Le jardin, la mer et Improvisation à la vraie vie #3 par Sylvain Rochex.

On s’évade un peu dans le rêve, la sérénité et, dans la vraie vie avec Sylvain. Partagez ! Volti

******

Par Sylvain Rochex

22 heures. Ma caravane et son poêle vrombissant sont un bâteau
Et le jardin la mer, avec la lune en croissant et sa jumelle dans l’eau de la claire fontaine du village.
Je navigue dans les flots de ma terre, lui obéissant,
Dans un corps à corps où qui perd, gagne le pays de cocagne.
Je suis dans mon tonneau marin : celui de Diogène, à mille lieues d’Athènes.

On navigue sur terre comme sur mer : avec courage et humilité.Mes goélands sont canards et buses… Jonathan Livingston le canard chasseur de limaces, pèlerin marcheur du jardin, va toujours plus haut dans mon coeur : pour lui aussi l’océan de son ciel est sur la terre ferme.

Mes rames et voiles et sont bêche, serres, et piochon…Mes dauphins et requins sont brebis et loups…
Je sais que j’arriverai à bon port en ne retournant plus jamais au port.Je traque un marlin qu’on appelle Jardin d’Eden.Thoreau, Tolstoï, Jack London, Jean Jacques, je marche sur le même sentier de senteurs : into the wild, l’appel de la forêt.De rêveries en rêveries, de coucher de soleil en coucher de soleil : 43 fois aujourd’hui !
Tout cela rendu possible par la Citadelle intérieure de Saint Ex, oui, ma caravane est aussi carlingue d’aviateur en rade dans le désert.

A l’ombre des jeunes filles en fleurs, je caresse mes brebis, je leur dessine un bélier, j’envoie mes filets :
Je goûte trois fleurs d’absinthe et l’amer me saisit, je goûte trois framboises parmi celles qui fourmillent et mes papilles scintillent…
Je goûte aussi trois tomates
Et beaucoup d’autres aromates…

En avant toute, Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! Droit devant !Je ne suis pas Saint Thomas,
Je suis heureux car je crois sans avoir vu.
En route vers la nécessité qui rend libre ! Terre en vue !
Mais c’est la terre-mer qui continue.
Au diable, la liberté.

Sylvain Rochex

Simone Weil : « Dans la beauté du monde la nécessité brute devient objet d’amour. Rien n’est beau comme la pesanteur dans les plis fugitifs des ondulations de la mer ou les plis presque éternels des montagnes. La mer n’est pas moins belle à nos yeux parce que parfois des bateaux sombrent. Elle en est plus belle au contraire. Si elle modifiait le mouvement de ses vagues pour épargner un bateau, elle serait un être doué de discernement et de choix, non pas ce fluide parfaitement obéissant à toutes les pressions extérieures. C’est cette parfaite obéissance qui est sa beauté.»

IMPROVISATION VRAIE VIE #3 : De la graine à la graine, Mirabilis, Arroche,…