Sites classés : le gouvernement veut ouvrir la voie au béton..

Comment croire en Macron “l’écolo” qui dit une chose et fait son contraire ? Partagez ! Volti

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Par Marie Astier pour Reporterre

Un projet de décret pourrait faciliter grandement les travaux dans les « sites classés », les zones parmi les plus protégées et riches en biodiversité du territoire français. Une nouvelle contradiction entre les actions du gouvernement et les annonces faites lundi 6 mai par Emmanuel Macron en faveur de la protection de la biodiversité.

Dans le Finistère, non loin de la pointe du Raz. Flickr (Massimo Frasson/CC BY-SA 2.0)

En même temps qu’Emmanuel Macron annonçait lundi dernier des mesures en faveur de la biodiversité, son gouvernement préparait un décret qui pourrait laisser libre cours aux appétits des bétonneurs dans les sites les plus préservés de France.

Ces « sites classés » sont par exemple la dune du Pilat, les calanques de Marseille, le massif du Mont-Blanc, les gorges du Tarn, les plages du Débarquement, etc. Ces lieux exceptionnels doivent présenter « un intérêt général au point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque » pour être ajoutés à la liste des sites classés. Il y en a désormais 2.700, couvrant environ 2 % du territoire national.

Depuis plus de 100 ans, la politique à leur égard est simple : les préserver au maximum de toute dégradation. Une politique plutôt rare, quand on sait qu’en France l’équivalent de la surface d’un département disparaît tous les 7 à 10 ans sous les bulldozers et le béton. Cette protection fait de beaucoup de sites classés des conservatoires de biodiversité, des refuges pour les espèces menacées.

Actuellement, tous les travaux conséquents sur ces sites — un agrandissement notable d’un bâtiment, une construction, un belvédère ou une passerelle, un défrichage — doivent recevoir une autorisation ministérielle. Mais, un décret en préparation, que Reporterre a pu consulter, prévoit que l’ensemble des autorisations de travaux concernant les sites classés seront désormais délivrées à un niveau bien plus local, par les préfets de département.

Un arbitrage de Matignon

« On ne s’y attendait pas du tout », relate David Couzin, président de l’Association des inspecteurs des sites. Alors que les services du ministère travaillaient en interne depuis de longs mois à un projet de décret ne déléguant que les travaux les moins « impactants » aux préfets, Matignon est arrivé en décembre en imposant sa version lors d’une réunion interministérielle.

« Il n’y a jamais eu d’attaque aussi importante du dispositif, les inspecteurs à la retraite qui m’appellent me disent que c’est la fin des sites classés », alerte David Couzin. Cette mesure « risque de vider de sa substance une politique importante de protection du patrimoine naturel et culturel », soutient le Syndicat national de l’environnement-FSU, dans une lettre au ministre de la Transition écologique.

Cette déconcentration de la décision au niveau départemental fait craindre le pire aux défenseurs des sites. « Le préfet de département a beaucoup moins de moyens de résister que le ministère à un hôtelier qui veut faire une exploitation commerciale des lieux, ou quelqu’un d’important qui veut construire une villa. Il connaît les notables locaux », observe Julien Lacaze, vice-président de l’association Sites et Monuments. Cette institution plus que centenaire avait porté la première loi de protection des sites en 1906, et soutient les inspecteurs des sites dans leur mobilisation contre le projet de décret. « On va créer de l’activité en déprotégeant, alors qu’un site bien protégé rapporte de l’argent », reprend-il. « C’est une politisation extrême des arbitrages via le préfet, où domineront les intérêts électoraux et du Medef  [Mouvement des entreprises de France] », dénonce Francis Combrouze de la CGT Environnement.

Le Conseil national de protection de la nature (CNPN), instance clé pour la protection des espèces sauvages et des espaces naturels, s’est également saisi du sujet. Il souligne dans un avis du 21 mars dernier que les préfets de département sont « fortement soumis aux pressions aménagistes locales, notamment à des fins touristiques », ajoutant qu’« une déconcentration totale des autorisations de travaux remettrait en cause les efforts accomplis pendant plus d’un siècle pour la protection des sites les plus remarquables de France, qui font par ailleurs l’objet d’un intérêt croissant par le grand public, et elle constituerait un danger pour la protection de la biodiversité ». …/…

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Source Reporterre

Voir aussi :

Le gouvernement veut encore affaiblir la protection de l’environnement

Emmanuel Macron annonce des mesures « pour sauver la biodiversité »

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