Sécheresses, barrages, irrigation : « les guerres de l’eau » vont-elles se multiplier en France ?

Incontournable à la vie, l’eau va-t-elle devenir un sujet de conflit ? On bétonne à tout va, les zones humides disparaissent, le fric est roi et l’eau devient un sujet primordial. La politique de gestion de l’eau va dans l’avenir être problématique. Avec la vente des barrages, allons nous payer une fortune pour cette ressource qui appartient à tous ? Partagez ! Volti

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Sophie Chapelle pour BastaMag

Malgré les interdictions, le barrage de Caussade dans le Tarn-et-Garonne a tout de même été creusé sous la pression de la chambre d’agriculture. Ce conflit, après celui du barrage de Sivens, illustre la multiplication des tensions, partout en France, autour de l’irrigation intensive. Face à des sècheresses de plus en plus longues, fréquentes et intenses, et alors que la majorité des zones humides ont disparu, le juste partage de l’eau devient une question fondamentale. Comment éviter que des conflits pour l’eau éclatent partout ? La concertation locale menée sur le bassin versant de la Garonne est-elle une voie à suivre ? Enquête.

Ce n’est pas encore l’été, et pourtant. Au 6 juin, onze départements ont déjà pris des mesures de restriction d’eau en raison de la sécheresse. Les pluies irrégulières n’ont pas suffi, par endroits, à reconstituer les nappes souterraines. Et ce n’est qu’un début. Toutes les projections à l’horizon 2050 concluent à une nette augmentation des températures, et donc de « l’évapotranspiration » : l’évaporation de l’eau avant qu’elle aie le temps de rejoindre une nappe souterraine ou un cours d’eau. Aujourd’hui en France, un tiers seulement des précipitations contribue au débit des rivières et à l’alimentation des nappes, quand le reste s’évapore. Dans les trente ans à venir, les modélisations prévoient une baisse du débit des rivières de 20 à 40 %, et une baisse de la recharge des nappes pouvant aller jusqu’à moins 50 % [1] !

Localement, les problèmes d’approvisionnement se font déjà sentir. Sur le bassin versant de la Garonne, les « étiages », ces moments de l’année où les cours d’eau atteignent leur débit minimal, sont de plus en plus sévères en été et au début de l’automne. Le déficit actuel d’eau [2] pourrait être multiplié par cinq d’ici 2050, pour dépasser un milliard de m3 ! Les milieux aquatiques se dégradent aussi, sous l’effet conjugué de la diminution des débits et de l’augmentation de la température de l’eau [3]. Ce n’est pas seulement la question de la quantité d’eau disponible qui est en jeu, mais aussi sa qualité et la biodiversité des milieux aquatiques qu’elle recèle.

Plus des deux tiers des zones humides ont disparu

Les zones humides sont, avec les sources issues des eaux souterraines, à l’origine de chaque petit cours d’eau. Elles abritent non seulement un grand nombre d’espèces – plantes, papillons, amphibiens, reptiles… – mais elles jouent aussi un grand rôle dans la régulation des crues et l’épuration des eaux. Elles stockent l’eau en période d’abondance et la restituent lentement aux ruisseaux et rivières, ce qui les rend essentielles en fin d’étiage. Or, les centaines d’hectares de zones humides qui jalonnent de façon morcelée la Haute-Garonne, l’Ariège ou les Hautes-Pyrénées [4] sont aujourd’hui menacés par des projets d’urbanisation, de drainage ou de remblaiement. Depuis 1960, plus des deux tiers des zones humides ont disparu en France.

Quand ce ne sont pas les entreprises du BTP qui prélèvent de l’eau, d’autres font valoir leurs besoins immédiats pour refroidir les centrales électriques ou améliorer le rendement des équipements hydroélectriques. Au total, le secteur industriel consomme un quart de l’eau douce disponible en France. Le plus gros utilisateur est l’agriculture avec la moitié de l’eau consommée, et un pic à 80% lors des trois mois d’été [5]. Le reste de l’eau douce est traitée pour devenir de l’eau potable.

Barrage de Caussade : l’illustration d’une fuite en avant

A l’aune des sécheresses et pénuries d’eau qui se profilent, ce qui se joue autour du barrage de Caussade, dans le Tarn-et-Garonne, illustre une forme de fuite en avant. Et annonce les tensions futures, voire les conflits ouverts, autour de la gestion des ressources en eau. Cette retenue de 920 000 m3, dont la construction est en train de s’achever, va bénéficier à une vingtaine d’exploitations agricoles. Dès 2015, un audit ministériel sur les politiques de l’eau et de la biodiversité fait état « des tensions fortes dans le département » en raison des besoins en irrigation. Ses auteurs s’inquiètent de « l’opposition offensive de la profession agricole aux politiques et polices environnementales, devenue agressive, voire anxiogène à l’endroit de ceux qui les portent ». En dépit des réserves émises par l’Agence française pour la biodiversité et le Conseil national de la protection de la nature, la préfecture publie en juin 2018 l’arrêté d’autorisation du lac de Caussade.

« Des arrêtés sécheresse sont publiés, mais il n’y a plus personne pour contrôler les prélèvements » …/…
Les projets de territoire, un outil pour une meilleure gestion des ressources ? …/…
« Les lobbys sont en action partout »
Faire entendre les voix de tous les usagers
« Étudier au préalable toutes les alternatives »

…/…

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Source BastaMag

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Volti

22 Commentaires

  1. Les poisons !

    Après nous avoir défiguré la France rurale,
    après nous avoir détruit la diversité,
    après nous avoir empoisonné la vie
    …voilà qu’ils nous assèchent !

    Merci les chambres d’agriculture, merci la FNSEA !!!

    Ps: Savez vous qu’il y a quelques milliers d’années, le Sahara l’Égypte et la Mésopotamie produisaient des céréales en quantité astronomiiiiiiiiique.
    Oui mais voilà!…la FNSEA de l’époque est passée par là.https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cool.gif

    …Et c’est pas une blague !

  2. je ne vois pas où est le problème de faire des barrages pour stocker ,à part pour faire hurler les anti tout ,très nombreux ici ,qui ne voient pas plus loin que leur écran ….
    il y a des lacs artificielles qui servent également pour les sports nautiques des bobos ….comme le lac du der ,d ailleurs en 2016 il y avait eu polémique sur le fait que l on s occupait plus des interets des plaisanciers que de l agriculture ,ce qui avait occasionné une ouverte excessive des vannes avec inondation des cultures en aval ,à la suite des fortes pluies du printemps .
    que dire du canal en cours de construction entre compiégne 60 et aubencheul au bac 59 ,107 km sur 54m de large et 4,5m de profondeur ,je me demande où ils vont trouver l eau pour le remplir ,parait qu il va passer au dessus d une autoroute à un endroit

  3. Je parie qu’il y aura le conseil de ne pas laisser couler le robinet pendant qu’on se lave les dents mais qu’il n’y aura aucune interdiction des piscines privées (un seul remplissage d’une piscine privée correspond au contenu de combien de verres à dents ?) . Je parie aussi que la culture du maïs si gourmande en eau ne sera pas abandonnée au profit de céréales mieux adaptées . On annonce aussi que la Vienne, qui refroidit la vieille centrale nucléaire de Civaux (les réacteurs les plus puissants en dessous de l’EPR) sera totalement à sec à Civaux cet été . Ils nous annoncent que les bons pour avoir droit aux pilules d’iode délivrées par la pharmacie de l’armée seront accordées aux gens qui habitent jusqu’à 20km de la centrale au lieu de 10km auparavant . Ouf, nous voilà rassurés !

  4. Encore une approche uniquement franco-nombriliste…

    L’eau, ainsi que le dit Volti dans son intro, est indispensable à la Vie.

    Nous évoquons régulièrement ici les conflits qui se font autour de l’enjeu qu’est le pétrole.

    Ben, cela n’est rien par rapport à se qui se dessine pour les futures guerres de l’eau…

    En France, le souci existe, mais nous avons des ressources utilisables. Les problèmes proviennent de choix de gestion de la ressource.

    Tous les pays n’ont pas la chance d’avoir autant de ressource que nous.

    Pour rappel, je ne pense pas qu’aucun d’entre nous n’a pas qu’un robinet à tourner pour avoir de l’eau potable…

    • bin …si ….pourquoi???? c est pas bien ????

      • C’est très bien.

        Faut simplement être conscient que tu fais parti de la minorité privilégiée qui bénéficie de ce luxe sur la planète.

        https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cool.gif

        • tu crois que les migrants qui proviennent de pays arides ,une fois en europe ne tournent pas le robinet ???
          j’suis tout de même trés loin du vacancier parisien qui ,une fois dans ça maison de campagne, passe la soirée à arroser avec l eau de l adduction ses rosiers ,sapins d ornement et sa pelouse ….lui il a le droit parce que le reste de l année il vit dans le béton
          sans compter le lavage de ses palissades …

    • les guerre de l’eau existe déjà regarde dans le monde les pays qui bloque les fleuves pour eux et laisse mourir le pays d’après

  5. pas de forêt= sécheresses etc

    par contre on peu regarder la concentration de pollution qui s’installe à grand pas dans l’eau

    même quantité d’eau plus de pollution plus de monde ce qui va arriver est logique

    on en vient au parole de Schauberger eau de mauvaise qualité = dégénéressence du vivant et de toutes la chaînes vivantes

    • quand le plastique sera assez dissous pour être dans le sang ou plus petit et passer la barrière du cerveau et qu’il occasionnera de gros problème de masse on fera quoi comme les bêtes qui meurent sur les plages

  6. Les phénomènes climatiques ne sont pas plus violents qu’avant mais sont plus destructeurs : la faute à qui ? au temps évidemment !

  7. Ok pour tous ces arguments mais restons tout d’abords terre à terre : Qui paye ces barrages ?
    Il faudrait vraiment vérifier mais je crois que ces travaux sont financés en majorité par l’agence Adour Garonne. Jusque là tout va bien. Comment est financée l’Agence Adour Garonne ? A 90% par les usagers de l’eau potable à travers l’abonnement qu’ils payent tous les mois. Quelle est la proportion de l’usage de cette eau retenue ? A 90 % par les professionnels et l’agriculture en grande majorité. Autrement dit et pour simplifier, l’agriculture utilise presque 90% de l’eau retenue par des dispositifs payés à 90 % par des usagers. Ça me rappelle les taxes sur le carburant à la pompe pour les usagers comparées à celles sur le fioul des bateaux pour acheminer des bibelots de Chine ou le kérosène des avions pour amener ces bobos se dorer la pilule sur des plages lointaines.

    Dire qu’il y a de moins en moins de gilets jaunes dans les rues le samedi….

    • https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif
      Oui, pour l’agriculture c’est depuis bien longtemps, les années 60.
      Mais depuis bien d’autres castres les ont rejoins dans l’assitanat formatée à coups de subventions et d’aides…

    • aprés il n y a plus qu à se demander à quoi sert l agriculture ???? et bien à nourrir les usagers ,la boucle est bouclée https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_smile.gif
      dans le même ordre d idée les bassins de captage ont financé en partie les mises aux normes des bâtiments élevage ….et ça a couté une fortune aux usagers
      ,

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