S&P songe à abaisser la note des USA

Ce n’est pas vraiment une nouvelle, elle était attendue depuis de longs mois déjà puisqu’un abaissement de la note américaine était inéluctable mais la baisser aurait signifié que la situation américaine est réellement catastrophique, inimaginable quand on voit la fragilité actuelle de leur économie, il faut avant tout camoufler et jouer sur les apparences… Pourtant rien n’est encore fait, il s’agit pour le jour d’un avertissement, une simple menace qui n’a pas encore été mise à exécution, si elle l’est un jour…

C’est un avertissement sévère que les Etats-Unis ont reçu ce lundi 18 avril. L’agence de notation Standard & Poor’s a assigné une perspective négative à la note souveraine « AAA » du pays. S&P pourrait dégrader la note d’ici à deux ans s’ils ne mettent pas en place un plan d’austérité avant 2013.

Standard & Poor’s a envoyé un grand coup de semonce lundi 18 avril, en abaissant à « négative » la perspective attachée à la dette des Etats-Unis, tout en maintenant sa notation « AAA ». « Nous pensons qu’il y a un risque significatif à ce que les législateurs américains ne parviennent pas à trouver avant 2013 un accord sur la façon de gérer les déficits budgétaires à moyen et long termes », affirme l’agence.

Sur la base d’un scénario où la croissance annuelle du PIB atteindrait 3% au cours des trois prochaines années, S&P estime que le déficit budgétaire atteindra 6% du PIB en 2013 tandis que le ratio de la dette sur PIB s’établirait à 84%. « Les Etats-Unis n’ont pas un problème a court terme », insiste John Chambers, en charge de la dette souveraine chez S& P, « mais certainement à moyen et long terme ». Concrètement cela veut dire que d’ici un à deux ans, il existe une chance sur trois que la note puisse être dégradée.

Standard & Poor’s explique également sa décision au regard des efforts -plus décisifs -pris par d’autres pays. Le Royaume-Uni, par exemple, dont la perspective a été abaissée en mai 2009, a retrouvé une perspective stable quatre mois après qu’un nouveau gouvernement de coalition a instauré un budget d’austérité en juin 2010. « La Grande-Bretagne et la France notamment ont déjà pris des actions correctrices pour réduire les dégâts de la crise financière, les Etats-Unis ne l’ont pas encore fait », a indiqué Nikola Swann, de S& P.

Pour Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez et Président de Paris Europlace, qui était ce lundi à New York, « cela montre que les Etats Unis ne peuvent pas forcément conserver le rating dont ils jouissaient naturellement tant que le dollar était la monnaie de réserve mondiale incontestable. Avec un déficit double de celui de la zone euro, les Américains vont devoir s’attaquer sérieusement au problème de leur dette publique, car c’est le reste du monde qui finance aujourd’hui le déficit américain. »

Premier coup de semonce

Les analystes d’ING constatent que, depuis 1989, S&P a abaissé à négative la perspective sur la dette pour 101 pays sur 174. En général, la dégradation de la notation intervenait six mois plus tard. « Clairement, S&P a tiré un premier coup de semonce au regard de la trajectoire de la dette américaine et attend des améliorations dans les six prochains mois », observe Chris Turner, chez ING.

Le déficit budgétaire américain pourrait osciller entre 1.500 et 1.650 milliards de dollars cette année, tandis que la dette fédérale va dépasser le plafond de 14.300 milliards de dollars fixé par le Congrès, un seuil que les parlementaires vont devoir rapidement réviser à la hausse s’ils veulent éviter que les Etats-Unis soient en défaut de paiement. Avec plusieurs mois de retard, le Congrès vient tout juste de voter le budget pour l’exercice fiscal en cours (2011), le réduisant de quelques 38 milliards de dollars.

Les législateurs doivent à présent commencer les négociations sur le prochain budget 2012. La dernière fois que la notation de la dette souveraine américaine a été sous pression remonte aux années 1995-1996 quand Moody’s avait placé une partie de la dette fédérale sous surveillance négative. A l’époque, l’impasse autour du plafond de la dette était en cause. Cette fois, il n’est pas mentionné, ce qui veut dire, estiment les analystes de Barclays Capital, « que même si cette question est rapidement résolue cela ne sera pas suffisant pour rétablir la perspective à stable. »

Le plan d’Obama ne semble pas convaincre

Ni le récent bras de fer des parlementaires sur les réductions budgétaires pour l’exercice 2011, ni le plan présenté par Barack Obama la semaine dernière pour réduire le déficit budgétaire de 4.000 milliards de dollars sur douze ans ne semblent donc vraiment convaincre. Une représentante du Trésor, Mary Miller, a répliqué que son ministère estimait que « la perspective négative de S&P sous-estimait la capacité des leaders américains à travailler ensemble pour régler les difficiles questions fiscales auxquelles la nation doit faire face ». Les analystes de chez Barclays Capital relevaient toutefois que le calendrier était très serré : « cela veut dire qu’ils doivent se mettre d’accord avant les présidentielles de 2012, ce qui paraît difficile vu le paysage politique et la nature structurelle des problèmes budgétaires.»

Deux plans concurrents s’opposent aujourd’hui. Celui du républicain Paul Ryan qui implique une révision de fond en comble de l’assurance santé (Medicare et Medicaid ) et prévoit 6.000 milliards de dollars de réductions des déficit, et celui de Barack Obama qui prévoit des coupes dans les dépenses comme des hausses d’impôts (« Les Echos » du 14 avril 2010) pour réduire les déficits. Certains analystes estiment que le discours du président a pratiquement forcé la main de l’agence de notation tant il a souligné les divergences de vues entre les parties et, par conséquent, la difficulté à les résoudre.

Virginie Robert et Pierre de Gasquet
BUREAU DE NEW YORK

Source: lesechos.fr

4 Commentaires

  1. En définitve c’est toujours le peuple qui doit payer les dettes et l’énorme effort de guerre du lobby militaire américain. Si les bons citoyens américains n’arrivent plus à payer et bien, ce sera la guerre civile et/ou la guerre mondiale…

  2. Benji, les dettes souveraines ne sont que l’arbre qui cache la foret, la faillite des états Grec, Irlandais etc et causé par la faillite du systême bancaire.
    Or durant 2011/2012 ses mêmes banques doivent honorer plusieur milliards de dettes quels sont accumulés.
    Nos politicards vantent le systême allemand alors que leurs banques sont les plus exposés aprés les banques US, avec 650 milliards de Dollars de dette. Les banques française ne sont exposés qu’à hauteur de 135 milliards de dettes.
    La croissance allemande est comparable à celle de l’Irlande dans les années 2000-2005.
    Ont connait la suite!

  3. Voici une info issue de la dernière revue de presse de Pierre Jovanovic:
    Cette semaine a été la confirmation de ce que vous avez vu dans cette revue de presse lundi en 8, à savoir la soudaine déliquescence du système financier. Hier, l’agence Standard and Poors a abaissé la note du gouvernement US, chose qu’elle aurait dû faire il y a déjà 3 ans. Mais bon, il n’est jamais trop tard, sauf justement hier!!! C’est trop tard, trop tard comme dirait Le Maître. Mr Aubin me dit “Comme mentionné dans votre émission avec James Turk voila le lien (Les Echos) tant attendu!”. La décision prise par SP est révolutionnaire, mais pour elle c’est une simple question de vie ou de mort, sachant que les agences n’ont cessé de se ridiculiser depuis 10 ans… (voir le livre B Masters sur l’histoire du syndrome du coeur brisé pour comprendre encore mieux). Bref, aussitôt Moodys a répliqué à SP en disant que la note des USA était ok…”Moody’s maintain top US rating; outlook positive”. Que va dire Mr Fitch? Les paris (CDS) sont ouverts 🙂 Revue de Presse par Pierre Jovanovic © http://www.jovanovic.com 2008-2011

  4. nous avons les moyens technologique de mettre en place une EBR(économie basé sur les ressource)le fonctionnement du monde ai a revoir sérieusement.afin d’i voir plus clair,renseignez vous sur “zietgeist”,”projet venus”,4 film documentaire en téléchargement gratuit.

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