Victor Hugo : « Vous n’avez rien fait tant que le peuple souffre. » …

Il y a eu et il y a, des discours forts qui devraient remettre les décideurs face à leurs responsabilités, s’ils étaient attentifs aux besoins du peuple. Ce serait des priorités qui devraient être au premier plan. Mais, depuis ce beau discours, ils se sont encore plus éloignés et se sont envolés dans les hautes sphères du pouvoir, des privilèges, où ce qu’il y a dessous leur est si peu visible, que certains n’hésitent même plus à se comparer à ce peuple qu’ils n’ont de cesse de mépriser. Tels ceux qui “pleurent” sur leur obligation à payer eux aussi le carburant plus cher, alors qu’ils ont un salaire mensuel plus que confortable. Au XXIème siècle, dans un pays soi-disant riche, on meurt encore de faim et de froid dans les rues. Des immeubles s’écroulent faute d’entretien, il y a des travailleurs pauvres, la misère se propage partout, nos anciens oubliés, se suicident et ILS ne voient rien. Partagez ! Volti

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Source Positivr

Victor Hugo (1802 – 1885), poète, dramaturge, prosateur romantique et député français

Le 9 juillet 1849, à l’Assemblée nationale, le romancier s’adressait à ses collègues députés dans un discours vibrant et musclé.

Alors que la misère est toujours de ce monde et que certains continuent de mourir sous les décombres de leurs logements délabrés, voici un texte ancien mais toujours d’actualité. On le doit au célèbre Victor Hugo… et il serait bon de ne point l’oublier.

 « Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. » Ce discours, Victor Hugo l’avait déclamée à L’Assemblée nationale. C’était le 9 juillet 1849, alors qu’il était député. Pour se le remettre à l’oreille et, surtout, dans la tête, le voici rejoué par les acteurs Cécile Bois, Patrick Chesnais, Alexandre Philip, Liliane Rovère et Guillaume de Tonquédec. C’est puissant, ça prend aux tripes et ça nous rappelle malheureusement que le travail n’a toujours pas été fait et que le combat continue.


« Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère.

Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli.

La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu’où elle est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?

Mon Dieu, je n’hésite pas à les citer, ces faits. Ils sont tristes, mais nécessaires à révéler ; et tenez, s’il faut dire toute ma pensée, je voudrais qu’il sortît de cette assemblée, et au besoin j’en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle enquête sur la situation vraie des classes laborieuses et souffrantes en France. Je voudrais que tous les faits éclatassent au grand jour. Comment veut-on guérir le mal si l’on ne sonde pas les plaies ?

Voici donc ces faits.

Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver.

Voilà un fait. En voulez-vous d’autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l’on a constaté, après sa mort, qu’il n’avait pas mangé depuis six jours.

Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !

Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu !

Voilà pourquoi je suis pénétré, voilà pourquoi je voudrais pénétrer tous ceux qui m’écoutent de la haute importance de la proposition qui vous est soumise. Ce n’est qu’un premier pas, mais il est décisif. Je voudrais que cette assemblée, majorité et minorité, n’importe, je ne connais pas, moi de majorité et de minorité en de telles questions ; je voudrais que cette assemblée n’eût qu’une seule âme pour marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime, l’abolition de la misère !

Et, messieurs, je ne m’adresse pas seulement à votre générosité, je m’adresse à ce qu’il y a de plus sérieux dans le sentiment politique d’une assemblée de législateurs ! Et à ce sujet, un dernier mot : je terminerai par là.

Messieurs, comme je vous le disais tout à l’heure, vous venez avec le concours de la garde nationale, de l’armée et de toute les forces vives du pays, vous venez de raffermir l’État ébranlé encore une fois. Vous n’avez reculé devant aucun péril, vous n’avez hésité devant aucun devoir. Vous avez sauvé la société régulière, le gouvernement légal, les institutions, la paix publique, la civilisation même. Vous avez fait une chose considérable… Eh bien ! Vous n’avez rien fait !

Vous n’avez rien fait, j’insiste sur ce point, tant que l’ordre matériel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidé ! Vous n’avez rien fait, tant que le peuple souffre ! Vous n’avez rien fait, tant qu’il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère ! Vous n’avez rien fait, tant que ceux qui sont dans la force de l’âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! Tant que ceux qui sont vieux et ont travaillé peuvent être sans asile ! Tant que l’usure dévore nos campagnes, tant qu’on meurt de faim dans nos villes, tant qu’il n’y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur ! Vous n’avez rien fait, tant que l’esprit de la révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n’avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l’homme méchant a pour collaborateur fatal l’homme malheureux ! »

Pourvu que ces mots guident un jour l’action des politiques et, plus largement, l’action de tous les gens de pouvoir. L’humanité le mérite.

Positivr via Aphadolie

 

Volti

3 Commentaires

  1. C’est tellement vrai, notre société se dit civilisée mais tout le monde ne peut pas jouir du minimum vital indispensable à sa survie.

    Nous sommes tellement habitué à ce que le minimum vital soit gagné par tout le monde qu’on en oublie la fraternité.

    Mais en quoi devons-nous gagner notre vie lorsque l’on sait que la vie nous est donnée et que nous n’avons pas à la gagné. Gagner sa place au soleil, qu’elle abjecte phrase lorsqu’on y pense car cela provoque des comportements égoïstes dans le style c’est à moi et ça n’appartient pas aux autres.

    L’appartenance vient d’un système qui nous dit, tu l’as gagné à la sueur de ton front donc c’est à toi ! Tout ceci part d’un bon sentiment car chacun à le droit d’avoir quelque chose à lui mais en réalité ce n’est pas gratuit.

    Pourtant nous savons que la terre est un territoire qui n’appartient pas à une minorité mais à tous et non d’en faire une affaire personnelle qui empêche l’autre d’en jouir par profit égoïste.

    On le voit aujourd’hui avec la réquisition des terres par l’agriculture intensive. Pourquoi un homme ne pourrait-il pas jouir d’un bout de terre pour vivre de sa cueillette mais qu’au contraire on l’oblige à travailler pour acheter des produits que d’autres ont cultivé à sa place, le privant de l’essentiel si celui-ci n’a pas le travail et l’argent nécessaire pour acheter ce minimum à sa survie.

    Quel ironie quand on y pense, il est vraiment temps que des solutions se mettent en place comme le revenu universel car hélas nous allons vers plus de pauvreté et nous ne pouvons plus accepter ça au 21 éme siècles.

  2. L’humanité est arrivée à une phase de son évolution où de grandes choses vont se décider.
    […]
    Il n’est plus temps de tergiverser, il faut aller droit au but, sans hésitations et sans défaillances.
    Et ce but c’est : la vérité absolue et la justice intégrale.
    Ainsi, sera réalisé ce que Victor Hugo, ce grand poète, a annoncé quand il a dit :
    Temps futurs ! Vision sublime !
    Les peuples sont hors de l’abîme.
    Le désert morne est traversé,
    Après les sables la pelouse ;
    Et la terre est comme une épouse,
    Et L’homme est comme un fiancé.
    Dès à présent l’œil qui s’élève
    Voit distinctement ce beau rêve
    Qui sera le réel un jour,
    Car la femme dénouera toute chaîne,
    Car le passé se nomme haine
    Et l’avenir s’appelle amour
    Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/plus-un-enfant-connait-sa-mere-plus-il.html

  3. A lire aussi: “Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte” de Thierry Jonquet (Éducateur Spécialisé et écrivain, Big Up collègue!).
    Une remise à jour d’Hugo formidable (Et merci à Vir pour ce cadeau, d’ailleurs!).
    Et belle journée à vous: les moutons pas vraiment enragés quand même! 😉
    Emelyne Hernandez.

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