Cancer de la bouche : encore une découverte en Taïwan !

Selon une étude effectuée par des chercheurs en Taiwan parue le mercredi 10 octobre 2018 dans le Journal of Investigative Medicine intitulé « Association entre les particules fines et le cancer de la bouche chez les hommes taïwanais »[1], des niveaux élevés de particules polluants sont liés à l’accroissement d’un risque de développement du cancer de la bouche. C’est la première étude qui évoque le risque accru du cancer de la bouche à cause de la pollution de l’air.

En 2012, les estimations s’élèveraient à 300 000 nouveaux patients souffrant du cancer de la bouche et 145 000 décès dus à cette même maladie dans le monde. Les causes de ce cancer sont principalement le papillomavirus humain (VPH), le tabac, l’alcool, ou encore la mastication addictive du bétel notamment en Asie du Sud-Est. Les chercheurs taiwanais suggèrent dans leur dernière étude une nouvelle cause propice au développement de cette maladie.

L’équipe s’est concentrée sur la base de données de surveillance de 66 stations d’observations de la qualité de l’air en Taiwan et ont exploité des bases de données nationales sur les services médicaux préventifs pour adultes, la base de données nationale de recherche sur l’assurance maladie et le registre du cancer. L’exploration a débuté par le calcul des niveaux moyens des polluants atmosphériques datant de 2009 (concernant le dioxyde de soufre et d’azote, monoxyde de carbone et d’azote ainsi que diverses tailles de particules fines). Puis, elle a sélectionné un échantillon composé de 482 659 hommes de 40 ans en moyenne (car le cancer de la bouche est plus récurrent chez les personnes de plus de 40 ans). Notons la prise en compte des profils des participants favorables au diagnostic du cancer de la bouche tels que les fumeurs, les alcooliques et bien sûr, les chiqueurs du bétel.

Un type de particule fine présent dans l’air, dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres, attire l’attention des chercheurs : le PM2,5. Ce dernier est surtout émis par les activités de traitement de substances chimiques ou du pétrole. Il inclut donc de métaux lourds (arsenic, le nickel et le chrome) et des hydrocarbures aromatiques polycycliques reconnus comme étant des composants cancérigènes. Entre 2012 et 2013, 1 617 cas de cancer de la bouche ont été diagnostiqués au total. Par conséquent, les chercheurs ont donc affirmé que les hommes soumis aux niveaux les plus élevés de PM2.5 dans l’air (niveaux supérieurs à 40,37 µg/m3 contre moins de 26,74 µg/m3 pour les niveaux plus bas) avaient potentiellement 43% plus de risque de développer un cancer de la bouche.

Le Dr Michael McPhaul, coauteur de l’étude conclue que « cette étude, avec un échantillon important, est la première à associer le cancer de la bouche aux particules fines PM2.5 ». Ces résultats s’ajoutent aux preuves de plus en plus nombreuses des effets néfastes des PM2,5 sur la santé humaine“.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que les niveaux annuels moyens de PM2,5 ne doivent pas dépasser 10 μg / m 3 pour mieux amortir l’impact sur la santé des populations. Pourtant ce seuil est souvent dépassé dans de nombreuses grandes villes du monde. Par exemple, de nombreuses autres villes du monde ont des niveaux de PM2,5 dépassant largement le seuil recommandé par l’OMS. En effet, selon ce dernier, le niveau annuel moyen de PM2,5 à Pékin de 85 μg / m 3, à Kaboul est de 86 μg / m 3 et à Delhi, de 122 μg / m 3.

On relève toutefois quelques limites. Dans l’étude présentée dans le Journal of Investigative Medicine, on note une éventuelle impasse de la prise en compte du niveau d’exposition préalable à la pollution atmosphérique des hommes. C’est-à-dire qu’au cours de leur vie, certains hommes ont vécus longtemps dans des lieux très pollués par les particules fines PM2.5 contrairement à d’autres. Logiquement, il y a une conséquence sur les données du résultat final. Dans cette perspective, la recherche mérite d’être retravaillée dans ce sens. Bien que le but de cette étude fût d’étudier le lien entre les PM 2,5 et le cancer de la bouche chez les hommes taïwanais, celle-ci ne permet pas de déceler un enchainement de processus scientifiques afin de présenter une relation de cause à effet. “Le mécanisme par lequel cela se produit n’est pas clairement compris, c’est pourquoi des investigations supplémentaires sont nécessaires”, affirment les chercheurs.

En somme, même si la pertinence de la recherche effectuée en Taïwan mérite quelques clarifications, on peut imaginer que la liste des facteurs cancérigènes de la bouche semble être en bonne voie pour s’agrandir.

 

 Traduction libre et interprétation par Jamais203 à partir des sources suivantes :

[1] Chu Y, Kao S, Tantoh DM, et al Association between fine particulate matter and oral cancer among Taiwanese men Journal of Investigative Medicine Published Online First: 09 October 2018. doi: 10.1136/jim-2016-000263 URL: https://jim.bmj.com/content/early/2018/08/13/jim-2016-000263

, Air pollution linked to greater risk of mouth cancer, finds study, Tue 9 Oct 2018, URL:  https://www.theguardian.com/environment/2018/oct/09/air-pollution-linked-to-greater-risk-of-mouth-cancer-finds-study

Jamais203

4 Commentaires

  1. Faut arrêter la pipe.

  2. Les masques sanitaires des Japonais ne sont pas si bêtes en somme.
    Il y a un grand nombre de cancers de la bouche en Chine, en Thaïlande depuis de nombreuses années.
    Les molécules diaboliques, les particules invisibles, le thé brûlant, l’obligation de se taire durant des décennies, la capacité à s’ouvrir ?

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