Qui est l’oligarque tchèque qui rachète les magazines Elle et Marianne ?…

Quand on sait qui détient la presse française, ça fera un oligarque que plus. Sauf que celui là est étranger et pour la ligne éditoriale, c’est le flou. Inconnu en France jusqu’à présent, le quadragénaire se positionne pour racheter Télé 7 Jours, Elle, Marianne et plusieurs titres du groupe Lagardère. “« En choisissant un actionnaire tchèque, Marianne participe à la construction de l’Europe, la vraie Europe, celle de la liberté, du partage, celle des droits de l’homme, bref, celle que nous aimons »” dixit l’actuel patron Yves de Chaisemartin le 26 avril. La conclusion sous forme de question de Rachel Knaebel est sans équivoque et rejoint notre sentiment “Pour construire la vraie Europe des oligarques ?

Après les grandes fortunes françaises, voilà que la presse hexagonale intéresse les oligarques est-européens. Daniel Kretinsky, milliardaire tchèque – dont le patrimoine s’élève à deux milliards d’euros selon le classement Forbes – propriétaire d’un groupe énergétique, est en train de racheter une partie des titres de presse de Lagardère – dont Elle et France Dimanche – ainsi que l’hebdomadaire Marianne [1]. Daniel Kretinsky a déjà racheté à Lagardère les radios que le groupe français possédait en République tchèque, en Slovaquie, en Pologne et en Roumanie.

Du gaz russe au charbon allemand

Qui est ce nouvel acteur, parmi les groupes qui possèdent la presse française (voir notre article “Le pouvoir d’influence délirant des dix milliardaires qui possèdent la presse française“) ? Daniel Kretinsky possède le célèbre club de football du Sparta Prague. À 42 ans, il est surtout le jeune propriétaire du groupe Energetic and Industrial Holding (Energeticky a Prumyslovy Holding, EPH). Ce groupe produit de l’électricité – surtout à partir de gaz et de charbon – en République tchèque, en Hongrie, en Slovaquie, et possède des centrales à charbon au Royaume Uni [2]. EPH a aussi racheté depuis dix ans plusieurs mines de charbon en Allemagne.

« À l’origine, EPH était principalement actif dans la distribution de gaz russe vers l’Union européenne. Pas à pas, EPH est entré dans la production énergétique », précise un rapport de Greenpeace publié en 2016. « Dans son expansion, EPH travaille depuis des années avec un partenaire financier, PPF Investements. Cette entreprise est enregistrée sur l’île de Jersey, un paradis fiscal », poursuit l’ONG [3].

Une oligarchie tchèque friande des médias

Depuis 2013, Daniel Kretinsky est aussi le principal actionnaire du groupe de médias tchèque Czech Media Invest (CMI), le premier groupe de médias du pays. L’oligarque emprunte la voie tracée par un autre milliardaire tchèque, Andrej Babiš. Avec un patrimoine de 3,7 milliards d’euros selon Forbes, celui-ci a fait fortune dans l’agro-industrie à la faveur des privatisations des années 1990. Plusieurs mois avant les précédentes législatives tchèques, Babiš avait racheté une grande maison d’édition, prenant le contrôle de deux grands quotidiens, d’un site internet d’actualités, d’une des plus grosses radio privées, ainsi que d’une chaîne de télévision musicale… Dans la foulée, Babiš a créé son propre parti politique, l’ANO, et est devenu Premier ministre suite aux élections d’octobre dernier (voir notre article) [4].

D’autres riches industriels tchèques s’intéressent aux médias. « Zdenek Bakala, ancien propriétaire d’un complexe minier, possède aujourd’hui un quotidien économique, un hebdomadaire et un site d’informations. Marek Dospiva, qui co-détient la société d’investissement Penta, dirige un groupe de quotidiens qui a le monopole sur le marché de la presse régionale tchèque. L’homme d’affaires Jaromir Soukup possède de son côté une chaîne de télévision et deux hebdomadaires », énumérait Reporter sans frontières en 2016. « La plupart de ces milliardaires ne cachent pas leurs intentions et voient dans ces prises de contrôle le moyen de museler les critiques en transformant leurs journaux, radios et télévisions en autant d’armes pour conquérir et asseoir leur pouvoir politique et/ou économique », alertait l’ONG.

Sa prise de contrôle par l’un de ces oligarques ne semble néanmoins pas inquiéter la direction de l’hebdomadaire français Marianne. « En choisissant un actionnaire tchèque, Marianne participe à la construction de l’Europe, la vraie Europe, celle de la liberté, du partage, celle des droits de l’homme, bref, celle que nous aimons », écrivait l’actuel propriétaire du titre Yves de Chaisemartin le 26 avril, en annonçant la vente de 91% du capital du journal au groupe tchèque appartenant au double-milliardaire Daniel Kretinsky. Pour construire la vraie Europe des oligarques ?

Rachel Knaebel pour BastaMag

Lire aussi :
- Pourquoi oligarques et droites extrêmes prennent progressivement le pouvoir en Europe de l’Est

Notes:

[1Voir ici et .

[2Voir ses sociétés ici.

[3Voir l’enregistrement de PPF Investments sur le registre du commerce de Jersey ici.

[4Andrej Babis n’a toutefois toujours pas réussi à former un gouvernement, faute de partenaire de coalition. En outre, Andrej Babis fait actuellement l’objet de poursuites judiciaires pour fraudes présumées aux subventions européennes.

Le plus:

En Allemagne, les députés de l’AfD emploient des assistants néo-nazis au Bundestag

 

Volti

Un Commentaire

  1. Ben, faudrait en parler aux copains Suisses du Valais, concernant la Croix-Montana…https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cool.gif

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