Vers un totalitarisme rampant…

Cela a déjà été évoqué sur le blog, nous nous attendions à ce genre d’analyse et à la mise en place d’un tel régime, mais l’info devant passer coute que coute, il est toujours utile de relancer la réflexion ainsi que les avertissements.

La dernière péripétie grecque qui consiste à passer outre l’opinion du peuple en vue de la détermination d’une politique qui le concerne au premier chef, n’est ni une erreur, ni un faux pas dans la précipitation imposée par la crise financière.

L’épisode Irlandais pour imposer au peuple son entrée dans l’Europe et l’épisode du Traité Constitutionnel Européen imposé aux Français via le Parlement, alors qu’il l’avait refusé par référendum,… entrent dans une logique politique qui tend aujourd’hui à devenir une pratique courante.

LES NOUVELLES CONTRAINTES DU CAPITALISME

On savait depuis des décennies, et même pourrait-on dire depuis sa domination au 19e siècle, que l’impératif du capital était, et est, de prospérer en exploitant la force de travail et toutes les autres techniques – financières en particulier – qui pourraient servir son objectif principal,… faire de l’argent.

Tant que cette activité s’est déroulée au sein même des grands pays industriels – ceux là même où est né le capitalisme -, sous leur contrôle et avec la possibilité de piller consciencieusement, et sans opposition, les richesses de la planète, le capital a pu, et su, se montrer relativement généreux pour celles et ceux qu’il exploitait.

La lutte entre exploiteurs et exploités a été dure, mais ces derniers ont réussi à arracher des avantages économique et sociaux constituant ce que nous appelons aujourd’hui les « acquis sociaux ». Les premiers avaient d’ailleurs intérêts à céder ne serait ce que pour s’assurer une paix sociale propice aux affaires…

Les conditions d’après la 2e Guerre Mondiale, et surtout après la décolonisation ont « redistribué les cartes ». Les conditions de valorisation du Capital se sont internationalisées, débordant les frontières protectrices des « états-nation »… ouvrant la voie à une déréglementation financière et faisant basculer le capitalisme d’un « capitalisme industriel » à un « capitalisme financier », autrement dit vers des activités financières pourvoyeuses de profits jamais réalisés auparavant. C’est donc tout à fait logiquement que l’économie réelle, celle des entreprises, des ménages, est devenue, en quelque sorte, la variable d’ajustement de l’économie financière, celle des marchés financiers.

Les Etats, quelle que soit leur couleur politique, ont été complice de cette évolution, faisant le choix d’assurer cette libéralisation de l’économie. Pas seulement la finance, mais aussi les services publics, la santé, l’Ecole, les retraites,…

Le rôle d’arbitrage de l’Etat, traditionnel dans l’Etat-nation en période de capitalisme industriel, a quasiment disparu… Seul prime l’intérêt du Capital dés lors mondialisé.

Les salariés, marginalisés, atomisés et affaiblis, dans un rapport de force défavorable, sont désormais à la merci des exigences des acteurs financiers de l’économie. Leurs acquis sociaux sont peu à peu rognés.

L’Etat reprend son rôle traditionnel de garant du système et impose, sans discussion, l’ordre au service des intérêts du capital.

POURQUOI UNE TENDANCE TOTALITAIRE ?

Cette nouvelle situation a des conséquences considérables dans la sphère du politique.

Ce que nous appelons la démocratie, était fondée sur une situation dans laquelle la société offrait des conditions d’existence plus ou moins acceptables aux salariés,… mais encore avaient-ils un emploi, un revenu et pouvaient-ils revendiquer, lutter pour améliorer leurs conditions de vie. C’est cette situation qui explique probablement que dans aucun pays capitaliste développé, la classe ouvrière n’a jamais renversé le système qui l’opprimait… la situation était supportable et offrait des perspectives d’amélioration.

Aujourd’hui, les conditions de développement du capitalisme peut largement, en particulier dans les vieux pays industrialisés, se passer de la force de travail disponible dans la société… Ceci explique l’extension de l’exclusion, qui a pris le pas sur ce qu’était l’exploitation. Autrefois on luttait contre l’exploitation capitaliste, aujourd’hui on craint l’exclusion.

Les salariés n’ont plus face à eux des patrons, en chair et en os, mais des entités évanescentes et insaisissables : les marchés.

Or, un système qui est incapable de produire du lien social, de la cohésion sociale – ici le salariat – est forcément fragilisé quant à l’ordre qu’il doit faire régner. Le Capital ne payant plus, les conquêtes sociales étant inexistantes, la régression sociale généralisée, l’exclusion s’étendant à toutes les couches de la société,…seule la force, la contrainte, la répression deviennent les moyens de la stabilité.

Tant que l’illusion de la « démocratie politique », maintenue par une classe politique parasite et complice, à grand renfort de médias, fera illusion, un semblant d’ordre existera, ce qui n’empêche pas la déliquescence sociale : communautarisme, délinquance, contestation,…. Mais cette situation ne peut durer qu’un temps.

Le pouvoir politique prend de plus en plus ses aises, avec les principes dont il se réclame : lorsque le peuple ne vote pas comme il faut,… il contourne la décision avec l’aide des politiciens : exemple du Traité Constitutionnel Européen en France, exemple de la pression des dirigeants européens pour éviter une consultation populaire en Grèce à propos du programme européen qui lui est imposé.

Certes, on peut considérer ces évènements de manière isolée, mais à y regarder de près, c’est en fait une tendance qui s’instaure. On assiste en fait à un véritable détournement de légitimité.

Détournement d’autant plus simple à justifier que l’on peut toujours expliquer que « les représentants du peuple expriment la pensée de celui-ci qui finalement n’a pas besoin d’être consulté » (CQFD). Détournement d’autant plus facile à opérer que les dirigeants savent que le peuple n’a aucun moyen de pression, aucune auto organisation, aucune perspective en dehors des institutions… et qu’il participe, faute de mieux, et par peur de l’inconnu, passivement à la mascarade électorale qui verrouille tout.

La révolte que celui-ci peut exprimer est facilement contrôlable grâce aux mercenaires (armée, police) du pouvoir qui explique que cette force est « démocratique » puisque dirigée par des représentants élus. (CQFD).

L’arrivée en Grèce, au gouvernement de membres d’un parti d’extrême droite (trois secrétaires d’Etat),… ça ne vous rappelle rien ? Sans faire une similitude qui pourrait être abusive, un tel évènement a tout de même une signification politique évidente, dans un pays en quasi faillite et pour sauver le système.

Ainsi, « de fil en aiguille » au nom d’impératifs économiques et financiers qualifiés d’incontournables et « naturels »,… et avec la meilleure volonté « démocratique » du monde on fini par instaurer et à accepter un système politique totalitaire.

Le système politique se met alors à nu, dévoile ce qu’il est réellement : un instrument de domination sociale.

Dans les têtes et dans la rue il est alors trop tard pour faire marche arrière. La sortie de ce cauchemar coûte généralement très cher.

Le fascisme a été dans l’Histoire du 20e siècle un des moyens qu’a trouvé le capitalisme pour dépasser une situation bloquée et éviter sa remise en question. Le fascisme n’est pas exogène au capitalisme, mais une de ses productions, à un moment donné pour dépasser ses contradictions. Ceci montre le caractère éphémère, fragile de ce que nous appelons la démocratie. Celle-ci n’existe que lorsque le Capital la trouve conforme à ses intérêts… mais il peut parfaitement s’en passer… la Chine, la Russie en sont de parfaits exemples… et l’Histoire du 20e nous en donne de multiples exemples.

On ne pourra pas dire que l’on n’a pas été prévenu.

Patrick MIGNARD

Source: Le grand soir

http://www.legrandsoir.info/vers-un-totalitarisme-rampant.html

13 Commentaires

  1. Comment ça le peuple n’a aucun moyens de pression?????
    C’est justement le peuple qui a tous les pouvoirs puisque c’est lui le consommateur des biens, c’est lui qui paie et fait vivre les marchés!
    Si le peuple n’achète pas, les marchés sont morts!
     
    Dans le même ordre d’idées, nous pouvons très bien contrôler ce qui se fabrique… si pour des questions d’éthique ou de santé, nous  ne sommes pas d’accord avec la fabrication d’un produit, il suffit de ne pas l’acheter…ON NE FABRIQUE PAS CE QUI NE  SE VEND PAS!!!
     
     

    • Mais regarde-les tous ces veaux!!! Ils refusent de savoir pour ne pas déprimer, et à l’heure actuelle ils achètent des écrans plasma pour mieux regarder des merdes télévisuelles, ils se gavent devant le foot pleurant quand leur équipe perd, ils se pavanent avec une voiture toute électronique tout juste achetée avec un crédit sur plusieurs années, alors va leur faire comprendre tout cela, il n’y a aucune chance!!! Et pour le peu d’éveiller qu’il y a, pour l’instant, nous ne sommes pas assez nombreux pour qu’il y ait effectivement des moyens de pression crédibles. Tant que cela ne pète pas un bon coup, bien douloureux, les fauteuils resteront confortables, suffisamment pour ne pas qu’il descendent dans la rue!

      • C’est peut-être là justement que se trouve la limite… Lorsque les gens n’auront plus de boulot, ne pourrons plus assumer toutes les chaines qu’ils ont acceptées (cartes Boumboum, Auchan, crédit revolving usuriers) ils vont prendre conscience du fait que ce n’est pas dans un canapé Conforama qu’ils sont installés mais dans un siège éjectable d’une société qui les pille… Là, lorsqu’ils auront l’impression qu’ils n’ont plus rien à perdre, ils bougeront.
        Ce qui m’obsède, c’est le facteur temps… Je sens intimement que c’est très important.
        Tout se fissure et l’écroulement est parfaitement prévisible.. Les réactions que cela peut provoquer aussi, ce qui laisse le temps aux ennemis du peuple de « s’organiser » en prévision d’un soulèvement.. (ouawou ! vla que je cause comme une syndicaliste !)
        Ce qu’il faudrait c’est une réaction massive, immédiate, les prendre de court… Et c’est là qu’on en revient à la remarque de Benji. on tourne en rond !
        Ah les moutons, si j’avais ne serait-ce que 10 ans de moins !
        Je suis encore immobilisée en ce moment, mais j’ai décidé d’organiser des journées philo chez moi par le biais de site comme On va sortir ou Amiez…
        Petite rando à pied le matin, suivi par un repas/débat où chacun amène sa contribution. Ca ne coute rien que quelques assiettes en carton et un cubi de Corbières (ou autre) pour celui qui reçoit.
        L’idée fonctionne, je l’ai essayée. La seule chose, c’est qu’il faut présenter un thème très généraliste, qui permette d’aborder ce dont on veut parler mais sans le dire.. Ces organisations sont très pointilleuses sur tout ce qui touche à la politique et à la religion.
        Je compte bien en profiter pour débattre de la situation actuelle et je l’espère ouvrir quelques yeux… Ce sera un petit ruisseau, mais si chacun de nous se lançait dans des initiatives de ce genre, ça pourrait peut-être finir par faire de grandes rivières ?
         

      • BENJI nos partenaires sur la terre sont tous capables d’être Tyran ou sœur Emmanuelle (sic)
        Toute perception est résultat d’une configuration adéquate.
        De la à penser que c’est nous,(la perception) qui crée la demande ?
        Bref
        Cela vaut le coup de s’investir en sachant que ce qui nous entoure est le reflet de notre création.
        Un mortel ennui nous permet dans plusieurs vies d’en apprécier la saveur..

  2. …. aucun moyen…

    • la force du peuple c’est l’union et comme chacun est trop occupée à discuter (du latin disculper) de la bonne manière de gérée les choses, alors il ne se passe rien. Car en philosophie comme en religion la dualité s’annule dans la neutralité. Seul la sagesse conduit au travail et à la recherche des priorités.

  3. Ben voyons! Il ne nous manquerait plus que ça pour nous aliéner totalement.
    Nous avons déjà notre petit roi : Sarko le magnifique, nous n’avons nullement besoin d’un autre qui va nous la jouer aristo! On en bave suffisamment comme ça, alors de grâce damoiselles et damoiseaux, point de roi de France!
     
     

  4. suis d’accord  avec vos commentaires

    Antoine de Rivarol durant la révolution Française avait eu cette réflexion qu’il a couché sur papier :

    Ceux qui tiennent la rue tiennent le pouvoir, bien qu’ils soit minoritaire, la plupart des gens préfèrent subir en restant chez eux plutôt que d’affronter la rue….

    SVP ne recommencont pas, agissons, en convainquant des gens

    Pour la Royauté, ils faut bannir l’absolutisme, et faire un régime de parlement régionaux  : chaque corporation y a son élu par exemple : les Routiers, taxi, VRP, ambulanciers…… on leur élus  » professionnel de la route » ayant son mot a dire sur les travaux routiers…. 

    l’époque la plus Démocratique était le Moyen Age, vous rigolez, normal ou vous en bourre le mou depuis temps d’années… le clergé s’en ai occupé en inventant le faux droit du cuissage…. l’ Absolutisme royale en dénigrant la féodalités et la république avec ses contres vérités sur le servage, les corvées….

    Vous donnerez des livres d’historiens et même ,pour une fois un BomB-Ricains ayant étudiés la féodalité en Europe vous allez êtes surpris

    Il y avait les assemblés Villageoises rendant la basse justice, pour faire la guerre le Seigneur devait avoir l’approbation des villageois, si le  Seigneur Taxait trop…. était trop fou etc… les gens partaient dans le village d’un autre plus gentil…..

    • Viking tu ne voudrais pas apprendre la VRAIE histoire quand même!! avec tout le travail
      qu’ils se sont donné pour occulter les faits et distiller leurs mensonges à leur gloire…. 😉

      • Au final, Louis XVI a été guillotiné pour haute trahison, pour avoir vendu la France, c´est historique et la seule vérité.
        Il aurait mieux fait d´avaler son torchon au lieu de le signer ce jour là. Il aurait au moins pû sauver sa tête.
        Et certains feraient mieux de se faire oublier actuellement…

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