La débandade agricole

Qui n’a jamais entendu dire que le pays manquait de jeunes motivés pour faire de l’agriculture, afin de renouveler les départs en retraite des uns, et plus terriblement, le suicide des autres ?

Dans cette affaire, les coupables sont partout.

Pour trois agriculteurs s’en allant à la retraite, un seul viendra les remplacer, voici les statistiques que m’a donné un formateur… Au point qu’ils se demandent, si, en se tirant une balle de le pied, il ne faudrait pas faire sauter la formation pour laisser les jeunes s’installer.

Mais personne ne veut voir que le problème est multi-factoriel.

– L’État et les agriculteurs dénonçant le manque de courage et de sacrifice des nouvelles générations, cherchant toujours des coupables ailleurs avant de balayer devant leur porte.

– L’UE/État engraissent un immobilisme constant chez les agriculteurs par la rente de la PAC, ceux là même qui osent venir parler et se plaindre des gens au RSA qui seraient des assistés alors que 100 hectares à l’année peuvent leur rapporter jusqu’à 35000€… Au point de déléguer parfois le travail à des sociétés et se comporter en gestionnaires rentiers sans aller dans les champs et ne plus être agriculteurs que de nom.

– Les agriculteurs tellement accrochés à leur rente et la possession, préfèrent voir des maisons s’effondrer et des terrains quasiment à l’abandon et l’absence de renouvellement des génération, plutôt que de louer puis vendre aux jeunes agriculteurs en mal de foncier, d’autant que la PAC rapporte plus que la location !

– Les banques qui ont poussé des agriculteurs à grossir s’endetter comme des dingues pour en arriver là, avec la complicité des écoles qui poussent à l’endettement lors des formations.

– Trop d’écoles pseudo publiques type CFPPA cherchant surtout le profit à coup de formations annuelles pour environ 15K€/an en présentiel, ou, en distanciel sans aucun support ni cours normalisés/vérifiés comme pour l’éducation nationale, pour presque pour environ 4K€/an, avec des profs en sous effectif aux abonnés absents pour l’accompagnement. Et qui, en dépit de la connaissance de difficulté d’accès au foncier des jeunes, réclament un projet d’installation avec du foncier agricole, pour finaliser les épreuves, quitte à s’endetter sur deux générations.

– La SAFER qui ne remplit plus toujours son rôle en favorisant les possédant à proximité des parcelles à vendre plutôt que les grosses exploitations, et en voulant faire son beurre en forçant la vente de maisons et bâtiments énormes qui nécessitent de s’endetter à minima 250K€ pour la moindre activité, avec la complicité d’agriculteurs trop heureux de se dire que les nouvelles générations devraient payer des passoires thermiques prévues pour des familles de 7 enfants au prix fort juste pour accéder aux terres (comme une licence de Taxi), afin de compenser la maigre retraite que l’État leur verse.

– La MSA qui demande 3,5K€/an avant le moindre sous encaissé, par an pour avoir un semblant de sécurité sociale, pour des garanties ridicules comparé au salariat, au point de devoir rajouter entre 1 et 1,5K€ annuellement pour se couvrir un minimum via une assurance privée supplémentaire.

– Les chambres d’agriculture qui font payer pour le moindre accompagnement à prix d’or. Vous voulez les aides jeunes agriculteur ? Payez d’abord ! Vous devez faire un PPP avant d’avoir ces aides ? Payez d’abord ! Vous voulez demander n’importe quelle aide sans être sûr que l’enveloppe suffira pour tous et que vous aurez quelque chose ? Payez les frais de dossier quand même, non remboursables !

La vérité, c’est que c’est un parcours du combattant pour s’installer en agriculture, sauf à être pistonné ou être “fils/fille de”. Il n’y a pas et personne ou presque ne veut laisser de place pour de la chair fraîche en mal de terre, désireuse de s’installer et d’être propriétaire d’un terrain pour assurer ses arrières et ne pas risquer de se faire dégager après avoir pérenisé et travaillé dur pour une activité, quelle quelle soit !
Tout le monde dans le milieu le constate et renvoie la balle aux autres, sans faire mieux, sans se remettre en question, sans penser à autre chose que son derrière sous couvert de prévoir la succession des jeunes, alors qu’ils veulent tous refiler la patate chaude avec les terres, via des rachat de leurs entreprises agricoles, qui n’intéressent presque personne tant les modèles sont coûteux, dépassés, trop peu rentables et l’endettement trop lourd.

Mêmes les DJA (les aides à l’installation) représentent un risque conséquent, et des frais de dossier de plusieurs centaines d’euros dès qu’on s’écarte du chemin convenu sur le moindre sous dépensé pour les investissements et y faire un avenant, sans compter qu’évidemment, pour faire un PPP afin d’en bénéficier, il faut… Être installé, et donc avoir du foncier… Avec la SMI (surface minimale d’installation) sans quoi l’on se retrouve cotisant “solidaire” (des agriculteurs), à payer des cotisations avec zéro droits à la sécurité sociale, et à la retraite, pour soi.
Il n’y a même pas à minima, d’équivalent de l’auto-entrepreneur en agriculture… Qui eux, côtisent aussi pour eux.

Quand des jeunes aspirant se retrouvent à passer un BPREA ou équivalent en prenant un an de leur vie, voir parfois plus, pour se former, et pour obtenir le droit de s’installer afin notamment tenter de minimiser les actions de préemption de la SAFER à leur encontre, pour ramer ne serait ce que pour s’installer alors qu’ils se fichent de compter leurs heures de travail, est ce que le souci de renouvellement des générations tient vraiment d’un manque de courage des nouvelles générations, ou d’une hypocrisie générale sur la question de l’accès à la terre

Libre