ITER : une machine dangereusement instable

La saga nucléaire encore de beaux jours devant elle, d’un côté un gouvernement rassurant mais qui a des parts importantes chez Areva, donc qui ne jour pas franc_jeu pour des raisons évidement financières, de l’autre des scientifiques qui tentent d’alerter l’opinion publique, et bien sur un combat inégal puisque rares sont les médias qui vont ouvertement aborder le sujet, le lobbyisme restant très puissant….

Certains experts doutent de la faisabilité technique, à coût raisonnable, du projet ITER. Michèle Rivasi, député européenne, veut lancer un débat à l’Assemblée nationale et dans les médias. Elle a commandé un rapport à Jean-Pierre Petit, ancien directeur de recherche au CNRS.

Le projet ITER, mené par un conglomérat international rassemblant les pays développés (Europe, Russie, Etats-Unis, Japon, Corée) et les grands pays émergents (Chine et Inde), vise à démontrer la faisabilité d’une fusion thermonucléaire maîtrisée. Les tests sont menés au centre de Cadarache, près de Marseille.

Le principe d’ITER est de générer de l’énergie issue de fusion thermonucléaire en maintenant à très haute température un plasma de basse densité, confiné dans un vaste chaudron, appelé « tokamak ».
Voir deux articles de la chaine Energie :

Iter en panne, faute de combustible financier
Qu’est-ce qu’Iter?

J’ai travaillé huit mois sur le dossier d’ITER et des « tokamaks » , à la demande de Michèle Rivasi, députée européenne. Conseillé par des spécialistes, bâillonnées, car encore en activité, j’ai découvert, ce que ces gens savent de longue date : que ces tokamaks sont des machines terriblement instables.

Peu de gens, sauf des spécialistes des plasmas confinés savent comment fonctionnent ces chaudières toriques que sont les tokamaks, ITER n’étant que la version géante de ces machines où on projette d’exploiter l’énergie dégagée par la fusion de deux isotopes de l’hydrogène, le deutérium et le tritium, mélange porté à cent millions de degrés. Une fusion qui a déjà été réalisée sur la machine anglaise JET en 1997, pendant … une seconde.

L’immense majorité des gens, y compris les politiques et les décideurs, n’en savent pas plus que ce qu’on leur sert à longueur d’année, dans des documents de propagande installés sur le net. ITER, deux fois plus grand que le JET, sera « le Soleil dans une éprouvette », « l’énergie illimitée ». Une « machine du futur »  qui ne devrait produire ses fruits, c’est à dire de l’énergie électrique, qu’à la fin du siècle, à travers ses successeurs, DEMO, puis PROTO, avec à chaque fois un gain en taille d’un facteur 2.

Ceux-ci sont parcourus par un fort courant électrique, qui se boucle dans leur chambre torique. Dans le JET anglais : 4 millions d’ampères. Dans ITER : 15 millions. Une fuite, un dysfonctionnement dans le système qui crée le champ magnétique de confinement, ou simplement des poussières détachées de la paroi peuvent en un millième de seconde provoquer un décrochage complet. La température du plasma s’effondre alors d’un facteur 10.000, le champ magnétique devient chaotique.

Il se produit alors ce qu’on appelle une disruption. Cessant de se boucler sur lui-même, l’énorme courant électrique se projette sur la paroi selon un arc électrique dont l’intensité égale celle du courant de fonctionnement, évoqué plus haut Imaginez un dragon qui se mordrait la queue et, lâchant soudain celle-ci, il s’en irait aussitôt mordre la paroi de sa prison, avec fureur. Dans les machines actuelles, ceci engendre des dégâts spectaculaires, mais superficiels.

Les colères d’ITER qui, prédisent les spécialistes, atteindront les 15 millions d’ampères, perforeront une paroi d’un centimètre d’épaisseur, composée à 80 % d’un métal toxique et cancérigène, le béryllium, dont la température de fusion n’est que de 1280°C. Ce sursaut paroxystique s’accompagnera de forces gigantesques (de 5000 à 15.000 tonnes pour ITER) susceptibles d’endommager gravement la machine. Dans une thèse récente, l’anglais Andrew Thurston dit que si une disruption se produisait sur une machine comme DEMO, cela serait simplement catastrophique.

Ces disruptions, peut-on les éviter ? Difficilement, les causes étant très variées. Une simple fuite, l’abrasion de la paroi, peuplant le plasma de fines particules, la moindre erreur technique peuvent déclencher l’instabilité, qui se développera alors si rapidement, en un millième de seconde, qu’il ne sera pratiquement pas possible de la contrer.

J’ai rédigé un rapport que Michèle Rivasi a diffusé au sein de la commission Information Recherche Energie. Traduit en anglais, ce document touchera bientôt les 124 membres de cette commission. Elle l’a également transmis à la commission du budget.

Ceci a déclenché la fureur de Bernard Bigot, Administrateur Général du CEA, qui a cherché à provoquer une rencontre entre cette parlementaire et des spécialistes d’ITER. Michèle Rivasi a donc invité ceux-ci « en terrain neutre », dans un local de l’Assemblée Nationale, le 16 novembre dernier, en exigeant que je sois présent et que cette rencontre soit filmée par un journaliste. Les experts ont déclaré forfait. Voir la vidéo. Michèle Rivasi ne compte pas en rester là, et recherchera un débat public à l’Assemblée Nationale ainsi que dans les médias. On trouvera le fameux rapport en cliquant ici, et un document plus étoffé à cette adresse. Comme elle le souligne, alors que les spécialistes étaient parfaitement au courant, on a caché cette dangerosité au public et aux décideurs. Au cours d’une visite à Cadarache, en questionnant les responsables, elle a même découvert avec stupeur qu’il n’avait pas été prévu d’assurer ITER !

En savoir plus :

http://www.enquete-debat.fr/archives/michele-rivasi-et-jean-pierre-petit-a-propos-diter

http://www.jp- petit.org/NUCLEAIRE/ITER/ITER_fusion_non_controlee/chronique_faillite_annoncee.pdf

http://www.jp-petit.org/chronique.pdf

Thèse de Cédric Reux (novembre 2010) :

http://www-fusion-magnetique.cea.fr/en_savoir_plus/articles/disruptions/these_c_reux.pdf

Thèse d’Andrew Thornton (janvier 2011)

http://etheses.whiterose.ac.uk/1509/1/AT_thesis_FINAL.pdf

 

Source:  energie.lexpansion.com

Benji

4 Commentaires

  1. RAPPELER VOUS L’EXPLOSION DU REACTEUR RUSSE ET DU A UN TEST DE PUISSANCE PORTE A 1300 MGWTTS,ON CONNAIT LE RESULTAT

  2. ca qui me desol c’est marine qui pense que c’est l’avenir face au nucleair . elle doit etre bien mal informée .

  3. “Un réacteur de fusion, c’est à la fois Superphénix et La Hague au même endroit” Pierre-Gilles de Gennes

    Le site de Cadarache est un des plus grand site militaro-nucléaire de France et est situé sur une faille sismique…!

  4. Qui peut prétendre
    dans l’état actuel de nos compétences technologiques
    que nous contrôlons TOTALEMENT la fiabilité de la filière nucléaire?????
     
     

Les commentaires sont clos.