AUKUS sape l’Otan, rapproche la France de la Grèce et de Chypre

Source Greekreporter via Observateur-Continental

Les analystes voient une relation entre AUKUS et les Etats-Unis donnant le feu vert à la Grèce pour signer un accord important avec la France dans le cadre du programme de réarmement qui modernise l’armée de l’air et la marine grecques.

Cet accord, d’autant plus que l’Otan sous la direction de Stoltenberg est passée de sa politique d’équidistance entre la Grèce et la Turquie à une politique turcophile en minimisant l’agression turque sans précédent au lieu d’essayer de la réprimer, change la donne avec les trois frégates Belh@rra (option + 1) comprenant une option supplémentaire de trois corvettes GoWind (option + 3) sur la table.

Athènes a déjà commandé 18 avions de combat Rafale et le Premier ministre grec Mitsotakis a annoncé son intention d’en acquérir six autres. 

Observateur Continental présente une partie de l’analyse de Konstantinos Apostolou-Katsaros qui montre que l’alliance France-Grèce est encore renforcée par le coup diplomatique d’AUKUS à la France.

Surtout, l’accord franco-grec d’assistance en matière de défense signé à Paris comprend l’article 2, une clause d’assistance en matière de défense mutuelle en cas d’attaque de l’un des deux pays sur son territoire, envoyant ainsi un message clair à la Turquie. L’accord fixe également le cadre de consultations régulières entre les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays, tant sur les questions de sécurité et de défense, que sur les questions régionales et internationales, les menaces hybrides, la sécurité maritime et les migrations. Mitsotakis, après avoir signé l’accord à l’Elysée, a déclaré: «Nous avons une vision commune d’une capacité de réponse autonome aux défis auxquels l’Europe est confrontée». Dans le même ordre d’idées, Macron a souligné, toujours dans cette conférence de presse, que «nous avons un engagement pour l’indépendance de l’Europe». Les deux dirigeants ont souligné que le Sahel, la Méditerranée, le Moyen-Orient et les Balkans sont des zones où une action militaire conjointe pourrait avoir lieu.

Implications de l’accord AUKUS sur les relations France-Grèce. L’UE est confrontée à une dure réalité puisque l’architecture de sécurité occidentale eurocentrique existante est dépassée par la formation AUKUS. L’unité de l’Otan a également été affectée par AUKUS et ses membres devraient envisager d’étendre leurs capacités de défense unilatérales. Une armée paneuropéenne peut s’avérer être un outil utile bien qu’on ne sache pas clairement comment elle fonctionnera au cas où les dirigeants de l’UE auraient des opinions divergentes de l’Otan et des Etats-Unis. La France s’est toujours considérée comme un défenseur de la culture occidentale européenne, limitant ainsi les ambitions régionales de la Turquie et empêchant la propagation de l’islam politique est une priorité de son agenda. Cela affecte sans aucun doute les relations franco-turques quel que soit le prochain président français.

Il y a des indications que la France peut être incitée à adopter un rôle proactif en Méditerranée au nom de l’Occident. C’est évident après le feu vert silencieux à la signature de l’accord franco-grec d’aide à l’armement et à la défense. Afin d’accroître la crédibilité mondiale de la France et de la Grèce, elles doivent approfondir leur partenariat diplomatique et militaire en comblant le vide laissé par les Etats-Unis en Méditerranée orientale avant que la Turquie n’intervienne et n’attire d’autres Etats de la région (en particulier l’Egypte).

L’accès privilégié aux champs de tir et aux installations d’entraînement associé à des exercices militaires communs fréquents faciliterait l’accord d’assistance à la défense en augmentant la préparation et le niveau de coopération entre les forces armées françaises et grecques. Le blocage de l’utilisation abusive des avions qataris Rafale par les Turcs est une mesure de sécurité vitale pour le partenariat franco-grec en cas d’escalade de l’agression turque. La réciprocité de la Grèce dans l’intérêt de la France (par exemple au Mali et au Sahel) est jugée nécessaire pour que la Grèce puisse bénéficier pleinement de l’assistance militaire française en cas de besoin (article 18(i) de l’accord d’assistance à la défense.

La Méditerranée est le pont de la France vers l’Afrique, sa sécurisation est donc primordiale pour ses intérêts nationaux géostratégiques et géopolitiques, la rapprochant des deux Etats helléniques. Des efforts devraient être faits pour inclure la République de Chypre dans le nouveau partenariat stratégique France-Grèce pour contenir le révisionnisme turc et la doctrine Mavi Vatan.

Le professeur de géographie économique et de géopolitique, Ioannis Mazis, a déjà proposé le maintien d’une Task Force conjointe française permanente en République de Chypre. La distance entre la base navale française de Toulon et la Crète (sud de la Grèce) est d’environ 1,5 jour de navigation tandis que de Chypre, il est de 2 jours.
 
Ainsi, les forces françaises permanentes à Chypre: Réduiraient le cycle de déploiement, incorporeraient la République de Chypre dans le partenariat stratégique, contrebalanceraient la présence britannique dans l’île. Le Royaume-Uni s’y opposera certainement bien que la France ait une opportunité unique et le levier diplomatique pour le pousser après l’AUKUS. Avoir une forte présence dans la région nécessite des mesures fortes et la France devrait envisager de prendre ce risque stratégique.

Le pacte France-Grèce est un tremplin et un point de départ. L’investissement bilatéral et la collaboration industrielle – en particulier dans l’industrie de la défense et l’exploitation des hydrocarbures devraient suivre pour établir des liens géoéconomiques bilatéraux solides. L’alliance nouvellement formée n’est pas le résultat du philhellénisme français. Il est plutôt basé sur des intérêts géostratégiques communs qui doivent être soutenus par une solide planification à long terme et des sacrifices mutuels. La négligence de l’une ou l’autre des parties peut transformer l’accord franco-grec en rien de plus que de l’encre sur papier.

Konstantinos Apostolou-Katsaros, analyste-consultant spécial. Son domaine d’intérêt concerne les relations étrangères et les relations gréco-turques. Il est titulaire d’un doctorat. et d’un M.Sc. de la School of Environment and Technology de l’Université de Brighton (Royaume-Uni) où il a travaillé en tant que conférencier et associé de recherche

Source: https://greekreporter.com/2021/10/04/aukus-undermines-nato-france-greece-cyprus/

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