Distribuer de la mal-bouffe aux pauvres tout en défiscalisant : les dérives de l’aide alimentaire

Jamais perdantes la grande distribution. Partagez ! Volti

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Source Basta

123.RF

L’aide alimentaire, dont dépendent des millions de personnes en France, repose sur un vaste système de défiscalisation encourageant la surproduction. Pire, certaines grandes surfaces se débarrassent de denrées inutilisables auprès d’associations caritatives, tout en bénéficiant de réductions d’impôts.

Chaque année, l’État consacre près de 500 millions d’euros pour l’aide alimentaire, permettant aux familles les plus démunies de ne pas rester le ventre vide. 75 % de ces aides publiques sont des ristournes fiscales, qui bénéficient en premier lieu aux grandes surfaces. Celles-ci sont ainsi subventionnées pour faire des dons. Elles ont en plus la mauvaise habitude de distribuer aux organisations caritatives des denrées proches de leurs dates de péremption.

Quatre mois après le déconfinement, le Secours populaire français redoute « un raz de marée de la misère ». L’activité de ses comités locaux n’a pas diminué depuis le 11 mai, au contraire. Beaucoup de familles en grande difficulté n’ont toujours pas repris le travail et voient les factures s’accumuler. Selon les calculs de la chercheuse Dominique Paturel, entre 1,6 et 2,7 millions de personnes auraient ainsi basculé dans l’aide alimentaire avec le confinement. Durant cette période, « les acteurs des distributions alimentaire estiment que le nombre de bénéficiaires a augmenté de 30 à 50% » note t-elle [1]. Ils viennent s’ajouter aux 5,5 millions de personnes qui recouraient déjà à l’aide alimentaire.

« Produire trop et aider le système agro-industriel à écouler ce trop »

L’organisation de l’aide alimentaire implique divers acteurs allant des associations humanitaires à l’État, en passant par les industries agroalimentaires, des entreprises et des particuliers. Le dispositif français repose ainsi sur 200 000 bénévoles. C’est aussi un vaste marché économique. Les ressources publiques liées à l’aide alimentaire sont évaluées à 476 millions d’euros, selon un rapport de l’inspection générale des affaires sociales [2]. Les trois-quarts, soit 361 millions d’euros, sont constitués de réductions d’impôts accordées aux particuliers et aux entreprises pour leurs dons alimentaires.

C’est au détour d’une réunion au ministère de l’Agriculture, en 2009, que Jean-Claude Balbot, éleveur aujourd’hui à la retraite mais toujours engagé au sein des Civam – Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural – découvre les dessous de l’aide alimentaire. Les syndicats agricoles bataillent alors pour la faire inscrire comme activité agricole dans le code rural. C’est chose faite dans la loi d’orientation agricole adoptée en 2010. « L’argument était de dire : “Pour produire assez, il faut produire trop et aider le système agro-industriel à écouler ce trop”. » Des propos aberrants pour Jean-Claude Balbot : « On est payés pour donner des produits pour lesquels on a déjà touché des aides à la production et que l’on ne peut pas vendre. On est donc payés deux fois ! C’est une logique incompréhensible, c’est l’aveu d’un échec de la politique agricole. »

Comment la grande distribution profite de l’aide alimentaire sur le dos des plus précaires

La défiscalisation de l’aide alimentaire profite en premier lieu aux grandes et moyennes surfaces. Avec la loi Garot adoptée en 2016 visant à lutter contre le gaspillage alimentaire, les supermarchés se sont vu interdire de mettre de la javel dans leurs bennes – pour rendre inconsommable les produits jetés – sous peine de sanction. Cette pratique de « javellisation » visait, notamment, à éviter que des personnes dans le besoin ne récupèrent la nourriture dans un contexte où la loi obligeait les invendus des supermarchés à être jetés. Suite à la loi Garot, les distributeurs ont donc augmenté leurs dons alimentaires auprès des associations caritatives, et profitent par là-même de la défiscalisation [3]. À peine trois ans après l’adoption de cette loi, la qualité des denrées collectées auprès des grandes surfaces serait à la baisse, épingle l’inspection générale des affaires sociales (IGAS). L’initiateur de cette loi, le député Guillaume Garot, reconnaît lui même, dans un rapport publié en 2019, l’absence de contrôle public sur la qualité des denrées données.

Le don doit, en principe, intervenir au plus tard 48 heures avant la date limite de consommation. En pratique, des produits périssables (viandes cuites, produits laitiers…) sont parfois livrés aux associations le jour de péremption. Des fruits et légumes sont aussi livrés dans un état avancé de vieillissement. Résultat : sur les 113 000 tonnes reçues en 2018, 11 000 tonnes ont été mises au rebut selon la Fédération française du bénévolat associatif (FFBA). Rapporté aux volumes ramassés auprès de la grande distribution, cela représente un taux de 20 % ! Non seulement les distributeurs ne paient plus pour la destruction de leurs invendus grâce aux associations caritatives, mais ils bénéficient d’une réduction fiscale sur des denrées inutilisées qui finissent à la poubelle, pointe l’IGAS.

« La loi revient à autoriser à nourrir les pauvres avec ce qui était destiné à être jeté »

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Source Basta

Voir :

Permettre à chacun de manger à sa faim : l’idée d’une « Sécurité sociale de l’alimentation »

Volti

2 Commentaires

  1. Dans le monde on compte depuis le 21/03/2020, 1 418 000 morts à cause de la malbouffe-mal-nutrition et 19 millions de morts habituels, annuelles, banales car courantes. Et qui s’en inquiète?

    10/09/2020 – https://wp.me/p4Im0Q-40d
    – Au loto du Covid 135, on a frôlé le million fatidique…. Ce sera pour bientôt (902 000). Et ce n’est plus le loto national, ni l’euro million, mais le loto mondial avec ses premiers de cordée : US – Brazil – México – UK – Italy – France. Mais nous ne sommes plus que 16 ème en ce qui concerne le raryio population, en perte de vitesse, loin derrière les amis européens : Belgium, Spain, UK.

  2. et vous proposez quelle autre solution??
    les dons,que ce soit pour n importe quelle cause,même celle de renflouer les caisses du l ump ,sont excitants,dans leur grande majorité, car ils donnent droit à une défiscalisation ,donc sont à la charge de l état …..
    il u a une semaine c était “Michael Snyder: “Urgent, dépêchez-vous de stocker des vivres dans un endroit sûr ! Notre quotidien va devenir infernal !!” https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_scratch.gif

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