La notion même de catastrophe naturelle implique que l’humain n’est en rien responsable, et que donc, il est victime d’événements incontrôlés. Dans la réalité, nous sommes de toute manière impliqués dans cette catastrophe, dans notre manière d’agir, de construire, de nous situer géographiquement. Au nom de l’argent principalement, l’humain a fini par s’installer dans des zones qui auraient dû être évitées. Maintenant, on nous parle des conséquences financières, humaines, mais quand ferons-nous un bilan réel des causes et des erreurs commises?
Les inondations dans le Var s’expliquent par la bétonisation incontrôlée des terres. Si l’on ne veut plus d’inondations catastrophiques, il faut arrêter le gaspillage des terres et l’étalement urbain.
Inondations dans le Var, alerte rouge, des disparus, des morts… et le Premier ministre qui se précipite avec le ministre de l’Intérieur et le ministre de l’Ecologie, ce lundi, dans la région sinistrée, et déclare l’état de « catastrophe naturelle ».
Sauf que ce n’est pas la pluie diluvienne qui crée tant de dommages, mais les conditions dans lesquelles l’eau s’écoule ou est absorbée par le sol. Et comme le Var est un département où l’artificialisation des sols se poursuit à une vitesse incontrôlée, les sols y sont de plus en plus imperméables : « L’imperméabilisation de la surface des sols a de nombreuses conséquences environnementales, écrit le Commissariat général au développement durable. Elle favorise le ruissellement de l’eau le long des pentes au détriment de son infiltration, l’érosion des sols, les coulées d’eau boueuse et le risque d’inondation. »
Le phénomène est très bien connu des instances régionales, et c’est sur le site internet du département que l’on apprend que « la forte pression foncière alliée à une forte attractivité touristique conduit à une augmentation régulière des surfaces artificialisées (14,7 % sur la seule période 1993-2002, enquête Teruti). Cette imperméabilisation croissante des bassins versants accentue le caractère torrentiel des écoulements. Ces effets sont aggravés par la constitution des sols, peu favorables à l’infiltration des eaux. Les cours d’eau, qui peuvent charrier nombre de matériaux solides, sont également fortement artificialisés ».
Certes, la population du département a beaucoup augmenté depuis trente ans : de 708 000 habitants en 1982 à 1 013 000 en 2011 (soit + 43 %), ce qui a entraîné une explosion de l’urbanisation. Mais cette urbanisation s’est réalisée sans souci d’économiser l’espace et, comme l’a relevé le sénateur Pierre-Yves Collombat dans un rapport publié en 2012, « sans aucune prise en compte du risque inondation : des terrains inondables sont lotis, de vastes surfaces sont imperméabilisées de manière artificielle, les cours d’eau traversant les villages sont couverts, parfois a minima« .
Le secret des inondations : la « soif de l’argent »
Le constat du sénateur est clair : « Les autorisations de construire ont été délivrées sans véritable prise en considération du risque inondation ou, plus exactement, avec une prise en compte à éclipse bien incapable de contenir ’la soif de construire’ locale, pour reprendre l’expression de la Cour des comptes. Le manque de moyens des services de l’État et des services municipaux, s’agissant des petites collectivités territoriales, face à la ténacité et à l’ingéniosité des promoteurs et à la pression des propriétaires fonciers est un élément d’explication. La mise en place, autrefois d’un plan d’occupation des sols (POS), aujourd’hui d’un PLU, est l’exercice de politique locale le plus à risque dans le Var, comme partout où la pression foncière est forte. »
Source et article complet sur Reporterre. via Actuwiki
Il n’y a pas que le bétonnage; autrefois, les gens ne construisaient pas n’importe comment et n’importe où (de préférence dans les zones d’écoulement de l’eau) …
Il y a le béton, le goudron et la semelle de labour.Ne l’oublions pas celle-là, on ne la voit pas mais elle empêche beaucoup d’eau de s’infiltrer.