Dettes de gaz en Ukraine : Plusieurs grandes villes sans chauffage …

Situation très difficile en Ukraine avec les températures négatives et le manque de chauffage, l’hiver va être très long pour la population. Partagez ! Volti

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Christelle Néant pour Donbass-Insider

Caricature : Vitali Podvitski

Alors que l’hiver a commencé, et que les premières chutes de neige sont arrivées en Ukraine, les dettes de gaz accumulées ces dernières années ont provoqué des coupures de chauffage un peu partout dans le pays.

D’après le député néo-nazi de la Rada, Igor Mossiytchouk, dix grandes villes sont concernées par le manque de chauffage, dont Kherson, Krivoï Rog, Severodonetsk et Smela. Résultat : les vacances scolaires ont dû être prolongées dans certaines régions, les écoles n’étant pas chauffées, il est impossible d’accueillir les élèves dans ces conditions.

La situation est telle qu’à Smela, les autorités seraient prêtes à déclarer l’état d’urgence, alors que 68 000 habitants sont laissés sans chauffage et que les températures descendent en dessous de zéro la nuit. À Kherson, 13 écoles sont toujours sans chauffage et les élèves doivent rester chez eux encore cette semaine.

La raison de cette énième catastrophe à l’ukrainienne : les dettes des opérateurs de chauffage locaux envers Naftogaz, la société nationale qui distribue le précieux combustible sans lequel les stations de chauffage ne peuvent tourner.

À Smela, la dette de l’opérateur local Energoinvest envers Naftogaz est de 200 millions de hryvnia (soit 6,354 millions d’euros).

À Krivoï Rog, la situation est encore pire, l’ardoise de Krivorojstal de 370 millions de hryvnia (soit 11,756 millions d’euros), laisse 300 000 habitants, 78 écoles, 75 jardins pour enfants, et 22 hôpitaux sans chauffage.

La situation est tellement désastreuse que les gens ont manifesté leur mécontentement devant le bâtiment de l’opérateur local, allant jusqu’à brûler des pneus. Une manifestation qui a fait suffisamment peur aux autorités pour débloquer temporairement la situation. Naftogaz a enfin fourni du gaz à Krivorojstal, permettant à l’opérateur de lancer ses stations de chauffage.

Mais cela n’est qu’une solution temporaire. Si aucune solution de fond n’est apportée, le problème se posera à nouveau dans un mois ou deux.

Ces problèmes de dette ne sont pas nouveaux, mais comme je l’avais prédit il y a trois mois en arrière, ceux-ci ne font que s’accumuler et ne vont pas aller en s’arrangeant. Pourquoi ?

Parce que les deux tiers des Ukrainiens n’arrivent plus à payer leurs factures à cause des hausses continues des tarifs du gaz, de l’électricité et de l’eau imposées par le FMI et la politique désastreuse des autorités de Kiev. Et la dernière hausse des tarifs du gaz de 23,5 % ne va faire qu’aggraver la situation.

Or les factures qu’ils ne payent pas sont celles de l’opérateur local. Et quand ce dernier n’est pas payé, il ne peut pas payer Naftogaz pour le combustible consommé, qui finit par couper le robinet de gaz lorsque la dette atteint un niveau inacceptable.

Comme je l’indiquais en août, il faut y ajouter que Kiev ne peut plus subventionner ce secteur pour alléger la facture des ménages, et ce, à la demande du FMI. Si Kiev n’augmente pas les tarifs du gaz, le FMI coupe le robinet d’argent dont l’Ukraine a besoin pour survivre.

Car il faut rappeler que dans les cinq années à venir, l’Ukraine doit payer près de 33 milliards de dollars de dette, et que le pays est très loin de générer assez d’argent pour payer tout cela (sans parler des 3 milliards de dollars par an que l’Ukraine va perdre dès 2020 en même temps que le contrat de transit de gaz avec Gazprom). Sans l’aide du FMI, le pays est en état de faillite.

Mais malgré ces déboires financiers et l’échec de la saisie des avoirs de Gazprom dans le bras de fer judiciaire qui oppose Naftogaz à son homologue russe, les dirigeants de la société de gaz ukrainienne ne semblent pas souffrir tant que cela de la situation.

Ainsi, d’après les médias ukrainiens, le directeur du développement commercial de Naftogaz, Iouri Vitrenko aurait sorti du pays 4,5 millions d’euros, et le directeur général de la société, Andreï Kobolev, 6,3 millions d’euros qui sont venus s’ajouter aux 7,5 millions de dollars qu’il a envoyé à sa mère aux États-Unis en septembre.

Ces fonds feraient partie des bonus accordés aux dirigeants de Naftogaz suite au jugement de la cour d’arbitrage de Stockholm en défaveur de Gazprom. Mais après que la cour d’appel de Svea ait suspendu la décision, aucun des dirigeants de Naftogaz n’a rendu le bonus indûment touché.

Et pendant que les dirigeants de Naftogaz s’en mettent plein les poches, le pays lui s’enfonce de plus en plus. Un constat qu’Igor Mossiytchouk (que l’on peut difficilement qualifier d’agent du Kremlin vu le parti auquel il appartient : Svoboda) a fait, en déclarant que l’Ukraine est de facto sous le contrôle du FMI et des multinationales et que cette situation va mener à l’extinction complète du pays.

« Les pauvres Ukrainiens vont devenir encore plus pauvres, de plus, une telle décision [la hausse des tarifs du gaz NDLR] va provoquer une hausse de l’émigration, et l’Ukraine a déjà perdu 10 millions de citoyens qui sont partis travailler à l’étranger, » a déclaré le député.

Si mêmes les politiciens les plus russophobes en viennent à la conclusion que j’ai énoncée il y a longtemps déjà, à savoir que l’Ukraine se somalise à vitesse grand V, et qu’elle fonce vers le mur de sa disparition, c’est qu’il est plus que temps de s’inquiéter.

Christelle Néant pour Donbass-Insider

Volti

2 Commentaires

  1. ça, c est la misère du prolétariat……je compatis
    on n est plus à savoir si la source d énergie est compatible avec l écologie ou pas …..

  2. @Prédateur
    Ce n’est pas la misère du prolétariat.
    C’est la prédation d’un empire moribond.

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