L’imposture du Macronisme triomphant…

Un billet de Dominique Philos qui n’y va pas par quatre chemins, dans les réformes qu’il faudrait appliquer. La fuite en avant ne donnera rien de bon. Mais, quel est le “kamikaze” qui osera affronter, le peuple, les fonctionnaires, le sénat, etc.. avec les réformes proposées, pour rétablir les finances publiques ? Quel est votre avis, sur ce qui devrait être fait d’après l’auteur ? Il faut bien avouer qu’en macronie, nous avons les rois de la tonte des moutons, pour financer le train de vie des “bergers”…

Si l’on en croit les déclarations de la presse, faites dans un accès de sincérité et de franchise propagande servile et forcenée, Macron ferait tellement de réformes qu’il serait en mesure de  réaliser le programme de son quinquennat en seulement deux ans ….

Il va modifier le bac, bien qu’il faudrait plutôt réformer le système pachydermique de l’Éducation Nationale qu’un simple diplôme, et il veut remettre en place un service national universel de 3 à 6 mois au coût délirant (5 mds €) pour une utilité hypothétique (ou peut-être pour masquer temporairement le chômage des jeunes), mais il faut avoir subi 30 années d’immobilisme pour voir des réformes dans ce qui n’est que de la gesticulation médiatique !

On nous répète en boucle : « Il fait ce qu’il dit … » mais il est vrai qu’après les errements immobiles de la période Hollande, la moindre agitation peut ressembler à de l’action ; Macron bénéficiant en outre de l’avantage de n’avoir aucune opposition ni à gauche ni à droite !

Tout cela ne constitue en fait qu’un enfumage dont le but est de rassurer une population qui semble de plus en plus sceptique devant l’augmentation sensible de la pression fiscale (voir ici sondage) !

L’activisme médiatisé de Macron masque l’essentiel ; à savoir qu’aucune réelle réforme n’a été entreprise : tous les fondamentaux sont mauvais.

  • Une dette colossale de 100% du PIB (2230 mds €) qui continue à augmenter (la France est quasiment la seule dans ce cas dans l’UE, et on a bien du mal à repasser sous les 3% de déficit). On doit emprunter 195 mds € en 2018.
  • Un déficit budgétaire pour 2018 de 80 mds € (25% du budget),
  • Un déficit du commerce extérieur de 62 mds € en 2017,
  • Un chômage à 9% de la population, même s’il semble un peu baisser,
  • Une croissance très faible à 1.8% très en dessous la moyenne européenne,
  • Des régimes de retraite au bord de la déroute,
  • Une dépense publique s’élevant à 57% du PIB (la plus élevée d’Europe),
  • Des prélèvements obligatoires à 46,6 % du PIB (les plus élevés d’Europe),
  • Une fiscalité qui est la plus lourde d’Europe,
  • Le plus grand nombre de fonctionnaires (5.6 millions) en Europe,
  • Des entreprises publiques très fortement endettées voire au bord de la faillite,
  • Des dépenses sociales excessives représentent 32 % du PIB (contre 20 % en moyenne dans les pays de l’OCDE) ; encore une fois le record en Europe !

Et sur TOUS ces points, Macron est totalement silencieux alors que toutes les études récentes publiées montrent que la France se trouve dans les profondeurs du classement pour la liberté économique et pour la fiscalité (ici et )et encore ici et .

En fait, Macron est dans un quintuple calcul qui peut paraître hasardeux mais qui, pour l’instant, s’avère payant !

– les taux d’intérêts ne vont pas monter et la BCE va continuer sa politique d’argent gratuit,

– la croissance mondiale va tirer la croissance française,

– la signature de la France, basée sur sa capacité à lever l’impôt, reste bonne,

– Merkel va être obligée de négocier une modification de la structure de l’UE au … bénéfice de la France.

– il joue enfin sur la séduction (mais cela ne dure qu’un temps) et sur le « to big to fail » (trop gros pour faire faillite) ; lequel n’est rien d’autre qu’un chantage à la faillite vis-à-vis des autres membres de l’UE !

Pour le reste, on ne touche à rien : Aucune modification du périmètre de l’Etat ; nous garderons notre administration pesante, pléthorique et coûteuse ! La seule vraie réforme a été l’instauration du PFU à 30% qui est tout sauf une flat tax !

Néanmoins, la situation est extrêmement grave même si, officiellement, on nous tient un discours lénifiant et rassurant à base de glorification du chef. La France est l’homme malade de l’Europe (avec l’Italie d’ailleurs) et les constats faits dans mon dernier article (ici) amènent à se poser la question de ce qu’il faudrait faire pour corriger les dérives constatées ?

Les risques

Pour l’instant, nous profitons d’une embellie de l’économie mondiale qui connaît une croissance de 3.5% et de taux d’intérêts encore très faibles grâce aux accommodements de la BCE. Rien qui soit attribuable à Macron !

Or, dans une économie mondialisée, nous sommes à la merci d’évènements internationaux fortuits qui sont par définition ni prévisibles ni contrôlables : un krach sur les marchés ou un évènement dont on ne mesure pas immédiatement la portée peut provoquer un retournement général de l’économie mondiale avec remontée des prix du pétrole, des matières premières et des taux d’intérêts !

Il faut savoir que, d’ores et déjà, les taux sont en train de remonter sérieusement aux USA (ils sont à 2.91% – cours du 15 février pour l’emprunt à 10 ans) et la politique budgétaire US apparaît être insoutenable à terme avec déficit prévu de 5% du PIB et une accélération de l’inflation. Les taux pourraient y atteindre rapidement 4% ; ce qui ne sera pas sans incidence en Europe car la BCE sera obligée de suivre et amènerait, à terme, à une explosion de la dette française.

Or, il faut être conscient que dans un système hyper fiscalisé comme le nôtre, les marges de manœuvres diminuent avec le taux des prélèvements et que, conformément à l’effet Laffer (ici), au-delà d’un certain seuil de prélèvement, le rendement fiscal diminue et la collecte baisse ; ce qui explique d’ailleurs les manœuvres fiscales de ces dernières années visant à traquer le dernier € taxable (voir ici) !

Une telle occurrence provoquerait un emballement de la dette devant lequel les dirigeants n’auraient pas d’autre solution que de gérer l’urgence et de procéder à une spoliation ciblée ou généralisée de la population en fonction de la gravité de la situation ; ce qui ne serait qu’une manière de reprendre d’un seul coup ce qui a été distribué à crédit … étant entendu qu’aucun dirigeant ne souhaite passer à la postérité pour être celui qui « a mis la France en faillite » !

Vous pouvez consulter les différentes « solutions » utilisables par le pouvoir et que j’ai largement développées (ici et ).

Cependant, il faut être bien conscient qu’une telle issue ne saurait être que temporaire car, tant que les fondamentaux de l’économie n’auront pas été corrigés, elle ne saurait être que transitoire et inéluctablement appelée à se répéter à une échéance plus ou moins lointaine !

Pour résumer : la France vit à crédit, au dessus de ses moyens, sa dette est en l’état non remboursable, tous ses comptes sont dans le rouge ; son économie n’est pas compétitive et son mode de gestion étatisée est inefficace voire néfaste et nous n’avons aucune marge de manoeuvre !

Une fois que l’on a fait ces constats, on voit qu’il faut concentrer les réformes sur la dette, la fiscalité, la compétitivité.

Les réformes

Les solutions pour sortir de l’ornière sont simples à énoncer mais très compliquées à mettre en œuvre ; raisons qui ont poussé les dirigeants à ne pas y recourir : Elles sont électoralement et politiquement inacceptables (clientélisme oblige).

Pour réduire les déficits, il faut réduire les dépenses ; ce qui permettra ensuite d’alléger les prélèvements. Les objectifs à atteindre seraient de ramener la dépense publique de 57% à 40 % du PIB, les prélèvements obligatoires de 46,6 % à 30% du PIB et les dépenses sociales de 32 % à 20 % du PIB c’est à dire simplement revenir dans la moyenne européenne. La réduction de la dette sera par contre beaucoup plus difficile à réaliser !

Réduire la dépense publique de 100 mds €/an afin d’obtenir un excédent primaire qui permettrait de faire face aux dépenses courantes, aux investissements mais aussi au remboursement de la dette.

Evidemment, une telle option aurait un effet désastreux sur une partie de la population car 100 mds d’€ en moins dans le circuit économique, c’est 100 mds d’€ en moins à dépenser pour leurs bénéficiaires. Or, en réduisant les dépenses de 100 mds, nous n’aurions, au mieux, que 20 mds € d’excédent, avec une hypothèse de taux d’intérêts contenus, et il nous faudrait 110 ans pour amortir la dette ; ce qui en soi constitue un véritable pari sur l’avenir … pour une durée aussi longue !

Alléger et simplifier la fiscalité qui doit être rendue à la fois stable, lisible et transparente par suppression de nombreuses taxes (il y en a 300 !) ; c’est à dire exactement l’inverse de ce qu’elle est actuellement. Il n’y a rien de plus néfaste qu’une fiscalité fluctuante et confuse.

Il faut savoir que les entreprises françaises, les vrais créateurs d’emplois productifs, ont la charge fiscale la plus lourde d’Europe et que cela a forcément des conséquences sur les marges, les bénéfices, les emplois et les investissements. Une réduction de l’impôt sur les sociétés de 35-45% actuel à 25% s’impose tout comme la suppression du maquis des aides diverses (CICE, etc.) et des subventions (35 mds €/an).

Evidemment, il faudra expliquer à la population que « finalement » il est mieux qu’une entreprise fasse des bénéfices que des pertes et abandonner l’idéologie d’une économie fondée sur la redistribution sociale clientéliste de l’Etat providence afin de revenir à une économie basée sur le travail.

En ce qui concerne la fiscalité des particuliers, il faudrait abandonner le système clientéliste qui permet à 57% des contribuables de ne pas payer d’impôt sur le revenu ; celui-ci étant concentré à 70% sur les 10% les plus rémunérés. La solution passe probablement par une flat tax à 12 ou 15% sur tous les revenus ; y compris ceux du capital et une suppression des niches fiscales.

Réduire le nombre de fonctionnaires.

Aucune diminution des dépenses n’est possible sans diminution du nombre des fonctionnaires puisqu’ils sont un poids net pour l’économie et escompter des départs volontaires comme semble le souhaiter le gouvernement relève du vœu pieux (sans compter son coût). Il faudrait arriver à terme, à une division par deux du nombre des fonctionnaires pour retrouver la moyenne européenne.

Les mesures d’économies passeraient par une réduction de la masse salariale des fonctionnaires, par des licenciements et par une réduction des salaires et des retraites, dans la mesure où ils représentent une charge de 170 mds €/an ! (salaires 95 mds –  retraites 75 mds) sur un budget 2018 de 386 mds € dont 82 de déficit. Il faut stopper la dérive de la masse salariale publique du seul fait de la variation de l’indice et de la progression des carrières à l’ancienneté.

Il faudrait aussi supprimer le statut de la fonction publique pour permettre à l’Etat de gérer ses effectifs, ce qu’il ne peut absolument pas faire actuellement. Les fonctionnaires deviendraient des employés de droit commun, assujettis aux mêmes règles que les salariés du privé en matière de cotisations, de retraite, d’assurances sociales, de chômage, de jour de carence etc. Il faudrait aussi supprimer l’ENA et tous les avantages indus accordés à cette catégorie de salariés (ici) qui ont réussi à constituer un Etat dans l’Etat dérogeant à toutes les règles de droit commun et n’obéissant à personne.

Seulement, on peut imaginer la fureur des intéressés confrontés à des licenciements, à une diminution de leurs salaires et de leurs retraites et faire passer des millions de fonctionnaires du secteur non productif au secteur productif représente aussi un challenge loin d’être gagné car il ne s’agit pas seulement de l’enjeu de la formation mais aussi et surtout de la création d’emplois par les entreprises. Ni la réindustrialisation ni la création d’emplois ne se décrètent !

Repousser l’age de la retraite à 65 ans pour tous (sauf certaines catégories spécifiques tels que policiers, pompiers, militaires) et modifier le système de cotisations par répartition (qui n’est qu’une chaîne de Ponzi appelée à s’écrouler du fait de la diminution constante du nombre de cotisants par rapport au nombre de retraités) pour passer à la retraite par capitalisation et autoriser la création de fonds de pensions qui pourront investir sur le long terme dans le capital des entreprises françaises.

La retraite par répartition est une extorsion légalisée puisque pour payer une retraite il faut prendre cet argent à plusieurs actifs et elle n’est tenable qu’en cas de retraites courtes, de forte croissance, de plein emploi et de fécondité supérieure à 3 enfants par femme.

Or, cela ne sera pas sans poser un grave problème car comment payer les pensions des retraités et expliquer aux actifs qu’ils ont cotisé pour rien puisqu’il n’y a rien dans les caisses et que désormais ils devront adhérer à un système de capitalisation ! Une période transitoire de trente ans sera nécessaire pour permettre lentement le passage d’un régime à l’autre.

Simplifier le droit du travail en annulant purement et simplement le code du travail pour 90% de son contenu (supprimer les 35 h, la représentation du personnel, le smic, instaurer la liberté d’embauche et de licenciement afin d’éviter l’exclusion de toute une partie de la population, supprimer les régimes et statuts spéciaux ainsi que le droit de grève pour tout ce qui a trait au fonctionnement de la collectivité (transports, police, justice)).

En Suisse, le code du travail comprend 80 pages (le français 3.500) et le chômage y est de 3.5%  …ce n’est donc pas la longueur du code qui assure un emploi !

Réduire le montant des allocations chômage (plafonnées à 2.500 €) ainsi que la durée d’allocation, car les assurances sociales ne doivent pas devenir une rente sociale ! Ce qui est grave, ce n’est pas de perdre son emploi c’est ne pas pouvoir en retrouver un !

Privatiser l’ensemble des sociétés publiques ; étant entendu que pour certaines ce sera probablement plus l’élimination d’un coût plutôt qu’un bénéfice sur la vente. La Sncf est l’archétype de ces entreprises publiques qui fonctionnent à coût caché et dont les insuffisances sont masquées par l’impôt.

ouvrir le marché de la sécurité sociale des compagnies d’assurance dans le cadre d’un marché concurrentiel qui amènera nécessairement à une diminution des cotisations ; les cotisations actuelles (part salariale) étant réintégrées dans le salaire net.

Le seul problème, non résolu, est qu’il s’en suivrait à terme une faillite de la sécu étatique non concurrentielle du fait d’un prix de revient trop élevé et d’une fuite des cotisants !

Se poserait aussi le problème de la partie de la population la plus pauvre qui ne pourrait pas s’affilier à des caisses privées parce que bénéficiant actuellement d’une sécu … gratuite !

S’attaquer aux surcoûts de fonctionnement du millefeuille administratif et notamment regrouper les communes, supprimer les départements ou les régions, réduire le nombre d’élus des deux tiers, supprimer le sénat et remettre en ordre leur système opaque de rémunération et de retraite, supprimer les administrations qui doublonnent et les ministères qui ne servent à rien (ministère de la culture). La tâche est immense !

Modifier la constitution pour supprimer le premier ministre et rendre le président de la République responsable devant les élus de la « nation » ; ce qui n’est absolument pas le cas actuellement. Evidemment c’est revenir à un régime parlementaire, qui est la norme européenne, mais ce serait surtout supprimer un système anachronique où le président français n’est finalement qu’un monarque élu ! Ce serait redonner un sens à la représentation nationale, au contrôle de l’exécutif qui est actuellement tout puissant et fonctionne sans contrôle !

– Redonner de la liberté aux agents économiques et supprimer toutes les lois qui bloquent le fonctionnement normal de l’économie, telle la loi alur (sur les immeubles d’habitation), supprimer de la Constitution cet imbécile principe de précaution au nom duquel on ne peut plus rien faire, supprimer la conception punitive de l’écologie et stopper immédiatement l’implantation des éoliennes qui ne sont profitables qu’à leurs propriétaires du fait des subventions reçues, ré autoriser l’exploitation pétrolière, la prospection du gaz de schiste …

La liste est malheureusement très longue et ne sont même pas évoqués les agriculteurs, l’hôpital, l’éducation nationale, la suppression des subventions à la presse (1,2 md €) ainsi que celles faites à des syndicats qui ne représentent qu’eux-mêmes.

La réorganisation de l’économie prendrait du temps tout en étant conscient que beaucoup de ces mesures auront dans un premier temps un effet récessif puisque la diminution des allocations, de la masse salariale publique auraient pour effet immédiat une réduction de la consommation.

Enfin, je ne vois pas un politicien être élu avec un tel programme dans un pays où la victimisation est la norme de comportement et où les efforts doivent être systématiquement accomplis par les autres ! Le modèle réformateur et libéral n’est pas populaire dans un pays où, il faut le rappeler, 46% des électeurs ont voté Le Pen ou Mélenchon aux dernières élections présidentielles et on peut être certain que les fonctionnaires et assimilés feront tout pour bloquer toute réforme (ils invoqueront la casse des services publics !

Mais, plus on attend … plus ce sera dur !

Bien cordialement à tous !

Auteur Dominique Philos pour Témoignage-Fiscal

Volti

5 Commentaires

  1. > Pour réduire les déficits, il faut réduire les dépenses ; ce qui permettra ensuite d’alléger les prélèvements. Les objectifs à atteindre seraient de ramener la dépense publique de 57% à 40 % du PIB, les prélèvements obligatoires de 46,6 % à 30% du PIB et les dépenses sociales de 32 % à 20 % du PIB

    1. Comme si la dépense publique ne servait à rien. Mais la dépense publique paie les enseignants, les services de justice, une grosse partie du système de santé … ce n’est pas comme ça dans tous les pays alors les comparaisons ne sont pas très valables. Ensuite la dépense publique profite bien aux grosses entreprises … Mais je suis d’accord, on peut réduire le budget de l’armée et cesser d’aller foutre la merde dans les pays du moyen orient et au sahel.

    2. La fiscalité des entreprises : il ne faut pas la baisser, il faut l’appliquer à toutes les entreprises, y compris celle du CAC40. La fiscalité permet un certain nivellement, les entreprises moins rentables paient moins, les plus rentables paient plus. Et ce qui ne passe pas au fisc passe aux actionnaires, ça ne profite pas nécessairement à la société.

    3. Réduire les dépenses sociales … oui, bien sûr, il reste un peu de gras sur les os, de certains. Mais pas à tous … vous allez faire crever une partie de la population avec votre proposition. On pourra réduire les dépenses sociales quand les salaires permettront de vivre décemment, sans crédit.

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