Editorial: non nous ne sommes pas en guerre, la seule guerre, c’est celle qui sera menée contre vous.

L’économie est à surveiller de très près. Les dindons de la farce nous les connaissons. Partagez ! Volti

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Par Bruno Bertez via LHK

QUI DIT DETTE, DIT CRÉATION DE MONNAIE

QUI DIT CRÉATION DE MONNAIE DIT BANQUE

QUI DIT BANQUE DIT MANAGERS D’ACTIFS

QUI DIT MANAGERS D’ACTIFS DIT … BLACKROCK

La crise actuelle ouvre une voie royale à Blackrock et sa galaxie bancaire pour venir picorer ce qu’il reste de patrimoine privé et public. De fait le système de création monétaire auquel se sont soumis les Etats ne laisse aucune porte de sortie alternative. L’étau se resserre sur les Etats, sur les banques normales et sur… nous représentants de ménages et de PME/PMI. LHK

« …depuis l’abrogation du Glass-Steagall Act séparant de façon rigoureuse les banques de crédit des banques de marchés. Aux Etats-Unis, si banques et gouvernements s’accrochent depuis longtemps à BlackRock comme au Bon Dieu, c’est qu’il reste peu d’institutions financières solides. » (ici)


Les deux crises, la Grande Crise Financière 2 qui a démarré en Septembre 2019 et la Crise du Covid on propulsé les dettes mondiales vers de nouveaux sommets inexplorés.

On a dépassé dans de nombreux cas les endettements des périodes de guerre.

Selon tout probabilité, ce n’est pas fini.

Il va falloir allez plus loin et creuser encore les déficits et accumuler les dettes pour faire face aux conséquences de ces crises sur la croissance. Une grande crise économique , une GEC 2 est quasi inévitable si on ne consent pas de nouvelles dépenses de relance.

La comparaison avec les situations d’après guerre est tentante, mais elle est très insuffisante pour de nombreuses raisons.

D’abord les guerres ont une fonction de destruction du Capital excédentaire et inefficace que l’on ne retrouve pas ici.

Ensuite lorsqu’une guerre est finie, elle est finie: les dépenses militaires deviennent inutiles et les besoins de financement liés à la guerre disparaissent , les ressources se dirigent à nouveau vers l’économie civile.

Enfin après les guerres la demande potentielle est forte, et la machine se remet en route quasi spontanément. Il faut certes résorber les anomalies de la guerre comme les surendettements de l’état et restaurer les bases de la monnaie, mais c’est à un choc unique qu’il faut faire face.

Dans le cas présent il n’en va nullement ainsi, car certes il y a des chocs mais ils se produisent sur des dérives continues qui durent en fait depuis 40 ans.

L’accumulation inexorable des dettes n’est pas provoquée par un ou deux chocs, elle est le régime normal du système. Pour tourner, depuis la financialisation il a besoin de produire du crédit , de plus en plus de crédit, du « crédit impulse » à jets continus , parce que le rendement de ce crédit en terme de croissance des GDP est de plus en plus faible.

La masse d’actifs financiers qui s’est accumulée depuis 40 ans est considérable et elle est logée , enracinée dans toute l’économie: tout est inextricablement lié , enchevêtré, connecté , toutes les valeurs, tous les bilans sont marqués par la surévaluation des actifs financiers. Tout a été contaminé.

Cette situation n’a rien a voir avec la situation de guerre, l’assimilation et la comparaison sont totalement abusives. Au lieu d’être dans une situation post-choc, nous sommes dans un cycle long, très long .

Certains observateurs dont Ray Dalio et moi même datent ce cycle du crédit long de 1945. Je vous rappelle que la durée moyenne d’un cycle long du crédit est de 65 ans. Nous jouons déjà les prolongations.

J’aurais presque tendance à considérer que si les autorités n’étaient pas aveugles, elles comprendraient qu’il est temps, non pas d’essayer de prolonger encore ce cycle long du crédit qui s’est trop étiré, mais d’en débuter un autre. Après une remise à zéro des compteurs.

Je veux insister, l’originalité de la situation est là, dans le fait que les chocs se produisent sur des systèmes déjà très sollicités, déjà très déséquilibres, déjà en bout de course.

Ce qui explique d’ailleurs, le stock de dettes constituant une sorte de poids mort ou de boulet aux pieds des économies, que celles ci ne peuvent plus croître normalement, elles sont asphyxiées par la finance. Il suffit d’observer les faibles dépenses d’équipement productif et la conséquence qui en découle, l’érosion des gains de productivité. Le système ne fait plus de muscles, il consacre ses ressources a faire du gras a entretenir le gras financier.

Bien que les dépenses actuelles massives en réponse à la pandémie de COVID-19 semblent justifiées, les décideurs devront faire face à la dette publique croissante une fois la crise passée.

Bien entendu au lieu de poser dès maintenant les bases du débat futur, les autorités mentent, elles escamotent le problème de ce qui va se passer dans le futur comme si les choses allaient se résorber d’elles même.

Le meilleur exemple étant l’attitude des européens et singulièrement celle de Bruno Le Maire le simplet qui prétend que c’est la croissance qui va payer les dettes! Je vous rappelle que potentiel de croissance de l’Europe et singulièrement de la France est de moins de 1% l’an!

Le succès du thème mondial de la Théorie Monétaire Moderne, la MMT , cette vieille lune est lié à cette question des déficits, des dettes et du poids mort qu’elles représentent.

Les gauches fabiennes, celles dont la vocation est de servir de béquilles au Capital ont saisi l’occasion de se refaire une santé politique en enfourchant ce vieux cheval du Chartalisme et en répondant que les dettes n’ont aucune importance , qu’un état qui a le pouvoir d’émission monétaire ne peut faire faillite et autres billevesées.

C’est un produit du temps, le temps secrète ses solutions miracles, c’est toujours comme cela. la position de la MMT in fine est simple: les dettes n’ont aucune importance car elles ne seront jamais remboursées et quand on aura fait le tour, on détruira la monnaie.

Avant d’arriver aux « solutions extrêmes » inéluctables, les responsables de la conduite des affaires vont, à mon avis tenter de jouer une fois de plus les prolongations. Pourquoi? Parce qu’elles le peuvent encore: le système a encore de multiples tours dans sa poche et on peut en reculer les limites aux prix de nouvelles contorsions. Et au prix de quelques entorses aux libertés.

Le point fort du système c’est l’ignorance. Votre ignorance. C’est le décalage entre ce qui se passe aux différents niveaux structurels infra-structurels, super-structurels et au niveau conscient.. Les prises de conscience sont très très en retard par rapport aux évolutions du réel. La conscience des agents économiques est très en retard par rapport à l’état actuel du système. Cela confère une marge de manœuvre encore considérable aux responsables de la mauvaise conduite des affaires. Voila le secret de sa longévité d’un système à bout de course.

Les gens croient que les mots anciens recouvrent encore les mêmes réalités alors qu’ils en recouvrent de nouvelles,; le contenu des mots comme « monnaie » par exemple a glissé; il change : les monnaies ne sont plus des réserves de valeurs mais des jetons commerciaux et financiers . Mais les gens ne l’ayant pas compris ils continuent de garder les monnaies-jetons -fétiches comme avant. Et tant qu’ils gardent ce qu’ils croient être de la monnaies -qui en fait ne vaut globalement rien- les responsables de la conduite de affaires peuvent en émettre, tirer des traites sur l’avenir et ainsi boucher les trous, les failles, les fissures.

Attendez vous a ce que d’ici quelques mois on pose enfin le problème du « que faire face aux endettements colossaux ».

On va évoquer les tartes à la crème habituelles; la répression financière et les hausses de la fiscalité; on va même faire semblant d’avoir le choix, comme si on était autonome, comme si on n’était pas vassal du régime américain. En pratique ce sont les USA qui vont indiquer la voie et tout le monde suivra. A mon avis même les Allemands!

La guerre contre vous, le pillage, la répression financière:

Les décideurs politiques seront fortement tentés d’imposer un plafond de taux d’intérêt aux institutions financières c’est à dire de choisir la répression financière, même si des augmentations fiscales conditionnelles seraient préférables.

Le dosage , le mix des politiques suivies après le Covid dépendra de l’état des économies, du chômage, de la légitimité des pouvoirs politiques en place et de la force des poussées populistes.

Autant dire que ce n’est pas facile à apprécier. Mon pari personnel c’est le laxisme renforcé, la lâcheté et le chien crevé au fil de l’eau.

Examinons la situation américaine:

Le ratio dette fédérale / PIB des États-Unis a fortement augmenté pendant la grande récession de 2008-09 et il a continué d’augmenter par la suite, passant de 62% en 2007 à 90% en 2010.

En 2019, il avait atteint 106%, et le Le Congressional Budget Office a averti que les fonds pour la sécurité sociale et l’assurance-maladie seraient épuisés d’ici 2028.

De nombreux économistes ont fait valoir qu’un ratio dette / PIB de 100% était déjà extrêmement élevé et que les futures augmentations d’impôts nécessaires pour le réduire devraient être massives.

Puis vint COVID-19. Confrontés à des verrouillages et à l’effondrement de l’activité économique, les gouvernements du monde entier ont approuvé d’énormes dépenses supplémentaires même si les revenus devaient baisser.

Après avoir projeté un déficit budgétaire annuel de 1 trillion avant la pandémie, l’office du Budget a ajouté pour l’exercice 2020 (qui se termine par Septembre) 2,2 trillions de dollars supplémentaires, suivis par 0,6 trillions de dollars supplémentaires en 2021.

Selon le Comité pour un budget responsable, on est à 17,9% du PIB en 2020 et à 9,9% en 2021.

Dans l’état actuel des choses , la dette fédérale devrait atteindre 108% du PIB d’ici l’an prochain.

Cela signifie qu’en l’espace de sept mois seulement, le taux d’endettement américain a déjà dépassé le niveau accumulé pendant les deux années de la Grande Récession, et cela ne tient même pas compte des factures de dépenses supplémentaires que le Congrès n’a pas encore adoptées. .

Le consensus est que ces dépenses sont justifiées, compte tenu des circonstances horribles et sans précédent de la pandémie.

Néanmoins, hommage du vice à la vertu, les décideurs doivent reconnaître que des mesures pour réduire le ratio déficit / PIB seront nécessaires de toute urgence une fois que le virus aura été maîtrisé.

Certes, certains économistes à la Krugman ont fait valoir que dans un environnement de faible inflation et de taux d’intérêt bas, il ne fallait pas s’inquiéter de la taille de la dette fédérale, ce qui implique que les déficits devraient augmenter encore plus pour financer les travaux keynésiens d’infrastructures et autres dépenses .

Mais rien ne garantit que les conditions financières d’aujourd’hui se maintiendront indéfiniment. Peu importe, dans le long terme nous seront tous morts.

Le mythe de la réduction des déficits

La réduction des déficits budgétaires actuels et futurs, solution évidente au problème, elle a également tendance à être la plus difficile à réaliser politiquement. N’oublions pas l’état déplorable de la société civile.

Cela implique qu’il y aura une forte tentation de réduire la dette au moyen de mesures appelées «répression financière». Les décideurs vont essayer de réduire les coûts du service de la dette en plafonnant les taux d’intérêt que les institutions financières – y compris les banques et les fonds de pension et d’assurance – sont autorisées à payer.

Un plafond aux taux d’intérêt permet aux gouvernements de vendre et de rouler les obligations d’État à des taux d’intérêt plus bas qu’ils ne le pourraient autrement, car les épargnants ne peuvent pas obtenir de meilleurs rendements ailleurs.

Utilisée dans le passé, la répression financière a fonctionné, réduisant le ratio dette / PIB des États-Unis après la Seconde Guerre mondiale de 116% en 1945 à 66,2% en 1955 .

Cette réduction progressive est due au fait que les plafonds des taux d’intérêt sont inférieurs au taux d’inflation, ce qui a entraîné un rendement réel négatif pour les créanciers pendant cette période. En fait on impose une sorte de prélèvement sur le capital des préteurs.

Reinhart estime que si les taux d’intérêt réels avaient été positifs, la dette fédérale américaine en 1955 se serait élevée à 141,4% du PIB. Cette différence de 75 points reflète le montant de l’augmentation de la dette publique si le gouvernement n’avait pas recouru à la répression financière, toutes choses étant égales par ailleurs.

La répression financière réduit la croissance du PIB et elle est néfaste pour l’économie. La répression financière détourne l’épargne privée de l’investissement privé vers les titres d’État – généralement accompagnée d’une hausse de l’inflation en raison d’une demande excessive au taux d’intérêt contrôlé. Pour ces raisons, elle s’accompagne presque toujours d’une croissance relativement plus lente, d’une inflation élevée . La répression financière ce qui étouffe la reprise. Elle magnifie les inégalités!

De nombreux économistes croient à une accélération de l’inflation dès 2021, , il vont jusqu’à envisager 3 et même 3,5%. Je pense qu’il est trop tôt pour une estimation valable.

L’autre possibilité serait pour le Congrès de promulguer des augmentations d’impôts, ou de fixer un calendrier d’augmentations pour le moyen terme. C’est un subterfuge qui peut marcher même si sa crédibilité réelle est faible: la rigueur pour demain Hmm, ce n’est pas très crédible! Surtout dans la situation présente de compétition stratégique avec la Chine!

On évoquera peut être , selon le résultat des élections, une taxe carbone, une taxe sur la valeur ajoutée ou une surtaxe sur les impôts sur les riches.

Bruno Bertez (Url : https://brunobertez.com/2020/08/24/editorial-non-nous-ne-sommes-pas-en-guerre-la-seule-guerre-cest-celle-qui-sera-menee-contre-vous/ )

Via Liliane Held Khawam

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