Vivre au sein d’une famille zéro déchet : un nouveau luxe pas si contraignant

Il y a toujours moyen de faire mieux en changeant nos habitudes, toujours des astuces, des idées, des possibilités qui à la fois sont positives pour la planète, mais pour nos vies. Qui va suivre et s’inspirer de ces conseils?

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Terminées les poubelles qui débordent tous les deux jours : produire moins de cinq kilos de déchets par an, soit cent fois moins que la plupart des Français, est tout à fait possible. Et même avec des enfants. Une famille de la région nantaise réalise cette prouesse depuis quelques années. Sans frustrations et en mangeant bien. Leur secret ? Refuser l’inutile, réduire la quantité de ce que l’on possède et achète, réutiliser, recycler, composter, et quelques bons réflexes lors des courses.

Récit de l’intérieur.

Dans la famille Poirier, il y a la mère, le père, trois enfants, un chat et … très peu de déchets.

Installés à proximité de Nantes, Claire, Emmanuel, Matthias, Elsa et Jade génèrent chacun cinq kilos de déchets par an. Soit presque cinquante fois moins que ce que jettent en moyenne la plupart des Français dans leurs poubelles ! [1] Une belle performance. Mais quel est leur secret ?

 

Tout commence il y a six ans. « À cette période, nos revenus ont diminué, retrace Claire. Mon mari est licencié puis il retrouve une activité qui lui rapporte trois fois moins. De mon côté, je décide de me mettre en congé parental pour m’occuper de nos deux filles. » Habituée à consommer sans trop compter, la famille doit revoir son organisation. Les Poirier se tournent d’abord vers les premiers prix proposés en grande distribution et en discount, mais n’en sont pas satisfaits. « On trouvait que les conserves étaient de mauvaise qualité, que les produits étaient trop gras », se souvient Claire.

Mieux manger pour moins cher

« On a donc réfléchi et décidé de faire autrement. Nous avons la chance d’habiter à la campagne, dans un village où il y a une Amap [2] qui propose des légumes bio et pas trop chers. Cela nous plaisait de faire vivre un maraîcher du coin. » Claire retrouve alors le goût des légumes de son enfance, tirés du potager que son père cultivait. « Nous avons ensuite trouvé des plans pour acheter des colis de viande directement aux producteurs. Avec toujours ce souci de trouver des produits de bonne qualité à des prix pas trop élevés. Nous avons aussi réduit les quantités consommées. Nos portions de viande sont passées de 150 à 110 grammes, environ. Mais elle fond moins à la cuisson, donc on s’y retrouve. »

Alors que la famille Poirier se met aux légumes bio et locaux, leur commune met en place une taxe incitative pour les ordures ménagères. «  On paie en fonction du volume produit, explique Claire. Cela nous a poussés à réfléchir sur notre production de déchets. »

Pour ne pas dépasser les douze conteneurs de huit litres par an, le forfait le moins cher proposé par la commune, la famille réorganise un peu la maison. « Pour optimiser le tri, on a mis le sceau à compost sous l’évier, et changé les poubelles de place, de façon à ce qu’elles soient plus accessibles, pour que le tri se fasse vraiment à chaque fois que l’on jette quelque chose. »

Bocaux et sacs en tissu pour les courses

Claire et sa petite troupe descendent à 20 kilos de déchets par personne et par an, alors que la moyenne nationale s’élève à 230 kilos de déchets environ ! Mais la jeune femme est décidée à faire mieux. Elle fait des recherches et tombe sur le livre de Béa Johnson, Zéro déchet, comment j’ai réalisé 40 % d’économie en réduisant mes déchets à un litre par an ! Dans cet ouvrage témoignage, une française, installée aux États-Unis avec sa famille, raconte comment elle est parvenue à réduire considérablement ses déchets du quotidien. Aujourd’hui les déchets annuels des Johnson tiennent dans un bocal de… un litre !

 

En janvier 2014, Claire fait ses premiers pas de consommatrice zéro déchet. « Je suis assez timide et j’ai dû prendre sur moi pour oser demander aux commerçants de mettre leurs produits dans mes boîtes et bocaux plutôt que dans leurs papiers et plastiques. » Elle commence donc par la petite boutique bio de son village, en choisissant un moment où il n’y a pas trop de clients pour avoir le temps d’expliquer sa démarche. Puis elle enchaîne sur le marché. À chaque fois, l’accueil est chaleureux. Le marchand de poulets s’est vite habitué à sa grande boîte à gâteaux, et le crémier à ses bocaux. « Une fois, chez le poissonnier, j’ai eu affaire à un salarié qui ne me connaissait pas. Quand je lui ai tendu mon bocal pour qu’il y pose les filets, il m’a regardée avec un air très étonné : Ah bon ! Sans papier ? vous êtes sûre ? Il a eu un échange rapide avec son collègue sur le sujet. Ce sont des petits moments très intéressants. »

Expliquer encore et encore

Claire a aussi fait des essais en grande surface, en tendant des boîtes en plastique pour transporter jambon et fromage. « Mais la personne n’a pas du tout compris ce que je voulais. On a eu un véritable échange de sourdes, c’était très désagréable, pour elle comme pour moi. En plus, cela a aussi été compliqué en caisse. Mais je sais que dans certaines grandes surfaces, cela ne pose aucun problème. » Au marché, c’est plus facile. « Beaucoup de personnes âgées viennent avec des sacs qu’elles réutilisent. En grande surface, c’est très rare, voire inexistant. A-t-on déjà vu des gens ramener leurs sacs en plastique pour y remettre des fruits ou des légumes ? Ce sont des gestes que l’on a perdus. »

 

En plus de ses boîtes et bocaux, Claire s’est fabriqué des sacs en tissu de diverses tailles, qu’elle remplit une fois par mois à la « biocoop » de Nantes, avec des produits secs – pâtes, riz, légumineuses – proposés en vrac [3]. « Une fois tous les quinze jours, je vais aussi au drive de la grande surface qui est près de chez moi pour acheter ce que je ne trouve pas sans emballages : du lait, quelques conserves, des jus de fruits. Je ne rentre jamais dans le magasin, cela m’évite d’être tentée. » Elle se souvient de l’époque, pas si lointaine, où elle passait deux heures par semaine en grande surface, quand elle arpentait tous les rayons « pour être sûre de ne rien oublier ». « Je passais beaucoup de temps dans les rayons promos. Du coup, j’achetais des choses dont je n’avais pas vraiment besoin : vêtements, petits ustensiles de cuisine, déco, etc. En fait, on a amélioré notre consommation alimentaire et on a réduit nos autres achats. »

 

 

Article en intégralité sur Bastamag

 

Benji

10 Commentaires

  1. Belle prise de conscience et que de bonnes initiatives. Mais combien d’adeptes de “zéro déchets” ? trop peu j’imagine.

    Puisque cette Famille a un chat, parlons de la litière des matous qui pèse lorsqu’il faut la changer et la jeter dans nos poubelles. Cela fait six ans que j’utilise des journaux en guise de litière pour chats. Je fais de belles économies car ma propriétaire et mes voisins me gardenr tous leurs Sud-Ouest et autres quotidiens.
    Pour habituer nos petits compagnons à oublier leur ancienne litière, il suffit de mélanger au début, granules et journaux froissés et déchirés en petits carrés ou rectangles ou….Et petit à petit lui proposer uniquement des journaux en “miettes”. Javel dans le fond du bac après nettoyage et un journal entier disposé à plat dans ses toilettes recouverts de papier déchirés.

    Coût par semaine de la litière classique 8 E, aujourd’hui zéro euro ! Poids jeté ? 300 g environ au lieu de 3 kilos.

    Mes chats ne trimbalent plus des petites granules de litière entre leurs doigts de pieds et ne respirent plus de poussière en voulant recouvrir leur pipi et le reste. Seul petit inconvénient il faut changer leur bac plus souvent.

    • La sciure va bien aussi et notre chat ne promène pas tant de miettes que ça.
      L’article est intéressant et montre que quand on veut….Voilà 6 ans que nous avons changé notre consommation et vraiment aucun regret !

    • Les journaux contiennent du plomb, je crois. Pas vraiment génial lorsque les chats se lèchent les pattes. A moins que ça ait changé depuis ?
      Mais je reconnais que la litière est lourde, et c’est assez coûteux !
      La sciure ? Il faut trouver une scierie.
      Je reste à un sac de litière de 10kg par mois environ, soit un peu plus de 4 euros.
      J’utilise ensuite le sac précédent une fois vide, pour le remplir de litière sale. Sauf que je le laisse ensuite au pied des poubelles communales car elles sont très hautes et le sac est alors trop lourd.

  2. Tant qu’il y aura des poubelles à déchets plastique, cartons, papier etc…ainsi que des poubelles à ordures ménagères, mis à la disposition des Français, ces derniers préférant la facilité à des petites contraintes pourtant bien minimes, ils se “foutront” d’avoir les bons gestes en se creusant la cervelle, pour peu qu’ils en aient une…Y’a qu’à voir pour qui ils votent depuis perpette.

  3. Avec EasyJet, 33 centimes d’euros,il reste des déchets ?
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  4. Déchets ou pas, pour la ruraloise c’est 20 €/mois.

  5. Le danger des poubelles au poids, c’est de provoquer des décharges sauvages . Sinon on voit de bonnes initiatives comme la fourniture par la mairie de bacs à compost , l’élevage de quelques poules .

  6. On peut faire du compost dans son appart?https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_scratch.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yahoo.gif

  7. Sur le plan strictement financier, je vois que l’augmentation de la taxe des OM a commencé à partir du moment où on a commencé à trier, soit à prendre le boulot de ceux qui le faisaient. Boulot pas jouissif, certes, mais boulot quand même.
    La taxe selon le poids est bien plus juste et incitative. Mais je suis d’accord sur l’idée que cela encourage la décharge sauvage. Il y a des des gens sans scrupule !

    Sur le plan pratique, en cette saison, les emballages cartons vont au feu. S’ils sont plastifiés, c’est ennuyeux en revanche.

    J’ai vu qu’il y a des boites à compost pour terrasse. Mais encore faut-il en avoir une (de terrasse).

    Il y avait des décharges utiles, où l’on pouvait venir récupérer ce dont on avait besoin. Maintenant c’est terminé. Quand il ne faut pas, en plus, payer pour y accéder.

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