Un habitant menacé d’expulsion par la banque vient négocier ses dettes… accompagné d’une dizaine de personnes. C’est une des méthodes de la Plateforme des victimes des hypothèques. Ces groupes locaux ont essaimé partout en Espagne, résistant collectivement à la vague d’expulsions : un exemple… inspirant.
– Madrid, reportage
Peu à peu, les fauteuils se remplissent. Plus d’une vingtaine de personnes s’entassent dans le petit centre social autogéré « Nosaltres », au cœur de Madrid, dans le quartier populaire de Lavapies.
Il y a des jeunes militants à la barbe longue, des quarantenaires qui sortent du boulot, des retraités bien apprêtés. Tous les lundis soirs, ils se retrouvent pour « l’assemblée logement ». Ensemble, ils forment l’un des groupes locaux de la Plateforme des victimes des hypothèques. En espagnol, Plataforma de los afectados por las hypotecas, ou PAH.
« Alvaro ? Où en es tu ? » lance un participant. Avec sa femme, ils ont acheté leur appartement il y a dix ans, en pleine bulle immobilière. Puis la crise et le chômage sont venus. Les petits boulots ne suffisent plus à payer l’hypothèque. Ils tentent de renégocier leur dette auprès de leur banque, ou de transformer l’hypothèque en location à tarif social.
- Stop expulsion
A l’autre bout du cercle, le quarantenaire se lève. « La directrice d’agence me dit qu’elle ne peut rien faire. » La banquière à laquelle ils ont affaire a jusqu’ici été inflexible. Les réactions fusent. Tout le monde est d’avis qu’elle cherche à gagner du temps, pour obtenir l’expulsion d’Alvaro et sa femme. « Il faut agir vite. » « On maintient la pression. » « Quand est-ce qu’on y retourne ? »
« Elle m’a dit de ne pas passer le jeudi après-midi parce qu’il y a beaucoup de clients », avance Alvaro… « Parfait, donc rendez-vous jeudi 16 heures devant l’agence. Qui peut venir ? » Plusieurs mains se lèvent. L’une se désigne même pour faire des tracts résumant le cas d’Alvaro, à distribuer aux clients de la banque.
Il n’ira pas négocier seul, mais accompagné d’une dizaine de personnes vêtues des tee-shirts verts de la PAH. Le but est que la directrice d’agence contacte ses supérieurs, les seuls habilités à décider sur ce type de dossier. Pour y arriver, on tape la banque là où ça fait mal : à l’image.
« C’est d’une utilité énorme »
Autres cas, celui de ce retraité qui a cessé de payer son loyer il y a trois ans « à cause de problèmes familiaux ». Un jour, il reçoit l’avis d’expulsion : « J’étais désespéré, je croyais que j’allais rester à la rue. Quelqu’un m’a dit qu’il y avait cette assemblée, ils m’ont aidé. » Sa dette a été rééchelonnée, il a pu rester chez lui.
« C’est d’une utilité énorme. Il y a des gens, si on les met à la rue, c’est la mort. Ils me l’ont évitée, et si je peux aider à éviter cela à d’autres, chaque fois que je pourrai, je participerai aux assemblées et aux actions. » On n’aurait pas imaginé ce vieil homme digne dans son costard impeccable occuper une banque à force de chansons, sit-in et distribution de tracts.
Après deux heures de débat, l’assemblée est levée dans un joyeux brouhaha. On fume une clope en fermant le centre social, puis les discussions se poursuivent dans un bar voisin. « Le cas le plus extrême, c’est l’expulsion, raconte Carles, un jeune homme à la barbe blonde luxuriante. C’est l’un des plus anciens de l’assemblée. Dans ce cas, on convoque le maximum de personnes, on s’amasse devant la porte du logement, et on résiste pacifiquement. »
« Si je faisais une caricature, je dirais qu’il y a deux types de gens qui viennent à la PAH : les militants et les personnes affectées, poursuit-il. Mais en fait, on est tous touchés d’une façon ou d’une autre. On a tous des difficultés à se loger. »
Parmi ceux qui participent à l’assemblée, beaucoup n’avaient pas imaginé devenir un jour militants. Ils arrivent souvent là par le bouche à oreille. « Tu n’arrives plus à payer, ou tu sens que ce sera bientôt le cas ? Viens à l’assemblée de ton quartier », répètent les slogans. La PAH accepte tout le monde, mais chaque nouveau venu est aidé à deux conditions. D’abord, il doit venir aux assemblées chaque fois qu’il peut. Ensuite, il doit rester, même une fois son problème résolu, car il peut aider les autres grâce à son expérience.
Le pouvoir aux citoyens, plutôt que l’assistanat
La Plateforme a été lancée en février 2009 à Barcelone, par un petit groupe d’activistes du droit au logement. « Ces quarante dernières années, l’État espagnol a encouragé les gens à accéder au logement via le surendettement, explique Carlos Macias, porte-parole national de la PAH. En 2007, l’Espagne construisait plus que la France et l’Italie réunies. On a vu venir l’explosion de la bulle immobilière et la crise. On s’est dit que beaucoup de gens allaient perdre leur emploi, qu’ils ne pourraient plus payer les hypothèques et que des milliers de familles allaient être expulsées. Mais on ne pouvait pas apporter une solution à un problème aussi massif avec quatre experts dans un bureau qui gèrent les cas un par un. »
Alors ces militants se sont inspirés de la culture anarchiste et autogestionnaire des mouvement sociaux barcelonais. « Plutôt que de l’assistanat, on a donc instauré des assemblées où les gens partagent l’information et se forment entre eux », poursuit-il.
Le procédé « redonne du pouvoir aux gens. On les aide à surmonter la honte d’être dans cette situation, et on leur donne un savoir technique pour y faire face. Ils prennent conscience que seuls, ils ne peuvent pas y faire face, mais à travers l’action collective, on peut y arriver », détaille le porte-parole. Un discours repris par le slogan de la Plateforme : « Oui, c’est possible. » « On s’entraide avec les amis de la PAH et ça fait du bien », confirme Alvaro à Madrid.
Et ça fonctionne, la PAH a fait tache d’huile. Une fois formé au sein d’une assemblée, chaque citoyen peut en créer une nouvelle dans son quartier, et ainsi de suite. Depuis 2009, près de 220 groupes locaux ont essaimé dans tout le pays, ont stoppé 1663 expulsions et relogé 2500 personnes.
Une force de frappe due au fait que « la PAH a changé l’imaginaire collectif, estime Carles à Madrid. Quand on est face à la banque, on se sent inférieur. Mais aujourd’hui, les banques n’ont plus l’opinion publique pour eux. Elles doivent négocier. »
Inaction de l’État
La PAH apporte une réponse à une urgence sociale. Désormais, les statistiques des expulsions rythment l’actualité de la même façon que les chiffres du chômage. Plus de 100.000 en 2012, année record, 67.000 en 2013 puis 68.000 en 2014… La majorité de ces expulsions arrivent à des familles qui ne peuvent plus payer leur loyer ou leur hypothèque. Au plus fort de la crise, on comptait plus de 500 expulsions par jour.
La Constitution espagnole garantit le droit à « un logement digne et adapté ». Mais dans les faits, la politique espagnole du logement n’a pas su se renouveler face à la crise. « Nous faisons ce que devrait faire l’État », déplore Carlos.
La loi sur les hypothèques est l’une des moins protectrices de l’Union Européenne. D’habitude, la banque récupère la maison ce qui annule la dette. En Espagne, si la valeur du logement est devenue inférieure à celle de la dette, la personne expulsée doit continuer de rembourser.
Le porte-parole résume : « Si on regarde le paysage du logement en Espagne, c’est le pays qui expulse le plus, c’est le pays qui a le plus de logements vides – plus de 3,5 millions – et c’est le pays de l’Union Européenne avec le moins de logements sociaux – moins de 1 % face à une moyenne de 18 %… »
Source et article en intégralité sur Reporterre
Bonjour à Tous et n’oubliez pas de boire…(de l’eau…)
pour l’Espagne je me demande comment ils peuvent « faire plier »
j’ai lu hier qu’un loi INTERDIT chez eux les manifestations
ainsi que de manifester devant les institutions….
emprisonnement, amendes, blabla….
est-ce que chez nous « Macramé » , 1er Sinistre, et notre
Nain-locataire-en-mob font faire pareil ?
J’ai toujours entendu dire qu’on avait 20 ans de retard sur les US.
Aujourd’hui, ce « retard » n’est plus.
Il suffit de voir ce qu’il se passe aux US pour constater que cela arrive partout en Europe quasi en instantané ! Donc, oui, chez nous cela sera pareil bientôt.
La loi martiale est en cours !
Costauds ces Espagnols ! Chapeau pour la solidarité ! Un bel exemple à suivre…
Les Banques Privées ne sont PAS NÉCESSAIRES,c’est nos politiques qui imposent ces Maffieux.
La circulation de l’argent n’a pas besoin de ces prévaricateurs ,payons entre nous avec une VRAIS BANQUE CITOYENNE contrôlée par le PEUPLE.
Bravo aux Grecs aussi
Mais nous les laissons nous les imposer, ils ne feraient rien sans notre accord silencieux ! on accuse Pierre, Paul ou Philippe, on râle constamment, mais on ne bouge pas le petit doigt pour que ça change, comptant toujours sur les autres pour commencer et montrer le chemin… et encore je doute que, s’il y avait un vrai leader, la majorité de nos concitoyens sortirait de leurs fauteuils confortables pour se remuer le popotin !
GDP si + de gens se réveillent ,mais bon,les couches de chemtrails et autres vaccins,aller chez un DOCTEUR,pourquoi qualifier ces gens de DOCTEURS ,ca tourne pas rond ??
A Part quelques centenaires comme DURAS qui fait de sa mort une découverte d’impostures,comme si un pourris qui crève pue moins qu’il se vidange..
Évidement MERDE à ceux qui savent pas que rigoler en se foutant de DURAS est une idiotie totale.Bof,je ne m’embête pas trop .
Là il y a du monde…..
http://www.20minutes.fr/france/1680902-20150627-dizaines-milliers-personnes-a-paris-gay-pride-festive
OUEP
PIGE
Bof
Ca me chaud
Je reste dans la cour des miracles,juste un peut.
La FRANCE fait l’apologie de l’enculage UN DROIT,UNE LOI.
A ce niveau de sacrilège il reste VIS TA VIE ,chacun de nous cherche pas ce bout de cul qu’on expose,bof,sans match des X je cherche la controverse.
bonne soirée