Des lits d’hôpitaux fermés, quels lits fermés ?

Au printemps 2020 les français, stupéfaits, apprenaient que nos services hospitaliers étaient saturés alors même qu’une pandémie sévissait. En particulier, il s’agissait des lits de réanimation, mais tout le système était en tension. Et c’est d’ailleurs ce qui a servi de justification principale aux mesures de restriction. Pour ceux qui s’intéressaient un tant soit peu à la question ou qui n’avaient pas la mémoire courte, ce n’était toutefois pas une nouveauté. Depuis des années, le personnel hospitalier alertait sur les difficultés rencontrées sans que cela n’émeuve plus que cela nos élus, toujours prêts à faire des économiques en tranchant dans le vif d’un service public déjà à l’agonie.

Et cette pandémie a tout changé. D’abord parce que cela a été révélateur d’une crise annoncée mais aussi parce que les personnels de santé sont à bout et maintenant suspendus sans salaire ni indemnités s’ils ne présentent pas de pass sanitaire. Révélateur d’une crise annoncée parce que plusieurs rapports, dont un du Professeur Didier Raoult, déjà, en 2003, notaient les carences existantes qui n’ont fait que s’aggraver depuis. Mais aujourd’hui, bientôt deux ans après le début de cette crise sanitaire et les belles promesses d’Emmanuel Macron et surtout d’Olivier Véran sur l’augmentation prévue du nombre de lits, où en est-on ?

Eh bien, on ne le sait pas ! Non, ce n’est pas une blague, malheureusement. Le Sénateur Pierre Laurent a donc demandé un rapport concernant les informations données sur la fermeture des lits d’hôpitaux en assemblée. Il revient sur un chiffre publié par le ministère de la santé qui fait état de 5 700 lits d’hospitalisation complète qui manqueraient à l’appel. Il demande aussi des comptes concernant un autre chiffre publié qui porterait à 20% le nombre de lits manquants faute de personnel, selon une étude conduite par le Président du Conseil Scientifique, le professeur Jean-François Delfraissy lui-même. Selon les chiffres du Ministère, il y aurait 253 364 lits (392 624 lits en 1981…). Ces 20 % représenteraient donc 50 672 lits et non 5 700 !

La réponse, faite par la sénatrice Brigitte Bourguignon, Ministre déléguée auprès du Ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’Autonomie, restera sans doute dans les annales. « Les chiffres ne sont pas fiables…nous avons des remontées…nous sommes très sensibles à ces chiffres…il s’agit d’extrapolations…c’est une enquête flash… » : Autrement dit, l’on n’en sait rien du tout. A l’heure où les QR codes s’invitent partout, à l’heure où le numérique régit tout ou presque, le Ministère de la Santé ne sait pas combien de lits d’hospitalisation ont été fermés ! Comment peut-on lancer un plan de relance du système de santé de 19 milliards d’euros (Ségur de la Santé) sans même savoir comment se porte le système hospitalier, sans chiffres fiables ? Où sont passés les lits promis ? Décidément les mensonges, les effets d’annonce et les mesures à courte vue continuent de sévir au sein de ce Gouvernement qui n’a manifestement d’autre objectif qu’avril 2022.

 

Sylvain Devaux

Universitaire de formation (Géographie et histoire), responsable d'archives après une carrière dans le tourisme, mais aussi correspondant de presse et ancien rédacteur en chef de la Robolution (Insolentiae).

A propos Sylvain Devaux

Universitaire de formation (Géographie et histoire), responsable d'archives après une carrière dans le tourisme, mais aussi correspondant de presse et ancien rédacteur en chef de la Robolution (Insolentiae).

4 Commentaires

  1. Nos hiérarchies et rh, quelque soit le ministère préparent le grand nettoyage du service public… Cela commence par les suspensions des refractaires les plus dangereux mais présentés comme fautifs pour motif de rupture de continuité de service et ensuite l’ecremage des plus dociles sera plus aisé…

    • “… l’Etat n’a pas vocation a gérer des structures hospitalières… l’Etat ambitionne d’autres challenges qui lui sont propre. Il faut divorcer de ce paradigme d’après guerre pour entrer dans le futur, en créant notre futur.
      il en va de même pour notre système d’éducation, l’Etat n’est pas le parent de nos jeunes adultes, il l’accompagne et lui garantit une prospérité sans l’influencer dans ses choix de formation.
      C’est pourquoi, dès ce mois de septembre, en accord avec l’union européenne, j’ai décidé de privatiser l’éducation nationale ainsi que les services de santé pour permettre au citoyen de bénéficier d’une libre concurrence entre les acteurs et ainsi fournir un service de meilleures qualité, à un moindre coût.
      De cette manière, l’émancipation des services publics permettra un nouvel envol de la démocratie pour tous nos concitoyen.
      L’ouverture de la concurrence à ses nouveaux marchés redonnera le dynamisme nécessaire pour notre pays….”
      Emmanuel Macron 26 juillet 2022

  2. aprés 4 heures passer aux urgences cette semaine ,j ai signé une décharge et je suis sorti …..ce n est pas le manque de personnel qu il fait défaut, mais la motivation de certains personnels soignants

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