le jour possède une supériorité quelconque sur les autres nations. Après « l’orgueil national », l’orgueil de clocher qui, dans une même nation, fait encore supposer aux hommes que, parmi ceux qui la composent il existe des différences et que leur province, leur commune, leur village valent mieux que les autres. Enfin, l’orgueil de sexe qui, dans la famille même, crée des distinctions en faisant croire aux hommes qu’ils possèdent une supériorité quelconque sur les femmes.
Il est peut-être temps de remettre un peu d’ordre dans ce monde qui marche depuis longtemps sur une jambe, c’est-à-dire depuis que l’homme a, au cours de l’histoire, par ruse ou par violence, relégué la femme à un rang inférieur à celui que lui avait donnée la Nature.
Enfin, remarquons que beaucoup revendiquent des droits et bien remplissent leurs devoirs.
Cordialement.
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