INFLATION : QUELLES PERSPECTIVES ?

L’inflation, et après ?

Chers lecteurs,

L’inflation est de retour, pour vous jouer un mauvais tour. Vous l’entendez partout, sur toutes les chaines, elle est revenue, après tant et tant d’appels, la voici la voilà.

Y’a-t-il lieu de s’en inquiéter ? Quelle stratégie adopter dans un contexte inflationniste ?

Quand est-ce qu’on mange ?

Autant de questions qui viennent ajouter à l’incertitude de l’épargnant, habitué à dîner à 19h30 et qui, dans un contexte inflationniste, dînera sans doute plutôt vers 20h.

L’inflation, on vous le dit, est le danger des épargnants. En effet, la hausse des prix diminue le pouvoir d’achat et la valeur réelle de votre épargne. Du moins, en théorie.

Revenons aux sources, l’inflation, c’est la montée des prix. En d’autres termes, elle traduit une demande supérieure à une offre. En termes monétaires, cela signifie qu’il y a trop de monnaie en circulation par rapport au nombre de biens et de services disponibles.

Dans la pratique, il y a des niveaux d’inflations soutenables, et même, en réalité, naturels. Lorsqu’il y a une forte croissance, et une certaine prospérité, il y a forcément de l’inflation, puisqu’en période de croissance, la demande surpasse l’offre qui doit donc essayer de rattraper les retards de production. Puis, les prix finissent par arriver à un niveau non soutenable pour l’économie, et le phénomène de surchauffe arrive, c’est ce qu’on appelle une crise économique. Dans ce cas-là, les acteurs du marché les moins efficaces sont détruits.

L’inflation est de retour, pour vous jouer un mauvais tour !
Afin de protéger les États de la dévastation
Afin de rincer les épargnants, ces pauvres cons
Résultat de notre déni de la vérité
Afin de faire péter les prix dans toute la Voie lactée !

C’est la marche naturelle de l’économie : phase de croissance, prospérité, allocation des ressources, crise, sanction des mauvaises allocations, reprise. Voilà un cycle naturel normal dans laquelle il y a inflation, déflation, montée, chute et rebond.

La Banque Centrale, en théorie, est là pour s’assurer que le cycle naturel de l’économie se fasse le moins douloureusement possible, par l’ajustement de la masse monétaire et du taux d’intérêt.

Mais cela, lecteur, c’est le monde d’avant, ce consensus économique est terminé, puisque l’on a fait faire aux Banques Centrales ce pour quoi elles ne sont pas faites : empêcher les crises.

Du coup, forcément, l’inflation prend une tout autre nature. La rupture a été opérée lors du premier choc pétrolier.

Je vous parlais, souvenez-vous, de l’étalon or et de la fin des accords de Bretton Woods. Les conséquences économiques de l’abandon de la parité dollar or bouleversèrent grandement les équilibres économiques mondiaux, particulièrement dans le monde du pétrole. Les monarchies pétrolières, qui voyaient le dollar comme un substitut fort pratique à l’or, se retrouvèrent dans une situation où leurs réserves de dollars devenaient beaucoup moins intéressantes.

Quant aux États-Unis, il ne faut pas oublier qu’ils avaient atteint leur pic de production à la fin des années 60. Dès 70, la production pétrolière des États-Unis cesse d’augmenter, alors que leurs besoins vont en augmentant. Déjà, à l’époque, les Américains pensent à utiliser les pétroles non conventionnels pour combler les besoins. Il y avait donc une coalition d’intérêts entre les pétromonarchies et les États-Unis. Je ne vous fais pas de dessins, lecteurs, l’alliance du Coca-Cola et du cimeterre se fait systématiquement au détriment du coq gaulois, c’est une constante historique.

Entre 1973 et 1974, le prix du baril passe de 2.59 à plus de 11 dollars. Forcément, c’est toute une nouvelle société qu’il faut réinventer, lorsque vous êtes une entreprise, un ménage ou une administration et que l’un de vos postes de dépense essentiels est multiplié par 4, vous devez vous ajuster, vite, et profondément. Tous vos revenus et charges doivent s’aligner.

Concrètement, en France, cela s’est traduit par la construction massive de centrales nucléaires pour qu’au moins, sur le plan électrique, le pays reste souverain. Naturellement, les génies qui nous gouvernent ont jugé bon de revenir sur cette sage politique, seul héritage politique positif du funeste Giscard.

Vous voyez ainsi l’intrication profonde entre la monnaie et le pétrole qui sont les deux piliers de l’économie depuis le début du XXème siècle.

Le point sur l’inflation et ses implications dans l’immobilier, les actions et les autres classes d’actifs :

L’inflation, conséquence du Covid-19 ?

Nous vivons un phénomène tout à fait similaire avec l’inflation actuelle et le COVID-19.

L’économie mondiale est en crise depuis 2008, dans un complet bouleversement macro-économique, avec des endroits qui sont devenus des espaces de consommations, et d’autres, de production. Les excédents commerciaux bien trop importants de certains pays comme l’Allemagne ou la Chine sont en train de mettre par terre toute la base productive mondiale. La fameuse « interdépendance » qui devait stopper toutes les guerres et pacifier le monde par le commerce aura finalement uniquement mené certains peuples vers l’esclavage économique.

Tout ce vaste Ponzi industriel repose sur un élément central : les lignes d’approvisionnement.

Et avec la pandémie, elles sont mises à mal. L’inflation que nous vivons peut paraitre inquiétante, mais elle n’est en réalité que ciblée sur les produits les plus importés par les industriels, l’exemple parfait résidant dans les semi-conducteurs. La tomate du paysan d’à côté de chez vous, je puis vous garantir qu’elle n’a pas vu son prix augmenter dans de telles proportions.

Mais, est-ce tout ? Non, l’inflation est bien plus vicieuse que cela en ce qui nous concerne. Souvenez-vous, lecteurs, je vous parle très souvent de l’effet Cantillon. L’idée que la monnaie a un point d’entrée dans l’économie, et qu’elle ne se diffuse pas de façon uniforme. Je vous l’illustrais par le fait que la part du budget des ménages consacré à l’immobilier était passée de 2 à 30% en quelques années, du fait de la frénésie immobilière qui a saisi notre pays à cause des injections de monnaie perpétuelles depuis 10 ans.

Cela a d’ailleurs conduit la Banque Centrale Européenne, il y a quelques mois, à revoir profondément son mode de calcul de l’inflation afin d’y inclure le coût du logement. La BCE a également modifié sa façon d’aborder l’inflation, l’objectif des 2% fixé étant devenu « symétrique » ce qui signifie qu’il pourra varier de quelques points dans un sens ou l’autre tant que la tendance de long terme reste la même.

 

Différence entre celui qui sait que l’inflation n’est pas Covid, et ceux qui ne le savent pas

Les services de recherche de la BCE ont d’ailleurs publié une série d’articles pour déterminer sur la pression inflationniste était durable. Leur constat est clair, pour eux, c’est la pandémie qui crée cette pression inflationniste, et une fois la situation entièrement rétablie, tout reviendra à la normale.

Naturellement, c’est complètement bidon, soyons clairs. La pression inflationniste est durable, parce que le fond du problème n’est pas sanitaire, il est économique. Tant que le système n’aura pas résolu sa contradiction profonde, à savoir la destruction de la monnaie, l’absence de corrélation entre les performances des marchés financiers totalement artificielles et la production, vous pouvez être sûr que ça va continuer. La seule différence, et c’est l’apport de la pandémie, c’est que maintenant, ça se voit, et ça s’entend, et que la conspiration du silence ne peut plus durer.

Alors, qu’est-ce qu’on fait ?

Est-ce que les actifs traditionnels anti-inflation, la pierre, la terre, l’or et les métaux précieux en général sont toujours aussi efficaces et suffisants pour protéger votre épargne ?

La pierre oui, à condition que vous puissiez vous préparer au choc fiscal qui peut arriver.

La terre, toujours, mais dans une optique communautaire de changement de vie. Sans aller jusqu’au survivalisme, la terre me parait l’investissement le plus intéressant pour contrer une récession. Non pas qu’il s’agisse de retourner à l’âge de pierre, mais de réduire la consommation superflue et sa dépendance au système de production et de travail moderne, il y a là-dessus des choses très intéressantes qui montrent qu’avec un peu de bon sens on peut obtenir quasiment l’intégralité du confort contemporain, sans pour autant voir sa vie s’écrouler si jamais les choses tournent mal. Mais je ne crois pas à cette option en solitaire ni pour la masse.

Le désavantage de ces deux actifs étant qu’ils sont tangibles, donc qu’on peut les confisquer. C’est le risque.

L’or et les métaux précieux me semblent avoir perdu de beaucoup de leur intérêt, j’en avais déjà parlé, c’est une bonne solution pour les petits portefeuilles, à condition de bien le faire. C’est-à-dire en débancarisé, hors de l’Union européenne, j’avais recommandé Singapour, porte d’entrée sur la Chine.

Comme dans la Matrice : il y a des règles qu’on peut contourner et d’autres qu’on peut violer

En réalité, il n’y a qu’un seul actif anti-inflation qui vous permet de tricher avec le système : la dette.

On n’y pense jamais, mais dites-vous bien que si l’inflation est le cauchemar de l’épargnant, c’est le pain béni du surendetté, surtout quand les taux sont bas. C’est exactement ce que font les États, ils vivent à crédit, baissent les taux, et profitent de l’inflation pour rembourser en monnaie de singe.

Faites pareils. Endettez-vous raisonnablement pour faire des investissements productifs. Rien ne vous empêche de prendre un crédit à la consommation pour acheter des actions en bourse, après tout, certains les utilisent bien pour partir en vacances alors qu’ils n’en ont pas les moyens.

Entre des vacances à 5 000 euros, et 5 000 euros d’actions, si vous êtes dans une démarche d’indépendance financière, le choix est vite fait.

 

Quand tu fais croire à ton banquier que tu lui empruntes 15K pour t’acheter le dernier iPhone à la mode, alors que c’est pour acheter des actions Apple

D’une part, vos actions peuvent monter, et d’autre part, si l’inflation se maintient, ce que je crois, vous remboursez en monnaie dévaluée, et en plus, vous prenez un effet de levier masqué sur votre banque.

Cependant, cette stratégie est loin d’être sans risque, soyez conscients que comme toute technique qui utilise d’une façon ou d’une autre un effet de levier de crédit, les choses peuvent très mal tourner, ne vous lancez pas dans cette aventure si vous n’avez pas une formation solide en matière de marché actions et d’obligation. Géopolitique Profonde vous met à disposition tous les outils appropriés pour savoir comment investir intelligemment. Il ne s’agit ici que d’une stratégie de levée de fonds pour vous prémunir contre l’inflation, où vous allez investir, pour quel risque, cela dépend de vous. Mais, on ne le dira jamais assez, formez-vous.

Un investisseur qui ne se forme pas, c’est un pigeon.

Alors on arrête de roucouler, et on s’y met.

D’ici là, lecteurs, je vous souhaite, tout le bonheur du monde.

Bien à vous,

Raoul de Beaumanoir

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Franck Pengam (Géopolitique Profonde)

2 Commentaires

  1. L’inflation était prévisible bien avant l’épisode en cours du virus.
    96% des émissions de liquidités étaient captées par les bulles spéculatives.
    Fatalement, il arrive un jour où les bulles en question crèvent en plein vol.
    La tonte des moutons sera aisée, les épargnants n’auront plus rien, les petits propriétaires auront des biens dévalués. Conséquemment, il y aura une plus forte dépendance aux aides sociales et autres avatars inventés pour nous déposséder de l’outil économique. Réduits à l’état de mendiants tendant la main droite pour recevoir l’obole tout en montrant sur l’avant bras gauche la marque du passe vaccinal, nous serons tous assignés à résidence ou presque. Des unités de vie rappelant les goulags seront érigés pour regrouper en lots de 1000 à 2000 personnes sous hautes surveillances.

  2. Tu décris là un scénario des plus probables vu que rien ne bouge vraiment, hormis la petite balade du samedi. A chaque nouvelle mesure, on peut penser: ah, cette fois, ça va bouger ! Eh bien non… Maintenant les routiers demandent une augmentation de salaire. Pas de grève prévue pour autant. Alors qu’il suffirait de quelques camions pour tout bloquer.

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