Coupe du monde au Qatar : la coupe du monde tâchée du sang des travailleurs immigrés

La Coupe du monde 2022 aura lieu en hiver. Que ne faut-il pas faire pour satisfaire l’organisateur qui a dépensé sans compter pour obtenir l’événement et essayer de redorer son image de monarchie rétrograde, arriéré, moyenâgeuse, le Qatar !

Oui, toute la planète l’attend, selon les slogans de l’organisateur et du propriétaire de la patente, la FIFA : s’amuser, profiter du ballon, du sport, des moments, voir les grandes stars, faire vibrer la fibre nationaliste…

Cependant, ce qui se passe au cours de ces onze dernières années au Qatar, notamment dans le domaine des conditions de travail des migrants sous des températures extrêmement difficiles et élevées, provoque le dégoût[1]

J’ai déjà écrit sur ce « sport », si l’on peut l’appeler encore ainsi ; payer des gamins de vingt ans de millions d’euros pour taper dans un ballon (les gardant incultes par ailleurs) me semble absurde, car cet argent serait plus utile ailleurs, par exemple dans l’achat des vaccins. Mais les morts du covid ne peuvent faire de la pub et produire de la plus-value dans le monde capitaliste fou qu’on nous vante à longueur de journée (et de nuit) dans les médias contrôlés par ceux-là même qui organisent la coupe du monde, etc, etc. Je ne vais pas m’étendre sur cette question dans ce papier. Mon propos est de mettre l’accent et faire le peu de lumière que je peux, sur l’exploitation de l’homme par l’homme, qui mène jusqu’à la mort de l’exploité…

Le quotidien britannique The Guardian, consacre un article dans son édition du 23 février 2021 sur ces morts anonymes, dont le nombre a augmenté de manière exponentielle !

Une enquête de 2015, cinq ans après l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, faisait état de 1 200 décès enregistrés sur les chantiers de la coupe du monde. Leur nombre dépasse désormais les 6 500! Les cadences sont devenues infernales pour arriver à créer une vitrine publicitaire pour cet État artificiel qui, par le plus grand des hasards se trouve assis sur des nappes de gaz naturel immenses…

La proportion est d’environ 12 morts chaque semaine dans le travail qui est fait pour que tous les stades et les lieux d’accueil des équipes et des supporters soient prêts.

L’événement a déjà été taché du sang de personnes qui, à la recherche d’argent pour subvenir aux besoins de leur famille, acceptent des conditions de vie et de travail inhumaines, pires que l’esclavage…

L’analyse du Guardian indique ce chiffre choquant susceptible d’être sous-estimé, alors que les préparatifs du tournoi de 2022 se poursuivent : « Plus de 6 500 travailleurs migrants du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka sont morts au Qatar depuis qu’il a obtenu le droit d’accueillir la Coupe du Monde il y a 10 ans », révèle le quotidien britannique.

Ces résultats proviennent de sources gouvernementales. Ils signifient qu’en moyenne 12 travailleurs migrants de ces cinq pays d’Asie du Sud sont morts chaque semaine depuis la nuit de décembre 2010, lorsque les rues de Doha étaient remplies de foules extatiques célébrant la « victoire » du Qatar. C’est justement immédiatement après que les polémiques ont commencé, déjà sur la façon dont le pays ultra riche en pétrodollars a obtenu les voix des délégués : corruption, pots de vin, achat de voix ; voilà le cocktail gagnant. Mais dans le monde de spectacle dans lequel on vit, et où tout est spectacle – de la politique, au sport, à la guerre même – où tout s’achète et se vend, les polémiques ont vite disparu. Car, les investissements des pétrodollars du Qatar nourrissent d’autres acteurs (au sens propre du terme) qui « gouvernent » d’autres pays…

Toujours selon The Guardian, le nombre total de morts est nettement plus élevé, car ces chiffres n’incluent pas les décès en provenance d’un certain nombre de pays qui envoient un grand nombre de travailleurs au Qatar, y compris les Philippines et le Kenya. Les décès survenus au cours des derniers mois de 2020 ne sont pas non plus inclus.

Rappelons qu’au cours des 10 dernières années, le Qatar s’est lancé dans un programme de construction sans précédent, en grande partie en préparation pour le tournoi de football en 2022. En plus de sept nouveaux stades, des dizaines de grands projets ont été achevés ou sont en cours, y compris un nouvel aéroport, des routes, des systèmes de transport public, des hôtels et une nouvelle ville, qui accueillera la finale de la coupe du monde.

Il faut aller vite pour satisfaire le prince, pour le spectacle, pour les pots de vin, pour l’image ; peu importent les morts et les conditions de vie des travailleurs pauvres, forcés à l’esclavage moderne. Le Qatar continue de « traîner les pieds sur cette question critique et urgente dans un mépris apparent de la vie des travailleurs », a déclaré Hiba Zayadin, chercheuse sur le Golfe à Human Rights Watch. « Nous avons demandé au Qatar de modifier sa loi sur les autopsies pour exiger des enquêtes médico-légales sur tous les décès soudains ou inexpliqués, et d’adopter une loi pour exiger que tous les certificats de décès comprennent la référence à une cause médicalement significative de décès », dit-elle[2].

Le gouvernement du Qatar affirme que le nombre de décès – qu’il ne conteste pas – est proportionnel à la taille de la main-d’œuvre migrante et que les chiffres incluent les cols blancs qui sont morts naturellement après avoir vécu au Qatar pendant de nombreuses années.

« Le taux de mortalité dans ces collectivités se trouve dans la fourchette prévue pour la taille et la démographie de la population. Cependant, chaque vie perdue est une tragédie, et aucun effort n’est épargné pour essayer d’empêcher chaque mort dans notre pays », a déclaré le gouvernement qatari dans un communiqué par un porte-parole.

Le fonctionnaire a ajouté que tous les citoyens et les ressortissants étrangers ont accès à des soins de santé gratuits de première classe et qu’il y a eu une baisse constante du taux de mortalité chez les « travailleurs invités » au cours de la dernière décennie en raison des réformes de la santé et de la sécurité du système de travail.

Le nombre des décès est même devenu le centre d’une polémique entre le gouvernement qatari et différentes organisations de protection des droits de l’homme : May Romanos, chercheuse sur le Golfe à Amnesty International, a déclaré : « Il y a un réel manque de clarté et de transparence à l’environnement entourant ces décès. Il est nécessaire que le Qatar renforce ses normes de santé et de sécurité au travail. »

Interrogé sur les décès survenus sur des projets de stades, le comité organisateur de la Coupe du monde au Qatar a déclaré: « Nous regrettons profondément toutes ces tragédies et enquêtons sur chaque incident pour nous assurer que les leçons sont tirées. Nous avons toujours maintenu la transparence autour de cette question et contesté les affirmations inexactes concernant le nombre de travailleurs décédés sur nos projets. »

Egalement, dans un communiqué, un porte-parole de la Fifa, l’instance dirigeante mondiale du football, s’est-il déclaré pleinement engagé à protéger les droits des travailleurs sur les projets de la Fifa. « Avec les mesures de santé et de sécurité très strictes sur place … la fréquence des accidents sur les chantiers de la Coupe du Monde de la Fifa a été faible par rapport à d’autres grands projets de construction à travers le monde », ont-ils déclaré, sans fournir de preuves[3].

En gros, les organisateurs de l’événement, c’est-à-dire les Qataris et la Fifa considèrent tous ces décès comme « normaux ». Ce qui signifie : « Circulez, il n’y a rien à voir », et « Par ici les milliards ». Quelques décès des « sans dents », comme disait l’autre, est une statistique insignifiante… L’histoire qui sera écrite grâce aux financements qataris, retiendra l’éclat éblouissant de l’événement, la réussite totale de l’organisateur qui, in fine, est le prince régnant. Peut-être y aura-t-il une note de bas de page, écrite en caractères minuscules et illisibles mentionnant quelques pertes humaines ; mais, j’en doute… D’ailleurs, c’est le défaut majeur de l’histoire : elle est écrite par les vainqueurs et les puissants, en leur gloire…

Et l’homme dans tout ça ?

Charalambos Petinos.

[1] Ce papier ne s’occupera pas du financement de la Turquie d’Erdogan par le Qatar, ni du soutien des islamistes, ni de l’influence de cet « État » dans les banlieues françaises, notamment…

[2] Cité dans l’article du Guardian

[3] The Guardian, daté du 23 février 2021.

Charalambos Petinos

Historien spécialiste de Byzance et de géopolitique de la Méditerranée. Auteur de plusieurs ouvrages sur les deux thèmes.

A propos Charalambos Petinos

Historien spécialiste de Byzance et de géopolitique de la Méditerranée. Auteur de plusieurs ouvrages sur les deux thèmes.

7 Commentaires

  1. Tachée !!! pas tâchée …

    • Pinmpin
      Oh mon dieu!
      Tes vrais valeurs se cachent dans les micros dèétail.
      Pas étonnant qu’on soit tombé si bas.
      A men…A Women.
      Ah merde alors..

      • Cet article part d une bonne intention mais j ai arrêté de lire des que ce guignol a proposé d acheter les vaccins COVID 19 avec l argent du football > next

        • Bonjour pseudo (?),

          de quel droit êtes-vous insultant? Vous pouvez être en désaccord avec moi, mais restez correct. Vous ne méritez même pas de réponse et je ne vous en donne pas.

          • Vous appelez cela insultant ? C est que vous n avez encore rien vu. 🙂 mais si vous venez de répondre .
            Bref , je ne voulais pas insulter mais mettre en avant ce poison qu est ce vaccin le rend nerveux , veuillez m excuser pour mon franc parler.

          • je pense aussi que la réflexion pour les vaccins est assez maladroites (compte tenu du reste de l’article) et sans rapports avec l’argent que les financiers déversent dans ce business, là on est d’accord ça fait des lustres que ce n’est plus du sport, caprice de milliardaires moyen de défiscaliser … car combien même ce vaccin aurait une quelconque utilité sanitaire ; ces gens ne sont pas des philanthropes
            Pour en revenir au Quatar et à la Fiffa en général. Quid des “prostituées” mineurs qui égailleront les soirées de ces messieurs dames… viendront-elles des mêmes pays où le quatar se fournis en esclaves ou viendront-elles des harem locaux. Car la traite des blanches même s’il est interdits dans parler en france … est toujours une activité florissante.
            d’après une amie qui avait ses sources dans la police, il n’est pas très bon d’être une jeune blonde en france.

  2. Charalambos Petinos
    “Qatar : la coupe du monde tâchée du sang des travailleurs immigrés”
    C’est ce que tu voulais dénoncer non ?
    Ne t’offusque pas de ceux qui ne comprennent pas ce que tu dénonces, et te jugent (a tord) pour d’autres motifs liés a leur idéologie sans rapport avec le sujet
    Comment le Qatar qui a de l’argent qui coule a flot exploite les immigrés pour des bouchées de pain
    Tout ce que tu dis de toute façon est connu depuis longtemps
    Voila ce qui s’y passe
    https://www.youtube.com/watch?v=VbIg65CwL94
    “nos journalistes ont mené une enquête exclusive sur le drame humain de l’esclavage moderne”
    Un reportage sous haute tension https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cool.gif

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