Le cercle vicieux de l’essor de la climatisation…

Face au dérèglement climatique, aucune mesure perenne n’est envisagée à part des taxes. Toujours plus d’électricité de consommée, que l’éolien et le solaire ne peuvent fournir. Le tout électrique si confortable, est une catastrophe dont la génération “bouton” n’a pas conscience. On nous prédit qu’il fera de plus en plus chaud dans les années à venir et, pour lutter contre, le sapiens destructor cli-ma-tise… et contribue au “réchauffement”. On a peur du nucléaire mais nous ne faisons aucun effort pour moins consommer. Comment sortir de ce cercle vicieux ? Partagez ! Volti

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Auteur Mpellerin pour Notre-Planète-Info

Système de climatisation
Crédit :ElasticComputeFarm / Pixabay – Licence : CC0

Très coûteux en électricité, les systèmes de climatisation devraient voir leur nombre tripler dans le monde d’ici 2050, selon l’Agence internationale de l’énergie. Une tendance inquiétante et paradoxale puisqu’en voulant lutter contre la chaleur, le recours à ces appareils ne fait qu’augmenter le réchauffement climatique…

Conséquence de l’augmentation progressive des températures estivales et des « progrès » de la société de consommation, de plus en plus de ménages dans le monde s’équipent de climatiseurs. Aux États-Unis, 90 % des logements individuels en seraient ainsi munis, contre seulement 4 % en France et 1 % en Suisse. Chaque année, il s’en vendrait 135 millions d’unités pour un nombre total estimé à 1,6 milliard sur la planète. Selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), ce total pourrait tripler d’ici 2050 pour atteindre 5,6 milliards, notamment avec l’augmentation du niveau de vie des pays émergents comme l’Inde, l’Indonésie, la Thaïlande ou le Brésil.

En Chine, les ventes de climatisation seraient huit fois plus importantes qu’aux États-Unis. En Inde et en Indonésie, la hausse conjointe des températures et des salaires a déjà permis respectivement à 5 et 7 % des habitations privées de s’en équiper. Problème : ces systèmes consomment énormément d’énergie qui, pour être produite en quantité suffisante et par le rejet d’air chaud à l’extérieur, contribue à augmenter le réchauffement de la planète.

Aussi énergivores que 25 à 50 frigidaires ; climatisateurs et ventilateurs compteraient déjà, à l’échelle mondiale, pour 20 % de l’électricité totale consommée dans les bâtiments. En Inde, futur pays le plus peuplé au monde, la clim’ pourrait mobiliser 45 % de la production électrique. En 2011 à Philadelphie, elle a même représenté 74 % de la consommation d’électricité en ville. Avec, inévitablement, des émissions de CO2 en conséquence : entre 2016 et 2050, les rejets de gaz à effet de serre (GES) liés à la climatisation pourrait doubler pour atteindre un milliard de tonnes supplémentaires par an, soit autant que les émissions de l’Afrique…

Une surconsommation électrique qui pose problème

Tandis que la climatisation devient la norme dans les bureaux, magasins, restaurants et voitures, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a annoncé fin juin 2018 que tous les nouveaux bus de la collectivité en seront également équipés à partir de 2019. « Ce sera un système de climatisation doux pour ne pas trop consommer d’énergie », précise toutefois l’élue. Car si le marché français ne devrait pas échapper au phénomène avec une croissance de 8 % en 2017, soit 500 000 appareils installés, le recours à des technologies moins énergivores y est plus répandu.

Quand les bonnes pratiques comme aérer au bon moment ou brasser l’air intérieur efficacement ne suffisent plus, l’achat de climatiseurs plus économes en énergie, comme au Japon et en Europe, permettrait de diviser par deux les dépenses énergétiques liées à l’air conditionné, selon l’AIE. L’utilisation de pompes à chaleur réversibles devrait, par exemple, être privilégiée. En France, « plus de 16 millions de PAC seront installés d’ici 2050, ce qui permettrait d’éviter l’émission de 16,8 millions de tonnes de CO2 », plaide ainsi Thierry Nille, président de l’Association française des pompes à chaleur (AFPAC).

C’est en effet dans le mode d’alimentation des systèmes de climatisation que réside le problème. Idéalement, les périodes de fortes chaleurs devraient apporter suffisamment d’énergie pour recharger les panneaux solaires alimentant les appareils d’air conditionné. Mais selon l’AIE, les pics de consommation sont tellement élevés qu’il faut forcément avoir recours à d’autres sources d’énergie pour produire de l’électricité en quantité suffisante. Or, en dehors des pays comme la France où le nucléaire pourvoit à plus de 70 % de la production électrique avec très peu d’émissions de CO2, la majeure partie de l’électricité mondiale provient encore d’énergies fossiles.

Les dangers de la clim’ pour le réchauffement climatique

Même dans l’Hexagone, la question de la climatisation, comme celle du chauffage des bâtiments, pourrait devenir problématique avec les ambitions de baisse de la part du nucléaire pour le remplacer par des énergies certes renouvelables, mais encore intermittentes tant qu’on ne pourra pas les stocker efficacement. Alors que la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) doit être définie d’ici fin 2018 pour les 10 prochaines années, la France vit déjà à crédit depuis le 5 mai, ayant utilisé lors des quatre premiers mois de l’année l’énergie censée lui suffire pour un an entier…

Avec les perspectives de croissance du marché de la climatisation en France et dans le monde, faut-il craindre une surconsommation électrique telle qu’elle mettrait notre planète encore plus en danger ? C’est ce que redoute le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), estimant que la demande mondiale sera multipliée par 30 d’ici la fin du siècle. L’organisme s’alarme également des gaz réfrigérants comme les hydrofluorocarbures (HFC) qui, malgré leur captivité théorique, finissent dans la pratique par sortir des appareils, avec des effets plusieurs milliers de fois plus réchauffants que le C02. Pour ses chercheurs, la solution tient plutôt à la construction des bâtiments, qui doit mieux s’adapter aux conditions climatiques pour retenir ou éloigner la chaleur.

M. Pellerin pour Notre-Planète-Info

CC BY-NC-SA (Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions)

Note de Christophe Magdelaine: En France, 6 % de la consommation totale d’électricité est utilisé pour la climatisation, soit 30 TWh (Syndicat des Énergies Renouvelables)

 

Commentaire de Steph65 :
Article très intéressant qui devrait permettre à bon nombre de comprendre qu’il est vain d’espérer grand chose de la fameuse ” transition ” ainsi que des énergies dites renouvelables. Les “besoins”  sans cesse croissants en électricité, fussent-ils gérés par des compteurs et autres gadgets dits “intelligents” ne pourront jamais être rassasiés grâce à des éoliennes et autres panneaux solaires.

Hélas là encore, je pense de plus en plus (toujours plus) qu’il est également vain d’espérer pouvoir faire entendre celui qui ne veut (ou peut) entendre. Mais ça ne fait rien, nous nous devons d’en rajouter, toujours plus.

Christophe nous précise qu’ ” en France, 6 % de la consommation totale d’électricité est utilisé pour la climatisation, soit 30 TWh “.

De mon côté j’invite souvent le lecteur (consommateur d’électricité, comme moi) à regarder la courbe de consommation d’électricité depuis 50 ans, espérant ainsi provoquer un déclic. On peut toujours espérer …

Dans le dernier numéro du journal La Décroissance (juillet-août 2018)  on trouve la chronique d’ Alain Gras, titrée ” Le tout électrique est catastrophique “.

Elle aurait pu être aussi bien titrée ” Le cercle vicieux de l’essor du tout électrique ” . Extrait de cette chronique :

”  A celui qui vous accuse en tant que décroissant de « vouloir retourner à la bougie »  vous pourrez répondre que l’éclairage domestique ne consomme que 2% du total, un volume de watts que l’éolien et le solaire pourraient facilement fournir. “

Nous savions déjà ce que consomment les fameux “data-centers” , mais nous apprenons (entre autre)  que ” Les échanges de bitcoins ont déjà coûté l’an dernier l’équivalent de la consommation de l’Irlande ”

Et puis Alain Gras nous parle aussi des “smarts grids » (que je ne connaissais pas),   ces “réseaux maillés à petite taille, invisibles, qui sont censés améliorer notre confort en pensant à notre place dans l’univers domestique ou urbain avec les villes connectées. ”

Clim, Internet, bitcoins (monnaie virtuelle), smart grids et j’en passe ! Évidemment tout ça n’existait pas il y a 50 ans.

Volets électriques, robots électriques, bagnoles électriques, vélos électriques, trottinettes électriques (et j’en passe) ! Tout ça non plus n’existait pas il y a seulement quelques temps. Du moins tout ça n’avait pas cette ampleur (démesure, hybris) qu’on mesure aujourd’hui,  et hélas que peu déplorent.

 

Volti

23 Commentaires

  1. Un bon vieux puits canadien. gratuit et efficace. Mais bon, c’est du boulot.

    • Surtout en appartement.

      • Vivre en appartement, comme des lapins en cages, est l’un des pans de l’esclavagisme moderne. Comme le dit Pierre Rabhi : on vie dans des boites, on travaille dans des boites, on sort en boites et on fini dans des boites ! Si la majorité se complet dans ces conditions c’est tout à l’avantage de ceux qui les organisent. Sinon il faut savoir qu’il existe un monde libre, celui dans lequel on choisi sa place en toute conscience pour “être” et non pour “servir”. Ce ne sont pas les choix de vie qui manquent, mais la volonté d’en changer, de vie …

        M.G.

        • En regard de cette réflexion cul-cul gnan-gnan, il faut mettre en avant le fait qu’un appartement a un impact environnemental bien moindre qu’une maison.
          De même, l’emprise au sol par habitant est bien moindre avec les appartements qu’avec les maisons, limitant le grignotage des terres cultivables.

          Et pourtant, l’étalement urbain continue, l’impact environnemental ne cesse de s’accroître… tout simplement parce que l’effectif démographique augmente (+10% en France entre 1998 et 2018, soit +7 millions d’hab.).
          Donc bon, elles sont bien gentilles ces idées philosophiques assorties de branlette intellectuelle…

          Le fait est qu’on en revient toujours à la même cause source et que tout le reste n’est que blah blah stérile, fusse-t-il estampillé “Rabhi” ou autre.

  2. Moins consommer : voilà la seule solution. Malheureusement lorsqu’on évoque cette évidence lors d’une conversation, une gène s’installe et celui qui a osé poser les données du problème est considéré comme un empêcheur de tourner en rond. Tout le monde est d’accord pour se dire préoccupé par la pollution et le réchauffement climatique. Il est facile et justifié d’incriminer telle ou telle industrie mais mes mêmes ceux qui se disent concernés sont souvent les premiers à en bénéficier sans plus se poser de questions. La folie du numérique et du téléphone portable en témoigne. Il est bien connu que l’enfer c’est les autres. Les soi-disant énergies renouvelables ne sont que de la poudre aux yeux pour se donner bonne conscience et continuer à consommer en évitant d’avoir à se remettre en question. Surtout, elles sont un filon économique de première importance dont les promoteurs se gardent bien de dévoiler toutes les conséquences.L’exemple des éoliennes, véritable arnaque, est édifiant.

  3. ” » A celui qui vous accuse en tant que décroissant de « vouloir retourner à la bougie » vous pourrez répondre que l’éclairage domestique ne consomme que 2% du total, un volume de watts que l’éolien et le solaire pourraient facilement fournir. « ”
    Sauf qu’on a surtout besoin d’éclairage quand il n’y a pas de soleil, et que les solutions efficaces pour utiliser la nuit l’électricité stockée le reste du temps se font attendre. Quant au vent, il ne souffle pas sur demande.

  4. Ma réponse à la question posée en début de publication: on en sortira, de gré ou de force, mais plutôt de force. Si dans une pièce il y a des chaises et des fauteuils, on s’assiéra plus volontiers dans un fauteuil que sur une chaise. Mais si on enlève les fauteuils tout le monde sera bien obligé de s’asseoir sur une chaise!

    Heureusement que la Nature a prévu la soupape de sécurité qu’est l’épuisement des ressources. L’Homme ne pourra pas piller plus que ce qu’une planète sphérique peut lui offrir. Il n’y aura pas de transition, mais bien une renaissance… après effondrement, bien sûr.

    Question/réponse Étienne Chouard à Claude et Lydia Bourguignon:

    https://www.youtube.com/watch?v=tII6uO9-UiM

    2:41
    on n’échappera pas au crash écologique, il faut créer des ilôts de survie… penser que le titanic n’ira pas contre l’iceberg est illusoire, je ne vois pas comment arrêter le processus d’effondrement de cette civilisation , elle est morte, elle est finie, elle n’a pas de plan B, elle n’a pas de solution et pour ça il faut bien des ilôts de survie

    8:36
    il faut laisser le titanic continuer son délire, on ne va pas s’user les crocs à le ralentir, on en est à l’époque de Noé

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