La Chine se réoriente vers le véhicule à hydrogène.

Même prometteuse il y a encore des progrès à faire. Partagez ! Volti

******

Par Philippe Gauthier pour Énergie-Environnement via LHK

La Toyota Mirai, voiture à hydrogène japonaise. Les ventes mondiales totales ont atteint 5300 exemplaires de 2014 à 2017 et se poursuivent à un rythme comparable.

Une réorientation brutale

Comme la plupart des grandes puissances technologiques, la Chine investit depuis longtemps dans la recherche sur les piles à combustible, mais rien n’indique que le pays possède une avance particulière dans ce domaine. L’étonnante décision de tout miser sur cette technologie semble avoir pour point de départ la visite officielle du premier ministre chinois Li Keqiang au Japon, en mai 2018. Son voyage l’a amené chez Toyota où la Mirai, un véhicule à hydrogène vendu à petite échelle, l’aurait fortement impressionné.

À son retour en Chine, il aurait réuni une équipe pour planifier l’expansion de l’industrie chinoise de l’hydrogène et en particulier celle des véhicules à pile à combustible. En janvier, on a annoncé que l’on prévoyait pour ce faire reprendre les stratégies déjà utilisées pour stimuler la production chinoise de VÉ dans le passé. Le 26 mars, la législature chinoise a adopté une résolution appelant à la mise en place d’une stratégie nationale de recherche sur l’hydrogène et d’un plan de développement de l’industrie.

Plus de détails ont été rendus publics en avril, notamment lors du salon de l’automobile de Shanghai. Cette année, les subventions aux véhicules électriques d’une autonomie de plus de 400 km seront coupées de moitié. L’autonomie minimale pour se qualifier pour les subventions passera de 150 à 250 km. Et les subventions cesseront complètement après 2020. La fin de cette aide pourrait avoir des conséquences pour l’industrie chinoise du VÉ, qui peine déjà à faire ses frais.

Ce brusque changement de politique est d’autant plus étonnant qu’à la fin de 2017, à peine 1 200 véhicules à hydrogène roulaient sur les routes chinoises, loin derrière les États-Unis (6 500 véhicules), le Japon, l’Allemagne et la Corée du Sud. De plus, les objectifs chinois apparaissent singulièrement modestes : 5 000 véhicules à hydrogène d’ici 2020, 50 000 d’ici 2025 et un million d’ici 2030. À titre de comparaison, il s’est vendu 1,3 million de VÉ en Chine en 2018 seulement.

Avantages et inconvénients de l’hydrogène

Beaucoup de choses ont déjà été écrites à ce sujet, mais pour résumer, on fait le plein d’un véhicule à hydrogène aussi rapidement que celui d’un véhicule à essence, ce qui élimine les problèmes liés à l’autonomie et au temps de recharge des VÉ. Ceci rend l’hydrogène particulièrement attrayant pour le amionnage. Les piles à combustible qui transforment l’hydrogène en électricité utilisent aussi moins de métaux, évitant les problèmes d’approvisionnement en cobalt, lithium, nickel et cuivre. La pile elle-même n’émet pas de gaz à effet de serre pendant son fonctionnement.

Du côté des inconvénients, les piles à combustible restent coûteuses et fragiles. La vulnérabilité aux vibrations (qui réduit leur espérance de vie) a mené à leur quasi-abandon à la fin des années 2000. Ces problèmes ont été atténués par la recherche, mais la technologie ne peut toujours pas être considérée comme 100 % éprouvée. Par ailleurs, les piles à combustible utilisent du platine comme catalyseur, un métal rare et très coûteux. La recherche vise à s’en passer ou à réduire les quantités nécessaires, mais ces technologies n’en sont toujours pas au stade commercial.

Reste ce qui est sans doute la principale faiblesse, la chaîne de l’hydrogène lui-même. Sa fabrication et sa distribution sont extrêmement énergivores, ce qui rend le rendement énergétique de l’ensemble du système très peu attrayant. De plus, 95 % de l’hydrogène commercial actuellement utilisé dans le monde est dérivé du gaz ou du charbon, de sorte que cette production est fortement émettrice. On peut produire de l’hydrogène à partir d’électricité renouvelable, mais en pratique cela se fait peu.

Vers un déclin des VÉ?

Cette étonnante décision de la Chine s’inscrit dans un contexte international de moins en moins favorable aux véhicules électriques. De nombreux nouveaux modèles arrivent actuellement sur le marché et peuvent faire illusion sur le dynamisme du secteur, mais la décision de les construire a été prise il y a quatre ou cinq ans, à une époque où le succès de Tesla avait créé un climat d’euphorie. Toutefois, les clients se laissent désirer et les profits ne sont pas au rendez-vous. Si certaines entreprises, comme Volvo et Volkswagen, ont confirmé leur entérêt pour les VÉ, d’autres, dont Toyota, lorgnent vers d’autres solutions, dont l’hydrogène.

Ce faisant, on abandonne peut-être la proie pour l’ombre. La pile à combustible était considérée comme la voie de loin la plus prometteuse il y a eu 15 ans. La difficulté de cette filière, couplée à l’exemple de Tesla, a réorienté l’industrie vers la pile au lithium. On assiste peut-être maintenant à un retour de balancier vers l’hydrogène. Il s’agit non seulement d’un choix technologique risqué, mais ce balancement entre diverses filières risque de semer la confusion chez les décideurs politiques. À terme, il se peut que la voiture à essence l’emporte par défaut.

Sources :

Philippe Gautier

🚗 VOITURES À HYDROGÈNE : Ce que l’on ne vous dit pas !

L’hydrogène est-il un carburant de substitution intéressant face au pétrole ? ↓🚗↓

Comment le produit-on ? Comment le distribue-t-on ? Comment fonctionne-t-il dans une voiture ? La conduite d’un véhicule hydrogène est-elle sure ? Y a-t-il différente façon de le produire ? Où peut-on faire le plein en France en 2018 ? Combien ça coûte ? Quels constructeurs proposent des voitures à hydrogène ? Quelle est la position de l’état français face à cette énergie ?

Toutes ces questions et d’autres nous nous les posons chez POA, c’est pourquoi nous avons voulu en savoir plus avec l’aide de notre journaliste Matthieu Lauraux, Secrétaire d’État en charge des nouvelles mobilités chez POA, qui a déjà un écrit un article à ce sujet : l’Hydrogène a-t-il un avenir ?

Qui roule en hydrogène aujourd’hui en France ?

De façon pragmatique, nous avons voulu rencontrer un conducteur de voiture à hydrogène et nous avons découvert que la société Hype opérait une flotte de 75 taxi à hydrogène à Paris, des Hyundai IX35. Hype a été lancée en décembre 2015 pendant la COP 21, par la Société du Taxi Electrique parisien (“STEP”).

Abdou, l’homme au monde qui a effectué le plus de kilomètres en hydrogène

Nous avons donc interviewé Monsieur Abdou,un chaffeur de Taxi chez Hype qui conduit depuis plus de deux ans un Hyundai IX35. Il serait la personne au monde a avoir effectué le plus de kilomètres en hydrogène en Hyundai IX35. Son témoignage et son ressenti sont donc précieux. En parallèle, nous avons demandé à Mathieu Lauraux de nous éclaircir sur les forces et faiblesses de l’hydrogène.

Un plein d’hydrogène à l’Alma en 5 min

Puis nous sommes partis faire le plein en direct à la station de la place de l’Alma à Paris, histoire de vous faire partager notre expérience de la vraie vie. Enfin, Hyundai étant en pointe sur l’offre de voiture à hydrogène, nous en avons profité pour rencontrer son DG français, Lionel French-Kheog, qui nous livre la stratégie d’Hyundai et nous parle du Nexo le prochain modèle à hydrogène qui arrive ces mois-ci en concessions.

Petites Observations Automobiles

D’après le commentaire d’Olivier Guerrini, il semble qu’il y ait une erreur entre compression et liquéfaction.

Beau sujet mais attention aux erreurs messieurs. Matthieu s’emmêle les pinceaux entre la compression et la liquéfaction. À 700 bars l’h2 n’est absolument pas liquide et reste à température ambiante à l’état gazeux. La majorité des véhicules H2 tablent sur cette forme de stockage grâce aux récents progrès des réservoirs polymères qui permettent de monter à ces très hautes pression sans poids excessif contrairement aux réservoirs traditionnels en métal. BMW a testé il y a quelques années une série 5 hydrogène avec moteur à combustion et reservoir à H2 Liquide a -250 degrés mais n’a pu résoudre les problèmes d’évaporation (boil off). Belle auto que j’ai pu essayer mais finalement moins aboutie que les Daimler ou Hyundai à PAC.

Partagé avec Liliane Held Khawam

Volti

21 Commentaires

  1. L’inde actuellement travail sur le moteur de Nicolas Tesla qui avait fait rouler une voiture avec un extracteur du point zero ( EPZ) , autonomie illimitè.
    Un invitè de tinkerwieve , ancien colaborateur de rocard en parle.

    • https://fr.wikipedia.org/wiki/Extracteur_du_potentiel_de_point_z%C3%A9ro

      ” L’extracteur du potentiel de point zéro (traduction de l’anglais Zero Point Module, parfois abrégé EPPZ ou E2PZ) est un objet fictif inventé dans la série télévisée Stargate SG-1, également utilisé dans la série Stargate Atlantis.

      Il s’agit d’une source d’énergie extrêmement puissante (et de forte capacité) conçue par les Anciens (les créateurs des portes des étoiles) qui semblaient les appeler Potentia. ”

      Bref, je sais pas où tu a vu ça mais c’est un fake …

  2. En parlant de l’inde, où en sommes nous du fameux véhicule tata fonctionnant avec l’air comprimé, ou bien ce fameux moteur à base d’aimant ?? Plus rien depuis belle lurette !

  3. Réorientation très très judicieuse.

    Cette décision au plus haut niveau démontre une très forte réactivité du système communiste centralisé chinois envers l’innovation.
    Eux savent encore s’adapter au contraintes REELLES de ce monde, plutôt que lutter contre.

    Et une fois de plus, ce fait va totalement à l’encontre de l’image que nos médias distillent du PCC.

    • Entièrement d’accord. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif

      Nous oublions trop facilement que la Chine dispose d’ingénieurs et de chercheurs de très haut niveau.

      Dans l’informatique, le nucléaire, l’aérospatiale, etc…

      Ce ne sont pas tous des niakoués courbés sur des chaines de production d’i-phone…

      Et les moyens pouvant être mis en oeuvre par leur système centralisé (dictatorial certes) sont énormes et sans commune mesure avec les capacités occidentales, même US.

      Ces derniers d’ailleurs ont besoin du privé pour s’en sortir…

    • Nos médias distille l’image des chinois comme n’ayant aucune capacité ni ambition technologique ? ça m’étonnerais …
      Les médias pointe du doigt la Chine, mais pas spécialement sur le sujet de l’énergie.

  4. Il ne s’agit pas de la Chine mais de l’Inde non https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_scratch.gif https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif

  5. Avec des voitures électriques qui prennent feu spontanément, je comprends le changement de stratégie, même si l’hydrogène ne semble pas – à la lecture de cet article – la panacée.
    A part les pieds et le cheval, je ne vois rien d’autre. Ah si, le vélo bien sûr !
    Il y a pourtant bien des découvreurs qui ont inventé d’autres systèmes, mais… Ils sont éliminés en peu de temps, comme autant de perturbateurs…

    • Si si, l’hydrogène est une très bonne façon de stoker de l’énergie.
      Mais il est aussi vrai, qu’à l’heure actuelle, sa mise en œuvre reste délicate.
      …De plus, sa combustion donne de l’eau…bio. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yes.gif

  6. L’hydrogène est l’élément le plus abondant de l’univers, et on en trouve en quantité illimité sur terre. ( Dans l’eau).
    Il a un PCS (pouvoir calorifique supérieur : c’est l’énergie thermique libérée par la combustion d’un kilogramme de combustible.) qui explose celui des autres combustible.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Pouvoir_calorifique#Pouvoir_calorifique_moyen_de_quelques_combustibles

    Maintenant pour le produire, c’est plus délicat puisqu’il faut de l’énergie.
    https://www.planete-energies.com/fr/medias/decryptages/comment-fabriquer-l-hydrogene
    Cela dis, puisqu’il peut se stocké , c’est un ” allié ” de choix pour certaines énergies renouvelable qui ne fonctionne que sous certaines conditions (comme le photovoltaïque ou l’éolien)
    Mais le stocker n’est pas simple.

    En terme de pollution, sa combustion est ” parfaite” d’un point de vue écologique :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Dihydrog%C3%A8ne
    “Il brûle dans l’air en produisant de l’eau, d’où son nom composé par le préfixe « hydro », du grec ὕδωρ (hudôr) signifiant « eau », et par le suffixe « gène », du grec γεννᾰν (gennen), « engendrer ».”

    L’hydrogène est déjà une réalité dans un autre domaine : la maison. Production d’électricité & Production thermique
    https://chaudiere.ooreka.fr/astuce/voir/636423/chaudiere-a-hydrogene

    • J’ai eu l’occasion de voir en oeuvre des bricolages de production d’hydrogène et d’oxygène par la production des alternateurs pour injection complémentaire dans des moteurs essence.

      Cela fonctionne pas trop mal et permet des économies de près de 10 à 15 % de carburant, en mettant simplement de l’eau dans le système d’anode cathode.

      Bon, c’est totalement illégal, et faut être un bon bricolo, mais cela fonctionne…

      Alors, que des ingénieurs avec des moyens s’attellent sur le sujet sérieusement, et nous verrons comme par miracle surgir de nouvelles possibilités…

    • Tu dis là, ce que j’ai écrit ci-dessus en trois petites phrases..https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif

      • oui, mais avec classe 🙂

      • Salut Engel,

        Tu évoquais le stockage d’énergie avec l’hydrogène, alors que je parle de réalisations concrètes d’utilisations de l’hydrogène en production à la demande avec l’électricité fournit par l’alternateur d’un véhicule…
        https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif

        • Je m’adressai à Sombre.

          Ceci dit, l’hydrogène se trouvant à l’état naturel n’est pas exploitable directement.
          L’hydrogène exploitable est celui qui résulte d’une transformation chimique (électrolyse ou autres..).
          Pour réaliser cette transformation, il faut une source d’énergie extérieure qui produira du H2, mais aussi qui consommera plus qu’elle ne stockera d’énergie dans H2.
          …Une perte de rendement, comme ils disent.

          Donc, l’hydrogène sert à stocker au prix d’une certaine perte, une énergie non utilisable directement. Sinon aucun intérêt, autant utiliser l’énergie primaire directement.

          En clair, ton histoire d’alternateur n’est absolument pas rentable. Il consomme plus qu’il ne restitue.
          …Ou sinon, houlala….tu viens d’inventer le mouvement perpétuel surnuméraire!!! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif

          • C’est simplement que ton alternateur, il tourne et recharge ta batterie pour démarrer.
            Et pour cela, il produit largement plus que ton besoin.
            Le principe est de prélever une partie de cette production surnuméraire pour faire de l’électrolyse et alimenter ton moteur en complément avec de l’hydrogène.
            Ton alternateur produit bien plus que nécessaire pour recharger ta batterie, surtout sur un long trajet.
            En fait, tu utilises de l’énergie qui est autrement perdue…

            • Non, un alternateur auto-régule naturellement, sa charge est adaptative, il n’y a pas d’énergie perdue.
              Quand il tourne mais n’est pas sollicité, il ne produit ni courant ni de résistance à l’avancement.
              Et là il ne consomme que les pertes par frottement du à la courroie et aux deux roulements qui le compose.. et un peu par hystérésis résiduel .
              …En clair c’est insignifiant.

Les commentaires sont clos.