Article de Peiman Salehi paru initialement le 16 mai 2025.

Introduction : La promesse et la trahison du libéralisme
Le libéralisme, autrefois présenté comme l’aboutissement final de l’organisation politique humaine, promettait la liberté, la dignité et la prospérité pour tous. Issu des Lumières et défendant des valeurs telles que les droits individuels, la démocratie et le libre marché, il revendiquait une supériorité morale sur toutes les autres idéologies. Pourtant, aujourd’hui, nous assistons à l’effondrement de ces promesses. L’ordre libéral a dégénéré en un appareil de domination, menant des guerres au nom de la paix, imposant des sanctions qui étouffent les nations et exportant un nihilisme culturel déguisé en « valeurs universelles ».
La trahison est profonde : la civilisation même qui se proclamait la défenderesse de la dignité humaine la piétine désormais pour maintenir son hégémonie mondiale.
Section 1 : La faillite éthique du libéralisme
Partout dans le monde, les contradictions morales du libéralisme sont exposées. Sous les bannières des « droits de l’homme » et de la « liberté », les puissances libérales ont lancé des guerres dévastatrices : Irak, Afghanistan, Libye. Les régimes de sanctions contre l’Iran, le Venezuela et la Syrie ont entraîné des souffrances indicibles parmi les civils. Plutôt que de favoriser la paix, le libéralisme a institutionnalisé la coercition.
En interne, l’Occident libéral fait face à sa propre décadence. Les inégalités atteignent des niveaux historiques ; la confiance dans les institutions démocratiques s’effondre. L’essor des États de surveillance, la censure sous couvert de « contrôle de la désinformation » et l’atomisation sociale croissante témoignent tous d’un système incapable de vivre à la hauteur de ses propres idéaux.
Philosophiquement, la prétention du libéralisme à l’universalisme s’est révélée être un masque pour le particularisme occidental. Ses institutions – l’ONU, le FMI et la Banque mondiale – ne servent pas l’humanité, mais les intérêts bien établis d’une oligarchie atlantiste. Grâce à des mécanismes tels que les conditions pour obtenir des prêts et l’imposition de politiques d’austérité, ces institutions ont souvent creusé les inégalités et la dépendance politique dans le Sud global plutôt que de favoriser un réel développement.
Section 2 : La montée de la résistance civilisationnelle
En réponse, une vague mondiale de résistance civilisationnelle s’est élevée. Il ne s’agit pas d’un simple nationalisme ; c’est une affirmation plus profonde de modes d’être différents, de façons alternatives de connaître et d’organiser les sociétés.
En Iran, la République islamique continue d’affirmer un modèle de gouvernance islamique enraciné dans la souveraineté spirituelle. La Russie, sous le dénominateur de l’eurasisme, revendique son identité orthodoxe et civilisationnelle. Le socialisme confucéen de la Chine offre une synthèse de tradition et de modernisation en dehors des paradigmes occidentaux. Pendant ce temps, l’Amérique latine assiste à une renaissance de la solidarité bolivarienne, et l’Afrique retrouve progressivement ses épistémologies indigènes.
La résistance civilisationnelle n’est pas un retour à l’isolationnisme ; c’est une insistance sur la multipolarité – sur le droit des différentes cultures à définir la modernité selon leurs propres termes.
Section 3 : Vers un monde multipolaire
Le moment unipolaire est terminé. L’ordre mondial émergent est intrinsèquement multipolaire, façonné par divers acteurs civilisationnels. Alors que le libéralisme cherchait à effacer la particularité culturelle au profit de l’homogénéisation, l’avenir appartient à la pluralité des civilisations.
Les partenariats stratégiques de l’Iran avec la Russie et la Chine, l’expansion des BRICS et la coopération Sud-Sud croissante illustrent que la résistance n’est pas simplement défensive. Elle est constructive – une entreprise créatrice pour construire un système international alternatif basé sur le respect, non sur la domination.
Ces civilisations, enracinées dans des traditions spirituelles et culturelles durables, possèdent une résilience que la modernité libérale, avec son ethos consumériste éphémère, manque de plus en plus.
Le libéralisme occidental, confronté au déclin démographique, à l’épuisement moral et à une extension stratégique excessive, est mal équipé pour inverser cette tendance. Le centre ne peut plus tenir.
Conclusion : La fin d’un impérialisme, la naissance des civilisations
L’effondrement moral du libéralisme marque non seulement un changement politique mais un tournant civilisationnel. Alors que l’hégémonie occidentale vacille, l’opportunité se présente de forger un monde plus juste, diversifié et spirituel.
La résistance civilisationnelle n’est pas née de la haine mais de l’amour – l’amour de la tradition, de l’identité, d’un avenir où l’humanité n’est pas réduite à des unités économiques mais honorée en tant que porteuse de sens transcendant.
Dans cette nouvelle ère, l’âge de l’Empire s’estompe. L’âge des civilisations se lève.
À l’aube de l’âge des civilisations, le dialogue entre les cultures doit remplacer le monologue d’une civilisation qui s’effondre.
Peiman Salehi
source :
https://www.geopolitika.ru/fr/article/la-montee-de-la-resistance-civilisationnelle
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Voilà un article qui se veut optimiste. Cependant, il ne traite pas des peuples mais de l’organisation imposée aux peuples.
La Chine ne me semble pas être un bon exemple. D’accord, elle est souveraine – je ne dirais pas qu’elle revendique sa souveraineté vu que personne n’aurait l’idée de la lui contester – mais quid du peuple ? Le libéralisme, c’est la surveillance ? Alors là, côté surveillance, la Chine est forte, à tel point que les gouvernements occidentaux bavent devant le modèle chinois.
Alors QUI revendique – ou affirme – sa souveraineté ?
Bonjour
Observer l’état du monde sous l’angle civilisationnel est une manière de rendre hommage à l’Histoire. Cette Histoire suit son cours et ce à quoi nous assistons est bien une fin de civilisation (occidentale) et le retour sur le devant de la scène de civilisations qui ont déjà eu leur « heure de gloire » par le passé.
Nous, les occidentaux, avons imposé et tentons toujours d’imposer notre puissance par la force principalement. Ça a marché tant que nos « vassaux » étaient maintenus dans un sous-développement et une pauvreté les empêchant de nous concurrencer et nous permettant de les exploiter. Il semble que cet équilibre ou plutôt ce déséquilibre ne soit fini. L’avenir de Monde est dorénavant à l’Est.
Et pour répondre à Biquette. J’ai plutôt bien connu la Chine entre 2005 et 2010. La première fois que j’y ai mis les pieds, j’ai été frappé par le gouffre entre l’image que j’avais de ce pays (bien alimentée par la propagande) et la réalité de ce pays. Durant mes voyages, j’ai rencontré beaucoup de chinois heureux de ce que devenait leur pays, de l’essor incroyable auquel ils participaient après avoir été il y a 50 ans un des pays les plus pauvres de la Terre.
A savoir, toutes les (forcément mauvaises) nouvelles en provenance de Chine sont alimentées par 2 médias:
– NTD (New Tang Dynasty)
– Epoch Time
Ces médias appartiennent à la secte Falung Gong, viscéralement anti-communiste et interdite en Chine. N’attendons donc pas d’eux qu’ils nous donnent une image objective du pays.
Bonne journée à tous
Très intéressant, Merci