Des milliers de cours d’eau sont rayés de la carte de France, et s’ouvrent aux pesticides…

En l’absence d’un cadre juridique clair, de nombreux cours d’eau sont déclassés sous l’influence de la FNSEA, qui cherche à contourner la loi sur l’eau. Des milliers de ruisseaux sont ainsi en train d’être purement et simplement rayés de la carte de France.

L’eau potable, une denrée bientôt rare. À l’automne dernier, l’UFC Que choisir se faisait le héraut de nos rivières : « Les pesticides sont désormais massivement présents et dépassent la norme définie pour l’eau potable, dans la moitié des cours d’eau et dans le tiers des nappes phréatiques. » Résultat : près de deux millions de Français ont été exposés à une eau polluée. « L’accès à une eau de qualité pour la majorité des Français se fait au prix de coûteuses dépollutions », conclut l’association.

Une situation « alarmante », qui pourrait encore se dégrader : loin des radars médiatiques, des milliers de cours d’eau sont en train d’être purement et simplement rayés de la carte de France. Sous la pression de la profession agricole, ruisseaux, rus et ruisselets perdent tour à tour leur dénomination de cours d’eau pour devenir fossé, canal ou ravine. Or, sans ce statut protecteur, ces innombrables petits bras aquatiques se retrouvent hors des normes limitant les épandages phytosanitaires, les travaux de calibrage, les constructions et autres barrages hydrauliques.

Cette nouvelle carte qui se dessine dans le secret des préfectures résulte d’une âpre négociation, que Reporterre analysait l’an dernier : nous ne lâchons pas l’affaire, qui continue ! Elle voit s’opposer la FNSEA — Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles —, les associations environnementales et les services préfectoraux. Les frictions ont viré à la bataille juridique dans plusieurs départements.

« Cela dépend énormément des régions, mais on constate une baisse du linéaire classé en cours d’eau, confirme Benjamin Hogommat, juriste à France nature environnement – Pays de la Loire. Dans le Maine-et-Loire, 1.500 écoulements sur les 9.000 qui figuraient sur la carte de l’Institut géographique national ont disparu. Dans le Marais poitevin, il y a une perte énorme. En Tarn-et-Garonne, près de 30 % des cours d’eau ont été déclassés. En Indre-et-Loire, 43 % des zones précédemment protégées ne le sont plus. » S’il est aujourd’hui impossible d’évaluer précisément le linéaire déclassé — notamment parce que le travail est encore en cours dans nombre de régions —, France nature environnement a relevé une diminution de la protection de l’environnement dans une quarantaine de départements.

« On ne peut pas nous demander de respecter la loi sur l’eau sans définition claire sur laquelle nous fonder » 

Comment en est-on arrivé là ? Depuis 2015, la FNSEA s’est lancée dans une « opération de simplification » des normes sur les milieux aquatiques. Faute de pouvoir revenir sur la loi sur l’eau, votée en 2006, l’angle d’attaque s’est concentré sur l’identification même du cours d’eau. Le raisonnement est simple : la loi ne s’applique qu’aux cours d’eau ; or il n’existe pas de définition légale et unique de ce qu’est un cours d’eau, mais un ensemble de critères jurisprudentiels. Donc, en imposant une définition au rabais, on pourra exclure de la loi un certain nombre d’écoulements, renvoyés au statut de fossé ou de ravine. Pour le dire sobrement, « la FNSEA préfère  ?supprimer des cours d’eau que d’appliquer la loi sur l’eau », dénonce Henri Delrieu, de l’association Le Chabot, en Ariège.

« La règlementation sur les cours d’eau est très contraignante, observe pour sa part Céline Imart, représentante des Jeunes Agriculteurs dans le Tarn. On ne peut pas nous demander de la respecter sans définition claire sur laquelle nous fonder. » Elle raconte le cas d’un agriculteur qui croyait nettoyer un fossé pour une meilleure prévention des inondations et qui s’est retrouvé convoqué au commissariat parce qu’il s’agissait d’un cours d’eau, dans lequel les travaux doivent être préalablement déclarés.

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Lire l’enquête de Lorène Lavocat

Source Reporterre

Voir aussi:

 

Course contre la montre pour sauver les cours d’eau

Le droit à l’eau doit devenir une priorité politique

 

Volti

16 Commentaires

  1. L’humanité marche sur la tête, et finira par boire la tasse !

    En attendant, à notre toute petite échelle de citoyens conscients de l’interdépendance de notre espèce et de la nature – et nous ne sommes plus très nombreux – agissons pour maintenir à l’état naturel ce qui peut encore être préservé. Investir dans des parcelles de nature encore vivantes pour les préserver de l’empoisonnement humain est le premier acte simple que nous devrions réaliser. Ensuite, la nature étant généreuse quand on la respecte, votre petit bout de terre vous remerciera en vous offrant de quoi vous ressourcer et vous sustenter …

    M.G.

  2. https://www.youtube.com/watch?v=5Gmo5zziNVw

    https://www.youtube.com/watch?v=hp6OClOmWDk

    New York en 2022. Un brouillard a envahi la surface du globe, tuant la végétation et la plupart des espèces animales. D’un côté, les nantis qui peuvent avoir accès à la nourriture rare et très chère. De l’autre, les affamés nourris d’un produit synthétique, le soylent, rationné par le gouvernement… Lors d’une émeute, le président de soylent trouve la mort et Thorn (Charlton Heston), un flic opiniâtre, est chargé de l’enquête… (Original Title – SOYLENT GREEN) © 1973

  3. L’eau, l’enjeu du XXI siècle.
    Quelle eau boire ?
    Boire de l’eau du robinet, une assurance sur la maladie !
    Boire de l’eau en bouteille : Chère, souvent très minéralisée (bonjour les reins), et chargée plus ou moins en pollution.
    Les carafes filtrantes ? https://www.quechoisir.org/actualite-carafes-filtrantes-inutiles-voire-pire-n25672/
    Quelles solutions ?
    Les osmoseurs, solution parfois un peu onéreuse, donnent une eau assez bien filtrée même si tous les contaminants ne sont pas évacués.
    Le distillateur offre une solution économique facile et sans installation : coût d’un litre d’eau pure entre 11 et 15 cts. http://eaukey.com/

    • Assez cher le distillateur. ( 359 euros quand même)
      Perso, je varie les sources : eau du robinet, eau de source, eau minérale et je recommence.

    • La meilleure eau, enfin l’une des meilleures mais en tout cas la moins chère de sa catégorie, qui ne charge pas les reins, est l’eau de la Source Barbier des montagnes d’Auvergne, vendue en bonbonnes de 5 litres à Carrefour ou en bouteilles en pack de 6. Elle m’avait été recommandé fortement par un urologue. Depuis je l’alterne avec l’eau d’une source dans un village voisin, assez fortement minéralisée – ancienne eau de cure – mais qui n’agit pas négativement sur les reins car c’est de l’eau vivante, il ne faut pas la conserver sinon elle meurt et bonjour les dégâts sur les reins. Donc elle l’été et celle de Carrefour l’hiver.

      Pour ne pas être toxique pour les reins, une bonne eau en bouteille – si toutefois ce qualificatif peut être employé – enfin disons la meilleure doit être à environ 50 mg de minéraux en extrait sec, pour elle : Résidu sec à 180°C : 52,2 mg/l.
      Voici sa composition complète

      Ingrédients:

      Eau de Source Grand Barbier
      Calcium 4,1 mg/l – Sodium 2,7 mg/l – Magnésium 1,7 mg/l – Potassium 0,9 mg/l – Hydrogénocarbonates 25,8 mg/l –
      Sulfates 1,1 mg/l – Chlorures 0,9 mg/l – Nitrates 0,8 mg/l. Silice 32,7 mg/l. pH 7,3. Résidu sec à 180°C : 52,2 mg/l.

      • Les minéraux dans l’eau ne sont pas assimilables par notre organisme. C’est pour cela que la minéralisation ne sert pas à grand chose … D’autre part, le transport d’une grande partie des eaux en bouteilles se font d’abord sur rails et ensuite sur route. En période estivale, ces bouteilles sont soumises à des températures importantes, j’imagine que cela doit avoir des conséquences sur la qualité de l’eau. La distillation de l’eau permet de voir, sans analyse chimique, la quantité de solides -pollués ou pas- contenus dans cette eau. C’est une expérience intéressante à faire. Pour les survivalistes qui ne vivent pas encore dans la foret, je pense que dire que sans électricité un distillateur ne fonctionne pas c’est une chose vraie mais aujourd’hui la très grande majorité des communes sont alimentées en eau par des pompes électriques donc si vous n’êtes pas près d’une rivière la question de l’électricité se posera là en premier lors d’une coupure généralisée. En attendant la fin du monde, ou de celui-ci faisons de notre mieux sans tomber dans l’idéal absolu car c’est la meilleure façon de ne rien faire. A votre santé .http://eaukey.com/

    • L’osmose inverse c’est bien beau, mais il en résulte une eau totalement déminéralisée, une eau “morte”, sans parler du rejet d’une partie de l’eau aux égouts ! Pour les carafes filtrantes j’ai des doutes sur les cartouches fournies et sur la qualité de l’eau produite dans récipients en plastique transparent. Perso j’ai opté pour la microfiltration en cuve inox avec cartouches 0,2 microns et charbon actif. Avec les années de recul, aucun problème d’utilisation ni de santé …

      M.G.

      • Tu as raison M.G. en ce qui concerne “l’eau morte” mais il y a une façon de la revitaliser c’est d’utiliser un vortex ou d’en créer un ce qui n’est pas sorcier.

        Au sujet des carafes filtrantes, à part le chlore elles ne filtrent pas grand chose malgré leur pub, et en plus si l’hygiène pour les entretenir n’est pas des plus rigoureuses, c’est un véritable bouillon de culture que l’on avale avec l’eau. J’en ai eu une il y a assez longtemps et je n’ai pas mis longtemps à me rendre compte de tout cela.

        Tu parles de charbon actif, je me suis bien documentée sur le sujet, le meilleur c’est le charbon fritté – je n’en connaissais même pas le nom ! – qui filtre encore beaucoup mieux, mais il n’est pas compatible avec le genre d’appareil que tu as.

  4. Le problème c’est les taxes en France ! Malgré cela il est environ 200€ moins cher qu’aux USA ou au Canada. Cela fait 1 euro par jour la 1ere année soit environ le prix de 3 cigarettes… Mais chacun met sa priorité où il veut c’est son choix.
    Je ne crois pas que varier son eau soit une solution. Les minéraux dans l’eau ne servent pas notre organisme, bien au contraire ils surchargent nos reins. Nous sommes des êtres hétérotrophes – https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9t%C3%A9rotrophie.

    • Ouais, surtout qu’acheter de l’eau en (bouteille de) plastique rajoute un nouveau problème pour le futur: celui des déchets. En essayant de préserver sa santé aujourd’hui, on pourri donc celle des nos enfants; en tout cas, par cet exemple.

      Il y a encore des endroits où on a une bonne eau de source faiblement minéralisée au robinet et en gestion communale (attention, ça risque de changer!) mais ça devient rare.

      Filtrer quand il le faut et surtout préserver. Retrouver une bonne qualité d’eau est peut-être possible à peu près partout en y travaillant dès maintenant, mais il va falloir aller à contre courant de notre civilisation…

  5. Plus simple et plus économique, le filtre à charbon à mettre directement sur le robinet : http://www.diproclean.com/filtre-robinet-charbon-actif-xml-472_482_272_313-848.html

    ça évite d’acheter de l’eau en bouteille.

    Si vraiment vous êtes accrocs à l’eau en bouteille, prenez en une avec le minimum de résidu à sec à 180°C.

    • Cyril si tu lisais ce que les autres ont mis avant toi tu aurais vu que j’ai fait cette recommandation dans mon message…
      pour le filtre que tu cites, tous les robinets ne peuvent en être équipés malheureusement, chez moi ce serait impossible.

      • Si tout le monde suivait tes conseils, on éviterait les doublons, triplons, quadruplons plusieurs jours après!! A quoi ça sert que €%&#§$ se décarcasse ? (vais pas en faire la pub en plus!).. Merci à toi 🙂

  6. Pour l’instant j’ai un filtre que l’on m’a recommandé en vue,, il semble très performant et son prix n’est pas excessif, mais j’attends pour l’acheter de le voir. Ma fille l’a commandé il y a presque trois semaines maintenant, il doit toujours arriver mais rien ne vient.
    C’est celui-ci : http://filtre-a-eau-ecologique-par-gravite.blogspot.fr/

    l’avantage pour moi c’est qu’il fonctionne sans électricité ce qui m’arrange pour le cas où je me trouverai sans électricité après avoir refusé le Linky si je doit résilier mon contrat !

  7. Sans oublier, tous les petits cours d’eau qui sont discrètement remplacés par des buses enterrées. permettant ainsi, aux industrielles de la terre, de gagner quelques M2 et de détruire l’écosystème encore un peu plus.

    …Et on devrait les plaindre ces pauvres types!https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_negative.gif

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