Le Monde Festival : les technocrates rêvent de moutons électroniques ….

Si on met bout à bout, toutes ces informations apparemment disparates, force est de constater que la science « mécanique », prend des proportions de plus en plus grande dans notre quotidien. Quant à l’avenir, il s’annonce pour l’humain désastreux. Mi-homme, mi-machine. Ils y pensent si furieusement, qu’ils nous le vendent comme incontournable. Qui seront les « augmentés » et qui leur seront soumis à votre avis ? Merci Christine G.

mardi 19 septembre 2017 par Pièces et main d’œuvre

Les Parisiens ont de la chance. Grâce à la quatrième édition du « festival » organisé par Le Monde du 22 au 25 septembre 2017 à l’opéra de Paris, ils verront disserter gratuitement moult célébrités : Juliette Binoche, Isabelle Autissier, Stéphane Guillon, Marjane Satrapi, Patrick Cohen, Philippe Torreton, Catherine Millet, David Pujadas, Kevin Mayer, Marc Dugain. En fait de gratin, ce sont des lasagnes que leur sert le journal : une couche de vedettes, une couche d’idéologie, une couche de pseudo-rêves (le thème de cette année), une couche de propagande.

L’idéologie dont Le Monde fait la propagande à longueur de numéro et dans son festival est celle de la classe dominante du techno-capitalisme : la technocratie. Ingénieurs, techniciens, cadres, décideurs formés aux exigences de la compétition économique et de l’emballement technologique. Entrepreneurs et créateurs de start up innovantes, salariés de la recherche disruptive, activistes de la révolution permanente des modes de vie et de consommation, traqueurs de déviances nostalgiques, électeurs d’Emmanuel Macron et lecteurs du Monde. Pour se faire une idée des bénéfices qu’ils tirent de leur position de techno-maîtres, voir les publicités conformes à leur standing (luxe, voyages, voitures, high tech) vendus par leur quotidien. Les riches détruisent la planète. Le Monde détruit le monde.

Animée par une volonté de puissance que la puissance de ses moyens technologiques enfle toujours plus, la technocratie affiche désormais son projet transhumaniste. Un projet de sécession de l’élite, « augmentée » par l’automachination et la manipulation génétique, d’avec l’humanité superflue, encombrante et inadaptée. C’est à ce projet que travaille Le Monde, en ouvrant notamment ses colonnes chaque mois à Laurent Alexandre. Cet ex-urologue devenu homme d’affaires du séquençage génétique prêche sans relâche l’augmentation de notre quotient intellectuel par tous les moyens pour rester compétitifs face à « l’intelligence artificielle », et presse nos élites de combler leur retard en matière technologique (vis-à-vis des Chinois, des Américains, des extraterrestres).

Naturellement, Laurent Alexandre participe à une table ronde du festival, sur le thème « L’homme a-t-il atteint ses limites ? » (23 septembre, 10 h, palais Garnier). Une nouvelle occasion pour ce VRP omniprésent du transhumanisme de beugler (il doit être sourd, où est son implant ?) : « Aux nouvelles générations il est préférable d’inculquer un goût du futur, sans cacher les difficultés qu’elles devront affronter. Il leur faudra apprendre à gérer le pouvoir démiurgique que les technologies NBIC vont nous donner : être des dieux technologiques, ce n’est pas rien ! »

Une couche de divertissement. Juliette Binoche – « Mon rêve, c’est de donner » – présente son dernier film en avant-première au Monde Festival.

Une couche de propagande : « Vive l’intelligence artificielle ! ». Telle est titrée la « conversation » avec l’ingénieur Yann LeCun, responsable de l’intelligence artificielle chez Facebook et spécialiste du deep learning (l’apprentissage profond) des machines. Pendant que certains réactionnaires s’échinent à développer l’intelligence humaine, LeCun, lui, se consacre à périmer nos cerveaux avec ses machines surpuissantes. C’est grâce à lui que vos smartphones et autres prothèses électroniques sont capables de reconnaître et de nommer des visages dans des images – c’est-à-dire de nous traquer partout. Les rêves des technocrates se réalisent pour notre cauchemar.

On ne voudrait pas t’étouffer, lecteur, mais note encore parmi ces trois jours de gavage : « Le futur du sexe » (devine), avec le bouffon transhumaniste autoproclamé artiste cyberpunk, Yann Minh ; « La voiture autonome, c’est déjà demain ! » avec les groupes Valeo, Peugeot et Transdev ; « Start up : miracle ou mirage ? » avec quatre créateurs de start up (le débat s’annonce vif) ou les ateliers « Vivre avec les algorithmes » (interagir avec l’intelligence artificielle et discuter avec des chatbots) et « Twittérature » (devenez écrivain en 140 signes).

S’il restait un doute sur cette opération, il suffit de consulter la liste de ses partenaires :
- La Poste, aspirateur et vendeur de données personnelles via sa filiale Mediaprism ;
- la MGEN, mutuelle de l’Éducation nationale qui invite les transhumanistes à débattre et qui, selon son vice-président Éric Chenut, veut « devenir un acteur incontournable du marché des nouvelles technologies en santé » ;
- Enedis, le distributeur d’électricité français qui impose ses compteurs communicants Linky pour piller nos données personnelles et devenir « un opérateur du big data » (« Nous gérons plus de 300 millions de données par jour et ce sera dix fois plus dans cinq ans », se vante son patron dans Le Monde ) ;
- Google, dont les patrons transhumanistes construisent l’homme-machine et le monde-machine.

Les prescripteurs d’opinion (médias, Medef, grandes écoles, forums et salons) répètent leurs invitations aux transhumanistes, afin de nous acculturer au monde-machine. Et nous ne pouvons que souligner à notre tour cette répétition, synonyme de propagande.

Glaciers et forêts disparaissent, mégapoles et smart cities prolifèrent, mais l’important est que vous continuiez à lire Le Monde, à fréquenter ses festivals et à consommer. Pendant trois jours, la bonne société s’imprègne d’idéologie anthropophobe entre deux bavardages avec artistes et sportifs. Vous ne voudriez tout-de-même pas rester hors de l’élite augmentée.

La bataille entre les humains d’origine animale et les inhumains d’avenir machinal est d’abord une bataille d’imaginaires.
Aux Chimpanzés du futur de saboter ces opérations. Sifflons les publicitaires et les ingénieurs du transhumanisme, dénonçons leur anthropophobie. Sus à la théologie de la toute-puissance !

Lisez et faites lire le Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme (Pièces et main d’œuvre, éditions Service Compris, 348 p., 20 €)

10 Commentaires

  1. c’est surtout que « Les prescripteurs d’opinion « ,liste non exaustive
    bien sur,se font équipés à l’œil moyennant quelques discours flatteurs

    sur le moment,c’est la voiture électrique,batterie aux métaux rares sur peu de terre,obsolescence programmée,service après vente hasardeux et couteux.

    sans parler de la production nucléaire qui va en découler..(photo voltaïque)?
    si ça venait à se développer..
    humm,là encore,le grand hasard,si le soleil est (in)volontairement masqué.

    pour le gars qui est en pavillon,brancher sa bagnole,bon ça va..
    par contre mettre en place,des bornes dans des cités avec X places,
    bah là, faut pas arriver trop tard le soir,sans parler du câblage (alu ou cuivre)qui sera dérobé,de temps à autre.
    bonne chance aux nouveaux acquéreurs.
    mais bon ça fait geek,sinon t’es hasbeen

  2. Bien vu Grand Marabout, il en était effectivement question, et dans le même sens, sur France Inter il y a quelques matins…

  3. Finalement, quand j’entrevois le monde de demain, je suis bien content de na pas avoir de progéniture. Ma lignée s’arrête après moi, et les enfants que je n’ai pas eu me seront éternellement reconnaissants de ne pas les avoir mis au monde …

    M.G.

    • https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gifmg
      je peux comprendre ton avis,il est juste ,dans le sens à ne plus offrir
      « d’esclaves » à ce monde
      mais, ne trouves tu pas dommage,de rien transmettre en terme de savoir
      ou de compréhension,tout ce que tu as pu acquérir en matière grise.
      le savoir ne doit pas se perdre,à mon sens

      • Les savoirs acquis, tout comme la sagesse et la compréhension de notre existence, ne sont jamais perdus, ils nous accompagneront au-delà de nos vies terrestres …

        https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gif M.G.

  4. L’intelligence artificielle n’est qu’un fantasme de l’occident décadent. Aucune intelligence artificielle aujourd’hui n’est capable de faire ce que fait un enfant de 3 ans, même si les robots sont capables de faire des choses impressionnantes par ailleurs. Mais ce n’est pas de l’intelligence, c’est du calcul. Et entre les deux ce n’est pas une question de degré, c’est une question de nature.
    La reconnaissance faciale est un échec cuisant, à moins d’être immobile, face caméra à 30cm de l’objectif. Tous les fantasmes de reconnaître les délinquants dans la rue grâce à des caméras sont juste de la science-fiction, pour faire vendre du papier et faire de la putaclic.
    Quant à la prétendue « augmentation » du cerveau, on l’attend toujours, et je pense qu’on l’attendra longtemps, jusqu’à ce que ça retombe dans la poubelle des fantasmes futuristes comme la voiture volante, la nourriture par pilules et les humains en vacances perpétuelles grâce au travail des robots. Quand bien même ce serait possible naîtrait simultanément et de façon indissociable avec l’existence d’une interface machine/cerveau la possibilité de se faire hacker le cerveau. Quel est l’idiot qui prendra ce risque ?

    Il y a une forme d’intelligence artificielle, c’est celle du « jeu de la vie » qui a été étudiée et développée par Stephen Wolfram, le créateur de Mathematica, qui pense qu’il s’agit d’une nouvelle science à part entière. Mais on ne peut commander cette vie, on ne peut qu’utiliser ce qu’elle produit, ce n’est pas du tout la même chose.

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